Chapitre 10

_ Max, mais que fais-tu ici ?

_ Salut, sœurette. Tu m'as manqué, dit-il en se levant.

_ Qu'est-ce que tu fais ici ?, redis-je avec plus d'impatience.

Une journée tellement pourrie que je ne sais pas ce qu'il peut arriver de pire !

_ Je viens te voir, ça ne se voit pas ?

_ Après plus de cinq ans de silence ? Tu n'es pas sérieux, là ?

_ Oh que oui, je le suis. Et pour t'annoncer une triste nouvelle.

_ Laquelle ?

_ Papa et Maman ne te laisseront pas ta part de l'héritage.

_ Je m'en doutais déjà...

_ Je ne m'y suis pas opposé. Même, ils ne veulent rien entendre.

_ Je rêve, là ?

_ Non, Kate... Malheureusement, me dit tristement Kyle.

_ Mais pourquoi t'es là, en fait ?

_ Je voulais te l'annoncer de vive voix.

_ D'accord... Autre chose ?

_ Non !

_ Bien, tu peux partir maintenant ! Et dis bien à toute la famille qu'ils ne comptent plus pour moi, tu seras gentil !

Je le raccompagne vers la porte d'entrée pour m'assurer qu'il part bien de chez moi. Un sourire béat s'installe sur sa bouche. Je referme la porte à clé. Je n'en crois pas mes yeux, ni mes oreilles. Mon frère est venu juste pour me dire ça. C'est chaud patate ! Effectivement !

_ Tu vas bien, Kate ?

_ Oui... C'est juste que j'aie eu une longue journée, aujourd'hui, c'est tout. Je vais me coucher. Merci Kyle.

_ Besoin de quelque chose ?

_ Non, c'est bon. Tu peux rentrer, maintenant.

Kyle me laisse seule dans mon appartement. Je passe ma soirée à la Tequila et à la Vodka. Demain matin, ça va être dur. Très dur !

Et je n'avais pas tort... Non, tu crois ? Aïe !

_ Debout, feignasse !, me hurle Maggie à l'oreille.

_ Laisse-moi dormir !, dis-je en me cachant sous la couette.

_ Non ! Avec toutes ces bouteilles à côté de toi, là, ça ne risque pas ! Qu'est-ce qu'il te prend de te prendre une cuite seule ? Tu aurais pu faire une connerie !

_ Oui, mais ce n'est pas arrivé !

_ Tu crois ça ?

Je relève la couverture et voit son regard accusateur. Oh merde... Qu'est-ce que j'ai foutu, hier soir ? Je vérifie déjà mes appels. Je n'ai pas appelé Jeremy ! Ouf !

_ Ce n'est pas ton téléphone qu'il faut que tu regardes, mais ton canapé, ma grande !

Je me lève de mon lit avec la tête en chantier. Littéralement. On dirait que je suis un mix entre moi et Casper ! Je suis blanche comme un cachet d'aspirine. Maggie m'aide à marcher, vu que je titube encore un peu. T'as encore des grammes ! Tu y es allée fort ! « On », s'il-te-plaît ! Tu fais partie de moi, je te signale. Je débarque dans le salon, tout est nickel. Sauf, le canapé. A vrai dire, ce n'est même plus un canapé. C'est un champ de bataille ! La septième cavalerie est passée dessus ! Je vous fais un topo. Brulure de cigarettes, tâches de vin et de ketchup. Oui, quand je bois, j'ai faim aussi ! Ce n'est pas un crime ! Et surtout, un trou béant en plein milieu du canapé.

_ Comment j'ai fait ça, moi ?

_ Aucune idée. Chose est sûre, c'est que t'as besoin d'un nouveau canapé !

_ J'irai au magasin de déco, cet après-midi. J'ai besoin de boire, là.

_ Quoi ?!, me demande Maggie, choquée.

_ De l'eau, Maggie ! De l'eau !

_ Ah, bon !

L'après-midi, on m'avait déjà débarrassé du canapé. Je me demande toujours comment ils ont fait pour l'ascenseur. Enfin, je n'étais pas là, c'est Kyle et Maggie qui s'en sont occupées pendant que je me douchais. Des anges, ces filles-là, je vous le dit ! Bref, une chose est certaine, plus jamais je ne bois SEULE !

