_ Katherine, répond moi.

Je joue toujours au roi du silence. On rentre dans l'ascenseur. L'atmosphère y est très tendue. Il soupire et me suis dans le parking souterrain. Je me dirige vers ma voiture et m'installe à l'intérieur. Jeremy n'a pas le temps de rentrer que j'ai déjà fermé à clé la voiture. That Home de Cinematic Orchestra tourne dans la voiture. Il tape sur la vitre. Je démarre en trombe en faisant attention de ne pas le renverser. Je commence à lâcher quelques larmes en m'insérant dans la circulation totalement inexistante de Seattle. Jeremy court dehors pour me suivre. Je traverse quelques rues et je me dirige vers l'autoroute. Quelques secondes plus tard, je reçois un appel de Jeremy. Puis un autre. Au troisième, je décroche.

_ Quoi ?, dis-je froidement.

_ Arrête toi sur le côté, je suis derrière toi.

Je regarde dans le rétroviseur et vois son Escalade noire. Comment il a fait pour nous rattraper ? Aucune idée. Je continue de rouler. Je ne l'écoute pas.

_ Katherine arrête toi, enfin ! C'est de la folie !

Je ne l'écoute pas et je dépasse la barre des cent trente kilomètres/heures. Jeremy est toujours derrière moi.

_ Katherine, ralentie ! Ça devient dangereux !

_ Je m'en fous royalement !

_ Katherine, s'il-te-plaît, arrête ! Je ne voulais pas dire ça, tu m'as énervé.

_ C'était une raison pour m'appeler comme ça ?, m'écriais-je.

_ Non. Je suis désolé, Kate. Je te demande pardon. S'il-te-plaît, arrête-toi ! Il faut qu'on en parle, calmement !

_ Je suis très calme !, criais-je en doublant une Prius blanche.

_ Bébé, je suis désolé. Arrête la voiture, je t'en supplie !

T'es à cent-cinquante-six kilomètres/heures, Katherine ! Ralentis ! Non ! Je veux qu'il comprenne ! Je l'aime, lui ! Pas Tyler !

_ Katherine, je t'en supplie, arrête toi ! Tu pourrais te tuer en faisant ça !

_ Pourquoi tu fais ça, Jeremy ? Hein ?, m'exclamais-je en pleurant. Pourquoi tu doutes de moi ? Je déteste ça, tu le sais très bien ! Je t'aime, bordel de merde ! Et toi, tu ne me crois pas, et ça me révolte ! Que faut-il que je fasse pour te faire comprendre que je suis à toi et rien qu'à toi ?, lui demandais-je en lâchant l'accélérateur, laissant la voiture ralentir par elle-même. Pourquoi tu ne me crois pas, quand je te dis que je t'aime ? Tu veux quoi, à la fin ? Tu veux que je crève de désespoir pour que tu comprennes enfin ?

Un gros blanc s'installe puis je reprends, avec mes sanglots dans la voix.

_ Tu ne te souviens pas à Tacoma ? Quand je t'ai dit que j'étais à toi ? Hein ? Ça t'ai passé ? Je ne sais pas quoi faire, avec toi. Je ne sais pas ce qu'il faut que je fasse. Je te donnerai tout, moi ! Je te donnerai tout ce que j'ai rien que pour que tu me dises au moins une fois un « je te crois », avouais-je en posant mon pied sur le frein et en mettant le clignotant pour dévier sur le côté de l'autoroute. Qu'est-ce qu'il faut que je fasse, bordel ? Qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?

Ma voiture s'arrête enfin. Je coupe le moteur mais je ne lâche pas le volant des mains. Mes yeux restent bloqués sur la zone éclairée de mes phares. Jeremy s'arrête derrière moi. J'entends sa portière claquer, puis quelqu'un qui court. Jeremy se penche sur ma vitre et me dit d'ouvrir la fenêtre. Il me supplie même. Je finis par le regarder dans les yeux et j'abaisse mon doigt sur le bouton pour abaisser ma vitre. Il saisit mon visage entre ses mains. Je ferme les yeux très forts et continue de pleurer. Je l'aime tellement.

