Chapitre 7


Lizbeth eut envie de rétorquer qu'il se retrouverait probablement sans partenaire, mais ne dit rien. Elle devait lui faire croire qu'elle ne tenterait plus de s'enfuir afin qu'il baisse sa garde et à ce moment, elle retournerait chez elle.

Ils retournèrent dans l'appartement de Jacob, mangèrent, puis se mirent à leurs devoirs. Il devait être rendu 19h30 lorsque Lizbeth termina. Jacob avait fini depuis longtemps. Il la regardait en silence.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle.

- Rien. Tu étais concentrée, remarqua-t-il.

- C'est normal : j'étudie.

- Es-tu toujours aussi sérieuse ?

Elle prit quelques secondes pour y réfléchir.

- Oui, finit-elle par répondre.

Jacob la fixa un moment.

- Êtes-vous tous comme ça en bas ?

En bas signifiait où elle habitait.

- Je crois que chaque personne a une personnalité différente. J'avais des amies qui s'amusaient souvent ensemble, mais je n'avais pas le goût de me joindre à elles.

- Pourquoi ?

- Les études comptent beaucoup pour moi. J'essaie d'y consacrer tout mon temps. En plus du piano et de mes peintures, cela remplit mes jounées.

- Ça me semble super ennuyeux.

- Non, c'est ce que je veux.

- C'est parce que tu n'as jamais rien connu d'autre.

- Et ici, comment ça se passe, alors ?

- Tu n'as jamais entendu parler des fêtes où les jeunes lâchent leur fou ?

- Euh...non.

- Je n'en reviens pas ! L'alcool, ça ne te dis rien non plus ?

- Le vin ? Bien sûr !

- Non, l'alcool. La bière, le fort, ces choses-là...

- Non...

Jacob soupira.

- Que vous êtes coincés, là d'où tu viens ! Ils vous apprennent à être de vrais moutons. Suivre la voie du Seigneur et tout... Ce que c'est barbant ! Ici, nous sommes athées.

- En quoi croyez-vous, dans ce cas ?

- Notre philosophie de vie c'est « Carpe Diem ». Profiter du moment présent. De plus, nous recherchons le plaisir avant tout.

Qu'est-ce que c'était que ces pensées débiles ?

- En faisant quoi ?

Jacob eut un petit sourire en coin.

- Des fêtes, des tournois de pas mal tous les sports (la boxe, le football, le hockey), du sexe et nous avons des cuisiniers très talentueux. Chaque jour, les villageois peuvent se rendre dans différents restaurants à la carte où la nourriture est divine. Mais très peu d'élèves peuvent sortir de l'école, à moins d'avoir une autorisation spéciale.

- Ce que tu possèdes sans doute...

Le garçon lui sourit en guise de réponse. Lizbeth leva les yeux au ciel. Qui était-il pour avoir autant de permissions ?

- Vous ne travaillez pas ? demanda la jeune fille.

- Chaque personne fait ce qui lui plaît. Ici, tout est gratuit, car tout le monde fait ce qu'il aime. La seule règle, c'est qu'il doit faire quelque chose qui fait profiter le reste du village, un genre d'échange de service.

Ces gens vivaient vraiment de façon étrange !

- Tu as bien des choses à apprendre, ma chère, conclut Jacob. Demain, c'est vendredi. On va sortir.

- Où  ?

- Ça se passe chez un copain. Toute l'école va y être.

- Et c'est sensé me rassurer ? N'oublie pas que tout le monde me déteste.

- Tu exagères. Maintenant, dis-moi, peintures-tu depuis longtemps ?

- Euh...Quelques années, pourquoi ?

- Tu es vraiment douée.

Lizbeth piqua un fard. Avait-il eu le temps d'observer sa peinture lorsqu'il l'avait enlevée ? Avec la tapage qu'elle avait fait, ses parents avaient dû être alertés et venir voir ce qui se passait. D'ailleurs, comment l'avait-il emmenée jusqu'ici ? En hélicoptère ?

- Viens, je vais te montrer quelque chose, fit le garçon en se levant.

Lizbeth le suivit jusqu'au couloir qui menait dans une pièce où elle n'était jamais entrée. C'était un séjour avec des fauteuils, un foyer et...

- Ma toile ! S'exclama Lizbeth.

C'était celle qu'elle était en train de peindre lorsqu'elle s'était faite enlevée il y a quelques jours.

- Je l'ai trouvé si belle que j'ai pensé l'emmener. Tu vois les choses d'un autre œil et tu le peins magnifiquement bien. Elle a sa place sur ce mur.

On lui avait déjà fait des compliments sur ses toiles, mais la description de Jacob différait des autres. Bien sûr, elle aurait pu peindre le ciel rouge pour représenter le village ennemi, mais le coucher de soleil qu'elle avait capté était si beau qu'elle l'avait représenté tel qu'il était.

- Sur cette toile, on voit bien que tu rends les choses ordinaires extraordinaires.

- C'est une façon de le décrire, répondit Lizbeth gênée. Jamais on ne lui avait dit quelque chose comme cela.

Elle se sentit rougir.

- On dirait que les compliments te gênent, remarqua Jacob.

- Je ne suis pas habituée. Mes parents n'ont jamais rien dit sur mes toiles ni sur ma musique. C'est beaucoup pour aujourd'hui.

- Comme je te l'ai dit, tes parents ne t'appréciaient pas à ta juste valeur.

Lizbeth ouvrit la bouche pour répliquer, offusquée, mais il l'arrêta.

- Changeons de sujet, dit-il aussitôt. Je sais que ce sujet te pique.

Ils continuèrent à bavarder le reste de la soirée, puis se couchèrent. Il s'en était passé des choses en une journée ! Elle s'était levée en se disant que Jacob était son ennemi, s'était faite embrasser par lui et avait même ri avec lui.

- Je ne me reconnais plus, se dit-elle pour elle-même. Je devrais mettre une distance entre lui et moi, car je sais que la seule raison pour laquelle il se montre gentil à mon égard, c'est pour m'enlever le goût de m'enfuir.

Peut-être même qu'il avait changé de tactique. Peut-être voulait-il qu'elle tombe amoureuse de lui pour qu'elle arrête de s'enfuir et ensuite, lorsque sa mission serait accomplie, il lui briserait le cœur. On encore, il la connaîtrait tellement qu'il pourrait deviner tout de suite ses intensions. Lizbeth était sûre qu'il avait une idée derrière la tête et s'endormit en se disant qu'elle ne devait pas lui faire confiance. Ni à aucune personne de ce village.

Cette nuit-là, elle refit le même cauchemar que la nuit précédente mais cette fois-ci, elle se réveilla en hurlant.

Elle entendit Jacob tomber en bas du lit et en aurait ri si elle n'avait pas été en train d'essayer de reprendre son souffle.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda Jacob en se relevant debout.

- Un cauchemar, souffla-t-elle.

- Un cauchemar ? C'est pour cette raison que tu hurlais ?

- Un affreux cauchemar, précisa la jeune fille en remontant les couvertures sur elle.

Elle tremblait encore.

- Et je suppose ça a un rapport avec ici ?

- Non, pas vraiment.

- Veux-tu m'en dire plus ?

- Non.

Jacob n'insista pas et se recoucha. Lizbeth mit quelques temps à se rendormir et, lorsque le matin vint, il lui sembla qu'elle venait seulement de fermer les yeux.

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