Chapitre 15

Il pousse la table sans rien renverser. Il saisit mes jambes et je me retrouve sur ses genoux. Je ne quitte pas mon menu des yeux jusqu'à ce qu'il me l'enlève des mains pour qu'il n'y ait plus de barrières entre lui et moi. Il empoigne mes cheveux et me force à relever la tête. Il approche dangereusement sa bouche de mon oreille.

_ Tu sais très bien qu'il n'y a que toi qui me fais un tel effet. Il n'y a que toi sur cette planète qui me rend dingue, susurre-t-il.

Je baisse ma tête, bien qu'il me tienne les cheveux. Je lui souris en préparant bien ma revanche.

_ Ouais mais d'abord, on mange !

Je lui fais un petit bisou tout innocent sur les lèvres et, comme par magie, j'arrive à me détacher de son emprise. Ce ne sera pas si simple, mon cher ! La serveuse revient trente secondes plus tard.

_ Votre choix s'est arrêté ?

_ Oui ! Servez-nous deux scotchs, s'il-vous-plaît, lui dis-je gentiment.

_ Monsieur ?

Son bloc-notes à la main et munie de son stylo, elle sert sur un plateau d'argent son plus beau sourire à mon compagnon de table. Ok, alors toi, tu n'auras pas de pourboire ! Jeremy me regarde avec un petit sourire.

_ Laissez madame choisir. Je suis son esclave pour la soirée. Je lui fais confiance.

Je relève la tête vers la serveuse qui me lance un gros sourire forcé. Moi ? Je n'ai fait qu'un sourire sincère. Et pleins de vanité... N'importe quoi, ce service.

_ J'irai me plaindre vers sa hiérarchie, dis-je en me replongeant dans mon menu.

_ Je crois que tu es jalouse, Kate.

_ D'elle ? Cela m'étonnerait !

_ T'es sûre de toi ?, me demande-t-il en refermant son menu et en plantant ses yeux dans les miens.

_ Ce que je ne supporte pas, c'est qu'on fasse comme si je n'existais pas. Elle a été très malpolie.

_ Tu lui as fait quelque chose ?

_ Oui.

_ Quoi donc ?, me demande Jeremy, dérouté.

_ Je t'ai ramené, toi.

_ Dans ce cas précis, c'est moi qui t'es ramené parce que c'est moi qui ai réservé, triomphe-t-il.

_ Tu veux une médaille, champion ?

Et toc ! Je retourne à mon ouvrage et... Bon sang, choisis un plat, bordel de fiotte ! Je lorgne déjà sur les lasagnes au fromage. Je décide de prendre ça. Je choisis le loup pour Jeremy. Il adore le poisson. Et pour le vin ? Oh, ils ont du Sancerre ! Il fera l'affaire !

_ J'aime quand t'es énervée, ça te rend plus sexy.

_ Et là ?

Je remonte un peu ma robe. Il louche sur ma peau fraîchement découverte. C'est amusant de le déstabiliser, mais il ne faut pas trop que je joue avec le feu. On ne peut rien faire pour le moment, vu qu'Eleanor est encore dans les parages. Mais comme c'est parti, quand on sera libérer de cette contrainte, ça va être... Chaud...

_ Arrête ça de suite. Sinon j'appelle Eleanor et ce soir, je te fais ta fête.

_ Vas-y, je n'attends que ça.

Jeremy me regarde, impassible.

_ Je déconne, tu vas lui dire en face ! Par téléphone, c'est horrible ! Et puis comme ça, si elle te frappe, je serai là pour te soigner !

_ Cette perspective m'enchante, si tu savais. Tu vas me prendre quoi ?

_ Tu étais sérieux quand tu disais être mon esclave pour la soirée ?

_ Non, sur le fait que je te faisais confiance, seulement. On verra qui sera l'esclave de l'autre.

_ J'ai hâte de voir ça, alors !, dis-je en fermant mon menu.

La serveuse revient avec nos boissons. Le dîner s'est bien passé. Jeremy et moi avons ri tout le long du repas. La serveuse a failli nous baver dessus. Ou plutôt sur Jeremy. J'ai failli lui demander s'il ne lui fallait pas un bavoir. Je conduis au retour pour aller à l'hôtel. D'ailleurs, à ce moment-là...

_ Bonsoir, en quoi puis-je vous aider ?, nous demande le réceptionniste.

A notre tour de jouer !