_ Ne pleure pas, Kate. Tu me fais détruire ma promesse.

Il me sert dans ses bras et nous restons comme ça jusqu'à ce que la Prius blanche repasse devant nous. Jeremy me force à le regarder.

_ Je suis désolé, pour tout ça. Je me suis emporté trop vite. Je te demande pardon, Katherine. Je suis tellement désolé. Je t'aime tellement que ça en devient douloureux, presque. Je ne te crois pas non plus quand tu me dis que tu m'aimes ! Je doute de moi-même, tu le sais. Mais je t'aime, et ça, j'en suis sûr à mille pourcents. Pardonne-moi, je t'en prie.

Jeremy essuie mes joues et mes yeux de ses deux pouces. Je pose mon front sur le sien. Il caresse mon dos et mes cheveux. Il me remplit de bisous sur la tête. Trop de tension à évacuer. C'est trop pesant.

_ Prouve-moi que tu m'aimes, Jer.

Jeremy me regarde dans les yeux, il est redevenu sérieux. Je ferme les yeux.

_ Embrasse-moi, fais-moi l'amour, fais n'importe quoi mais prouve-moi que tu m'aimes !

Jeremy m'embrasse chastement puis me lâche et recule pour se mettre sur la route. Il ne me lâche pas des yeux. J'attends de voir ce qu'il va faire. Il se met à genoux et ne dit plus rien. Il attend.

_ Jeremy, qu'est-ce que tu fais ?

Au loin, le bruit d'un moteur de voiture s'entend. Et le bruit grossit de plus en plus vite. Puis des phares éclaircissent le paysage.

_ Jeremy, sors de là, immédiatement.

Il ne bronche pas. Il ne bouge pas d'un cil. Il se contente de respirer et de me regarder. Il ne bouge pas et la voiture arrive de plus en plus vite. Je tente de trouver ma ceinture mais dans le noir, c'est difficile.

_ Jeremy ? Je t'en supplie, je te crois, ça y est ! Sors de là, merde !

Il ne m'écoute pas, je vois les deux phares à près de un kilomètre. Mon cœur s'emballe.

_ Jeremy, non. Reviens-ici, tout de suite ! T'es dingue !

_ Ne bouge surtout pas, bébé.

_ Jeremy, viens ici, de suite je t'en supplie !

Il ne bronche pas. Il baisse la tête et la voiture est à peine à cent mètres de lui. Je trouve enfin la ceinture et la retire de son loquet. Je sors de la voiture mais c'est trop tard, la voiture n'est plus qu'à cinquante mètres. Et à l'allure où elle allait, elle n'avait pratiquement pas le temps. Je regarde Jeremy une dernière fois.

_ JEREMY !!!!!!!!

Un coup de volant et la voiture se décale d'à peine un mètre de Jeremy avant de klaxonner très fort. Jeremy lève la tête vers moi et puis regarde la voiture s'éloigner vite vers la colline, où elle disparait. Je regarde Jeremy et lui fonce dessus.

_ Mais t'es cinglé ! Tu aurais pu te faire tuer ! Ne refais plus jamais ça, tu entends ?

Jeremy ne réagit pas. Il reste planté là, agenouillé face à moi. Je tire sur sa main pour l'aider à se lever. Mais il est trop lourd.

_ Jeremy, lève-toi je t'en supplie !

Il ne bouge toujours pas. Il n'y a pas de moteurs qui arrivent ? Non ! Bon ! Je m'agenouille devant lui et adopte la même position que lui. Ses yeux s'écarquillent un peu mais il ne parle toujours pas. On est au même niveau, là.

