Chapitre 14

Enfin arrivés à Tacoma, on se rend directement à la galerie d'art. Nous ne sommes en retard que de dix minutes. C'est plutôt pas mal. Je décide de relâcher mes cheveux. Ma coiffure ressemble à un Jackson Pollock, donc... En gros, pour ceux qui ne savent pas, c'est le gros bordel. Je descends du 4x4 et Jeremy s'arrête à ma hauteur en me présentant son bras. Je lui souris et y glisse le mien. La galerie a réuni beaucoup de personnes, je dois dire. C'est très important pour une première exposition. Une chanson de jazz passe en fond, ce qui est très agréable pour regarder les œuvres.

Nous nous approchons de l'accueil lorsqu'un homme m'appelle au loin.

_ Katherine !

_ Qui est-ce ?, me demande Jeremy, méfiant.

_ C'est le client dont je t'ai parlé. C'est son fils qui fait l'exposition. M. Murray ! Comment allez-vous ?

_ Très bien, et vous ? Et je vous rappelle que c'est Thomas, pas M. Murray !, rit Thomas. Christina ! Katherine est arrivée !

_ Oh mon dieu ! Kate ! Vous êtes radieuse !

Christina se penche et me prend dans ses bras pour m'embrasser. Une fois l'étreinte rompue, nous commençons à discuter.

_ Alors la maison ? Comment elle est ?

_ Magnifique ! Depuis que vous êtes passée, nous n'avons rien changé du tout ! Et ça fait deux ans !, me confie Thomas.

_ Oui, pourtant avant, je changeais pratiquement tous les mois de décoration, se moque Christina. Nous vous sommes très reconnaissants d'être venue, ma chère.

_ C'est normale, Christina. Permettez-moi de vous présenter Jeremy Martins.

_ Jeremy Martins ? De Remington & Cie ?

_ Lui-même !, répond Jeremy.

_ Mon dieu, quelle charmante surprise !, s'exclame Christina. C'est un plaisir de vous avoir ici ! Vous êtes ensemble, sans indiscrétion ?

Je regarde Jeremy avec un sourire. C'est à toi de répondre, mon coco !

_ Nous sommes amis. Elle a justement rénové ma maison à la même période que la vôtre. Et moi non plus, je n'ai rien changé depuis.

Sauf ta copine ! Et je crois qu'il sent mon pincement au cœur, vu qu'il m'embrasse la tête.

_ Mais ne vous inquiétez-pas, je compte à mon tour faire un contrat avec elle !, rit-il.

_ Oh ! On vous laisse arranger les termes de ce fameux contrat, alors ! Il y a du champagne et des petits fours. Si vous avez besoin de quoi que ce soit...

_ Merci M. et Mme Murray !, les remercie Jeremy.

Ils s'éloignent doucement, côtes à côtes. Et si tu finissais comme ça, avec Jeremy ? Ouais, et bien, on en est pas encore là. Et avant, j'ai un truc à lui demander.

_ C'est quoi, cette histoire de contrat ?

_ Tu verras bien à l'avenir !, me dit-il en me tendant une coupe de champagne. Santé ?

_ Santé !

On boit le liquide pétillant en se regardant dans les yeux. Et vite fait, ça se transforme en course. Que je gagne, bien entendu !

_ Ha ! J'ai gagné, scandais-je, joyeuse.

_ T'as triché ! T'as commencé avant !

_ Mauvais joueur !

_ Mythomane !

On se regarde et on commence à rigoler.

_ Je vais voir le fils des Murray. Je te laisse cinq petites minutes, d'accord ?

_ Ok ! Et pas de bêtises, hein ?, dit-il en me pointant du doigt.

_ En ai-je déjà fait ?, lui demandais-je en commençant à marcher.

Il me sourit et laisse un petit rire s'échapper de sa bouche. Je continue mon chemin tandis que Jeremy commence à regarder les petits fours. Quel gourmand, celui-là !