_ C'est bon, t'es prête ?, me demande Maggie.

_ Oui, dis-je en sortant de la salle de bain. Je vais au magasin de déco. Je te dépose chez toi ?

_ Oui !, me répond Maggie.

_ Ce soir, ce sera pâtes à la Carbonara, Kate, me prévient Kyle.

_ Parfait, Kyle. A plus tard !

J'adore les magasins de décoration. Juste pour tous les petits trucs insignifiants qui nous plaisent, qu'on voudrait bien acheter mais qui ne vont pas du tout avec notre appartement. Pourtant, mon appartement est d'un blanc stupide. C'est vide.

Alors, je vais dans mon rayon préféré : les tableaux. Pour l'entrée, j'en ai pris un grand avec un fond blanc et un bulldog fait avec plusieurs couleurs. Il ira bien au-dessus de la desserte. Dans mon bureau, je n'ai pas de place. Tout est pris par les CDs et les bouquins bien sûr. Dans le couloir menant au salon, j'en ai pris trois petits, afin de les mettre en ligne. Ils me font penser à ceux de Masaya, représentant différentes villes. Je les ai vus dans une galerie d'art cachée en plein milieu des Champs Elysées. Qu'est-ce que j'aimais cette galerie. Pour le salon, je me suis faite plaisir. Au-dessus de la fausse cheminée et de ma chaîne hi-fi, j'en ai choisi un peu plus petit que celui du bulldog. Il représente un bateau, attaché à un pic sur une plage, faisant face à la Méditerranée. Magnifique. Puis, en face de ce mur, j'en ai pris un qui fait la taille de mur entier, en longueur, représentant le pont de Brooklyn à New York. J'ai beau ne pas aimer ma famille, je ne déteste pas ma ville natale pour autant ! Pour la cuisine, j'en ai pris quatre tous petits, représentant des aliments comme des poivrons ou des tomates. Pour la salle de bain, rien. L'intérêt ? Aucun ! Pour ma chambre, j'en ai choisi un que j'ai mis un en face de mon lit. C'est un tableau de paris. A vrai dire, c'est une affiche de Paris. La nuit, une femme des années folles, sortant d'une vieille voiture noire. Sûre d'elle et indépendante. J'en suis tombée amoureuse. Pour le dressing, rien. Le blanc rajoute de la lumière, avec les spots et les miroirs. Quand on se prépare à l'intérieur, c'est mieux.

Puis, je suis passé aux canapés. Etant donné que j'ai une table basse blanche, je veux faire contraste avec le canapé. Mon ancien était en cuir blanc. Je vais le prendre en cuir noir, dans ce cas. Je n'arrive pas à me décider. C'est compliqué, les magasins, hein ? D'autant plus si on vient vous déranger !

_ Katherine ?, s'écrie une voix derrière moi.

_ Tiens, salut !, dis-je faussement.

Vous l'avez deviné, c'est Eleanor ! TATADADAAAAA! Jackpot! Dring! Dring! Dring!

_ Comment vas-tu ?, me demande-t-elle avec un sourire Colgate.

Connasse !

_ Bien et toi ?

_ On ne peut mieux. Que fais-tu ici ?

Un tennis, ça ne se voit pas ?

_ Je me rachète un canapé. Tu fais des achats pour ton appartement ?

_ Oh non ! Des achats pour la maison de Jeremy !

Tiens donc !

_ Ah bon ?

_ Oui ! La décoration ne me plait pas, alors, du coup, je vais changer du tout au tout !, dit-elle en riant.

Sacré de bordel de merde ! Faut que j'arrête avec cette expression, bordel de... Ok ! Stop !

_ Il est au courant que tu refais la décoration ?

_ Non, bien sûr que non ! Je lui fais une surprise ! Il est parti au Canada pour une semaine. Il revient Mardi prochain, du coup, je lui fais ça, comme ça, il sera content quand il sera rentré.

Cela m'étonnerait, ma chère ! J'ai fait sa décoration, je sais ce qu'il aime, quand même, dit ! Cela fait deux ans ! Ah oui, c'est vrai !