_ Je ne vais pas m'enfuir, Jeremy. Mais, je ne savais pas quoi faire. Tu m'as énervée, déstabilisée, vexée, tout ce que tu veux. Et je me suis rendue compte à quel point j'ai été bête de te demander ça. Je t'aime, Jeremy. Sois-en sûr. Qu'est-ce qui me forcerait à te laisser ? Rien, ni personne. Parce que je te veux toi, et pas un autre. Je t'aime comme une dingue, tu comprends ça ? Je t'aime, et je ne veux pas te laisser, pour rien au monde, je ne te laisserai.

Il ne répond pas, ne dit rien. Même son visage ne trahit aucune émotion.

_ Répond-moi, Jeremy.

Toujours rien. Qu'est-ce qu'il peut être têtu, ce gosse !

_ Jeremy ?

Aller, dis quelque chose !

_ J'ai eu tellement peur, souffle-t-il.

Je soupire de soulagement et baisse ma tête. Enfin, il parle !

_ Tu es une femme têtue, Katherine Soldiers, avoue-t-il avec un sourire timide.

_ Et toi, un homme aussi têtu que moi.

Il se lève et me force à me lever aussi pour nous conduire rapidement vers nos voitures. Il me coince entre sa voiture et lui.

_ J'ai eu peur que tu partes. J'en mourrais, si jamais tu me laisses.

_ Et moi donc...

Il m'enlace et m'embrasse fougueusement. Sa langue caresse la mienne et embrase tout mon corps. Je caresse son torse et tire sur le tissu pour le rapprocher de moi.

_ J'ai envie de toi, Kate. Ici. Maintenant. Sur la banquette arrière de ma voiture. Comme je te l'ai dit. Et je vais le faire.

Il empoigne mes cheveux et me serre encore plus contre lui. Il baisse ses mains vers mes fesses et les plaque contre ces dernières. Je me recule vers la portière arrière de son 4x4 et monte à l'intérieur. Jeremy me suis et ferme la portière. Ses mains viennent derrière mon dos et il me pose sur ses cuisses, face à lui. Il abaisse le zip de ma robe et je retire son t-shirt. Ma robe vole vers l'avant de la voiture. Jeremy s'arrête deux minutes et me contemple en sous-vêtements. Il caresse mes bas et remonte jusqu'à mon cou ses mains chaudes.

_ Je suis à toi, Katherine. J'ai tellement besoin de toi, si tu savais, soupire-t-il en posant son front sur ma poitrine.

Il a besoin de moi ? Oh mon amour... Et moi donc ! Je l'embrasse sur sa tête et le force à relever les yeux vers moi. Il m'implore en silence. Je l'embrasse et je cherche son pantalon avec mes doigts. Une fois celui-ci trouvé, je défais le nœud de son jogging et me lève un peu pour le lui enlever. Jeremy m'aide. Il retire en suite son caleçon et ses chaussures. D'une main, il enlève mon soutien-gorge. Je retire mes porte-jarretelles et les jette en arrière. J'enlève ma culotte et elle part rejoindre le reste de nos vêtements. Puis, je le saisis et l'enfonce en moi, tout doucement. Il gémit en fermant les yeux. Et je pose mes mains dans son cou pour l'embrasser amoureusement.

_ Fais-moi l'amour, Katherine.

Je le regarde. Ses yeux s'embrasent et mon corps le suit. Je remue le bassin et l'emmène dans les travers qu'on aime tant. Ma respiration se fait saccadée, ainsi que la sienne. Il gémit à ma bouche. Et plus il le fait, plus je bouge vite. Il plante ses doigts dans mes fesses et m'aident à contrôler sa soif de mon corps. De moi.

_ Oh mon dieu... Katherine... Oh, comme je t'aime...

Je fais basculer mes cheveux sur le côté et lui mord la lèvre inférieure. Il grogne et me mord le cou. Puis il y dépose plusieurs baisers. Puis sa bouche s'ouvre à nouveau, laissant entendre une respiration plus profonde et plus forte. On y est presque. Je continue de remuer mes hanches et à le faire grimper au rideau. Il gémit de plus en plus fort et finit par lâcher prise. Il s'abandonne à moi et me serre fort contre lui. Mes doigts tirent sur ses cheveux quand il bouge en moi. Et puis, c'est moi qui m'abandonne à lui.