Je marche encore cinq mètres et je tombe sur Jeff, le fils des Murray.

_ Jeff ?

_ Oh ! Kate ! Je suis content que vous ayez pu venir !

_ Moi aussi ! J'ai vu quelques-unes de vos œuvres en vous cherchant. Vous avez du talent !

_ Merci ! Commencez par l'entrée et faites une boucle pour ensuite retourner à l'accueil. Comme ça si jamais vous en avez vu une, vous pourrez toujours demander des informations.

_ Vous savez vendre quelque chose, à votre âge, quand même !, riais-je.

_ Effectivement !

On rigole et je tourne la tête pour trouver Jeremy en train de me regarder discuter avec Jeff. Jaloux ? Je crois bien ! Je lui souris et m'excuse auprès de Jeff. Il me laisse retourner auprès de Jeremy.

_ Alors, c'est lui, l'artiste ?

_ Oui, c'est lui. Je retourne à l'accueil, je vais me chercher un truc à manger et je vais commencer l'exposition.

_ Allons-y !

Je me dirige vers le bar et prend une assiette. Avec une pince, je saisis plusieurs amuse-gueules puis je me retourne vers la première œuvre. Jeremy me suit de très près. J'avoue que j'ai l'impression d'avoir un garde du corps avec moi. Vu comment il est fringué, en même temps, ça ne fait pas de doute ! On continue de marcher en échangeant nos critiques ou nos éloges sur les œuvres. En plein milieu de la galerie, on tombe sur un tableau carré, représentant un gros plan sur une tête de zèbre. On s'arrête une minute.

_ Je l'aime beaucoup, celui-là !

_ Tu trouves ?

_ Oui ! Il irait bien, chez moi. Chez toi aussi, d'ailleurs ! Il ferait cassant avec les couleurs chaudes de ton salon, je trouve. Au-dessus de la cheminée, tu ne penses pas ?

_ En fait, t'as raison ! Sauf qu'on a un problème. C'est le seul de la galerie. Il n'y en a pas deux.

_ Eh bien, tu le prendras. Je prends déjà ton bar, c'est de bonne guerre, je trouve !

_ Pas faux !

On continue de marcher pour voir le reste de l'exposition. Je remarque que pendant que l'on fait le tour, beaucoup de femmes se retournent sur moi. Je crois d'abord que j'ai une tâche sur ma robe. En fait, non. C'est Jeremy qu'elles regardent toutes. Pas touche, vipères !Ensuite, à la fin, nous sommes retombés sur Jeff et ses parents.

_ Jeff, votre exposition est vraiment superbe. J'ai beaucoup aimé !, commençais-je.

_ Oh merci, c'est gentil ! Je suis content que ça plaise.

_ Dîtes-moi, où est-ce que l'on doit aller pour acheter un de vos tableaux ?

_ Je vais m'en occuper, personnellement. Venez avec moi !

Jeremy emmène Jeff voir le tableau qui l'intéresse. Moi, je continue de discuter avec les parents de Jeff.

_ Vous pouvez être fier de votre fils, il a accompli un travail formidable ! Combien de temps dure l'exposition ?

_ Elle dure jusqu'à Dimanche. Nous avons fait un apéro dinatoire pour les privilégiés comme la famille ou les amis pour qu'ils voient l'exposition en avant-première. Demain, ce sera ouvert à tout public.

_ J'ai bien fait de venir aujourd'hui, alors !

_ Un tableau vous a plu ?, me demande Thomas.

_ Oui, j'ai eu un coup de cœur, effectivement.

_ Lequel ?

_ Le zèbre. D'ailleurs, Jeremy aussi !

Quand je me tourne vers la direction qu'ils ont prisent, lui et Jeff plus tôt, je les vois revenir. Jeremy me lance un sourire triomphant. Il l'a eu !

_ Je pense qu'il vient de l'acheter, d'ailleurs !, dis-je en riant.

