Chapitre 16 (âmes sensibles d'abstenir!)

_ Bonsoir, Kate, débute ma mère. Tu es ravissante.

_ Sortez tout de suite de chez moi.

_ Comment ça, chez toi ?

_ Tu vois cet appartement ? Je me le suis acheté par mes propres moyens, je suis propriétaire, en gros. Vous devriez le savoir, vu que vous travaillez dans la finance. Alors maintenant, dégagez vite fait ou j'appelle la sécurité de l'immeuble.

_ Ne t'affole pas, ma belle, me rétorque ma mère en se levant. Nous voulions juste te rendre visite !

_ J'ai déjà eu celle de Max, un peu plus tôt dans la semaine. Il ne fallait pas envoyer le reste de la troupe.

_ Max nous a dit que tu ne voulais plus de nos nouvelles.

_ Et c'est vrai, je ne fais plus partie de votre famille depuis le jour où je suis partie, avec Kyle.

_ Oh ! Alors tu crois que tu as le droit sur tout ?

_ Depuis que je suis majeure, vaccinée et que j'ai fait tout ce qu'il fallait pour que vous me lâchiez, oui. Je suis chez moi, dans cet appartement. Et vous, vous n'avez pas votre place, ici. Alors maintenant, si vous voulez bien vous donner la peine de foutre le camp de chez moi, je vous en serais très reconnaissante. Et Kyle aussi !

_ Pourquoi Kyle ?, me demande ma mère.

_ Parce qu'elle habite ici, à présent. Et qu'elle est officiellement ma colocataire.

Kyle me lance un regard bizarre mais elle comprend qu'elle doit me laisser parler.

_ Qui, cette nègre ? Bon dieu, Kate ! Laisse-moi rire, se moque ma mère.

Là, ça va trop loin ! Je m'avance vers l'entrée et appuie sur le bouton « alarme ». La sécurité ne devrait pas tarder à débouler.

_ Bien, vu que vous n'êtes pas les bienvenus ici, je vais employer les grands moyens. Que je ne vous revois plus ici, sinon je vous jure que vous ne remettrez plus jamais les pieds à Seattle, est-ce bien clair ?

_ Et comment ?

_ Revenez ici et vous saurez comment. Et sachez que si jamais je dis tout, vous allez vivre un enfer ! Alors n'empiétez pas sur mes plates-bandes ou vous le regretterez, vous, Max et tout le reste de notre merveilleuse famille. Me suis-je bien faite comprendre ?

Au même moment, les vigiles frappent à la porte. Je leur dit d'entrer et là, deux grandes armoires à glaces, un noir et un blanc débarquent dans mon appartement.

_ Si vous voulez bien vous donner la peine !

Mes parents me regardent de travers. Ma mère passe devant moi, la tête haute. Oh, tu peux la lever, elle ne te fera pas grandir plus ! Mon père la suit de près, sans même m'adresser un regard. Quelle bande de cons ! Les vigiles referment les doubles portes de l'entrée, que je prends soin de fermer à clé. Je prends une grande inspiration. Je n'en peux tellement plus que je fonds en larmes d'un coup. La soirée va être longue !

_ Kate, je suis tellement désolée, me réconforte Kyle en me prenant dans ses bras.

Elle pleure, elle aussi. Elle m'explique qu'ils sont rentrés sans sonner à l'interphone. Ils frappaient à la porte quand elle les a revus pour la première fois après près de six ans. Elle était avec Maggie. Et même Maggie n'osait dire quoi que ce soit. D'ailleurs, elle nous rejoint dans notre étreinte. On reste comme ça, toutes les trois, pendant au moins deux bonnes minutes. Puis Kyle part vers la cuisine pour sortir un plat du frigo qu'elle fait réchauffer au four micro-onde, pendant que Maggie et moi, nous nous installons sur le canapé.

_ Parlons d'autre chose, veux-tu ? Et ce vernissage, alors ?, me demande Maggie.

_ C'était parfait. Jeremy est... Il est rentré, ce soir plus tôt pour faire une surprise à Eleanor.

_ Quelle surprise ?, me demande Kyle, encore choquée.

_ Il va la quitter, ce soir. Et il m'appellera dans la soirée pour me dire ce qu'il s'est passé.

