Chapitre 5 : Les habitudes ont la vie dure

Le voyage pour retrouver l'endroit où se trouvait Jiraya et Naruto me prit quatre jours.

Jiraya avait envoyé un message codé disant qu'il se trouverait aux abords du village d'Ame, village caché de la pluie.

L'escouade ne m'avait pas quitté durant toute cette période. Nous ne nous arrêtions que lorsque nous étions dans l'obligation de dormir et de manger un peu. Dans ces cas là, j'ingurgitais quelques gâteaux secs et je laissais le temps aux chiens de chasser quelques proies et gibiers faciles tandis que je me posais contre un arbre pour me reposer.

Il m'était facile de vivre avec les chiens ninja. Je n'avais pas à parler. Je n'avais qu'à avancer et penser à mes objectifs de mission. Ils ne posaient pas de questions, ils ne s'inquiétaient pas pour moi. Je faisais juste partie de la meute. J'étais bien accompagné et je pouvais faire mon travail comme il le fallait.

Je ne dormais que très peu, juste lorsque mon cerveau avait vraiment besoin de déconnecter, de se reposer. Sinon, je ne ressentais plus la fatigue physique. Etant donné que nous ne faisions que courir et que ma mission était principalement basée sur des compétences en pistage, je n'avais qu'à me soucier secondairement que l'on m'attaque.

Durant cette mission, il me fallait surtout avancer en toute discrétion. Et cela pour moi et l'escouade, c'était très, très facile. Nous courrions avec souplesse, sans faire un bruit. Il aurait fallu un très bon ninja sensoriel pour savoir que nous étions sur son passage et avoir des ennuis. De ce fait, je n'avais pas besoin d'utiliser mon sharingan et mon chakra en était donc que très peu affecté.

Je me trouvais aux abords du village d'Ame, devant la seule auberge isolée dans la ruralité environnante. Cette auberge se trouvait dans une clairière entre deux montagnes. Les alentours d'Ame étaient plutôt ravagés et les friches de village ne manquaient pas. Cette auberge devait être le seul endroit fréquenté dans ce néant de roche mouillée où la pluie s'abattait. Il n'y avait pas de doutes, c'était ici que l'on m'attendait.

Je m'y rendais alors que la nuit du quatrième jour était tombée. Je me trouvais soudainement bien mal à l'aise à l'entrée de cette petite auberge qui, étonnamment, était remplie à ras bord. Je secouais la tête à l'entrée pour me remettre les idées en place, un peu surpris d'être brusquement revenu à la civilisation, gêné par le brouhaha qui courait alors que dehors la pluie faisait déserter la population.

J'étais accompagné des chiens ninjas depuis quatre jours et de ce fait, je n'avais pas ouvert la bouche depuis. Je m'enfonçais dans la salle bondée pour rejoindre Jiraya au fond de l'auberge et le rejoignais sans me presser. Il était seul.

Il me remarqua et m'apostropha avec chaleur :

" - Kakashi te voila ! Je me doutais bien que la vieille Tsunade t'enverrais."

Je ne répondais pas et m'asseyais en face de lui. Je fus surpris de ne pas le voir accompagné d'une femme mais je n'en dis rien. Il renifla soudain et plissa les yeux :

"- C'est toi, cette odeur de chien mouillé ? Ma parole mais tu empestes !

Je ne relevais même pas. Je demandais avec nonchalance :

"- J'ai besoin de connaître les informations que vous avez récoltées sur l'Akatsuki."

Ma voix était rauque et se perdait dans ma gorge tellement je n'étais plus habitué à parler.

Jiraya sembla très surpris de me voir si concentré sur la mission, habituellement nous parlions un peu des nouvelles du village et de nos collègues ninjas. Mais clairement, je n'avais pas de temps à perdre ce soir avec ce genre de futilités.

