Chapitre 28

_ Katherine ? Oh mon dieu, tu n'as rien !

Je viens d'arriver à Seattle. Ils nous ont ramené en vitesse, là-bas. J'ai demandé au jeune homme qui était avec moi dans le jet de me passer un somnifère pour que je dorme un peu. Je ne sais toujours pas ce qu'il s'est passé. Mais, à la vue des paparazzis qui se bousculent à ma porte, je comprends vite que c'est assez énorme.

Maggie me lâche enfin et j'embrasse vite Paul. Puis, un blanc s'est installé. Mes valises sont à l'entrée de mon appartement. J'ai passé quelques heures à parler avec les policiers. A être auscultée pour découvrir que je n'avais rien. Sauf un trou béant dans ma mémoire. Un trou de trois ans à vrai dire. La dernière chose dont je me rappelle, c'est le coup de fil de Madeleine, la marseillaise qui me demandait de signer un contrat avec sa boîte.

Nous nous installons sur le canapé noir de mon salon. J'étais pourtant sûre qu'il était blanc, hier ! Oh, encore un truc que j'ai fait pendant ces trois ans effacés de ma vie. Je passe mes mains dans mes cheveux. Comment va-t-on faire ?

_ Comment te sens-tu ?, me demande Paul.

_ Déboussolée. Et fatiguée, aussi. Où est Kyle ?

_ Katherine... Il faut que tu saches certaines choses, par rapport aux trois années qui se sont écoulées.

_ Grave ?

_ Oui et non. Mais ce n'est pas à nous de t'en parler.

_ Qui alors ?

_ Moi.

Je me retourne et remarque que le mec qui était avec moi dans l'avion est à côté du comptoir de la cuisine. Maggie se lève, ainsi que Paul et me disent au revoir. Une fois seule avec... Jeremy, c'est ça ? Oui ! Bien ! Une fois seule avec Jeremy, je me lève et lui propose à boire.

_ Un scotch. Sec.

_ Je n'ai pas ça, ici. Désolée.

_ Regarde dans le bar.

Je fronce les sourcils et m'exécute. Oui, on a du scotch !

_ Comment le saviez-vous ?, lui demandais-je en le servant.

_ Tutoie-moi. C'est comme si tu te vieillissais toi-même, sourit-il.

Cette phrase résonne dans ma tête. Je lui tends le verre et il le bois d'une traite. Mon dieu, mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?

_ Alors, vous m'expliquez ? Pardon, hum... Tu m'expliques ?

_ Sers-toi un verre de scotch, toi aussi. T'en auras besoin.

_ Je n'aime pas le scotch.

_ Tu vas l'aimer. Fais-moi confiance.

Il se dirige avec élégance et souplesse vers le canapé. Je fronce les sourcils une nouvelle fois, saisit un verre, le scotch et le rejoint. Je me serre et m'installe confortablement à l'autre bout du canapé.

_ Alors ?

_ Tout d'abord, il faut que je te rende ça.

Il fouille dans sa poche et en ressors une bague de fiançailles et une alliance.

_ Wow !, m'écriais-je en levant mes mains au ciel. C'est un peu trop tôt, non ?

_ A vrai dire, tu les as déjà portées.

Ses yeux sont tristes. Il est blessé dans son orgueil. Bravo Katherine ! Roh, ça va ! Qu'est-ce que j'en savais, moi ?

_ Qui est mon mari ?

_ C'est moi, Kate.

Encore mieux... Je tends la main vers les bagues et il les laisse tomber dans ma paume. L'argent froid brûle ma peau. Mais je ne bronche pas. Je les saisis, toutes les deux et les contemple. Jeremy m'examine. Je lance un regard assez frustré vers lui, puis je reviens sur les bagues. Mes doigts les enfilent à mon annulaire gauche. Ça te va bien !

_ Qu'est-ce qu'il s'est passé, ces trois dernières années ?, demandais-je à mon mari.

_ On s'est rencontré sur le terrain de ma maison. Je t'ai appelé pour que tu rénoves l'intérieur. Tu m'as de suite plu, mais j'ai fait le con. Et puis, on s'est revu et on s'est embrassé. On a fait l'amour. Plusieurs fois, d'ailleurs. Puis on s'est séparés. Deux ans plus tard, on s'est revus au jour de l'an. Le jour de l'an de cette année. Tu étais tellement belle. J'étais encore en couple avec Eleanor mais je repensais à toi sans arrêt. Et te revoir ce soir-là, c'était comme si le ciel m'envoyait un signe. J'ai quitté Eleanor et on s'est remis ensemble. Et voilà où nous en sommes.

_ Nous partions pour notre lune de miel ?

_ Oui.

_ Et Kyle ?

_ Le jour de notre mariage, ta mère nous a coupés. Mon maison a été incendiée et j'ai cru que tu étais dedans car, la vieille, tu avais accepté d'emménager avec moi. En vérité, c'est elle qui a mis le feu. Et... Le jour de notre mariage, poursuit-il. Elle est arrivée avec une arme à feu. Elle a tiré mais Kyle s'est interposée. Tu es comme sa fille.

_ Oh mon dieu...

Je porte ma main à ma bouche et sens les larmes monter. Je me sers une rasade de scotch et bois tout, cul-sec. Je respire un coup et repose le verre. Les larmes arrivent à grandes vitesses et je commence à les laisser couler sur mes joues.

_ Katherine, Kyle va bien ! Elle est toujours en vie !

Je soupire de soulagement. Pourquoi tu n'as pas commencé par ça de suite ?

_ Elle est où ?

_ Chez Will, mon bras droit. Ils sont ensemble.

_ Oh... Je vois, dis-je en reniflant. Et... Toi et moi, c'était comment ?