_ Oh mon dieu ! Je suppose que tu veux que je reste ?, me demande Maggie, enjouée.

_ Bien sûr !

_ Kate ? Ce que tu as dit à tes parents, concernant l'appartement...

_ C'était vrai, oui. C'est ton anniversaire, la semaine prochaine, Kyle et je veux que tu restes avec moi à plein temps, maintenant. Tu es comme ma mère et savoir que tu dois faire tout ce chemin pour venir travailler chez moi, c'est très frustrant. D'ailleurs, tu es virée.

_ Quoi ?, me dit Kyle.

_ A partir de maintenant, tu ne travailleras plus pour moi. Tu seras ma véritable colocataire. Je veux que tu sois bien, maintenant. Je ne veux plus que tu te sentes comme quand tu étais à New York.

_ Merci, Kate.

Kyle pleure à nouveau et me prend dans ses bras. Le four micro-onde sonne et elle nous apporte le plat puis une bouteille de champagne et trois coupes.

_ Pourquoi vous prenez le champagne, Kyle ?, lui demande Maggie.

_ Alors déjà, tu me tutoie Maggie et puis nous avons plusieurs choses à fêter ! Le fait que je sois virer et que tout est en train de s'arranger pour Kate et Jeremy !

Elle fait sauter le bouchon et nous sert. Nous buvons et commençons à manger.

_ Et pour tes parents, c'était quoi cette menace ?

_ Une menace sous-entend qu'il y a une raison, ou des preuves. Je leur ai fait un coup de bluff.

_ Et s'ils reviennent ?, s'inquiètent Maggie.

_ Ne t'inquiète pas, les gens comme eux ont toujours fait quelque chose de mal dans leurs vies.

Et je vais bosser pour trouver le moindre truc de travers ! La soirée se passe bien. Nous avons mis de la musique et nous avons continué de discuter de tout et de rien. Mais au fond, je m'inquiète pour Jeremy. Il est vingt-et-une heures passées, et je n'ai toujours pas reçu de coup de fil. Et pile à ce moment-là, mon téléphone vibre à cause d'un appel. Je me jette sur mon téléphone et répond sans même regarder qui c'est.

_ Allô ?

_ Kate, c'est Jeremy. Ecoute, il faut que tu viennes.

_ Qu'est-ce qu'il y a ?

_ Viens, c'est tout.

Et il raccroche. Je verrouille mon téléphone et regarde Maggie puis Kyle. Je leur explique notre brève conversation et file dans ma chambre me changer. Je mets un jean, une chemise bordeaux et des escarpins noirs. Je cours à l'entrée pour prendre mon téléphone, mes clés et ma veste et je dis au revoir à Maggie.

_ Kyle ?

_ Je ne t'attends pas pour aller me coucher.

Je lui lance une clé.

_ C'est la clé de la chambre d'ami, à côté de mon bureau.

_ Merci Kate.

Elle me prend dans ses bras et je file dans le couloir. J'appuie une quinzaine de fois sur le bouton de l'ascenseur. C'est un mythe, il n'ira pas plus vite ! Laisse-moi tranquille, toi ! L'ascenseur est enfin là. Je m'engouffre dedans et j'appuie sur le bouton du parking. Quelques secondes plus tard, je me retrouve en train de courir jusqu'à ma voiture. Ceinture, portière, démarrage et ouverture du parking fait, je démarre en trombe pour m'engager dans la circulation. D'habitude, je mets deux heures pour aller jusqu'à Port Ludlow. Là, je mets à peine un peu plus d'une heure. Je pénètre dans la résidence de Jeremy et m'engage dans la rue en faisant glisser la voiture au niveau de l'arrière. Je fonce vers sa maison qui est juste devant moi. Le portail s'ouvre, je freine et entre sur son terrain. Il y a sa voiture. Mais aucune lumière n'est allumée. On dirait que la maison dort. Je sors en courant de la voiture et toque chez lui. Une musique retentit. C'est Love Me Like You Do d'Ellie Goulding. Je n'entends pas de pas derrière la porte. Je toque une nouvelle fois et me rend compte que la porte est ouverte. Je rentre dans la pièce principale de la maison. La pièce est complètement vide. Seulement des bougies sont posées au sol et sur les étagères. Et un énorme plaid avec pleins de coussins sont posés au sol, accompagnés d'une bouteille de vin et de deux verres à pied. La lumière est seulement générée par les bougies. C'est magnifique. Un seul bibelot est installé. Le tableau du zèbre qu'il a acheté, hier soir, à la galerie. Je ne peux m'empêcher de sourire.

