Chapitre 3 : imposture à déplorer




Chapitre 3 : imposture à déplorer

"- Très bien. Alors fiche le camp de chez moi. " Déclara-t-il froidement.

Je relevais soudain la tête vers lui, ne comprenant pas ses paroles. Sans plus un mot ni un regard, il passa devant moi pour se diriger vers la cuisine. Mon corps réagit sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit et dans un claquement, j'attrapais son bras pour l'arrêter et le tourner vers moi pour qu'il me regarde. Il m'asséna d'un regard noir.

"- T'es sérieux ?" Je demandais, plus blessé que ce que je n'aurais souhaité lui laisser voir.

"- Tu voulais une réponse à ta question. Je te l'ai donné. Je n'ai rien d'autre à te dire."

Juste au moment où il avait totalement compris l'entièreté de ma personne, il cassait donc nos liens ? Je ne comprenais pas. Je sentis un vent d'angoisse se manifester en moi mais je le repoussais avec force. Ca manquait terriblement de sens. Cette attitude ne lui ressemblait vraiment pas.

"- A quoi tu joues Iruka ?" Je demandais en cherchant dans ses yeux la réponse à ma question.

"- Je ne joues pas." Répondit-il, très sérieux.

"- Alors pourquoi tu fais ça ?"

"- Car c'est ce que tu me demandes Kakashi." Il fit une pause pour ensuite s'expliquer, voyant que j'en attendais plus. " Tu es comme ça. Toujours dans le rapport de force, de compétition. Ca t'animes et ça t'attires. Tu me poses une question qui sort de nulle part et tu attends de moi que je réponde à la question et que je comprennes. Juste après, tu me traites d'idiot. Il n'y a pas de bonne réponse avec toi car tu as besoin de te retrouver acculé pour réussir à parler. C'est toujours le même processus. Alors je fais ce que tu me demandes, je te mets au pied du mur. Si tu as quelque chose à me dire, dis le. Sinon tu sors de chez moi."

Il dégagea son bras de mon étreinte sur lui, le regard menaçant.

Iruka n'était pas quelqu'un que l'on pourrait appelé de dominant, il se fichait habituellement de ce genre de rapport de force. Jamais, il n'avait tenté de prendre le pas sur moi. Jamais il ne m'avait poussé dans mes retranchements. Il avait toujours fait en sorte d'ignorer mes sarcasmes, ignorer mes silences, ignorer tout ce qui faisait que j'était nul en relation humaine. Mais ce soir, il avait apparemment décidé qu'il était trop tendre avec moi. En effet, je lui avait reproché de s'être adouci car nous couchions ensemble et je l'avais traité d'idiot.

Il fallait dire que le maître éducateur avait du caractère et bien assez de fierté pour deux.

Je l'avais bien compris au fur et à mesure de notre relation. Et ce soir, clairement, il ne comptait pas me laisser m'en sortir si facilement après ce que je lui avais fait subir plus tôt.

Moi aussi, j'avais ma fierté et mon orgueil mais j'étais bien forcé de comprendre qu'Iruka avait lui même ses limites. Et que cette fois, il ne laisserait pas passer mon comportement indécent. Pas sur ce sujet en tout cas.

Je regrettais que la tension soit montée trop vite. Je baissais soudain les armes. Je n'avais pas envie que cette discorde aille plus loin.

"- Iruka, c'est moi l'idiot."Je lâchais soudain. "Je ne veux pas partir ... je ... je"

Je bégayais misérablement en essayant de lui dire que je n'aimais pas la tournure de notre conversation mais j'avais beau essayer d'exprimer ce que j'avais sur le coeur, les mots ne voulaient pas sortir.

Seulement rien que le début de ma phrase semblait l'avoir sérieusement étonné. La surprise se manifesta sur son visage tandis que je l'approchais de moi pour poser mes mains sur ses reins et ma tête sur son épaule. Il se laissa faire, complètement ahuris. J'engouffrais mes mains sous son pull pour caresser son dos et ses omoplates saillants. Je sentis un frisson lui parcourir le dos sous mes doigts. J'avais toujours été meilleur pour m'exprimer avec des gestes qu'avec des paroles et je savais que c'était la seule manière de le faire plier.

