Chapitre 8

Le lendemain matin, je me réveille, toute patraque, dans une chambre qui n'est pas la mienne. Je me retourne dans le lit et croise le visage d'un homme, inconnu au bataillon. Qu'est-ce que j'ai fait, hier soir ? Et mon mal de crâne me ramène à la réalité. J'ai bu. Et beaucoup apparemment. Je sens que je suis nue. Oh, il ne manquait plus que ça ! Je me glisse hors du lit et ramasse mes affaires. J'ai tout, sauf un truc. Très important. Ma culotte. Je souffle doucement pour ne pas réveiller le mec et me met à quatre pattes pour chercher ma culotte, après avoir enfilé un truc pour pouvoir me couvrir. J'arrive de son côté du lit mais vérifie bien que je ne le réveille pas. C'est pire que de cambrioler une maison.

_ C'est ça que tu cherches ?

Je relève la tête et croise son regard. Bon, c'est sûr et certain, jamais je ne cambriolerai une baraque. J'abaisse mon regard vers le bout de tissu blanc qui pendouille à son doigt. Mes joues s'empourprent quand je reconnais l'objet. Oh seigneur !

_ Tiens !

Je lui arrache des mains et l'enfile pour ensuite finir de m'habiller. Je me retourne sur lui pour lui dire merci mais...

_ Merci... Euh...

_ Dean... Moi, c'est Dean.

_ Oui, bien sûr ! En tout cas, j'ai passé une charmante soirée !

Même si je ne me souviens pas de la partie où tu étais présent...

_ Bon, je vais devoir y aller !

_ Je te raccompagne, si tu veux, dit-il en se levant.

Oh mes aïeux ! Mais il est à poil !

_ Oh, c'est bon ! Je prendrai un taxi !

Il faut que je me barre, tout de suite !

_ Ok, me répond Dean en se remettant dans ses couvertures.

Ouf ! C'était moi une ! Je me retourne et récupère mon sac pour presque courir jusqu'à la porte. Cependant, Dean m'arrête avant que je ne passe cette dernière.

_ Tu devrais l'appeler.

_ Pardon ?

_ Jeremy. Tu n'as pas arrêté de répéter son prénom, pendant que tu dormais. Donc, je te le dis, tu devrais l'appeler.

Ok... Je ne réponds pas et ferme la porte derrière moi. Trop bizarre...

Je monte à mon appartement. Quand j'ouvre la porte, j'ai trois têtes qui me sautent dessus. Celle de Paul et Kyle qui rient, et celle de Maggie qui n'est pas d'humeur à rire.

_ T'étais où ?, me demande Maggie, irritée.

_ Chez... Dean ! C'est ça, Dean !

_ Et tu ne pouvais pas téléphoner ?

_ Je viens à peine de me réveiller, alors s'il-te-plaît, ne me fais pas la leçon et explique-moi calmement ce qu'il s'est passé, hier soir !

_ Un chocolat, ma petite ?, me demande Kyle.

_ Oui, merci !

Nous nous installons toutes les quatre sur le canapé. Boissons à la main, Maggie me fait le récit de la soirée précédente. En long, en large et en travers. Surtout en travers !

_ Oh mon dieu, j'ai vraiment fait ça ?

_ Oui, et c'est d'ailleurs ça qui t'a fait gagner un billet d'entrée dans le lit de Dean, le beau gosse !

_ C'est vrai qu'il était pas mal ! Même bourrée, j'ai encore du gout !, me félicitais-je.

_ Je suis restée devant le club en te regardant partir, puis je suis rentrée chez moi à pieds, parce que tu m'avais piqué mes sous pour t'acheter à boire ! Bon pour moi aussi, mais bon, ça n'excuse rien de ton comportement d'hier soir !

_ Bébé, ce n'est pas si grave, je suis venue te chercher, intervient Paul.

_ Oui mais même, renchérit Maggie.

_ Comprend-moi, j'étais en état de choc !

_ Je comprends, j'étais là ! J'ai tout raconté à Kyle, et elle est de mon côté.

_ Quel côté ?

_ Ce n'est pas un hasard si vous vous êtes vus, hier soir, renchérit Kyle.