_ Bien ! J'espère que ça lui plaira, alors !

Cours toujours !

_ Je dois te laisser, j'ai mes achats à régler ! Bye !

_ Bye !, finit-elle avec son sourire Colgate.

Elle utilise quel dentifrice ? Oh, la ferme ! Quoi ? Je peux demander quand même !

Enfin de retour à la maison, tout est mis en place. Je me sens lessivée. Kyle n'est pas rentrée et il n'est que 18h45. Que faire ? La sonnette de la porte s'enclenche. Quelqu'un est en bas. Bordel de... Pardon ! Mais qu'est-ce qu'il fait là ?

_ Que veux-tu ?, demandais-je à mon futur invité.

_ Te voir un instant, faut que je te parle, me rétorque Jeremy.

J'appuie sur le bouton et je déverrouille ma porte pour l'attendre sur le paillasson. Je n'y crois pas. Mais qu'est-ce qu'il fait là ? Il ne devait pas ne pas être là justement ? Le ding de l'ascenseur retentit. Je lève la tête et le vois plus beau que jamais, habillé comme un jeune, pas comme un P-DG.

_ Salut, prononce-t-il en s'introduisant dans le couloir. Comment vas-tu ?

_ Fatiguée. Toi ?

_ On ne peut mieux.

Arrêtez avec cette phrase, par pitié !

_ Entre, l'invitais-je.

_ Merci ! Tu viens de l'acheter ?

_ Oui, dis-je en faisant face au bulldog, comme lui.

_ Il est très bien.

_ Merci beaucoup. J'en ai acheté plusieurs, cet après-midi. Tu veux boire quelque chose ?

_ Un verre de vin, si tu as.

_ Toujours !

Je sors la bouteille et un verre. J'ai déjà donné, hier. Je lui verse son vin et pose le verre sur le comptoir de la cuisine. Je le regarde en refermant la bouteille de vin. On dirait un chat. Il regarde tout, fouille partout. Il n'a pas changé. En rien. Sauf en matière de femme... Comment a-t-il pu la choisir, elle ?

_ Comment se passe le boulot ?, me demande-t-il.

_ A merveille. Cependant, ces jours-ci, je n'ai plus de contrats. Ce sont un peu comme des vacances, riais-je.

_ T'en as de la chance. Merci pour le vin, dit-il en récupérant le verre que je lui ai apporté.

_ Je t'en prie ! Et toi ?

_ Je n'en peux plus. Je travaille comme un chien. Toujours le téléphone sous la main. Je l'utilise plus que mon bureau, à l'immeuble de Remington. C'est dingue. Mais ça va, j'arrive à respirer. Comme en ce moment, prononce-t-il avec un sourire reposé, face au pont de Brooklyn.

_ T'étais pas censé être au Canada ?

Bravo, Kate ! C'est sorti tout seul !

_ Hein ?, dit-il intrigué.

_ Oui, je... Oh merde...

_ Quoi ?

_ Comme tu vois, j'ai un nouveau canapé. Ne me demande pas pourquoi je l'ai changé, je ne le sais même pas moi-même. Mais... J'ai croisé Eleanor au magasin de décoration et elle m'a dit que tu étais au Canada...

_ Oui, c'est vrai, je lui ai dit que j'étais au Canada. Sauf qu'elle fait partie des trucs qui ne me permettent pas de souffler. Elle ne travaille pas, tu comprends ? Du coup, elle s'emmerde et elle m'appelle. Une fois, je l'ai eu cinq fois au téléphone, en un après-midi.

Ne rentre pas chez toi alors, tu risques d'avoir une grosse surprise. Elle avait raison, il va être très surpris. Et elle aussi !

_ Je vois ! Elle n'est pas facile à vivre ?

_ Non... Vu qu'elle est elle-même héritière, elle n'a rien à faire à part aller voir les paparazzis pour se faire prendre en photo. Elle ne veut pas travailler et c'est une horreur avec elle et puis...

_ Tu ne voulais pas respirer un peu, en venant ici ?

_ Oui, s'avoue-t-il vaincu, mais heureux de voir que je le soulage.