_ Oh mon dieu, bébé...

Nous nous arrêtons, petit à petit. Puis nous ne bougeons plus. Il m'embrasse tellement ardemment que je le force à s'arrêter une seconde pour que je puisse respirer à nouveau. Puis, il reprend de plus bel, et je lui rends son baiser.

Les cinq jours suivant ont été parfait ! J'ai encore eu un contrat que je finis aujourd'hui et avec Jeremy, c'est... Indescriptible ! On est tout le temps collés ensemble, sauf maintenant. Il est au bureau pour une réunion de crise et je suis chez moi, en train de bosser. Kyle est sortie faire deux ou trois courses. J'entends l'interphone sonner. Pensant que c'est Maggie, j'ouvre sans même regarder. Puis je vois une silhouette d'homme sur la caméra. Qui c'est, celui-là ? Et là, panique... Un tueur en série ? Un violeur ? Un psychopathe ? Je ferme la porte à clé et regarde par le judas. Quelques secondes plus tard, les portes s'ouvrent sur... Tyler. Il sonne à la porte et je lui ouvre. J'attends encore un peu et j'ouvre la porte. C'est fou ce qu'il ressemble à Jer...

_ Bonjour, Katherine.

_ Bonjour Tyler. Tu m'as fait peur ! Je pensais que c'était Maggie, lui dis-je en lui faisant la bise.

_ Je voulais te voir. Pour discuter.

_ Entre.

Je l'invite à rentrer de la main et il passe devant moi. Au bout du couloir, il commence à discuter en allant s'asseoir sur un tabouret de la cuisine.

_ Alors, comment tu vas depuis le déjeuner de famille ?

_ Ça va mieux, même si la soirée qui a suivi avec Jeremy a été très mouvementé.

_ C'est pour ça que tu m'as dit de venir ?

_ Oui ! Même si je pensais que tu allais venir plus tard.

_ Je suis ton ami. Tu as besoin d'aide, je rapplique de suite.

_ Merci. A vrai dire, je voudrais que tu parles à Jeremy. Je ne veux plus qu'il crise par rapport à ce qu'il s'est passé entre toi et moi.

_ On ne peut pas dire qu'il se soit passé grand-chose. On a couché ensemble quelque fois mais il n'y avait pas de sentiments. Ce n'est rien.

_ Pas pour Jeremy, je dois t'avouer. D'ailleurs, il ne devrait plus tarder. Il vient de m'envoyer un message à l'instant.

La seconde suivante, on entend un bruit d'aluminium solide frapper le sol de mon salon. Je n'ai même pas entendu Jeremy entrer. Et apparemment, il a amené sa batte de baseball. Et, à en juger par son regard froid, il est là depuis un bail.

_ Bonjour Tyler, finit-il par dire.

_ Bonjour, mon frère. Comment vas-tu ?

_ A merveille ! Toi ?

_ Très bien. Que fais-tu avec ça ?, demande Tyler en désignant l'objet que Jeremy tenait dans sa main droite.

_ Oh, ça ? Une batte de baseball en aluminium. Je sors d'une séance de tirs de batteur. Je me débrouille plutôt pas mal en home run, d'après mon coach.

_ Tu n'es pas censé travailler ?

_ Oui, mais j'ai préféré venir voir ma chérie. Et puis, j'ai mon téléphone. Coucou mon cœur !

Il s'avance vers moi et m'embrasse tendrement.

_ Jeremy, il faut que nous parlions, tous les trois.

_ Je n'ai rien à te dire, Tyler.

_ Mais nous, oui. Alors, écoute-nous, je t'en prie, lui demandais-je.