Seulement, il se reprit vite et se détacha de moi pour remettre un espace raisonnable entre nous.

"- Pourquoi n'arrives-tu pas à comprendre ?" Demanda t-il.  "C'est pourtant simple. Combien de temps comptes-tu vivre avec ta culpabilité ? Tu y as déjà consacré toute une vie... et malgré toutes tes avancées, à chaque fois, tu sembles refaire un pas en arrière. Comme si tu craignais que de bonnes choses puissent enfin t'arriver ..."

Je soufflais et passais une main sur mon visage avant de répondre  :

"- C'est mon destin. Je me retrouve toujours confronté à des situations comme celle que nous avons vécu ensemble... C'est mon lot, c'est tout. C'est aux autres que les choses bien arrivent, pas à moi. "

"- Mais Kakashi, ce n'est pas vrai. Tu mérites autant que les autres d'être heureux. Tu es exceptionnel et tu ..."

Je grognais à sa réplique, le coupant, déjà las de la tournure de cette conversation  :

"- Tout le monde est exceptionnel Iruka ..."

Il ajouta plus froidement cette fois, agacé :

"- Autrement dit personne ne l'est, c'est ça ?" Il fit une pause attendant de voir ma réaction. N'en ayant aucune à lui offrir, il reprit. "J'aimerais tellement que tu puisses voir l'image que tu renvois aux autres. Tu sembles constamment pris dans un brouillard qui déforme complètement ta vision de toi même, pensant que tu es un homme froid, mais ce n'est pas vrai, ce n'est pas toi."

"- Iruka, je suis comme ça. C'est tout. Ce doit être notre rapprochement qui te fait dire ça. Je donne le change et je sais que j'ai l'apparence du mec parfait. Tout t'attires chez moi... mon corps, mon visage, mon attitude, mon statut, je le sais bien... Mais je ne suis pas vraiment cette personne, c'est une imposture. "

Cette fois, il leva vraiment le ton, perdant son légendaire calme :

"- Tu dis ça car tu as peur d'être blessé c'est tout. Et puis, comment peux-tu penser à ma place ? Tu n'en sais rien de ce que notre rapprochement peut me faire dire ou non. Tu te montres comme un homme sans failles et sans sentiments alors que tu es bouleversé de tout ce qui peut se passer en toi. Si j'avais tort, la preuve en serait que tu ne m'aurais jamais laisser t'approcher. Je vais devoir te rappeler que c'est toi qui a initié cette relation Kakashi... et ce soir tu viens me dire que tout en toi est attirant et que je ne peux pas comprendre ? Je ne suis même pas sûr que tu te comprennes toi même. "

"- Je ne peux rien y faire Iruka." Je rétorquais les dents serrées.

Et c'était vrai. Je n'y pouvais rien. Je ne changerais pas. Comment pourrais-je changer du tout au tout ? Il semblait me demander de comprendre des choses qui n'avaient pas la possibilité d'être comprises. Il mélangeait tout. Il me pensait certainement capable de choses qui étaient clairement inenvisageables pour moi. Rien ne pourrait changer mon destin. J'étais celui qui portait tout ce talent, toute cette responsabilité. Mais je restais aussi celui était condamné à voir les autres partir. Mon père, mes meilleurs amis, mes élèves... Sasuke. Tout n'était qu'une suite logique d'erreur de ma part et pour la plupart c'était par ma faute.

Il demanda soudain, comme s'il avait pu lire mes pensées :

"- C'est encore à cause de Sasuke hein ?"

Je ne répondais pas, bloqué, le regard implorant.