_ Bon, alors tu bois ton verre et on arrête de parler d'elle.

_ Mais qu'est-ce qu'elle foutait au magasin de décoration ?, se demande-t-il en s'asseyant sur le canapé.

_ Il ne vaut mieux pas que tu le saches avant de le voir, lui conseillais-je.

_ Tu me fais peur...

_ Elle me fait peur aussi, ne t'en fais pas, riais-je en m'asseyant de l'autre côté du canapé.

Jeremy se prend d'admiration pour ma tête pendant trente secondes. Tellement je suis mal à l'aise face à ça, je baisse les yeux et je rougis comme une tomate ! S'il-te-plaît, arrête !

_ Tu n'as pas changé, Kate. Toujours aussi imprévisible. Tu m'étonneras toujours, toi alors !

_ Que devrais-je dire de toi, moi ? Tu as vu comme tu as... Muri ? Tu as vraiment le visage d'un P-DG. Bon, pas maintenant parce qu'on dirait que tu sors tout juste de la fac mais, dans un costard, tu fais peur.

_ Vraiment ? C'est ce que tu crois ?, rit-il.

_ C'est ce que je ressens, oui !

On rit ensemble un instant, et la question fâcheuse débarque sur le tapis.

_ Tu as réfléchis à ma proposition, Katherine ?

_ Euh... Oui... Enfin... Je ne sais pas... De suite après que tu sois parti, hier, j'ai été au restaurant et...

Il se pince les lèvres, signe qu'il sait que je mens. C'était donc lui, hier, sur le porche ?

_ Et puis, Kyle m'a appelé pour me dire que j'avais un visiteur... C'était mon frère...

Jeremy manque de s'étouffer avec le vin.

_ Pardon ?, s'écriais-t-il.

_ T'as bien entendu. Il est venu pour me dire que mes parents m'avaient rayé de leurs testaments.

_ Sérieux ?

_ Oui. J'étais aussi choqué que toi quand je l'ai vu. Et aussi quand il m'a dit pourquoi il était là. On aurait dit que ça lui faisait plaisir de me faire du mal.

_ C'est dingue, ça. Ils ne manquent pas de culot, ces gens. Comme si tout leur appartenait.

_ A vrai dire, c'est la stricte vérité. Tout leur appartient. Ils sont à Wall Street.

_ Ils n'ont pas mon entreprise, ni la tienne. Ils n'ont pas tout, Kate, me réconfortait-il.

_ Qu'est-ce que tu vas faire alors, pendant une semaine ?

Jeremy pose son verre et se tourne pour être complètement face à moi.

_ Eh bien, je n'en ai aucune idée. Peut-être aller à Los Angeles pour revoir des amis. Toi ?

_ Cette semaine, rien de prévu pour le moment. Enfin, je crois... Ah ! Si ! J'ai un apéro-dinatoire ! Des clients de Sacramento. J'ai travaillé sur leur maison, juste avant de prendre le contrat de la tienne. Leur fils a sa première exposition dans une galerie d'art. J'ai été invitée au vernissage.

_ C'est super ça ! Je pourrai te déposer, c'est sur mon chemin !

_ Oh non, ne t'en fais pas. Je peux y aller seule !

_ Non, ça sera un honneur de t'accompagner, là-bas. Je pourrai même être ton cavalier pour la soirée, ainsi que ton chauffeur.

_ T'es sûr c'est une bonne idée ?

_ Bien sûr, on est amis, maintenant ! N'est-ce-pas ?

Je ne peux m'empêcher de sourire. Même si j'essaie de me battre contre lui, c'est impossible. Je n'y arrive pas.

_ Va pour ami alors !

_ Je suis content que tu acceptes de me reparler. En parlant de maison, je vais organiser une réception dans la mienne. Il y aura du beau monde !

_ Oh... Je pourrai emmener Maggie ?

_ Même le reste de la bande ! Et puis, comme ça, tu chercheras d'autres contrats ! Pour me faire pardonner de la dernière fois. C'est le soir-même où je suis censé rentrer du Canada.

_ Mardi prochain ?

_ Exact !

J'ai hâte d'y être ! Moi aussi, ne t'en fais pas !