_ Je... C'était... Oh putain...

Jeremy se lève et s'avance vers la terrasse. Il pose son front sur la vitre et ferme les yeux. Son reflet me laisse croire aussi qu'il se pince les lèvres. Je ne sais pas quoi faire. Quel merdier, je te jure ! Il se redresse et inspire un coup. Puis ses épaules s'affaissent quand il tourne un peu sa tête, pour me regarder du coin de son œil.

_ Toi et moi, c'est... C'était tellement parfait.

Il respire fort dans sa main, plaquée contre sa bouche. Il n'ose pas se tourner vers moi.

_ Je suis désolée, Jeremy.

_ Ce n'est pas ta faute, si tu ne te souviens pas, Katherine.

_ Comment ça se fait que l'on se soit craché ?

_ J'ai demandé à ce qu'on ne le sache pas. C'est déjà trop dur de savoir que tu ne te souviens pas de moi. Alors, savoir pourquoi on s'est craché est le cadet de mes soucis. Mais si tu tiens à le savoir, tu demanderas à Will. Il le sait, lui.

Très bien. Je me lève et le rejoins face à la vitre. Je remarque qu'il porte toujours sa bague. Ouais, c'est bien ton mari. Ok, parlons d'autres choses.

_ Parles-moi de toi, lui demandais-je.

_ Que je te parle de moi ?, répète-t-il en riant faussement.

Son sourire s'efface quand il se souvient que je ne me souviens pas de lui. Je ne te connais plus, alors la moindre des choses serait de te présenter... A nouveau !

_ Je suis Jeremy Martins, P-DG de Remington & Cie. Héritier des Martins. Ton mari.

_ Bien.

On reste comme ça encore quelques instants. Je fais quoi, maintenant ? Je veux me souvenir mais je n'y arrive pas. Et ça m'énerve. Beaucoup.

_ Tu crois que si on revit tous les moments que l'on a passés ensemble, la mémoire me reviendra ?, lui demandais-je.

_ Aucune idée. Mais on peut essayer.

_ D'accord, dis-je en me tournant complètement face à lui.

Jeremy fronce les sourcils et m'imite, en croisant les bras. Je rougis à l'écoute de mon cœur, quant à la marche à suivre. Il faut qu'on essaie.

_ Jeremy, je peux te demander quelque chose ?

_ Oui ? Tout ce que tu voudras.

_ Est-ce que ça te dérangerait de m'embrasser ? Peut-être que ça peut m'aider à me souvenir, je pense.

Il ne réagit pas. Il ouvre juste assez la bouche pour pouvoir respirer. Je crois que je l'ai perdu. Voilà, tu l'as rendu maboule ! Il ne manquait plus que ça ! Jeremy abaisse ses bras et saisit ma taille. Il me plaque contre lui et glisse sa main dans mon cou. Je me tiens à ses bras pour reprendre mon équilibre. Ses yeux noisette me transpercent comme une lame de rasoir. Le sang me monte à la tête. Il passe un doigt sur ma lèvre inférieure, ce qui a le don de me donner des frissons. Pourquoi je ressens ça, moi ? Puis il s'avance de plus en plus et frôle mes lèvres à l'aide des siennes. Mes yeux se ferment tous seuls, absorbant tous les moindres faits et gestes de Jeremy. Puis, il grogne. Et il pose enfin ses lèvres sur les miennes. Un manque. Une sensation indescriptible s'empare de moi. Je m'abandonne à lui. A mon mari. Sans même savoir pourquoi. Je laisse mon corps me guider. Jeremy joue avec mes cheveux et ma lèvre inférieure se fait prisonnière de ses dents pendant une seconde et demie. Je plonge sur lui et continue le baiser. Il me fait pivoter et me coince entre la vitre et son bassin. Il laisse tomber ses mains sur ma taille et embrasse mon cou. Mes yeux, toujours clos, ne veulent pas m'écouter. Je veux le repousser mais au fond de moi, je résiste un peu. Voire beaucoup, vu que mon corps ne suit pas du tout le fil de mes pensées. Il reprend le baiser là où il l'avait laissé et enferme mes mains dans les siennes. Il rompt tout contact, sauf ce dernier. Ses yeux s'ouvrent un peu. Ils restent mi-clos, alors que les miens sont grand ouverts. Je reprends peu à peu mes esprits et me rend compte que ça n'a pas marché. Je soupire et jette ma tête en arrière, pour la reposer sur la fraîcheur du verre. Jeremy me contemple, une lueur d'espoir dans ses yeux. Je lui fais non de la tête et son espoir retombe, comme un gâteau sorti du four. Il me lâche et s'éloigne d'un mètre. Mes mains s'aventurent sur mes joues. Comment on va faire ? Aucune idée !

_ Je suis désolée. Je ne me souviens pas, Jeremy.

_ On aura essayé, au moins, dit-il en s'éloignant davantage. Je vais te laisser. Si tu as besoin de quelque chose, appelle-moi.

_ Merci.

Il me regarde et s'approche doucement pour déposer un bisou sur mon front. Puis, il s'en va à toute vitesse. Une fois la porte fermée, je m'effondre sur le sol froid de mon salon. Comment on va faire, bordel de merde ?

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Coucou tout le monde ! ;)

Je dois vous dire que dans deux chapitres, ce sera la fin de Livre Sans Titre...

Mais ne vous inquiétez pas, je vais revenir avec une nouvelle histoire! :D Vous verrez, ça va être marrant :) Je travaille encore dessus :)

Pour le prochain chapitre, il faut que l'on atteigne les 4 300 lectures! Je sais que vous pouvez le faire!

En tout cas, je vous adore!

Gros bisous,

Joëlle SADOK-QUILICHINI

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