_ Oh non ! Après ce qu'il s'est passé ? C'est impossible.

J'essaie de me convaincre toute seule mais vu la gueule que tirent mes deux comparses, c'était peine perdue. Oh bordel de merde...

_ Je pense que tu devrais consulter tes mails, Kate !, me demande Maggie.

_ Pourquoi ?

_ Il t'en a peut-être envoyé un, qui sait ?

_ Pas vous, en tout cas !, dis-je en me levant.

_ Roh aller ! C'est une petite vérification de routine, rien de plus !, me supplie Maggie.

Je récupère mon téléphone et consulte mes mails.

_ Y a rien, contente ?

_ Il t'en enverra un, ne t'en fais pas ! Je connais les mecs !

_ Ton mec, Paul, qui est d'ailleurs le seul que tu as pu examiner de très près !, lui rétorquais-je.

_ Ok, c'est le seul. Mais j'ai vu ceux que tu as eus ces deux dernières années !

_ Que je n'ai gardé qu'une nuit, d'ailleurs !

_ Pas faux... Je suis coincée, je n'ai plus d'arguments. Kyle ?

_ Oublie-le, Kate. C'est la seule chose à faire, après tout ce qu'il s'est passé avant.

Kyle a raison. Il faut que je fasse table rase du passé et que j'avance. Nous passons dans ma chambre, Paul, Maggie et moi. Nous nous allongeons sur le lit. Moi au milieu avec les chocolats que Kyle nous a préparé. Kyle est repartie chez elle, voyant que tout allait bien.

_ Comment il était, alors ?, me demande Paul.

_ Qui donc ?

_ Dean !

_ Oh ! Eh bien... A vrai dire, à quel niveau tu veux que je te réponde ?

_ A sa façon de jouer au Monopoly !, rigole Maggie.

_ Ah ça ! Oh et bien, je ne me souviens pas trop mais apparemment j'ai adoré. Tellement que j'ai crié le prénom de Jeremy, toute la nuit !

_ Et il n'a rien dit ?, s'exclame Maggie choquée.

_ Il m'a dit : « t'étais tellement bien partie, je ne voulais pas t'arrêter ! ». Un vrai gentleman !

_ Ah ouais, d'accord ! Il en a profité, le petit !, se moque Paul.

_ Tais-toi ! Mais bon, pour que je crie le prénom de mon ex, qui est un dieu au lit ! Enfin, avant oui ! Maintenant, je ne sais pas quel niveau il a !

_ Il ne peut aller qu'en s'améliorant !, avoue Maggie.

_ Eh oh ! Maggie, tu vas te calmer !, l'arrête Paul jaloux.

_ Mais t'es le meilleur pour moi, mon amour !

Ils vont pour s'embrasser mais je mets mes mains pour les séparer.

_ Ils y a des enfants s'il-vous-plaît !

_ Mais, j'ai une question, Kate, m'interpelle Paul. Sauf Jeremy, depuis François, tu n'as eu personne de vraiment sérieux ?

FLASHBACK

Je monte dans l'avion pour la France. Je vais débuter ms études de Design. Enfin ! Je m'avance pour atteindre mon siège. Il n'y a personne sauf un garçon. Brun ténébreux, ayant à peu près mon âge. Lui, il est pour nous, tu vas voir ! Je baisse les yeux vers mon billet et vois qu'il y a marqué 89C. Une hôtesse arrive derrière moi et me demande mon numéro de siège. Je lui réponds. Le garçon lève les yeux quand il entend le numéro. Oh merde... Je m'avance jusqu'à lui et m'assied sur mon siège, qui est juste à côté du sien. C'est très bizarre, tout ça. Je sors mon bouquin de mon sac et rouvre à page où je m'étais arrêtée. Parles-lui ! Ça ne va pas la tête !

Les sièges se remplissent puis il éternue.

_ Santé, dis-je poliment.

Le garçon regarde à gauche puis reviens à moi.

_ C'est à moi que tu parles ?

Et c'est comme ça, que tout a commencé avec le premier vrai mec de ma vie. Enfin si on peut dire ça comme ça !