_ Jer ? T'es où ?

_ Là...

Je lève la tête. Il me regarde depuis la mezzanine. Puis sa tête disparaît au moment où il commence à marcher pour atteindre le haut des escaliers. T-shirt noir, jean délavé, pieds nus, il commence à descendre les escaliers avec un sourire enfantin. Je ne peux m'empêcher de sourire.

_ C'est pour préparer tout ça que tu n'as pas appelé plus tôt ?

_ Mes hommes de mains m'ont aidé à bouger les meubles qu'Eleanor avait achetés. En ce moment même, ils sont en train d'être détruits dans une déchèterie. Demain, ils me ramèneront mes anciens meubles. Tu as fait vite pour venir, dis-moi, remarque-t-il en arrivant au bas des escaliers.

Il ne bouge plus. Mais viens plus près, bon sang !

_ Tu m'as inquiété, avec ton appel. Et puis j'avais hâte de te voir.

_ Eh bien ! Je suis là, maintenant.

_ Comment ça s'est passé ?, lui demandais-je impatiente.

_ Elle a pleuré. Elle m'a fait toute une scène pour les meubles. Elle m'a traité de tous les noms aussi. Et elle m'a giflé. D'ailleurs, elle a une sacrée droite !

Il frotte sa main contre sa joue gauche. Elle a osé le frapper ? Il ne vaut mieux pas que je la croise !

_ Mais tout va bien. Elle va me laisser tranquille. Elle m'a même dit qu'elle avait rencontré quelqu'un.

_ Sûrement pour essayer de te rendre jaloux...

_ Elle a réussi, d'ailleurs...

Il dit ça en rigolant. C'est de l'ironie. Il s'avance doucement vers moi.Enfin !!! Je commence à avoir les jambes qui tremblent mais je vais bien. Plus que bien.

_ Comment s'est passé les retrouvailles avec Maggie et Kyle?, me demande-t-il.

_ Parfaites mais... Mes parents étaient là, aussi...

_ Pardon ?

_ Oui, tu as entendu. Mais je les ai fait sortir avec la sécurité.

_ Tu vas bien ?

_ Maintenant que tout va rentrer dans l'ordre, oui.

Il saisit mon menton de deux doigts et me force à lever la tête vers lui. Qu'est-ce que t'attends pour m'embrasser, idiot ?

_ Qu'est-ce qu'il y a, Jer ?

_ Laisse-moi m'imprégner de ce moment, s'il-te-plaît.

Il ferme les yeux et quand je vois qu'il est en train de s'avancer vers moi, je ferme les miens. Le contact de nos lèvres, les unes contre les autres, embrase la pièce. Il m'embrasse doucement, d'abord, comme s'il partait en reconnaissance pour une mission. Il s'arrête pour me regarder dans les yeux.

_ S'il-te-plaît, Jeremy, le suppliais-je.

_ T'es sûre c'est ce que tu veux ? Tu es sûre tu veux faire cette bêtise-là ?

_ Oui... S'il-te-plaît...

Puis il met le feu aux poudres. Il m'embrasse comme jamais. Là, c'est un véritable besoin qu'il a, qu'il me fait comprendre. Il empoigne mes cheveux et moi je tire sur son T-shirt pour le ramener près de moi. Il s'écarte et retire son T-shirt qu'il balance en faisant attention de ne pas le jeter sur les bougies. Puis il encadre mon visage de ses mains. Je descends mes mains vers le bouton de son jean et ouvre ce dernier, puis descend la braguette. Il déboutonne mon jean puis il le baisse d'un coup. Je fais valser mes talons un peu plus loin et lève mes jambes pour qu'il retire mon jean. Une fois ça retiré, il pose ses lèvres sur mes cuisses en les empoignant férocement. Il se retrouve devant ma culotte et chuchote.

_ Ce soir, c'est ta fête, ma petite !