_ Bonsoir, nous avons une réservation au nom de Martins pour une nuit, dis-je d'une voix suave en glissant mon doigt sur le comptoir.

Le réceptionniste avait l'air de ne plus savoir ou se mettre. Il est devenu bègue, d'un coup. Le pauvre. Ce qu'il ne faut pas faire pour attiser la flamme, quand même !

_ Euh... Euh... Un... Un instant, excusez-moi.

_ La fatigue, sûrement.

Le réceptionniste fait des vas et vient avec ses yeux entre moi et l'écran. Jeremy n'existe plus. T'as vu ce que ça fait, hein ? Je vais lui offrir une cagoule pour son anniversaire ! Comme ça, au moins, plus de problèmes !

_ En effet, chambre 230 et 231. Voici les clés. Vous avez des bagages ?

_ Non, nous n'en avons pas.

_ Je vais vous conduire à vos chambres.

_ Pas la peine, intervient Jeremy. Nous ne prendrons qu'une, finalement. Laquelle est la meilleure ?

_ La 354, monsieur.

_ Annulez les deux autres et mettez-nous sur la 354, je vous prie.

_ Très bien, monsieur.

Jeremy me prend la main et m'emmène vers l'ascenseur. Il a l'air énervé. Je suis allée trop loin ? Ce qu'il ne faut pas faire pour attiser la flamme, hein ? Oh tais-toi, bon sang ! L'ascenseur s'ouvre et nous entrons. Quand les portes se sont refermées, Jeremy a lâché ma main et s'est tourné vers moi.

_ A quoi tu joues, Kate ?

_ Et toi, Jeremy ? Qu'est-ce qu'il te prend à vouloir une seule chambre ? T'es avec Eleanor.

_ On s'en fout d'Eleanor, elle n'est pas là. Et toi, avec le réceptionniste ?

_ Oh ça va, on ne peut plus rigoler !

_ Non, on ne peut pas ! Surtout pas sur toi !

Il est vraiment énervé, apparemment. Il est toujours aussi jaloux qu'avant. Bon, arrivés dans la chambre, je lui sors le grand jeu. Le trajet de l'ascenseur m'a paru interminable, et la distance qu'il a placée entre nous, infranchissable tellement je le trouve loin de moi. Je glisse ma fourrure sur mes bras et la retient aux niveaux de mes coudes. Rien à faire, il ne réagit pas. Bon... Je m'avance vers les portes de l'ascenseur, prête à sortir. D'un geste automatique, je décale mes cheveux sur mon épaule. Dans la seconde qui suit, je sens le souffle chaud de Jeremy caresser mon dos. Lorsque le ding de l'ascenseur retentit, je suis soulagée. Je sors en première de l'ascenseur, puis suis Jeremy, vu qu'il a l'air de savoir où il va. Une porte avec le nombre 354 se trouve au bout du couloir. Il entre à l'intérieur et me laisse le soin de refermer la porte. C'est parti !

_ Qu'est-ce que t'as ?

Il ne répond pas. Ok, on y est allées fort. Comment va-t-on faire ?

_ Ok, ne parle pas. Il n'y a aucun souci.

Je m'aventure dans le véritable appartement qu'est notre chambre. Un lit en baldaquin noir, une petite table ovale en face encadrée par deux chaises pour le petit déjeuner. Un balcon qui fait la longueur de la chambre. Une salle de bain énorme, avec une immense baignoire. Je sais ce que je vais faire, maintenant ! La décoration est composée de doré et de bordeaux. C'est splendide. C'est une chambre rêvée. Je retourne à côté de la table. Jeremy est torse nu, dos à moi. Il pianote sur son téléphone. Je détache mes boucles d'oreilles et pose ma veste, mon écharpe et mon sac sur la table ovale.

_ Je vais prendre un bain, dis-je calmement.

Je me retourne et marche doucement vers la salle de bain. Je commence à dégrafer ma robe délicatement pour qu'il admire bien le spectacle. Parce que je sais qu'il l'admire. Mais je fais semblant de rien. Je ferme la porte avec mon pied et laisse tomber ma robe au sol. J'ouvre l'eau et prend des serviettes pour les mettre par terre, à côté de la baignoire. Je prends soin de ne rattacher mes cheveux et commence à dégrafer mon soutien-gorge. J'ai dit commence, notez bien !

_ Je peux rentrer ?