Mis ça ne s'est pas terminé en conte de fée. Il m'a quitté pour une autre, bien mieux que moi, j'imagine. Un conseil, les filles. Même si la rencontre est digne des films américains, il peut vite tourner au film catastrophe !

FIN FLASHBACK.

_ Non, personne, répondais-je à Paul.

Non, personne.

Ce même soir, je m'endormie en pensant à lui. Et je rêve de lui aussi. Cela m'est arrivé plusieurs fois au cours des semaines qui ont suivis nos « retrouvailles ». Trois, à vrai dire. Et je n'arrive pas à me le sortir de la tête. C'est horrible. Il est toujours là. J'avais réussi à l'oublier, pourtant. Mais non, il fallait que je tombe sur lui. L'ironie du sort, ma chère. Mon cul, oui !

Je me suis plongée dans le travail. Pourtant, je me retrouve toujours dans la même situation, chaque nuit. Je me réveille après un rêve agité, dans le bon sens. Je suis au bord du gouffre. Pantelante, chancelante et pleine de sueur. J'ai chaud à chaque fois. Je ne comprends pas. J'étais bien jusqu'à maintenant. J'étais seule, je faisais ce que je voulais. Pas de relations sérieuses, rien de tout ça. Et pourtant, il est toujours là, quelque part dans ma tête.

Ce soir, après avoir travaillé sur mon dernier contrat, je m'avachie sur le fauteuil de mon bureau. Avec Walk des Foo Fighters en bruit de fond. Je me retourne pour faire face à la ville. En réalité, d'ici, je peux très bien voir les lumières de Port Ludlow. Mais vu qu'il a une copine, il doit sûrement être chez elle. Ou elle chez lui. Cela me paraît plus plausible, comme option, tellement elle paraissait... Gold Digger ? Oui, c'est ça ! Exactement. Et lui qui me disait qu'il avait peur des femmes, à cause de son argent. Pff ! Quelle idiote je fais. Du haut de mes talons et de ma tenue très pro, je ne paie pas mine. Je ne vaux rien à côté d'elle, je crois. Rien. Même s'il paraissait vraiment surpris de me voir. En même temps, vu comment je l'ai jeté... C'était prévisible.

FLASHBACK

_ Ne me fais pas ça, s'il-te-plaît ! Tu sais très que je tiens trop à toi, pour te laisser partir.

_ Non, Jeremy ! Tu es trop jaloux ! Je n'en peux plus, tu comprends ? Tu n'acceptes pas que je parte dans d'autres villes pour ma vie professionnelle ! Tu n'acceptes pas que j'ai des contrats professionnels avec d'autres hommes ! Je n'en peux plus !

_ Kate, je t'en supplie. Tu me rends dingue ! Je n'arrive pas à me contrôler avec toi. Avant ça allait, mais depuis que t'es arrivé chez moi, tu m'as changé.

_ C'est de ma faute, maintenant ?

_ Non ! Je veux juste te dire que je ne... Ecoute, tu me rends dingue alors permets-moi d'être un peu protecteur.

Je sors de mes gonds. Je le saisi à la nuque et je le traîne jusqu'à la porte d'entrée de mon appartement. Je le jette littéralement dehors.

_ A cause de toi, j'ai loupé trois contrats d'affilé, alors non ! Non, Jeremy !

Puis, je ferme la porte à clé.

FIN FLASHBACK.

Je n'ai plus jamais eu de nouvelles. Je ne m'intéressais plus à lui. Je n'avais pas peur de croiser son visage dans les journaux, vu qu'il était discret. Puis, quand la main est passée, chez Remington & Cie, il a commencé à se pavaner dans les journaux. Je le voyais partout, mais ça ne me faisait rien. Le travail me rendait indifférente. Jusqu'à ce que je le vois, le soir du jour de l'an. Je prends mon ordinateur portable sur mes genoux et cherche sur internet des infos sur lui et sa potiche. A vrai dire, elle est déjà connue. Elle a fréquenté d'autres héritiers avant Jeremy. Elle est récidiviste. Puis, je suis tombée sur un article parlant d'eux. Comme quoi, c'est torride, une véritable idylle. Ils sont ensemble depuis pratiquement un an. Elle a même été dire qu'un mariage était envisageable. Mais lui, il ne s'est pas prononcé sur le sujet. Il a dû lui faire une scène. J'espère bien !