Je rigole. Jeremy me regarde et me fait tomber sur lui en me forçant à plier les genoux. Je me retrouve à califourchon sur lui. Il reprend possession de mes lèvres tout en glissant ses mains sous ma chemise. Il passe ses doigts sur le tissu de mon soutien-gorge. Il le caresse, le palpe, le juge. Et il me regarde avec un de ses sourires qui me font fondre littéralement. Il baisse les yeux sur mon cou, puis descend encore plus bas pour loucher sur mon premier bouton de chemise.

_ Ceci est en trop, madame !

Je souris et lève les mains. Il comprend que je lui laisse le plaisir de le déboutonner. Il sort ses mains de mon chemisier pour les passer devant. Je rabaisse mes bras et le regarde loucher sur mon buste. Il en défait un, puis deux. Il prend son temps, et ça me rend folle. Il profite bien ! Oui, sauf que moi, je veux passer aux choses sérieuses, maintenant. Mais je le laisse quand même finir. Une fois qu'il a fini de déballer son « cadeau », il s'avance vers le creux de mes seins et m'embrasse au même endroit. Je laisse ma tête tomber en arrière, en fermant les yeux. Hallelujah ! Il passe ses mains sur mes épaules et fait glisser le tissu de mes bras et l'envoie rejoindre son t-shirt plus loin. Il s'allonge et serre ma taille entre ses mains.

_ T'as pas l'impression que tu as oublié d'enlever quelque chose ?

_ Merde !

Il me force à me lever et retire son jean aussi vite que possible. Puis, il se remet en position. Je me glisse au-dessus de lui et empoigne ses poignets pour les poser au-dessus de sa tête. Puis je me baisse pour l'embrasser fougueusement. J'ai besoin de lui. Lui tout entier. Et il est enfin à moi ! Il était temps ! Je dégrafe mon soutien-gorge et le laisse redécouvrir ma poitrine. Il lève les mains vers mes seins et les touchent. C'est une sensation qui m'avait manqué. Ses mains sur mon corps. Oh mon dieu ! Ma respiration devient saccadée, la sienne aussi. Et doucement, il me fait passer sous lui. Ses mains font le voyage entre mes seins et ma culotte, qu'il abaisse tout doucement. Avec mes pieds, j'arrive à faire glisser son caleçon. Ne me demandez pas comment j'ai, ça tient du miracle ! Puis il m'embrasse encore. J'arrive à le sentir contre moi. Coucou toi ! Je souris lorsque je sens qu'il va descendre plein sud, jusque-là. Je mordille ma lèvre pour m'empêcher de crier, maintenant.

_ Alors tu vas faire en sortes que je ne puisse plus m'asseoir sans pousser un cri ?

Je sens qu'il sourit sur ma peau en embrassant mon nombril, qu'il lape ensuite. Ce petit coup me fait sursauter. Puis je sens son souffle sur ma partie intime et je le sens plonger dessus. Je l'ai fait avec beaucoup d'hommes dans ma vie, mais il est le seul avec qui c'est aussi intense et vertigineux. Oh mon dieu... Je sens que ça monte en moi. Il est impitoyable. Il me fait tourner la tête. Je me tire les cheveux pour éviter de trop crier. Je gémis et c'est tellement bon. Je sens qu'il arrive au point de non-retour. Encore quelques instants et il signe mon arrêt de mort. Je me cambre pour accueillir le plaisir entièrement, puis ça diminue de plus en plus. Jeremy revient face à moi et me regarde dans les yeux. Chacune de ses mains entourent ma tête, puis il s'abaisse pour m'embrasser. Un petit goût salé est resté sur ses lèvres et sa langue. C'est nous, ça ! Il déchire le papier du préservatif qui se trouvait à côté et l'enfile. Puis il plonge son regard dans le mien. Je suis en feu.

_ Prête ?

_ Depuis toujours.

_ Oh bébé !