_ Je suis en sous-vêtements, Jeremy. Attends que je sois dans l'eau, s'il-te-plaît !

Petit désobéissant qu'il est, il rentre quand même. Il me fixe, descend son regard comme une sonde sur mon corps et se tourne pour se laver les dents. Je suis donc obligée d'attendre qu'il finisse pour me glisser dans mon bain. J'enlève mes talons. Tout ça par terre, je suis vraiment obligée d'attendre, maintenant. Mais il prend son temps. Et surtout, il se lave les dents tout en me regardant, comme s'il me jugeait. Rah la la ! Les mecs !

_ C'était de la jalousie que j'ai vu, tout à l'heure ?

Il se nettoie et range sa brosse à dents. Puis, telle une panthère, il s'approche de moi.

_ Tu sais que je n'aime pas quand tu fais ça ?

_ Tu sais maintenant ce que je ressens quand une femme te bave dessus devant moi alors ?, dis-je en croisant les bras, ce qui fait remonter mes seins.

_ Sauf que tu l'as fait exprès, toi !

Il part de la salle de bain. Je souffle, ferme l'eau et le suit.

_ C'était pour rire ! Détends-toi, Jeremy !

_ Je n'ai pas envie de me détendre ! Tu m'as énervé, Katherine.

Je me rapproche de lui pour coller ma poitrine contre son dos. Il fait presque deux têtes de plus que moi, c'est fou ce que je suis petite comparée à lui ! Je glisse mes mains sur son torse et je sens un frisson sur son corps.

_ J'aime quand t'es énervé. T'es tellement plus sexy, comme ça.

Je vais pour le lâcher mais il me retient d'une main et me fait face.

_ Tu vas arrêter de me piquer mes phrases, oui ?

Il me tire contre lui et empoigne mes cheveux pour relever ma tête vers la sienne pour m'embrasser. Mon corps s'embrase. Ce n'est pas comme tout à l'heure. Ce baiser-là est plus teigneux, envieux et animal. C'est moi qui l'ai mis dans cet état-là ? Il me balance sur le lit en baldaquin et me chevauche. Il y a des siècles qu'on ne s'est pas retrouvé comme ça, lui et moi. Ça m'avait manqué. Tant pis pour Eleanor. Je le veux autant qu'il me veut. Elle fera partie des dommages collatéraux. Sa main passe de mon ventre à mon cou. Il commence à me faire des baisers partout sur la partie au-dessus de la ceinture. Son regard se lève vers le mien quand il a atteint le point le plus au sud qu'il peut atteindre pour le moment.

_ Ça, ça sera pour plus tard, bébé !, dit-il en m'embrassant au-dessus du tissu de ma culotte.

Rien que ce geste a mis le feu aux poudres. Je ne pourrai pas tenir longtemps sans lui prouver à quel point je lui appartiens, maintenant. Cependant, il continue de m'embrasser encore quelques instants.

_ Jeremy... Soit tu continues, soit tu arrêtes...

_ Pourquoi ?, suffoquait-il.

_ Si on continue dans ce sens, je risque de te faire faire une grosse bêtise. On a dit qu'on attendrait que tu rompes, alors essayons de tenir parole.

_ Oh... Je comprends.

Il se décale et me laisse me relever. Suffocante, je retourne dans la salle de bain, reprendre là où je m'étais arrêtée. Je remets l'eau en marche et je mets des boules de savons pour faire de la mousse. Cinq minutes plus tard, je me glisse enfin dans l'eau chaude. Oh mon dieu... Le paradis !

Dans la voiture, en route pour la galerie, tout se passe bien. Oui, on a dormi ensemble. Et non, on n'a rien fait ! Mais ça ne saurait tarder ! Je prends sa main et tourne la tête vers lui. Il me sourit. Il a l'air d'aller bien. Ce soir, il va se libérer de l'autre, là ! Je n'ai rien contre elle. Mais si elle n'est attirée que par son argent, alors je ne vois pas pourquoi leur relation devrait continuer. Il faut qu'il y mette un terme.

_ He ! Ça va ?, me demande Jeremy.

_ Je pense à ce soir, l'idée que tu vas lui faire face, ça me...

_ Bébé ! Arrête ! Je comptais la quitter, même avant que tu ne débarques au jour de l'an. T'as juste été un facteur important, dans l'affaire.

_ On n'est pas en train de faire une fusion-acquisition, Jer ! Tu vas rompre !