_ Je me mêle peut-être de ce qui ne me regarde pas mais... Si j'étais toi, je choisirai un autre endroit que ta maison...

_ Pourquoi ?

_ Juste par précaution ! Tu pourrais la faire ici, ta réception...

_ Mais, c'est pour officialiser mon installation ! Tous les travaux sont finit et les meubles sont installés... Quelle idée de la faire autre part ?

_ Rah la la ! Ecoute, ne t'énerve pas, d'accord ? Pas après moi, en tout cas ! Ce n'est pas de ma faute. Après tout, je ne sais pas ce que tu lui as dit sur moi.

_ A Eleanor ? On n'a pas reparlé de toi depuis le jour de l'an... Elle a fait quoi ?

_ Euh... Tu sais quand je t'ai dit qu'elle était dans un magasin de décoration... Eh bien...

_ Non...

_ Bah... Si ?

Jeremy se lève. Je sens qu'il est énervé. Alors, pour qu'il puisse se défouler, je lui tends un coussin. Il me regarde avec un air dubitatif.

_ C'est pour que tu puisses crier dedans... Je ne veux pas que tu casses quelque chose dans mon appartement. J'ai déjà remplacé un canapé, c'est suffisant.

_ T'es adorable ! Mais je lui en veux, énormément. J'aimais beaucoup comment tu l'avais aménagé. J'avais tout mis comme tu avais dit ! Tellement elle est excentrique, je m'imagine le téléphone en forme de bouche et les chaises couleurs flashy ! Oh mon dieu ! Elle n'est pas chez elle, et elle se permet de faire ça ?

_ Crie dans le coussin, fais-moi plaisir, s'il-te-plaît.

Il s'exécute et me rend le coussin. Puis, il se ressaisit et le plaque contre sa poitrine, me disant qu'il en aurait peut-être besoin pour plus tard, si jamais. Je lui souris et lui caresse l'épaule. Juste à ce moment-là, nos regards se croisent. Et l'électricité passe de nouveau. Il rapproche son visage mais le bruit de la porte d'entrée me fait reculer d'un pas. Kyle venait d'arriver.

_ Kate ? Tu es là ? Je n'ai pas trouvé de lardons, du coup ça sera viande sauce roquefort !

Kyle s'arrête à l'entrée de la pièce en nous voyant, Jeremy et moi, la regardant avec un large sourire.

_ Bonsoir, M. Martins ! Comment allez-vous ?

_ Bien, merci. Et vous, Kyle ?

_ Bien aussi.

Kyle s'avance vers le coin cuisine et commence à s'y agiter. Je me retourne vers elle.

_ Je vais vous laisser, reprend Jeremy.

_ Oh non, restez manger !

Je regarde Kyle et fais les gros yeux. Mais elle joue à quoi ?

_ Jeremy a dit qu'il partait. Et je suis sure il a quelqu'un déjà chez lui pour lui cuisiner un repas.

_ Non, je n'ai personne, proteste-t-il.

_ Pourquoi vous ne prenez pas quelqu'un ?, demande Kyle.

_ Pas envie. Déjà que quand j'étais encore chez mes parents, on en avait beaucoup. Je ne veux pas leur ressembler. Vous deux, c'est différent. Vous avez littéralement élevé Kate quand elle en avait le plus besoin.

_ Pas faux, ai-je renchérit. Qu'aurais-je fais sans ma petite Kyle ?

_ Pas grand-chose, sûrement, rit-elle.

_ J'aurais été à Wall Street !

Nous rions tous les trois à cette idée farfelue. Moi ? A Wall Street ? Même pas en rêve !

_ Je vais faire à manger. Je dois rentrer à la maison, après, me reposer. Les courses m'ont fatiguée, s'excuse Kyle.

_ Rentre maintenant, je vais me faire à manger, seule !, lui dis-je.

_ Non, c'est bon !

_ Kyle, écoutez Katherine. Rentrez chez vous vous reposer.

J'ai raccompagné Kyle jusqu'à la porte, en lui répétant bien de m'envoyer un sms quand elle sera chez elle. Je l'embrasse et je rejoins Jeremy dans le coin cuisine.