Et il plonge en moi, sans détour. Il embrasse mon cou en même temps que les vas et vient s'accumulent. Il m'avait tant manqué ! Ses lèvres ne quittent plus mon corps, et son souffle sur mon cou me rend aussi dingue que ce qu'il me fait en bas. Il m'embrasse en même temps qu'il m'emmène plus haut. J'ondule pour que l'échange de coups de reins s'installe. Et nous montons à deux, à présent. Nos yeux ne se quittent plus. Il se mord la lèvre et je ne peux m'empêcher de le faire arrêter pour la mordre à sa place. Il gémit. Et ça me fait fondre. Le sentir en moi est tellement bien. Je ne pensais pas qu'on viendrait à se remettre ensemble, lui et moi. Mais voilà, on est là. Et j'en suis plus qu'heureuse. Quelque chose me retire de mes pensées. En effet, la volupté de l'acte commence à me monter au cerveau. Je ne peux plus tenir. Je plante mes ongles dans son dos et il pousse un petit cri. Il respire aussi fort que moi, à l'unisson. Puis il colle son front au mien tout en accélérant le rythme. Je le suis. Plus rien n'existe. Il n'y a plus que lui et moi, à présent.

_ Vas-y, bébé. Jouis pour moi, Kate !

Et je lâche prise. Il sert ma taille contre lui pour se redresser et il jouit à son tour. Puis la sensation retombe. Nous suffoquons. Je le regarde dans le fond des yeux et l'embrasse amoureusement. Il me rend mon baiser. Puis il me pose délicatement au sol et se place à côté de moi. On est sûr les coussins. Je saisis la partie du plaid en plus et la mets sur nous. Je pose ma jambe sur la sienne et lui fais face avec mon sourire timide. Une musique douce s'installe dans la pièce. Woodkid !

_ Alors, comment tu te sens ?, lui demandais-je en faisant glisser mon doigt sur son torse musclé et ruisselant.

_ Je suis tellement bien, là. Je suis sur un petit nuage. Toi ?

_ Je ne suis jamais sentie aussi bien. Je suis heureuse.

_ Moi aussi.

_ T'es heureuse ?, riais-je.

_ Non, rit-il. Je suis heureux ! Pas heureuse, roh !

Il se met en califourchon sur moi. Il saisit mes mains et les mets au-dessus de ma tête. Il s'abaisse avec un sourire salace et m'embrasse. Je sens sa langue me titiller. Je rigole et ouvre la bouche pour qu'il puisse m'embrasser comme il le désire. A vrai dire, ça m'a tellement plu que je le lui ai assez bien rendu. Et lui aussi, parce qu'on a éteint toutes les bougies pour passer dans sa chambre.

Encore plus essoufflés qu'avant, nous nous reposons maintenant dans le lit. Chacun sur le ventre en nous regardant dans les yeux.

_ Alors comme ça, tu as vu tes parents ?

_ Oui...

_ Qu'est-ce qu'ils voulaient ?

_ Me rendre visite. Pour eux, ça veut dire « vérifier s'ils ne peuvent pas me mettre plus bas que Terre ».

_ Je suis désolé.

_ Ne le sois pas, Jer. Ce n'est pas ta faute. Mon frère a sûrement dû les prévenir que j'étais très bien là où j'étais.

_ Peut-être mais c'est méchant. Je ne veux pas que tu sois triste.

_ La seule chose qui me rendrait triste, c'est que tu me laisse, que Kyle me laisse en plan ou que Maggie et Paul ne veuillent plus me parler. Vous êtes les plus importants pour moi.

_ Je ne te laisserai plus jamais partir, Katherine. Je te le promets.

_ Et toi, tes parents ? Tu ne m'as jamais parlé d'eux.

_ Oh ! Si jamais tu les rencontres, sois sûre qu'ils t'adoreront.

_ C'est vrai ?

_ Oui. Tu t'entendrais très bien avec ma mère, en tout cas. Mon père, tu pourras toujours lui parler de sport, il boira tes paroles.

_ Et ton frère ? Pourquoi tu ne te parles plus avec lui ?

Jeremy passe sa main dans ses cheveux et soupire. La prochaine fois, tais-toi, Kate ! Oh merde... Il met ses mains en-dessous de sa tête et me regarde intensément.

_ Pourquoi tu tiens tant à savoir ?

_ Parce que je veux tout savoir sur toi.