Il voit mon regard et hoche la tête. Je souris à Tyler et nous nous installons sur le canapé.

_ D'abord, commence Tyler. Katherine et moi sommes amis. Il n'y a rien de plus. Ok, il y a eu un truc mais ça remonte à il y a longtemps. Nous avons tourné la page.

_ Oui, tu l'as tourné, toi. Avec Eleanor.

_ Eleanor n'est rien pour moi. Je ne savais même pas qu'elle était ton ex. Depuis cette histoire d'héritage, j'ai grandi, Jeremy. Et Katherine a tourné la page, elle aussi. Et aujourd'hui, elle est heureuse. Avec toi, mon frère.

_ Pourquoi vous me dites ça ?

_ Pour que tu arrêtes de douter. Je t'aime, Jeremy. Et ça, personne ne le changera.

Jeremy saisit ma main et la serre fort dans la sienne. Je lui souris et souris à Tyler. Ouf ! J'ai besoin d'un verre, moi !

_ Bien. J'ai compris. Mais j'aurais besoin de temps avant que tout redevienne comme avant, et surtout, je vais avoir besoin de temps pour te pardonner pour tout ça, Tyler.

_ Prend le temps qu'il te faudra, Jimmy. Il n'y a pas de soucis. Bien !, s'exclame-t-il en se levant. Je vais vous laisser. Je dois aller voir un ami, à Pike Place. Je vous dis à bientôt. Et soyez heureux !

Nous raccompagnons Tyler jusqu'à l'entrée et le laissons filer à son rendez-vous. Je me tourne vers Jeremy, qui est impassible.

_ Qu'est-ce qu'il y a ?

_ Je ne lui fais toujours pas confiance.

_ Ça prendra du temps.

_ Et si je n'ai pas envie de lui refaire confiance ?

_ Bébé, c'est ton frère.

_ Tu n'es pas ma mère, Kate.

Je vais pour répondre mais je me ravise. Il secoue la tête et retourne au salon, puis s'avance vers le canapé où il jette la batte. Il passe une main dans ses cheveux et laisse pendre une mèche sur son front. Il se retourne et me regarde. Et c'est reparti pour un tour ! Je soupire et marche vers mon bureau. Bon sang ! C'est le monde à l'envers ! Tout était parfait jusqu'à maintenant ! Il a fallu que je fasse cette connerie de les confronter pour tout foutre en l'air ! Dès que je rentre dans mon bureau, je claque la porte aussi fort que je le pouvais. Un gros bam a retentit dans l'appartement. Je retourne m'asseoir et me reconcentre sur mon travail. Du moins, j'essaie. C'est peine perdue, je crois... Je me relève et je me tourne vers la vitre, les bras croisés. Bon sang, mais je lui sers à quoi, alors ? Si je ne peux pas l'aider dans ses décisions ! Je ne suis rien, alors ? Je n'y crois pas une seconde. Il me déçoit beaucoup. Je souffle et plaque mon front contre la vitre. On va s'en sortir, tu penses ? Je n'en sais foutre rien.

La porte s'ouvre tout doucement. Je me retourne et vois Jeremy. Il a la tête baissée. Fais-toi tout petit, tu as raison, mon pote ! Il reste à côté de la porte. Et pendant au moins cinq minutes, on reste là, sans décrocher un seul mot. Cette atmosphère est vraiment oppressante. Ça lui apprendra à ne pas me faire confiance. Il ne me croit pas quand je lui dis que je l'aime et que je ne le quitterai jamais. Et en plus de ça, il n'accepte pas que je veuille l'aider. Il veut tout contrôler, lui. Mais, bon sang, qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?

Il avance d'un pas vers moi, toujours avec la tête baissée. Je souffle fort et le laisse contourner mon bureau. Une fois qu'il est à côté de moi, il opte pour la même position que moi. Appuyé contre la vitre, les bras croisés. Il a remonté ses manches jusqu'aux coudes. Je peux donc voir ses muscles. Non, je tiens le coup ! Mais il me fait craquer ! Kate ? Bon ok ! On ne parle toujours pas. C'est vraiment énervant, ce silence !