_ Il a l'air vraiment gentil, votre ami. Vous faites un très beau couple, si je puis me permettre, Katherine.

_ Merci Christina.

Je regarde Jeremy avec insistance. C'est vrai qu'il est pas mal... Un beau couple ?

_ On va vous laisser, Katherine. Nous devons aller voir les autres invités. Ce fut un plaisir de vous revoir.

_ De même.

Je leur fais la bise avant de les laisser partir dans une autre direction. Je me tourne vers l'accueil où Jeremy est en train de signer un chèque. Jeff passe avec une pancarte marqué « vendu ». Je souris et je repose mes yeux sur Jeremy. Il me regarde et se dirige vers moi.

_ Qu'as-tu acheté, accro du shopping ?, lui demandais-je.

_ Un animal domestique !, me souffle-t-il en m'embrassant le front. Tu veux faire quoi, maintenant ?

_ Je ne sais pas toi mais j'ai très, très, très faim !

_ Moi aussi, on file ?

_ Et le tableau ?

_ On le récupèrera demain, Jeff m'a conseillé.

_ Très bien. Tu connais un bon endroit pour manger ?

_ En effet ! Suis-moi !

_ Je veux conduire, par contre. T'as enchaîné les heures au volant, aujourd'hui. C'est mon tour, maintenant. Et demain aussi. Et ce n'est pas négociable !, le menaçais-je de mon doigt.

_ Non, ça, c'est ma phrase !

On rigole et on repart vers l'Escalade, bras dessus, bras dessous.

Il m'a laissé conduire pour aller au restaurant. Le restaurant est très intime. Lumière tamisée, piste de danse au centre avec plusieurs tables assez éloignées les unes des autres. Il y a déjà quelques couples. Mais apparemment, Jeremy me prend de cours...

_ M. Martins ! Veuillez me suivre s'il-vous-plaît.

La réceptionniste le reluque de haut en bas. Faut que je m'y habitue à ça. Avant, il y a deux ans, on ne se voyait que tous les deux. On ne sortait jamais en public, ou même avec nos amis. Quel changement, nous qui n'avons jamais été en public. La réceptionniste bave limite. Je vois son poing se fermer et se rouvrir. Un geste instinctif pour retenir le feu qui lui brûle le cul, je suppose ! La torche humaine nous emmène dans un coin protégé des regards parasites par des rideaux opaques couleur bordeaux. Un petit salon circulaire, avec une table en forme de rond. Très chic ! C'est Jeremy, quoi. Il est réglé comme une pendule, je vous jure. Tout est sous contrôle avec lui. Jeremy tire ma chaise et me laisse m'asseoir. Puis ses mains glissent sur mes épaules en retirant ma fourrure. Mes cheveux tombent en cascade dans mon dos découvert. Il s'assoit en face de moi et la réceptionniste s'éloigne en nous laissant les menus. Je sens le regard de Jeremy sur moi. Non, M. Martins ! Je n'ai pas perdu le Nord ! Dès que nos regards se croisent, je me mords la lèvre. J'aimerais bien planter mes crocs dans la sienne ! Mais une nouvelle serveuse me coupe dans mes pensées, en arrivant avec son calepin.

_ Bonsoir, que voulez-vous boi-...

_ Repassez plus tard, s'il-vous-plaît.

Sur un ton catégorique, il lui dit de s'en aller. Et elle ne se fait pas prier, bien que j'ai vu qu'elle a bloqué sur Jeremy, un court instant. Encore une. Je ne peux m'empêcher de sourire, au fond. Sauf que Jeremy avance petit à petit, pour se rapprocher de moi. Je regarde au-dessus du menu, puis je lui fais face.

_ Que voulez-vous, M. Martins ?

_ Ça ne se voit pas, Mlle Soldiers ?

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Ce n'est pas finit !!!

Pour le prochain chapitre, il faut atteindre les 2 150 lectures!!!

Gros bisous :D

Joëlle SADOK-QUILICHINI

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