Il se reprit assez rapidement puis m'annonça :

"- Un de mes espions m'a dit qu'il se passait quelque chose au village d'Ame et je suis actuellement en train d'enquêter de loin, car il m'est impossible d'y entrer pour le moment. Du coup, je continue l'entraînement de Naruto d'ici. Mais surtout, là où se situe la grande avancée concernant l'Akatsuki, c'est que j'ai appris comment ils finançaient leur regroupement. Ils recherchent et tuent les criminels ayant leurs têtes au bingo book pour récupérer la récompense financière. Cela veut dire, qu'ils recherchent ceux qui ont leur tête mise à prix. Un des traître du pays de la foudre a déjà été appréhendé, j'en ai eu la confirmation. Ce qui fait que les rios s'amassent dans leur caisses et qu'ils continuent à économiser pour commencer leur voyage vers les démons à queues. Si nous ne faisons rien, ils partiront bien plus vite que nous le croyons à la chasse aux bijus. C'est pour cela, que nous devons les retarder... Moins ils auront de financement, moins ils se mettront en marche rapidement."

Je demandais, concentré :

"- Combien de temps nous reste t-il ?"

"- Pour le moment, d'après mes calculs, ils ont encore quatre mois d'économies à faire avant de partir. J'en ai besoin de minimum six pour parfaire l'entraînement de Naruto. C'est très important Kakashi."

"- Très bien. Sait-on qui ils pourchassent en ce moment ?" Je demandais sérieusement en sortant mon bingo book de ma poche

"- Je vois que tu as compris. Rien ne t'échappes à toi. Toujours une longueur d'avance."

Je ne répondais pas et attendais qu'il réponde à ma question. Il s'esclaffa devant tant de sérieux et nonchalance de ma part puis ajouta finalement :

"-Un traître du pays de l'eau. Tevo, le traître meurtrier d'un des sept épéistes légendaire du village caché de la brume. Tu l'as dans ton bingo book."

Je trouvais la page avec rapidité. C'était comme si c'était déjà fait.

"- J'en fais mon affaire. Cet homme mourra bien plus vite que prévu." J'annonçais durement.

Jiraya hocha la tête puis me fixa avec une grande intensité, semblant chercher quelques chose dans mon regard. Je me relevais soudain et il m'en empêcha en levant sa main devant lui, pour m'intimer de m'arrêter dans ma lancée. Il leva le visage vers moi et demanda, maintenant bien plus sérieux :

"- Qu'est-ce qu'il t'arrive ?"

Je comprenais que je ne pourrais pas m'échapper de cette question.

"-Je repars. Il s'agit d'une urgence non ?"

"- Peu importe l'urgence de la situation... Que se passe t-il ? Tu n'es pas comme à ton habitude."

Je répondais nonchalamment :

"- Rien à signaler. Je fais mon job."

"- Tu ne prends même pas des nouvelles de Naruto. Habituellement, tu m'en demandes toujours. Normalement, tu aurais passé la nuit à l'auberge et tu serais reparti au petit matin. Je te le répètes, qu'est-ce qu'il t'arrive ?"

Je n'avais rien à lui répondre. Habituellement, je demandais des nouvelles de Naruto car je savais qu'un certain ninja brun avait un besoin irrépressible de savoir ce qu'il se passait pour son élève préféré. Mais aujourd'hui, je n'en avais rien à faire. Rien ne pouvait moins m'intéresser que de penser à quoi que ce soit qui pourrait toucher à Iruka.

Je me relevais avec nonchalance, le menton levé, ne comptant pas lui répondre. Il insista malgré tout :

"- La faille du grand ninja copieur...hum... il se gratta le menton, réfléchissant intensément... je me demande bien ce que c'est."

S'il savait. J'avançais vers la porte de l'auberge pour sortir de cette chaleur étouffante et du bruit constant qui me donnait la migraine. Lorsque je fus devant, Jiraya brailla une dernière chose :

"- Kakashi ..."

Je me figeais donc pour l'écouter sans me retourner.

"- Pas que ça t'intéresse apparemment... mais il va bien. Il a encore fait d'énorme progrès. Dans six mois, nous serons prêt. Alors je compte sur toi. "

J'hochais imperceptiblement la tête et je me jetais à l'extérieur de l'auberge, poussant la porte avec fracas. Je n'avais qu'une envie, mettre le plus possible d'espace entre cette auberge et moi pour retourner dans le silence de la nuit.