Il se recula, fit une grimace de douleur puis mit ses mains en avant, semblant ne plus vouloir parler de ça plus longtemps :

"- Très bien. Tu ... Tu sais très bien qui je suis... et je sais très bien qui tu es Kakashi. Je crois qu'on a pas besoin de se jouer des scènes mélodramatiques. J'ai mon point de vue et tu as le tien. Rien de ce que l'on pourra dire ne changera ce qu'il s'est passé là-bas même si l'on est pas d'accord. Nous avons tous les deux une part de responsabilité. Je ne te demanderais jamais de prendre sur toi et toi seul le fait que nous avons abandonné Sasuke."

Ma vieille amie la culpabilité avait refait surface et je me reculais d'un pas, le regardant dans les yeux. Je ne savais plus quoi dire. J'étais pétrifié. Il ne prit pas la peine cette fois de parler pour moi ou de lire dans mon cœur. Il baissa la tête et d'une voix peinée ajouta fatalement :

"- Tu sais, il y a beaucoup de choses que je serais prêt à faire pour toi Kakashi. Je pense que ça me fait autant peur qu'à toi d'ailleurs... de voir que tu as autant d'importance pour moi. Mais, je ne peux pas te laisser continuer dans cette voie car si tu n'arrives pas à comprendre ce que je te dis, c'est que notre situation n'est pas bénéfique pour toi. Même si à l'instant présent, ça va te paraître injuste, je suis prêt à attendre que tu comprennes, même si cela veut dire prendre le risque de te perdre."

Mon cœur se fendilla à ses paroles, mais je l'ignorais. Je n'étais pas sûr de comprendre.

"- Qu'est-ce que tu dis ? Toutes ces paroles n'ont aucun sens pour moi."

Ma voix était sèche et rauque. Mon oeil visible devait probablement laisser voir une lueur de folie.

"- Kakashi, tu es libre. Je te libère de notre relation. Nous ne sommes plus rien. Même plus amis à partir de maintenant. Ne te préoccupe plus de moi. Reprends ta vie, là tu l'avais laissé depuis notre mission de sauvetage. "

A l'entente de cet ultimatum qui me tombait dessus, j'avais subitement beaucoup de choses à dire. Énormément même. Tellement que toutes mes paroles commencèrent à affluer dans ma tête dans un raffut terrible et un bordel monstre. J'avais envie de lui dire, même de hurler, de lui hurler qu'il disait n'importe quoi ! Je voulais lui poser mille questions sur le choix qu'il venait de faire. Lui demander comment il pouvait dire ça avec tant de calme, comment il pouvait rester impassible  ? Alors qu'en moi la guerre était maintenant déclarée, qu'un effroyable orage était en train de tout dévaster. J'avais envie de lui expliquer. Lui dire que rien ne changerait et que s'il voulait se débarrasser de moi, il n'avait pas à s'en justifier de cette manière. Que de toute façon, ça n'arrangeait rien de nous séparer pour essayer de me faire comprendre quoi que ce soit. L'injustice me terrassait l'esprit, me tordait le ventre.

Il venait à nouveau de me refaire le coup des ramassis de conneries d'Iruka Umino !

Je ne pouvais pas y croire, tout cela pour que ça s'arrête maintenant et comme ça ! Je savais que ça allait mal terminé lorsque j'avais posé cette question. Pourquoi l'avais-je fait ? Pourquoi fallait-il que je lui demande s'il était en colère ? Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour finalement poser cette foutue question maintenant ? Pourquoi fallait-il qu'il réagisse comme ça ? Et surtout mais surtout, pourquoi rien ne sortait de ma bouche. Pourquoi fallait-il que je ne puisse rien y faire ? J'en étais rendu à le regarder laisser s'échapper de mes doigts, sans bouger, sans rien faire. Nos deux coeurs se disant "Au revoir et à plus ! Merci pour la balade hein ? C'était sympa ..."

Les dernières phrases qu'il avait prononcé résonnèrent soudain plus fort dans ma tête avec de l'écho. Et avec fulgurance, tout ce que j'avais envie de lui dire me brûla le corps entièrement, déversant une douleur lancinante qui arriva jusqu'à mon cœur avec puissance. Comme si le regret et la rancœur s'emparaient de tout mon être.