_ Kyle est vraiment quelqu'un de bien.

_ Je sais, Jer. J'ai beaucoup de chance de l'avoir.

Jeremy se stoppe net et lève la tête vers moi. Oh mince...

_ Cela faisait longtemps qu'on ne m'avait pas appelé comme ça...

Il a un regard glacial... Je n'aurais jamais dû l'appeler comme ça. Quand je l'appelais comme ça, il s'énervait. Il n'aime pas ce surnom. Oh mince... Oh mince... Oh mince...

_ Ça m'avait manqué..., avoue-t-il, souriant.

_ T'es sérieux ?, dis-je interloquée.

_ Oui, je te jure...

Mes yeux ne quittent pas les siens pendant trois secondes. Je ne tiens plus, je baisse les yeux et commence à préparer mon repas. Avec un petit sourire au coin de la bouche. Comme on se retrouve ! Oh tais-toi, toi ! N'empêche, je pourrai dire tout ce que je veux, mais j'étais bien avec lui. Avant qu'il ne commence à être possessif.

FLASHBACK

Aujourd'hui est un grand jour pour moi. Je dois me décider si je pars en France, ou pas. Je suis avec Kyle, dans ma chambre sur mon ordinateur portable, sur la page des inscriptions.

_ Je dois le faire, tu crois ?

_ Katherine, c'est la meilleure chose qu'il puisse t'arriver. Je n'ai jamais pu partir, pour mes études. J'aurais aimé. Alors fais-le à ma place. Tu seras mes yeux.

Je sers Kyle dans mes bras et me retourne sur le clavier. Je commence à taper mon nom et mon prénom. Ça y est, c'est parti !

Une heure plus tard, j'appelle mes "parents" enfin si c'est bien comme ça que je dois les appeler.

_ Qu'est-ce qu'il y a encore, Katherine? Tu nous fais perdre notre temps, répond mon père.

_ Ça va être très court. Je pars en France pour faire mes études.

_ Comment ça ? Des études de quoi ?, rigole ma mère.

_ Des études de Design. J'ai déjà envoyé ma candidature. Je devrais recevoir la réponse d'ici deux semaines.

_ Et avec quel argent, tu comptes partir ?

_ Mes sous du travail à mi-temps que j'ai fait pendant quatre ans.

_ Toi? Des études? En France? Laisse-nous rire!

_ On verra bien qui rira le dernier.

Mes parents nous laissent seules. Je regarde Kyle et nous soupirons. Ça va être long.

Deux semaines plus tard, je reçois un mail. Je découvre que je suis admissible dans l'école de Design. Je crie le prénom de Kyle et l'accueille avec un sourire tellement grand que j'en ai mal aux joues. Oh mon dieu ! On part en France!

_ Tu y vas ?

_ Oui, je suis admissible aux concours ! Ce n'est pas génial ?

_ Oh oui ! Oh mon dieu, que je suis fière de toi, ma chérie!, s'écrie-t-elle en me prenant dans ses bras.

J'ai mon rendez-vous à l'école la semaine prochaine. Il faut que je commence à préparer mes affaires et mes dessins.

La première épreuve que j'ai à faire est une épreuve de créativité. Nous recevons trois syllabes et nous devons créer un concept, un événement ou un produit, avec ça. J'ai "Nin", "Los" et "Vroum". C'est quoi ce truc? Aucune idée, mais on doit l'inventer ! Je combine donc Los et Nin, et la consonance me fait penser à Chopin. Bizarre! Je sais ! Après tout, pour réussir dans ce genre d'endroit, il faut être un peu dingue, non ? Vroum signifie la voiture, bien entendu. Alors je décide de faire une voiture qui peut jouer de la musique pour les enfants. Un port USB serait installé pour mettre une clé, sur laquelle les parents mettraient les chansons qu'ils veulent pour leurs enfants. C'est amusant et ludique! C'est parfait! Si jamais, je la peaufinerai plus tard.

Ensuite, je passe un entretien en Espagnol. Il s'est bien passé.

Pour finir, mon entretien de motivation. Je leur montre ce que j'ai fait jusqu'à maintenant. Puis la directrice me pose une question un peu déstabilisante.