_ Et ? Ça devait arriver un jour, Kate ! Je n'allais pas finir ma vie avec elle.

_ Même, je me sens sale.

Il s'arrête en double file, met les warnings et se tourne complètement face à moi. Sa main tient toujours le volant.

_ Katherine, ce n'est pas toi qui casse avec Eleanor, c'est moi. C'est mon choix, alors fait semblant de le respecter et je te promets que ce soir...

Il prend mon menton entre ses doigts pour me forcer à le regarder. Ses yeux noisette me transpercent comme une lame dans du pain, et je me sens vaciller.

_ Tout redeviendra comme avant.

Il se penche au-dessus de moi et m'embrasse tendrement. Je frissonne à son contact. Ne te pose pas de questions. Il sait ce qu'il fait. Mais quelqu'un sait ce qu'elle va faire elle, après ?

Nous avons récupéré la toile, et cela fait maintenant vingt minutes qu'on est sur la route. J'ai hâte de rentrer chez moi. Et de savoir l'issue de cette décision cruciale. Je me demande bien comment ça va se passer. Mais pour le moment, j'écoute ma conscience. Je ne me pose pas de questions. Du moins, j'essaie. Mais en même temps, c'est tellement passionné ce qu'il y a entre Jeremy et moi. J'ai vu qu'il avait évolué, grandi. Il me montre des signes que je ne pouvais pas voir avant. On dirait qu'il... M'aime. C'est bizarre de se dire ça alors qu'avant, il était réservé, qu'il ne connaissait rien à l'amour. Moi non plus, d'ailleurs. C'est comme si on avait grandi grâce à l'autre. Il m'a fait évoluer, comme je l'ai fait évoluer, moi aussi. Je me vois mal aller avec quelqu'un d'autre. Et lui... L'idée qu'il aille avec une autre femme que moi me donne des frissons. J'en ai bien peur, oui. Je crois bien que j'aime Jeremy Martins.

A dix-neuf heures trente, il me dépose devant mon immeuble. Il coupe le contact et se tourne vers moi. Je l'imite. Et on reste là, pendant quelques minutes sans rien faire. Juste en se regardant dans les yeux, sans se parler.

_ Tu as peur, je le sais, me confie Jeremy.

_ C'est normal, tu me diras, le réconfortais-je en prenant sa main.

_ Je te promets que la fin sera heureuse. Quoi qu'il puisse se passer ce soir, on finira ensemble, quoi qu'il puisse arriver. Crois-moi sur parole d'honneur que je ne te lâcherai plus. Et là, je compte tenir ma promesse.

Il colle son front au mien, tout en ne me lâchant pas du regard. Je ne peux plus me retenir. Je me jette littéralement à son cou et l'embrasse fougueusement. Il me sert contre lui au niveau de ma taille. Je me sépare de ses lèvres et décale ma tête pour l'enfouir dans son cou.

_ Tout va bien se passer, tu me le promets ?

_ Oui, bébé. Ça va aller. Rentre maintenant, Kyle et Maggie doivent t'attendre pour le débriefing. Je t'appelle plus tard. D'accord ?

_ D'accord. Fais attention à toi.

_ Oui, maman !

Je rigole et l'embrasse une dernière fois avant de sortir de la voiture. Je ferme la portière et me retourne pour lui faire un dernier au revoir, en lui envoyant par les airs un bisou qu'il fait semblant d'attraper de la main et de le poser délicatement sur ses lèvres. Ce soir, c'est la bonne !

_ Bonsoir ! Je suis rentrée ! Kyle ? Maggie ? Où vous êtes ?

Pas de réponse. Je pose mon sac et mes affaires sur la desserte de l'entrée et m'aventure dans le salon. Et là, vision d'horreur. Maggie et Kyle sur le canapé. Kyle et Maggie me regardent horrifiées, et c'est compréhensible. Parce qu'en face d'elles, il y a mes parents...

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Le moment fatidique approche à grand pas les amis !! :D

J'espère que vous n'allez pas décrocher parce qu'il vous reste encore beaucoup de surprises à voir ! Donc restez bien assis confortablement !

Et pour le prochain chapitre, nous devrons atteindre les 2 350 lectures !! Il faut le mériter celui-là !! ;)

Et n'oubliez pas de me donner votre avis ! :)

Je vous fais de gros bisous !!

Joëlle SADOK-QUILICHINI

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