De ce fait, simplement acteur de mes mouvements, je me voyais donc tourner les talons, alors que ma tête elle, n'avait rien commandé comme geste à mon corps, n'accordant plus un seul regard à Iruka. Je me concentrais pour ne pas faillir et exploser de colère avant d'avoir mis le plus de distance possible entre sa porte et ma personne. Alors que je sentais que j'aurais été capable de tout casser sur mon passage. Tout son appartement, sa vaisselle, ses meubles et ses stupides cadres photos qui démontraient qu'Iruka Umino était capable d'aimer très fort mais aussi de briser les liens qui le tenaient s'il en ressentait le besoin. J'étais fou de rage !

J'arrivais, sans me rendre compte de l'endroit où mes pas me menaient, au monument aux morts. Je supposais que l'habitude m'avait guidé automatiquement ici, tellement j'y venais souvent. Mon regard vide se posa sur les noms que j'avais déjà lu des milliers de fois sur la grande pierre tombale. J'aurais été incapable de dire s'il y avait du monde autour de moi tellement mon corps et ma tête étaient en proie à un énorme ouragan d'émotions. Je ne voulais plus grand chose, je voulais juste appuyer sur pause. Car je ne faisais rien de ce que j'aurais souhaité faire. J'aurais voulu lui dire tellement de choses... mais je ne l'avais pas fait, je ne savais pas le faire. Peut-être que si j'avais crié ? Non plus, je ne criais presque jamais. J'attrapais soudain mes cheveux de mes doigts, effectuant une pression salvatrice sur mon crâne. J'essayais de comprendre ce qu'il passait en moi, sans vraiment réussir. La sensation de vouloir m'arracher le cœur me reprit à nouveau et je ressentis prestement le besoin que tout cela cesse. J'avais l'impression que si l'emplacement de celui-ci fut vide, peut-être qu'il n'y aurait plus de problèmes, plus de douleur, plus de colère, plus rien de gênant. Les dégâts étaient faits.

Il avait tort, m'acculer ne changeait rien. Ça ne me libérait pas de mes difficultés à parler.

Il m'avait juste achevé. Je n'avais maintenant qu'à ajouter tous ses nouveaux regrets à ma liste déjà bien longue. L'accumulation des erreurs de ma vie continuait encore et toujours de s'allonger. Plus jamais Iruka. Plus jamais je ne te traiterais d'idiot.

J'étais en colère contre lui, mais encore plus contre moi. Comment avais-je pu partir sans rien dire ? Comment était-ce possible qu'encore une fois la seule chose qui fonctionnait dans ma vie devait finir en miette ?

J'avais envie de rebrousser chemin et de repartir chez lui. J'aurais aimé lui dire que j'avais toujours besoin de lui. J'aurais aimé lui montrer que j'étais reconnaissant de tout l'amour qu'il m'avait porté et m'avait offert sans limite depuis cette année. Que j'étais reconnaissant qu'il n'ait jamais dit qu'il m'aimait car pour moi ça aurait été trop compliqué d'y répondre avec autant de facilité que lui. Que j'étais reconnaissant qu'il me laisse souvent dans le silence, en comprenant ce que je voulais dire sans que je n'ai rien à dire. Mais plus que tout, j'étais reconnaissant qu'il ait pansé avec soin toutes les blessures de mon cœur pendant ces long mois. Peut-être que si je faisais demi tour et que je lui disais tout cela, il changerait d'avis ? Mais encore une fois, je n'y arrivais pas.

Preuve irréfutable que Kakashi Hatake n'était qu'une imposture.

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Bonjour à toutes et à tous,

Voici donc le chapitre 3 !

Habituellement, je ne vous embête pas avec les commentaires mais là si vous pouviez prendre le temps de mettre un petit mot, ce serait chouette ! Ecrire des histoire cela prends beaucoup de temps et c'est vraiment hyper motivant de recevoir des remarques et encouragements.

Alors ne vous retenez plus !

Merci pour vos lectures , vos votes et votre fidélité !

A Bientôt pour la suite ! Bises

Andywhou0

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