Au moment où je m'apprête à refermer mon ordinateur, je m'intéresse à mes mails. Au fond, je prie pour voir son nom marqué en gras mais non. Rien. Je referme mon ordinateur en soupirant. Agrippant mon verre de vin blanc, je me demande ce qu'il fait en ce moment. Je me lève et fais les cent pas dans mon bureau. Le vent bat fort dehors. Mais j'arrive à entendre la musique, quand même. Je suis seule, ce soir. Kyle est rentrée et Maggie est à un dîner aux chandelles entre couples avec Paul, la sœur de Paul et son compagnon. Je suis donc seule. Je me dirige vers la salle de bain quand je reçois un mail sur mon téléphone. Je manque un battement quand je vois le nom de Jeremy s'inscrire sur mon téléphone.

De: Jeremy Martins

A: Katherine Soldiers

Sujet: Le jour de l'an

J'avoue être encore choqué de t'avoir croisé au club, la dernière fois.

J'espère que tu vas bien.

Jeremy Martins,

P-DG, Remington & Cie.

Quel culot il a, lui ! Je n'y crois pas. Je réponds ou pas ? Tu aimerais quoi ? Non, hors de question. Ce n'est pas un mail qui me fera flancher.

De: Jeremy Martins

A: Katherine Soldiers

Sujet: Ce mail

Et ne fais pas la sourde oreille, je suis notifié quand tu ouvres mes mails.

Jeremy Martins,

P-DG, Remington & Cie.

Et merde! Oh et puis hein ! Je n'ai pas de compte à lui rendre. Je décide de ne pas lui répondre. Je me fais couler un bain, pour me détendre et essayer d'oublier ces deux mails que je viens de recevoir. Quelques instants plus tard, je me glisse dans l'eau chaude et ferme les yeux. Ma bouteille et mon téléphone sur le petit guéridon à côté de moi, je peux enfin me détendre et... Profiter de cet instant seule qui est de courte durée, malheureusement.

De: Jeremy Martins

A: Katherine Soldiers

Sujet: Répondre est-il interdit?

Je suis en bas de chez toi, ouvre-moi.

Jeremy Martins,

P-DG, Remington & Cie, et irrité.

Il ne va pas me lâcher la grappe, bordel ! Obligée de répondre, il n'y a pas d'autres alternatives. Saleté de mec, va !

De: Katherine Soldiers

A: Jeremy Martins

Sujet: Non ! Mais déranger, absolument !

Je suis dans mon bain. Dans ce cas, tu attendras. Si c'est pour une crise, tu peux rester où tu es.

Katherine Soldiers,

Designer.

Et pan ! Dans les dents ! Bien fait pour toi, petit Jeremy ! Vingt minutes plus tard, je me décide enfin à sortir de mon bain. J'enfile une serviette de corps et essore mes cheveux. Je me les sèche vite pour qu'ils descendent, sur ma poitrine, telles de fines lianes sauvages. Je vais dans ma chambre pour m'habiller normalement. S'il croit que je vais faire des efforts, il peut se mettre le doigt dans l'œil jusqu'au coude. Jogging, débardeur, chaussettes. Parfait ! Pas de maquillage, ça ira comme ça. Je mets Iron de Woodkid sur la chaîne hifi du salon. Le doux son du quintet se glisse dans l'atmosphère. Je me dirige face à mon interphone. La caméra montre bien que Jeremy est là, en train d'attendre que je lui ouvre. Sans un mot, pas une parole, j'appuie sur le bouton « unlock » de l'interphone. Il pénètre dans l'immeuble. Je soupire et attend patiemment son arrivée, avec mon verre de vin blanc dans ma main gauche, la bouteille posée sur le piano à queue. Je bois une grande lampée pour me redonner confiance en moi. Chose totalement perdue quand j'entends la sonnerie de la porte. Mes jambes commencent à trembler sur mes talons mais je me ressaisis assez rapidement. Je baisse le son de la chaîne hi-fi et je vais dans le couloir de l'entrée pour lui crier de rentrer. Lorsque je vois sa touffe de cheveux dépasser, je suis retournée à ma place, le regard fixe sur l'horizon. Une petite lampée. Et c'est parti !