_ Je t'ai dit que je ne te crois pas quand tu me dis que tu m'aimes, commence-t-il.

Hallelujah, il parle !

_ Je sais.

_ J'ai encore du mal à me faire à l'idée.

_ Je sais.

Quand je suis énervée, j'ai tendance à ne pas beaucoup parler.

_ Et puis... Mon frère, c'est... Comprends-moi, il m'a fait du mal et je ne peux pas le supporter. Je ne sais pas s'il est sincère. Et je ne veux pas qu'il te vole à moi.

_ Je sais.

_ Katherine, je... Je sais que je t'ai fait du mal et je suis désolé de me conduire en gamin. Le truc, c'est que je veux tout contrôler et m'en sortir par moi-même.

_ Je sais.

_ Bon dieu, mais tu vas arrêter avec tous ces « je sais », oui ?

En un mouvement, je me suis retrouvée dans ses bras, lui me tenant un côté de ma tête. Ses yeux sont furieux. Et tout d'un coup, je me recroqueville en moi. Mais je suis toujours autant énervée contre lui, alors je ne le regarde pas dans les yeux.

_ Katherine, je t'aime, bordel ! Je ne veux pas te perdre alors permets-moi d'être un minimum jaloux quand quelqu'un est proche de toi, encore plus s'il s'agît d'un homme, ok ? Et regarde-moi quand je te parle !

Il me force à le regarder. Ses yeux sont furieux et implorants, un mélange assez difficile à expliquer. C'est... Déroutant. Alors, c'est lui le Jeremy qui contrôle tout ? Eh ben, on ne va pas s'emmerder !

_ Je veux que tu aies confiance en moi.

_ Et moi, je dois dire quoi, Jeremy ? Hein ? Depuis que tu as revu ton frère, tu doutes de ma sincérité et c'est agaçant. Je te crois, moi ! Et moi, j'en ai marre que tu ne me crois pas quand je te dis je t'aime. C'est comme si je parlais à un mur ! J'en ai marre de tout essayer pour que tu me crois, pour voir que ça ne marche pas, au final ! Alors dis-moi ce que je dois faire pour qu'enfin tu me croies, Jeremy ? Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que tu te rentres dans ton putain de crâne que je ne veux que toi dans ma vie ?

Je lui cloue le bec. Il va pour répondre mais rien ne se passe. Il ouvre sa bouche plusieurs fois, pour la refermer ensuite.

_ Tu vois ? Toi-même tu ne sais pas ce que tu veux, dis-je avant de me retirer de ses bras.

Mais il me retient le poignet. Il me force à me tourner pour lui faire face et prend mon visage entre ses mains. Il me fait reculer pour me plaquer contre l'étagère des bouquins. Il est assez proche pour que je sente sa respiration mais pas assez pour que nos lèvres se touchent. C'est électrisant. On se regarde dans le blanc des yeux. A un moment, mes yeux font le voyage entre ses yeux et mon bureau. Pour revenir sur ses iris noisette.

_ Non, je ne vais pas te faire l'amour sur le bureau, Kate. Ni même contre cette étagère. Tu n'auras rien de moi, aujourd'hui.

Hein ? Quoi ? Mais c'est comme ça qu'on marche ? Comme ça qu'on se réconcilie ! Il me lâche et s'éloigne de moi. Ok... Là, ça va barder ! Je soupire et le suit. Il est à même pas un mètre de la porte d'entrée. Il l'ouvre et s'aventure dans le couloir. Je ferme vite la porte et le suit jusqu'à l'ascenseur. Il rentre dedans, je fais de même. Il appuie sur le bouton du rez-de-chaussée et l'ascenseur entame sa descente. J'attends quelques secondes et m'avance vers le clavier. Je tape le code et l'ascenseur s'immobilise entre le trentième et le vingt-neuvième étage. Je m'écarte et me repositionne comme j'étais. Jeremy souffle et s'avance pour taper un code. Qui ne marche pas. Il y a deux codes différents, pour le bloquer et pour le débloquer. J'ignorais que ça pouvait me servir un jour, ça.