_ Si vous pouviez nous assimiler à un objet, lequel serait-il?

Je l'assimile à bol d'air frais. Son voisin de droite à une montre à gousset, tellement il est raffiné. Son voisin de gosse, à une brosse à dents, vu sa coupe de cheveux.

_ Alors? Tu as la réponse?, me demande Kyle.

_ Non, pas encore. Je vérifie le site à chaque minute.

_ Tu vas être admise, c'est sûr! Tu es très douée, ils ne peuvent que t'adorer!

_ Si tu le dis.

_ J'ai une mauvaise nouvelle, cependant.

_ Laquelle ?

_ Si jamais tu pars en France, je ne pourrai pas t'accompagner. Tes parents veulent que je reste ici, avec eux, pour m'occuper de ton frère.

_ Quoi? Mais Max te déteste! Je ne veux pas que tu restes seule ici, ils sont méchants!

_ Je ne pourrai pas t'accompagner, en France. Mais quand tu reviendras, je serai là. Je t'attendrai, sagement, ici.

_ Je te promets que dès que je remets le pied à New York, à la fin de mes études, je t'emmène avec moi. Et ça, ils ne pourront rien y faire.

_ Merci ma chérie! Tu vas tellement me manquer!

Je sers Kyle très fort contre moi. Tu vas nous manquer aussi, Kyle.

Voilà, cela fait cinq ans que je suis partie de New York. Et c'est la première fois que je remets le pied ici, depuis ce moment-là.

_ Tu es sûre, ça va aller?, me demande Maggie au téléphone.

_ Oui, ça va aller. Ne t'en fais pas. Je t'appelle dès que c'est fait.

_ Ok, bisous.

Je raccroche et range mon téléphone dans ma poche. Je souffle un bon coup et je frappe sur la porte de la maison de mes parents. Ingrid m'ouvre.

_ Bonjour, mademoiselle Katherine. Ça me fait plaisir de vous revoir.

_ Moi aussi, Ingrid. Est-ce que Kyle est là ?

_ Oui, bien sûr. Elle est dans le salon, avec votre père.

_ Merci.

Je pénètre l'entrée et une sensation de dégoût m'envahie. (Vite, qu'on s'en aille d'ici!) Je récupère Kyle, nos affaires et on se barre!

_ Kyle ?, m'écriais-je.

J'entends quelqu'un courir vers l'entrée et je la vois, les yeux à peine mouillés. Elle me fonce dessus et me serre contre elle. Je rigole et l'enlace à ma tour.

_ Merci seigneur, t'es revenue!

_ Je suis revenue te chercher, oui. Tu veux toujours me suivre ?

_ Oui, je veux bien !, me dit-elle en me serrant dans ses bras.

_ Va prendre tes affaires, je t'emmène loin d'ici. Un déménageur nous attend devant. Je vais voir mon père.

_ D'accord.

Kyle se précipite à l'étage et je me dirige la tête haute au salon. Mon père, assis sur son canapé en cuir, lit le journal.

_ Je pars avec Kyle. Vous n'entendrez plus parler de nous. On récupère nos affaires, mes instruments et nous partons de New York.

Mon père lève les yeux vers moi, au-dessus de ses lunettes toutes rondes qu'il n'utilise que pour le New York Times. Oui, il a une paire pour chaque chose! Il rabaisse la tête vers son article. Bien!

_ Tu comptes aller où, avec la négresse?

_ Cela ne vous regarde pas. Et ce n'est pas une négresse. Elle est plus ma mère que la femme qui te sert d'épouse.

Mon père ne bronche pas. Je repars vers l'entrée et j'appelle les déménageurs à venir de la main. Trois hommes débarquent dans la salle avoisinant le salon.

_ Le piano, la guitare et le tabouret. Ensuite, je vous emmènerai à l'étage pour récupérer des bibelots.

_ Bien madame.

Max débarque dans la pièce.

_ Tu fous quoi, là ?

_ Je déménage, avec Kyle. On vous laisse en famille.

_ Tu ne dois pas prendre le piano! C'est le piano de grand-mère!

_ Sur son testament, il est à moi! Alors, tu permets?

