Chapitre 6


Jacob sembla réfléchir quelques minutes.

- Okay, répondit-il. Si je te touche et que tu ne réagis pas, tu es libre.

Lizbeth hocha la tête. Ce pari ne serait pas difficile à gagner !

- Et si c'est moi qui gagne... commença-t-il.

- Ça n'arrivera pas.

Il eut un ricanement et s'approcha d'elle. Lizbeth se retint pour ne pas reculer. Il posa les mains sur ses hanches en la regardant droit dans les yeux.

« Du calme, pensa la jeune fille. Tu es capable de ne pas bouger. »

Il glissa une main dans son dos et la remonta tranquillement. Lizbeth sentait la chaleur traverser son corps malgré son chandail. Elle ferma les yeux et essaya de s'imaginer qu'elle était ailleurs, ce qui fut un échec total. Elle sentait encore plus son contact. Il fit glisser sa main dans son cou, puis derrière sa nuque et elle se retint pour ne pas tressaillir jusqu'à ce qu'elle sente ses lèvres remplacer ses doigts. Elle sursauta et ouvrit les yeux.

Elle essaya de reculer, mais il la pressa contre lui et elle sentit le corps ferme du garçon. Celui-ci déposa alors ses lèvres sur les siennes et cela la fit réagir. Elle répondit alors à son baiser, qui prit fin aussi subitement qu'il avait commencé.

- Tu as perdu, dit-il avec un sourire triomphant.

- Tu as triché, répliqua-t-elle. Tu étais juste supposé me toucher et non m'embrasser.

- Tu avais déjà perdu avant que je ne t'embrasse. Tu tremblais de la tête aux pieds. Et ne me dis pas que c'est parce que tu avais peur. Je lisais autre chose sur ton visage.

Lizbeth était furieuse. Elle le poussa pour qu'il recule.

- Ne t'approche plus jamais de moi, lui cria-t-elle.

- On voit bien sûr que tu as détesté. Mais ne t'en fais pas. Ça n'arrivera plus.

- Bien sûr que j'ai détesté ! Tu as envahi mon espace privé.

Jacob éclata de rire.

- Alors là, c'est la chose la plus ridicule que je n'aie jamais entendu. Tu es mauvais perdante.

- Je ne suis pas mauvaises perdante. Tu as triché.

- J'ai dit que j'allais te toucher. Et il y a des tonnes de façon de toucher quelqu'un : Avec les mains, les lèvres, le...

- Arrête ! S'exclama-t-elle en voyant les images défiler dans sa tête.

- Tu es tellement fermée à tout ça que tu ignores tout des relations physiques. Avoue qu'on ne t'avait jamais touchée.

- Pas comme ça.

- Et tu as aimé ça.

- Non !

Son non sonnait tout à fait faux.

- Ouais, à d'autres...Puisque j'ai gagné le pari, tu me dois quelque chose.

- Quoi ? Demanda-t-elle brusquement

- Je veux que tu me dises tout de toi.

- Il n'y a rien à dire.

- C'est faux et tu le sais. Mais puisqu'il ne nous reste plus de temps avant l'autre cours, on remet ça à ce soir.

Ils prirent leur cartable et se rendirent à la classe suivante, qui était un cours de musique. Dans le village de la jeune fille, le piano était l'instrument le plus populaire, suivi de la flûte et du saxophone. Lizbeth se doutait que les instruments seraient différents dans un village aussi différent du sien. Beaucoup d'élèves avaient des guitares électriques ou sèches, certains jouaient de la batterie et une minorité avait opté pour d'autres instruments comme la trompette.

- Aujourd'hui, commença Gilden, l'enseignante, nous allons faire des groupes de personnes avec différents talents afin de préparer un numéro de fin d'année. L'un après l'autre, vous me jouerez d'un instrument de musique et je vous répartirai selon vos capacités.

Lorsque tout le monde fut installé, excepté Lizbeth, qui resta debout au milieu de la classe, les sons des instruments résonnèrent dans la salle. Et certains sonnait faux.

« De quoi me donner une migraine pour le reste de la journée » se dit-elle.