_ Katherine, redémarre l'ascenseur.

_ Non.

Et c'est repartit pour un tour !

_ Kate, ne m'oblige pas à m'énerver. Redémarre cet ascenseur, tout de suite.

_ Non.

Je serre les jambes. Un truc en moi est en train de monter. Et ce n'est pas du tout mon énervement. Je veux qu'il me fasse l'amour, dans cet ascenseur.

_ Katherine, ne m'oblige pas à gueuler. Je t'en supplie, redémarre ce putain d'ascenseur.

_ Non.

Jeremy soupire et me regarde. Je peux voir l'orage gronder dans ses yeux. Je me mords la lèvre et il rigole.

_ Je sais à quoi tu joues, ça ne prendra pas avec moi.

Je me dandine un peu mais Jeremy ne réagit pas. Nous allons employer la manière forte, dans ce cas. Je glisse mes mains dans mon dos et saisit le zip de mon haut pour le faire descendre jusqu'à la vue de mon soutien-gorge. Jeremy tourne la tête vers moi et s'immobilise quand il voit ce que je fais. J'ai mis le feu aux poudres. Sauf qu'il a écarté la flamme du pied.

_ Tu peux faire ce que tu veux, Kate. Même enlever tous tes vêtements, je ne céderai pas.

Sa voix est monocorde mais je peux voir qu'il contracte sa mâchoire. Je continue donc le spectacle. Je remonte un peu le bas de ma jupe, tout doucement, pour que la dentelle de mes bas puisse se voir facilement. Aller, Jeremy ! Il se force à regarder droit devant, mais je vois à travers son pantalon noir qu'il n'en peut plus. Je m'approche de lui et me colle à lui. J'approche ma bouche de son oreille.

_ Tu es sûre que tu ne veux pas ?

_ Oui.

Sa voix vacille. Il va céder.

_ Même si je porte les bas ?

Mes mains glissent sur son ventre pour descendre plus bas encore. Il voulait que je lui résiste ? Il va être servi ! Ça t'apprendra à me dire non après me chauffer !

_ Oui.

_ Bien.

J'arrête tout mon cinéma et retourne à ma place. Je me rhabille. Il est au bord du vide. Et décollage dans trois, deux, un... Feu ! En grognant, Jeremy fonce sur moi et plaque ses lèvres contre les miennes. Il ouvre mon haut d'un coup et baisse sa tête pour embrasser le haut de mes seins. Il relève le bas de mon vêtement et abaisse ma culotte jusqu'au sol. Il déboutonne son jean et libère son sexe. Il saisit mes cuisses et m'oblige à les enrouler autour de sa taille. Puis il rentre en moi, entier, sans rien ni préavis. Le sentir, peau contre peau, est tellement mieux. Il commence doucement puis accélère de plus en plus, montant plus haut que jamais. Nos respirations se mélangent et nous gémissons ensemble. Ses lèvres retrouvent les miennes et il me mord celle du dessous. Je n'en peux plus. Je vais exploser. Je me mords la lèvre et accueille mon orgasme en silence, puis en poussant de petits cris par ci, par là. Jeremy se déverse en moi et respire à nouveau quand il a fini de laisser son plaisir s'achever. Il me regarde dans les yeux et m'embrasse fougueusement. Rapide mais très efficace.

_ A partir de maintenant, tu vas me croire. Tu m'as bien comprise ?, lui demandais-je.

_ Oui. Mais j'ai une chose à te demander d'abord. Si tu dis oui, je te croirais sur parole.

_ Vas-y, je suis toute ouïe.

_ Viens vivre avec moi, Kate.

Il a dit quoi, là ?