Max grogne et va voir son père. Il pleurniche comme une fillette. Je souris et laisse les déménageurs s'occuper de mes instruments. Je cours à l'étage et retrouve Kyle, le sourire aux lèvres, en train d'empaqueter tous ses vêtements et ses produits. Elle me sourit quand elle me voit. Je le lui rends.

_ Dépêche-toi, je veux vite partir!

_ T'en fais-pas, je fais du mieux que je peux!

Je rigole et me dirige vers ma chambre. Je prends les deux valises sous mon lit et mets tous mes vêtements à l'intérieur, ainsi que mes chaussures. J'ouvre ensuite la deuxième et, pile à ce moment-là, les déménageurs viennent m'aider. Ils sont rapides, eux!

_ Les CD et les bouquins, dis-je catégorique.

_ Tous?

_ Oui, tous.

Ça en fait un paquet mais je m'en fiche. J'emporte ma vie avec moi. Contents ou pas!

En deux heures, nous avons tout mis dans le camion. Un seul déménageur va nous accompagner pour le voyage jusqu'à notre nouvelle destination, encore inconnue. Mais j'ai ma petite idée!

Nous sommes à côté du camion, Kyle et moi, quand ma mère arrive enfin.

_ C'est quoi, tout ça?

_ On part, lui répond Kyle. Et sans vous! Restez dans votre New York chéri. Nous, on prend notre envol! Ciao!

Ma mère ouvre la bouche, tandis que Kyle et moi montons dans le camion. Ça, c'est fait! Le chauffeur démarre et nous partons enfin de cette prison. Enfin! Il était temps!

_ Alors, où allons-nous, mesdames?, nous demande le chauffeur.

_ Aucune idée! Du moment que je suis bien avec ma petite protégée, il n'y a aucun problème!, s'exclame Kyle.

_ Nous allons à Seattle, monsieur.

_ Une adresse exacte ?

_ 1000 première avenue, 601, Seattle WA, 98 121.

_ C'est parti!

Et nous voilà, en route pour notre appartement. Kyle me regarde avec un air incrédule.

_ Tu auras la surprise directement là-bas!

Kyle me sourit et met la musique. Son sourire s'amplifie et le mien aussi. Reflections de MisterWives résonne dans l'habitacle du camion. Et nous rions en voyant que Kyle danse n'importe comment. Elle rigole elle-même. Ça me fait plaisir de la voir comme ça.

Nous avons passé un certain temps sur la route. Et je vois bien que plus on avance vers Seattle, plus Kyle est impatiente. Parce qu'elle avait hâte, mais aussi parce que le chauffeur en pinçait pour elle. Mais elle ne l'aimait pas vraiment. Ça me fait rire! La pauvre!

Maggie nous reçoit chez elle juste en arrivant à Seattle. Je donne l'adresse de notre appartement aux déménageurs qui vont s'occuper de tout monter, pendant que Kyle sera chez Maggie, à Pike Place.

Quatre heures plus tard, nous avons tous monté et nos vêtements sont rangés dans nos dressings. Le piano est installé, ainsi que la guitare. Je suis dans mon nouveau bureau, en train de ranger les livres et les CDs. Il reste encore de la place, faudra que j'en achète pour combler le mur.

J'appelle ensuite Maggie pour la prévenir que tout est prêt.

Un seul mot. Kyle était é-blou-ie!

Et j'en étais très contente.

FIN FLASHBACK

__________________________

Bonsoir à tous!

Alors j'espère que vous allez bien!

Ce soir, un nouveau chapitre. Et ce sera le dernier de l'offre spéciale de ce weekend (vu que je n'ai rien publié hier). A partir de maintenant, nous allons revenir au tarif des étoiles et des commentaires. Cependant, je vais faire un petit changement. Maintenant, je vais publier en fonction des LECTURES! Et ça ne va pas être de la tarte!

SI ON DEPASSE LES 1 500 LECTURES SUR L'HISTOIRE ENTIERE, JE PUBLIE LE PROCHAIN CHAPITRE ! :D Alors, à vous de jouer!

Bisous,

Joëlle SADOK-QUILICHINI.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top