_ Bonsoir, prononce-t-il d'une voix rauque.

J'ai failli ne pas le reconnaître. Je tourne la tête pour m'assurer que c'est bien lui. Oui, c'est lui, appuyé de tout son long contre l'entrée de salon. Toujours aussi beau. Même visage mais plus sévère, barbe de trois jours. Costard-cravate gris foncé. On dirait vraiment un P-DG, là, tout-de-suite. Et toujours aussi sexy, soit dit en passant. La ferme, toi !

_ Bonsoir, grommelais-je en fixant les gratte-ciels de nouveau. Que me vaux cette visite de ta part ?

_ Un vieux souvenir, à vrai dire. Je voulais savoir comment tu allais. Et comme tu ne répondais pas, je me suis demandé s'il n'y avait pas de problème.

_ Comme tu peux le voir, je suis toujours en un seul morceau et je vais très bien. Tu peux repartir, si tu le souhaite, lui rétorquais-je sans vaciller.

_ Je ne viens pas ici pour repartir aussi tôt.

_ Pourtant, c'est classique chez toi, lui lançais-je en buvant une gorgée de vin. Tu n'es pas venu ici pour échanger des recettes de cuisine, alors je t'écoute.

Je me retourne complètement pour lui faire face. Il commence à avancer vers moi, l'air sérieux. Comme si j'étais une de ses employées, qui avait fait une chose terrible.

_ Je veux juste savoir comment tu vas, cela fait tellement longtemps qu'on ne s'est pas vu. Deux ans, à peu près.

_ Ah, déjà ? En tout cas, ravie que tu saches compter, mon cher Jeremy.

_ Ne soit pas si grave avec moi, Kate.

_ Comment veux-tu que je sois ? Accueillante ? Chaleureuse ?

_ Pourquoi pas.

La musique me coupe dans mon élan. Soudain, une chanson des Jackson Five passe. Je tente de changer de chanson mais la télécommande a un problème. Je m'avance vers la chaîne hi-fi et tape dessus. Un morceau de piano, encore de Woodkid passe à nouveau. Ce n'était pas celle que je voulais mais c'est déjà plus calme. Je n'ai pas la tête à sauter partout. Mais I Love You n'est pas tellement appropriée. Je laisse tomber.

_ Comment en est-on arrivés là, Kate ?

_ A qui la faute ? C'est toi et tes crises de jalousie ! Tu ne me faisais pas confiance !

_ Tu m'as jeté dehors !

_ Après ce que tu as fait, tu crois que tu ne le méritais pas ?

Jeremy va pour parler mais se ravise au dernier moment. Mauviette !

_ D'accord, je n'ai pas été exemplaire. C'est juste que je suis devenu fou.

_ Jeremy, tu empiétais sur mon travail. Ce sont des choses que je ne me permets pas. Et toi, tu es arrivé comme une fleur et tu as tout bousillé.

_ Ça change quoi ? J'étais dingue de toi, et... Je le suis toujours...

_ Maintenant, tu t'es posé, et moi je m'amuse. On n'est pas coordonnés ! Tu as ta vie, j'ai la mienne, point final. Qu'attendais-tu de moi en venant ici, tu m'expliques ?

_ Je ne sais pas trop, avoue-t-il en s'asseyant sur le canapé. Peut-être un signe.

_ Pour savoir quoi ?

_ Que je faisais fausse route, avec Eleanor. Elle est bizarre. Au début, c'était bien mais maintenant...

_ Je ne suis pas psychologue, Jeremy. Et en plus, je ne suis pas la bonne personne à qui confier tes peines de cœurs !

_ Je sais, excuse-moi. Mais je pense à toi. Souvent, même. Et même en couple, je n'arrête pas de penser à toi, Kate.

_ J'ai fait une erreur en t'ouvrant ma porte, ce soir.