_ D'accord... Mon frère est un connard de première. Quand on était petits, il cassait tous mes jouets alors qu'il avait les meilleurs. Au collège, il se moquait de moi, devant tout le monde. Au lycée, il m'a tabassé parce que je l'avais pris la main dans le sac lorsqu'il était en train de fumer. Il m'a frappé justement pour que je ne parle pas à mes parents. Une semaine plus tard, il leur a dit qu'il fumait. Il ne s'est jamais excusé vis-à-vis de moi. Et puis maintenant, il est jaloux de moi parce que j'ai réussi et pas lui, et parce que mes parents m'acceptent plus que lui, par rapport à ça. Maintenant, il travaille dans une boîte à Chicago et il se bat pour avoir la place de P-DG, mais il ne l'aura jamais. Je ne l'ai pas vu depuis plusieurs années.

_ Pourquoi il n'aura jamais sa place de P-DG ?

_ Parce qu'un P-DG doit penser aux biens de son entreprise avant de penser à son portefeuille. C'est comme ça que les affaires coulent, en général. Et mon frère, c'est exactement son mode de fonctionnement.

_ C'est un connard, en réalité !

_ Oui.

_ D'accord. Mais que s'est-il passé pour que vous ne vous parliez plus, toi et lui ?

_ L'histoire de l'héritage. Je t'expliquerai une autre fois, ne t'en fais pas.

_ Très bien.

_ Je suis vraiment heureux que tu sois là, ici. Avec moi.

_ Moi aussi, je suis heureuse d'être là.

Je me rapproche de lui, toujours sur le ventre. J'avance mon visage et l'embrasse doucement. Je pose ma tête sous la sienne. Il en profite pour embrasser mon front et je nous cache sous les draps, entièrement. Il se met bien pour me prendre dans ses bras. Il s'entortille autour de moi comme une plante à son tuteur. Je nage dans le bonheur, mes chers amis !

Amélie Martins et Charles Martins se sont rencontrés au lycée, en classe de seconde. Le mois après la rentrée, ils étaient déjà ensemble. Un jour, au dernier match de football américain de Charles, Amélie a décidé de lui avouer qu'elle était enceinte. Elle savait qu'il n'allait pas l'accepter. Charles était complètement perdu. Il ne savait plus où se mettre. Amélie ne pouvait pas tenir. Elle a donc fui le gymnase pour le parking. Seulement Charles a lâché le ballon pour la rejoindre, laissant tomber le match, et ses coéquipiers. Il a réussi à la rattraper. Depuis ce moment-là, Amélie savait qu'elle avait trouvé l'homme de sa vie.
Après le lycée, ils ont pris la décision de s'installer dans un petit appartement, à phœnix. Amélie travaillait à mi-temps dans une pizzeria, comme Charles. Il poursuivait ses études alors qu'Amélie attendait le moment fatidique pour pouvoir accoucher. Seulement les parents de Charles les ont aidés à s'en sortir. Amélie s'est vu être rejetée par son père, sa mère étant morte en lui donnant la vie. Heureusement qu'elle avait Charles.

Après l'arrivée de Tyler, leur premier enfant, ils ont dû déménager une nouvelle fois. Les parents de Charles leur ont prêté une maison à Seattle, pour qu'ils puissent vivre dans un espace assez grand pour s'occuper du bébé. Charles a fini diplômé avant de partir à Seattle. Amélie est donc restée mère au foyer. Lorsque son mari partait au bureau, elle restait avec sa belle-mère pour jouer avec Tyler. Puis quatre ans plus tard, Jeremy est arrivé. Avec des complications, mais ils en sont tous les deux sortis indemnes.

Amélie ne pouvait plus rester à la maison. Non pas qu'elle s'ennuyait de ses enfants mais elle voulait reprendre le travail. Elle a donc prit des cours en ligne, et elle est devenue professeur de science dans un collège, puis dans un lycée.

Tyler et Jeremy ont vite grandi, au désespoir de leurs parents. Tyler est parti à l'âge de vingt-et-un ans pour faire ses études de commerce à Portland. Puis il n'est pas rentré pendant trois ans. La seule fois où il est rentré, c'était pour l'enterrement de son grand-père. Puis deux ans plus tard, il est revenu pour l'enterrement de sa grand-mère. Et c'est là qu'ils sont rentrés en conflit, lui et Jeremy.

