Chapitre 5

           

-          Dépêche-toi, lui dit le Jacob lorsqu'elle entra dans la cuisine.

-          Désolé de n'être pas aussi enthousiaste que toi, dit-elle sarcastiquement. Pour tout t'avouer, je n'ai pas vraiment le goût d'aller à la même école que mes ennemis.

-          Si tu nous traites encore d'ennemis, tu vas t'en faire pour vrai, alors si j'étais toi, j'éviterais d'aborder le sujet devant les autres élèves. En passant, on a cours de sciences ce matin. Tes cahiers sont sur la table.

-          Génial, soupira Lizbeth, moi qui déteste les sciences.

-          Tu es tout le temps en train de râler, dit-il.

-          Ah oui ? Si tu étais à ma place, qu'on t'avait kidnappé et que tu avais perdu ta famille et tous tes amis, tu réagirais pareil.

-          Pardon, dit-il doucement, je comprends que ce soit difficile pour toi, mais ils ne t'aimaient pas comme tu le méritais.

-          Et tu crois qu'ici, on va plus m'aimer.

Elle eut un petit rire.

-          On va me détester.

-          Tu es certes différentes des élèves d'ici mais, avec le temps, ils finiront par t'accepter.

Lizbeth était trop nerveuse pour avaler quoi que ce soit de plus. Quelques minutes plus tard, ils étaient en train de marcher dans le corridor de l'école. La jeune fille devait presque courir pour rattraper Jacob tellement il avait les jambes longues. Elle se sentait toute petite à côté de lui. Il devait la dépasser d'au moins une tête. Les élèves qu'ils croisèrent saluèrent Jacob et dévisagèrent tous Lizbeth. Elle plaça son capuchon sur sa tête pour essayer de se dissimuler dans la foule

-          Ça va t'en prendre plus que ça pour passer inaperçue, dit Jacob.

Ils entrèrent dans la classe au moment où la cloche sonna. Lizbeth balaya la classe des yeux et vit une place vide dans le fond de la classe. Jacob avait déjà gagné sa place où ses voisins lui parlaient. En observant bien les autres élèves, elle se rendit compte qu'elle était la seule fille du cours et que la plupart des garçons la regardait, certains par simple curiosité et d'autres avec un intérêt manifeste. Le professeur entra finalement dans la classe et fit signe aux élèves de se taire.

-          Bon matin, tout le monde. Nous avons une nouvelle élève, commença-t-il, son nom est Lizbeth et je vous demanderais de tout faire pour l'aider à s'intégrer dans sa nouvelle école. Alors, ma chère, pourrais-tu nous parler un peu de toi ?

Lizbeth ne s'attendait pas du tout à ce qu'on lui pose une telle question.

-          Eh bien, commença-t-elle, mes amis proches me surnomment Lily. J'adore peindre, surtout des paysages, mais je fais aussi des portraits. J'aime beaucoup le piano. Sinon, ma matière préférée est l'histoire.

-         Dans ce cas, je suis certain que tu vas aimer nos leçons sur l'histoire de notre village.

Lily s'apprêtait à répliquer : '' J'en doute'', mais n'ajouta rien.

-          Ne t'en fais pas si tu ne connais rien de la matière que je donne. Tu devrais vite comprendre. Après tout, l'année ne fait que commencer. Il doit me rester un manuel quelque part. Voilà !

Sur ce, les étudiants ouvrirent leur cahier de science et le cours débuta. La matière ressemblait étrangement à ce qu'elle avait déjà appris. Au moins, il ne lui sembla pas qu'elle était sur une autre planète. Le cours dura une heure et demi. Quelques élèves se tournaient de temps en temps pour l'observer comme si elle était une bête de foire. Lorsque le cours fut terminé, elle sortit en hâte de la salle de classe et fut vite rattrapée par Jacob.

-          Où est-ce que tu filais comme ça ? Demanda-t-il.

-          À mon autre cours.

-          Tu ne sais même pas où c'est.

-          Oui, loin de toi.

Il eut un petit rire.

-          Désolé de détruire tes espoirs. C'est dans le local d'à côté et je serai là.