_ Viens vivre avec moi à Port Ludlow, je t'en prie.

_ Euh... Je ne sais pas, il faut que j'en parle à Kyle. Elle vit avec moi, Jer.

_ Je te laisse le temps de réfléchir. Le temps qu'il te faudra. Je peux être patient.

_ T'es sûr que tu veux...

_ Je n'ai jamais été aussi sûre de moi, Kate. Je t'aime et je veux t'avoir auprès de moi tout le temps. S'il-te-plaît, promets-moi que tu me diras oui...

_ On verra ça, avec Kyle.

On remonte à l'appartement et il me suit dans le bureau. Je recommence à travailler et Jeremy surveille ce que je fais. Il me donne des conseils quant au visuel. Une fois le travail envoyé, je me retourne sur lui et lui sourit. Je l'aime, c'est sûr.

_ Quoi ?!

Maggie recrache son verre de vin. Elle a failli s'étouffer. Kyle, quant à elle, c'est une autre histoire. Elle ne respire même plus. Ok... Super la réaction ! Oui, je viens de leur dire la proposition de Jeremy.

_ Kate, t'es sûre que tu n'as pas mal comprit ?, me demande Maggie.

_ Je t'assure que je ne suis pas sourde, Maggie !, dis-je en buvant du vin.

_ Et du coup, que veux-tu faire, Katherine ?, me demande Kyle.

_ Je ne sais pas du tout. C'est pour ça que je voulais en parler avec vous, d'abord. Surtout toi, Kyle.

_ Eh bien, moi ça ne me dérange pas mais je vais aller où, moi ? Je ne peux pas venir chez lui, je ferai tâche.

_ Je te rappelle que tu es propriétaire de cet appartement, Kyle.

_ Tu veux dire que..., commence Maggie.

_ Tu me le laisse ?, me demande Kyle, au bord des larmes.

_ Seulement si tu le veux.

_ Oh mon dieu...

_ Mais, Kate, ça ne fait qu'un peu plus d'un mois que vous êtes ensemble !

_ Je sais, mais si tu comptes la période où on était ensemble avant, ça fait bien plus longtemps que ça. Ecoute, je le connais, il m'a présenté ses parents et on n'a pas envie de perdre notre temps pour les fioritures. J'ai envie de vivre avec lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Déjà que j'ai attendu trois semaines pour me décider à vous en parler.

_ Je comprends. Mais, j'ai une question.

_ Oui ?

_ T'es amoureuse de lui ?

_ Je crois bien, oui.

_ Et lui ?

_ Lui aussi, sinon il n'aurait pas fait tout ça !

_ Bon !, reprend Kyle. Faut que je trouve un travail.

_ Je paie l'appartement, Kyle. Le temps que tu te retournes et que ta situation évolue. Et si jamais tu veux quitter l'appartement, tu me le dis et tu feras ce que tu veux.

_ Eh bien, je marche. Je suis d'accord !

_ Et puis comme ça, tu seras tranquille avec Will !

Kyle me regarde avec de grands yeux. Eh oui ! On est au courant ! Je rigole quand je vois qu'elle est gênée. C'est plus simple pour tout le monde, je pense. Depuis le temps que Jeremy attend aussi. Je me demande comment je vais lui annoncer que je vais m'installer avec lui. Je me mets à sourire comme une idiote. Kyle me rejoint derrière le bar et me prend dans ses bras. Maggie nous rejoint et on s'embrasse fort toutes les trois. Je vais vivre avec Jeremy ? Oh mon dieu !

_ Comment je dois lui annoncer ?, demandais-je à mes amies.

_ Aucune idée !, me dit Maggie.

_ Kyle, tu as une idée ?

_ Je crois bien que oui...

Kyle me regarde avec un sourire plein de malice.

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Saalut tout le monde !

La suite quand nous atteindrons les 3 250 lectures !!

Gros bisous!

Joëlle SADOK-QUILICHINI