_ Pourquoi Jeremy a la maison ? Et moi, j'ai quoi ?
_ Tu auras les appartements de Philadelphie et la Porsche de ton grand-père, Tyler, lui répond son père.
_ Mais j'ai vécu dans cette maison ! Autant que Jeremy ! Pourquoi ils ne m'ont pas mis dessus ?
_ Ton grand-père savait que tu aimais cette voiture. Ils n'ont rien eu d'autre pour Jeremy à part la maison.
_ C'est dégueulasse !

Jeremy était déboussolé. À à peine vingt-deux ans, il devait faire face à ça. Juste après avoir subi leur perte. Jeremy était proche de son grand-père. Très proche. Et pourtant, il ne lui avait rien demandé pour le testament.

Tyler le regarde d'un air de dégoût, réaction exagérée mais pourtant, rien ne pouvait le changer. Tout ça pour la maison familiale. Tyler est parti ensuite avec la Porsche et n'est revenu que deux ans plus tard. Il envoyait des mails à ses parents. Mais à Jeremy, c'était silence radio.
Les parents des deux frères ont mal vécu la crise de nerf de Tyler. Mais ils sont passés à autre chose. Jeremy, non. Il lui en voulait de le rendre coupable de quelque chose qu'il n'avait pas provoqué. Plus tout ce qu'il s'est passé avant, ça n'allait pas arranger les choses.

Le lendemain matin, je me réveille seule dans le lit de Jeremy. Je tapote l'autre côté du lit du doigt, mais non. Pas de Jeremy. C'est nul de se réveiller sans lui. Je le cherche partout dans la chambre et le vois sur le fauteuil, dans le coin. Une musique douce se laisse jouer sur la petite chaîne hi-fi de sa chambre. Une mélodie au piano et la voix douce et enchanteresse de Sia Furler. My Love.

_ Bonjour !, dis-je en me remettant bien dans le lit, le fixant constamment.

_ Bonjour, mon amour.

Il se lève et se matérialise entier avec seulement son caleçon sur lui. Miam ! Il se met sur moi et m'embrasse. Seul le tissu des draps nous sépare.

_ Bien dormi ?

_ Comme un bébé, même si le réveil n'est pas top.

_ Comment ça ?, me demande-t-il frustré.

_ Eh bien, tu n'étais pas à côté de moi quand j'ai ouvert les yeux.

_ Si je l'étais, mais pas dans le lit.

Il se décale et s'allonge à côté de moi. Il est tellement beau. Même le matin, il a un visage enchanteur.

_ Que veux-tu faire, aujourd'hui, Kate ?

_ Je ne sais pas, tu proposes quoi ?

_ Alors, d'abord, un petit déjeuner à la cuisine. Ensuite, accueillir les déménageurs car mes affaires vont arriver dans deux heures. Puis déjeuner, et cet après-midi, je voudrais te montrer le jardin de la maison.

_ Derrière ?

_ Exactement. Et je pensais que ce soir, on pouvait dîner chez toi. Tu ne vas pas laisser Kyle toute seule, quand même.

_ Non, c'est sûre que non. Mais d'abord...

Je me rapproche de lui le plus possible pour qu'il comprenne bien de quoi je parle. Et je laisse mes mains balader un peu sur son corps.

_ J'ai quelque chose à te proposer...

Sa bouche forme un « oh » approbateur... Rah la la ! Les hommes ! Oui, mon homme !

Dans la cuisine, une chanson entraînante retentit. Jeremy est sous la douche. Moi, j'y suis déjà allée alors je commence le petit-déjeuner. Et je commence à chanter en faisant cuire des pancakes. J'ondule au son de la musique. Je suis de très bonne humeur. Je finis les pancakes et vois Jeremy redescendre de la salle de bain, grâce à la vitre qui donne sur les marches de l'escalier. Je souris en attendant qu'il rentre dans la cuisine. Lorsqu'il découvre le bacon, le jus de fruit et les pancakes, il sourit comme un gosse le matin de Noël.

_ Emily Wolfe ? Bon choix ! Mon dieu, je suis traité comme un roi ! Merci ma reine !

_ Mange tout !

Il s'installe à la table et je me poste derrière lui en posant mes mains sur ses épaules dénudées. Il me fait craquer quand il est torse nu. Je danse à peine derrière lui, mais il le remarque quand même vu qu'il tourne la tête pour me regarder. Et d'un coup, d'un seul, je me retrouve assise sur ses cuisses. Il m'embrasse furtivement.