Elle ne lui adressa plus la parole durant leur marche. L'enseignante de littérature fut un peu moins joviale. Elle lui donna son manuel sans se présenter et débuta tout de suite le cours. Lizbeth n'eut aucun mal à suivre. Elle connaissait déjà toute la théorie. Cette école était vraiment en retard sur la sienne !

La prof termina le cours en leur demandant une dissertation pour le lendemain.  Lorsque la cloche sonna, ils se dirigèrent vers la cafétéria. Comme Lizbeth s'en doutait, Jacob avait déjà rejoint son gang d'amis sans lui faire signe de le suivre. Elle devrait se débrouiller toute seule. Elle alla chercher son plateau et passa derrière un groupe de jeunes qui la regardaient drôlement. Elle repéra une table où cinq filles y étaient assises, les seules filles de la cafétéria, apparemment.

Lizbeth s'approcha de leur table.

-          Est-ce que je pourrais me joindre à vous ? Leur demanda-t-elle.

Elles l'observèrent un moment, puis l'une d'entre elle répondit :

-          Tu rêves ? Jamais une fille comme toi ne se joindra à nous !

-          Je pensais qu'entre filles nous étions solidaires, répliqua Lizbeth.

Surtout qu'elles étaient les seules de l'école !

-          Ouais, mais pas avec toi. Tu es trop bizarre. Alors dégage !

Quelques têtes curieuses s'étaient retournées pour entendre la conversation. Lizbeth n'ajouta rien de plus. Les autres tables étaient toutes pleines et elle ne voulait pas se faire repousser une deuxième fois. Elle sortit donc de la cafétéria et décida d'aller manger dehors où elle aurait la paix. Elle s'assit sous un arbre et put enfin respirer. Il y avait quelques autres élèves dehors, mais le temps était à la pluie donc la plupart des jeunes étaient restés à l'intérieur. Elle vit alors Jacob sortir et se diriger vers elle.

-          Tu n'avais pas le droit de sortir dehors, lui dit-il sévèrement. Je suis sensé garder un œil sur toi.

-          Et où voulait-tu que je m'assois ? Répliqua-t-elle, piquée au vif. Par terre en plein milieu de la cafétéria ?

-          Écoute, je comprends que ce soit difficile pour toi, mais tu dois faire un petit effort.

-          Un petit effort ? Le coupa-t-elle. Elle est bien bonne celle-là. Comme si je n'essayais pas. Retourne donc avec les tiens.

-          Tu devrais faire faire attention à tes paroles, l'avertit-il. Allez, viens.

-          Je n'ai pas fini de manger.

-          Je sais. On va aller manger chez moi.

Elle le suivit jusqu'à son loft et ils s'installèrent à la table. Lizbeth ne pipa mot. Elle détestait la viande et se força jusqu'à ce que les haut-le-cœur la prennent.

-          Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il.

-          Je ne peux pas manger ça, dit-elle en repoussant son assiette. C'est répugnant.

-          Ce que tu peux être difficile ! soupira-t-il.

Elle se leva de table.

-          Tu ne manges pas plus ?

-          Non, je n'ai plus faim.

C'était un mensonge. Cela faisait deux jours qu'elle n'avait pas mangé un repas complet et son ventre gargouillait, mais elle s'en fichait. Peut-être la laisseraient-ils partir s'ils se rendaient compte que cet endroit la rendait malade.

-          Mange au moins une pomme. Tu es tellement pâle qu'on dirait que tu vas tomber.

-          Tant que ça ?

-          Ouais !

Il ouvrit le frigo et lui tendit une pomme rouge.

-          Elle n'est pas empoisonnée, dit-il comme elle hésitait.

Lorsqu'elle prit la pomme, leurs doigts s'effleurèrent et elle retira trop rapidement sa main. Jacob eut un petit sourire.

-          Tu as peur de me toucher ou quoi? Demanda-t-il.

-          Pas du tout.

-          Ah ouais?

Il avait arborait maintenant un grand sourire comme pour se moquer d'elle.

-          Tu as peur d'aimer ça?

-          Te toucher ? Non, je n'aime pas les contacts physiques.

-          Menteuse ! Je parie que tu adores.

-          Non !

-          Alors, qu'est-ce qu'on parie ?

-          Je ne veux rien parier avec toi.

-          Allez !

-          Ma liberté ! Répondit-elle enfin.

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