Jeremy lève les yeux vers moi. Un regard déçu. Attristé peut-être. Il se relève et s'approche de moi d'un pas vif. J'en suis tellement surprise que je fais un pas en arrière. Il s'arrête à un mètre de moi, coupé dans son élan.

_ Non, tu n'as pas fait d'erreur. Je voulais te revoir. Ce soir-là, au jour de l'an, j'étais tétanisé face à toi. C'était inattendu. Je ne m'attendais pas à te revoir. Je l'espérais tellement que je me suis convaincu que ça n'arriverait jamais. Je rumine tout ça depuis ce moment-là.

_ Quoi tout ça ? Ce qu'on a eu, toi et moi ?

_ Oui...

_ Jeremy, non... C'est fini ! Tu es avec Eleanor, maintenant ! Vous avez construit quelque chose ! Ne brise pas ce que vous avez, je t'en prie. Et surtout pas à cause de moi, c'est une mauvaise idée.

_ Je ne te suis pas...

_ Je ne suis pas ce que tu dis. Je ne sais même pas pourquoi tu es là, d'ailleurs ! C'est trop... Déroutant.

_ Que veux-tu, toi ?

_ Que rien ne change ! Va retrouver Eleanor. Elle a plus besoin de toi que moi, maintenant.

_ Mais je te veux, toi !

_ Tu l'as choisi, Jeremy, lui dis-je.

_ Je sais. Et des fois, je me demande si je ne me suis pas trompé, me répond-il en s'approchant doucement de moi.

Son odeur arrive à ma hauteur et je ne peux pas me retenir de fermer les yeux pour me concentrer que sur ça. Mais c'est trop tard. Je me décale et m'avance vers la table de dîner. La porte d'entrée s'ouvre. Merci Seigneur, c'est Kyle ! Kyle fait son entrée dans le salon, paquets en carton dans les mains. Son regard passe de moi à Jeremy, puis à moi.

_ Bonsoir, dit-elle finalement.

_ Bonsoir Kyle. Pose tout ça sur le comptoir, je viendrai te chercher dans ta chambre plus tard.

_ Tout va bien ?, me demande-t-elle tout bas pour pas que Jeremy entende.

_ Je t'expliquerai plus tard.

Kyle s'exécute et nous laisse de nouveau seuls, Jeremy et moi. La musique change encore une fois. C'est Can't Go Back de Rosi Golan. Je retourne vers Jeremy. Il ne me quitte pas des yeux.

_ Je vais te laisser, je pense.

_ Je pense que c'est mieux, en effet, acquiesçais-je, même si j'ai envie qu'il reste en réalité.

Pourquoi, d'ailleurs ? Aucune idée. J'en ai juste envie, c'est tout.

_ Ecoute, j'aimerais que l'on reparte sur de bons termes, toi et moi. Au moins, ça. S'il-te-plaît, réfléchis-y.

_ Je ne sais pas si j'en serai capable, Jeremy.

_ Essaie au moins. Si ça ne marche pas, on arrêtera alors. Mais fais un effort.

_ Jeremy, tu vas encore m'embrouiller. Je ne veux pas de ça.

_ S'il-te-plaît, si je ne peux pas t'avoir comme avant, alors je peux t'avoir en tant qu'ami ?

_ Je ne sais pas, je...

Jeremy approche sa bouche de mon oreille et murmure : « Prend un risque. » avant d'embrasser ma joue. Il avance doucement vers l'entrée de l'appartement. Dès que j'entends la porte se refermer, je me remets à respirer normalement. J'appelle Kyle et, après avoir fermé la porte à clé, elle rapplique à la va-vite dans le salon. Je lui demande d'appeler Maggie de suite. Elle se hâte au téléphone. Je pose mon verre de vin sur le piano, et m'installe sur le tabouret du piano. Je n'en reviens toujours pas. Que vient-il de se passer, là ? Oh mon dieu !

_ Maggie sera là dans dix minutes, Kate. Que s'est-il passé ?

_ Tu as bien vu, il est venu. Je vous expliquerai à toi et à Maggie tout en détails quand elle arrivera. C'est encore trop frais, j'ai besoin de digérer.

_ Bien.

Il était là, y a pas trente secondes. Oh mon dieu, que vais-je faire maintenant ?

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