Chapitre 15
- Qu'est-ce qui t'as pris ? lui lança Lizbeth alors qu'ils marchaient dans le corridor en direction d'elle ne savait où.
- C'est plutôt à moi de te poser la question, répliqua Jacob. Que faisais-tu avec elles ?
- Ce sont mes amies. C'est normal que je mange avec elles.
- Tes amies ?
- Oui, elles m'ont dit qu'on se tenait ensemble. Je ne me souviens pas d'elles, mais tu m'as dis de faire un effort.
Jacob poussa un long soupir.
- C'est de ma faute, dit-il finalement. J'ignorais ce qu'elles manigançaient.
- De quoi parles-tu ?
- Lizbeth, ces filles-là n'ont jamais été tes amies.
- Quoi ?
- Mélodie est une manipulatrice. Elle voulait uniquement te parler pour créer une dispute entre nous. Que t'a-t-elle raconté sur moi ?
Lizbeth resta silencieuse un moment.
- Alors ? insista Jacob. Ne me mens pas.
- Elle a dit que vous sortiez ensemble, répondit finalement la jeune fille.
Jacob lâcha un rire amusé.
- Cette peste n'abandonnera jamais, dit-il enfin. Nous sommes en effet sortis ensemble il y a un an, mais ça s'est terminé assez rapidement. Nos caractères ne coordonnaient pas.
- C'est sûr que si tu parlais d'elle comme tu parles de moi, ça devait être difficile de vous entendre.
Jacob se stoppa net. Une chance que personne ne les suivait, car il lui serait rentré dedans.
- De quoi parles-tu, bordel ? fit-il d'une voix agacée.
- Il parait que tu dis de moi que je n'arrête pas de me plaindre, répondit Lizbeth.
- Qui t'as dit ça ? Ne me dit pas que c'est elle ?
La jeune fille hocha la tête et Jacob roula ses yeux.
- Elle raconte n'importe quoi pour semer la pagaille. Je crois qu'elle est jalouse que nous habitions ensemble.
- Vraiment ? Nous n'avons qu'à échanger, elle et moi...
- N'y songe même pas. Je n'ai pas envie de me retrouver avec elle. Même pas en rêve.
Lizbeth éclata de rire.
- Fais-moi confiance, lui dit alors Jacob en lui prenant la main. Jamais je n'ai dit quelque chose de méchant sur toi, et jamais ça n'arrivera. Je te respecte trop pour ça, même si en effet, tu n'arrêtes pas de te plaindre.
Il avait dit cela sur le ton de la plaisantera et la jeune fille lui fit une grimace. Son colocataire recommença à marcher et il dit finalement :
- À partir de maintenant, je veux que tu restes avec mes amis et moi.
- Pardon ?
- Ils sont sympas, ne t'en fais pas. De cette manière, tu apprendras à connaître d'autres personnes.
- Si tu le dis...
- T'inquiètes, tu pourras aller à la bibliothèque quand même, mais je veux trouver une façon de t'intégrer et je n'osais pas te le dire, mais avant ta commotion cérébrale, tu n'étais pas très sociable. Ton amnésie sera une bonne façon de prendre un nouveau départ, non ?
- Peut-être.
Ils arrivèrent finalement dans la classe de musique.
Jacob et Lizbeth travaillèrent tout le cours sur leur chanson et l'enseignante fut agréablement surprise par leur composition. Elle leur suggéra toutefois de ne pas aller trop haut dans les notes car ce n'était pas approprié pour ce style de musique. Lizbeth n'en fit toutefois qu'à sa tête et décida de pousser la note vers la fin, ce qui mit brusquement fin à tout son dans la classe, excepté sa voix.
Ce n'est que lorsque la musique s'arrêta que la jeune fille ouvrit les yeux. Elle croisa le regard de son coéquipier et fut troublé par ce qu'il dégageait. C'était un mélange d'admiration, de confusion et ...de désir. Mais non, voyons ! Elle se faisait des idées. Jacob était son ami, elle le considérait comme son frère.
Son frère ?
Pendant un instant, Lizbeth s'égara dans ses souvenirs. Elle avait l'impression que quelque chose lui échappait, mais elle ignorait quoi. C'était comme si elle avait un nom au bout des lèvres à l' instant où elle avait pensé au mot « frère ».
- Merveilleux ! s'exclama l'enseignante, ce qui la fit revenir à la réalité.
Jacob sembla aussi se réveiller, car il arrêta de la fixer avec cet air bizarre.
- Ta voix est parfaite, la complimenta la dame, mais essaie de chanter plus fort, car on entend beaucoup plus la guitare que toi. Et toi, Jacob, joue un peu plus lentement, car on a l'impression que tu as hâte de terminer.
Celui-ci hocha la tête, mais Lizbeth eut l'impression qu'il ne l'avait pas écoutée. Quelque chose semblait le tourmenter.
- Est-ce que ça va ? lui demanda la jeune fille.
- Très bien, répondit-il brusquement.
Il se leva alors et serra sa guitare dans son étui. Lizbeth fronça les sourcils. Ce type était beaucoup trop impénétrable. Bof, après tout, jamais elle ne serait capable de percer sa carapace. Il était comme cela, c'est tout.
Vers la fin de la journée, Jacob et Lizbeth retournèrent chez eux où ils dinèrent en silence et firent leurs devoirs, toujours en silence. Lizbeth n'eut pas trop de misère, excepté pour le cours d'histoire.
- À quand remonte la fondation du village ? demanda tout à coup Lizbeth à son compagnon.
Celui-ci semblait perdu dans ses pensées.
- La terre appelle la lune ! fit Lizbeth en claquant des doigts devant son visage.
Il parut enfin se réveiller.
- Quoi ? fit-il.
- Qu'est-ce qui se passe, Jacob ? interrogea l'adolescente. Depuis le cours de musique, tu sembles ailleurs.
- Désolé, je me suis rendu compte de quelque chose, répondit-il en détournant les yeux.
- Quoi, exactement ?
- Ça ne te regarde pas.
Super ! Le Jacob insupportable avait réapparut.
Lizbeth se leva, offusquée par le ton brusque de son ami.
- Dans ce cas, bonne nuit, lui dit-elle sèchement.
- Lizbeth...
- Tais-toi, Jacob. J'en ai marre de ton comportement. Tantôt tu es gentil, tantôt tu m'ignores. Je ne sais plus comment agir avec toi. J'ai l'impression de marcher sur des œufs en ta présence.
- Je suis désolé, Lizbeth. Je suis juste un peu, comment dire, perturbé par quelque chose depuis ces derniers temps et je préfère éviter d'en parler.
- D'accord. Est-ce que c'est ma faute ? J'ai fait quelque chose de mal ?
- Non, ne t'en fais pas. Reste comme tu es. C'est cette Lizbeth-là que j'apprécie.
Ce commentaire lui fit chaud au cœur. Elle se contenta de hocher la tête et n'insista plus. Si Jacob voulait se confier à elle, il le ferait tôt ou tard. Et s'il décidait de ne pas le faire, eh bien tant pis ! Elle respecterait sa décision. Après tout, les vrais amis servaient à cela !
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