Gilden passa à côté de chacun et les écouta jouer de leur instrument.

Lizbeth remarqua que Jacob était à la guitare sèche. Elle n'était pas capable de l'entendre, mais en voyant l'enseignante hocher la tête, elle se dit qu'il devait être assez bon. Elle ne savait rien sur ce garçon. Qui était ses parents ? Que faisait-il de ses temps libres ? Était-il sportif ? Elle se dit qu'elle le découvrirait probablement au courant des prochaines semaines. Elle sentit des entrailles se serrer. Reverrait-elle ses parents un jour ? Elle l'ignorait.

Un son de trompette la fit revenir au moment présent. Quel son dérangeant !

Ne sachant pas quoi faire, Lizbeth s'assit devant un piano. Elle n'était pas très douée à la flûte, mais le piano était un loisir auquel elle s'adonnait lorsqu'elle voulait s'éclipser dans son monde à elle. Elle toucha quelques touches, puis la professeur s'approcha d'elle.

- Je t'écoute, lui dit-elle.

Lizbeth commença à jouer un morceau intitulé " Skinny love''. Elle s'accompagna en chantant. Elle trouvait que jouer du piano sans chanter était comme un soleil sans chaleur. Elle n'entendit pas le tumulte diminuer. La classe devint soudain silencieuse et tout le monde écouta la jeune fille. Lorsqu'elle poussa la dernière note, sa voix emplit résonna dans la salle et les dernières notes vinrent aussi facilement que les premières.

Elle leva la tête et vit tous les visages tournés vers elle. Certains avaient la bouche grande ouverte. Elle jeta un œil vers Jacob, qui la regardait d'une drôle de façon.

- Bravo, lui dit Gilden, ta technique au piano est parfaite, mais ta voix est sublime.

- Merci, Madame, répondit Lizbeth, rouge comme une tomate.

Elle n'aimait pas être le centre d'attention.

- On retourne à son instrument, lança Gilden au reste de la classe.

À la fin du cours, elle annonça qui ferait équipe ensemble.

- Keven et Matt ensemble, Jasmin et Max, Lizbeth et Jacob, Fred et Étienne, Antoine et Sean.

Si Lizbeth n'avait pas été aussi stupéfaite, elle en aurait ri.

- Sur quoi vous basez-vous pour former les équipes ? Lui demanda-t-elle sans lever la main. Je ne veux pas remettre en question votre travail, mais je ne vois pas en quoi Jacob et moi pourrions faire de la musique ensemble. Il joue de la guitare...

- Et toi, tu chantes, répondit-elle. En passant, on lève la main avant de prendre la parole, s'il vous plaît.

La jeune fille soupira. C'était un coup monté, assurément. En plus de vivre au même endroit que lui, elle devrait faire équipe avec le jeune homme. Quelle poisse !

La cloche sonna et, oubliant d'ignorer Jacob, elle se dirigea vers lui.

- Tu as fait exprès, l'accusa-t-elle.

- Bien sûr que non, se défendit-il. T'avoir dans les pattes 24h sur 24, c'est suffisant pour moi. Et en plus, je ne vois vraiment pas comment ta voix pourrait accompagner ma guitare.

- Toi, tu sais parler aux filles, répliqua-t-elle. Si c'est un moyen détourné pour lui dire qu'elle ne sait pas chanter, alors félicitation. Tu gagnes haut la main.

Elle le planta au milieu de la classe et descendit les escaliers en vitesse en espérant qu'il ne la rattraperait pas. Elle avait besoin d'air. Malheureusement, Jacob ne se laissait pas facilement distancer. Elle sentit qu'on lui attrapait le bras.

- Je n'ai pas dit que tu ne savais pas chanter. J'ai seulement voulu dire que tu avais un style à toi et je ne sais pas comment on va agencer ça avec ma guitare.

- Ouais, c'est ça, souffla Lizbeth, qui ne le croyait pas.

- Je t'assure, dit-il en la regardant droit dans les yeux. Tu as une voix magnifique.

Elle ne répondit rien.

- On va devoir travailler, mais on va réussir. On a toute l'année.

Elle espérait partir avant.

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