_ Prendrez-vous le petit déjeuner avec moi, Mlle Soldiers ?

_ Avec plaisir, M. Martins !

Avec une fourchette, il saisit un morceau de bacon et le place sur ma langue. Le goût très salé de la viande me fait faire une grimace. A mon tour de te nourrir, gros bébé ! Je me mets à califourchon sur lui et prend les pancakes ainsi que les fraises et la chantilly. Il glisse ses mains dans mon dos pour me tenir en place. Je coupe un morceau de pancakes, asperge la partie du dessus de chantilly et place une petite fraise sur le haut. Je regarde Jeremy. Je n'ai même pas à lui demander qu'il a déjà la bouche ouverte. Je lui fais faire l'avion, comme à un enfant. Son rire sort de sa bouche, ce qui me force à l'imiter. Puis il avance sa bouche pour attraper le morceau de pancake. Mais je joue avec lui. A chaque fois qu'il est prêt de l'avoir dans la bouche, je l'éloigne d'un geste brusque, ce qui le fait rire.

_ Arrête, j'ai faim !, rigole-t-il.

_ Tiens, gros bébé !

Je place le tout dans sa bouche en faisant bien exprès de mettre de la chantilly autour de sa bouche. Il rigole la bouche pleine, ce qui me fait éclater de rire. Il essuie les commissures de ses lèvres avec ses doigts et les lèchent tout en me regardant dans les yeux. Une étincelle s'amplifie au plus profond de ses yeux quand il fait ça. Je ne peux m'empêcher de me mordre la lèvre inférieure. Mais je me ravise et me fait le même scénario à moi. Mais il m'arrête dans mon élan.

_ Je vais te le faire, attends.

Il saisit le pancake et me nourrit par petite bouchée. Puis, une fois le pancake totalement disparu, il prend une fraise et pose une noisette de chantilly à la pointe du fruit. Il me la présente et je croque dedans. Jeremy mange le reste de la fraise et me sert contre lui.

_ J'aime prendre le petit déjeuner avec vous, mademoiselle.

_ Je vous retourne le compliment, monsieur.

Il m'embrasse doucement et on continue de se nourrir comme ça pendant une demi-heure. On a découvert ensemble qu'il aime le sucré-salé, comme moi. On s'est dit que ça pouvait être intéressant pour la suite des évènements.

Une heure plus tard, les déménageurs sont arrivés. Heureusement, on a tout nettoyés avant, avec Jeremy. Ça a été plutôt rapide, d'ailleurs. Mais avant qu'ils ne partent, quelque chose est arrivé, qui nous a un peu mis mal à l'aise avec Jeremy.

_ Monsieur, ou madame, vous devriez récupérer ça, je pense.

Un des hommes de mains de Jeremy a relevé d'un doigt mon soutien-gorge de la veille. Je le récupère vite fait, bien fait et le cache derrière mon dos. Ils partent enfin et je regarde Jeremy, qui est plutôt amusé par la situation, finalement.

_ Et ça t'amuse ? Ce n'est pas drôle, Jer !

Je le frappe sur l'épaule doucement, pour faire croire que je suis offensée. Sauf que ma voix ne suit pas du tout le mouvement. Jeremy me regarde et éclate de rire en me prenant dans ses bras et me faire tourner dans les airs. Quand il me repose, il m'embrasse au passage. Et je ne peux que rire à mon tour. Je ne veux pas que cette journée se termine, je suis tellement bien avec lui, seule. Mais bien sûr, dans la vie, on n'a pas tout ce qu'on veut.

_ Allô ?, soufflais-je dans mon téléphone.

_ Bonjour, mademoiselle Soldiers. Madame Cook a l'appareil, je vous appelle pour que vous vous occupiez d'un projet important...

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Coucou tout le monde !!

Vous attendiez ça avec grand impatience, n'est-ce pas ? :p

Bien ! Mais l'histoire n'est pas finie! Elle en est très loin d'ailleurs, car j'ai encore beaucoup de surprises à vous faire partager!

Pour le prochain chapitre nous devrons atteindre les 2 500 lectures !

Alors à vos claviers!

Bisous,

Joëlle SADOK-QUILICHINI

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