- Le jour que l'on attend -

(Nouvelle sur la série Umbrella Academy)

Il ne regretta le fait d'avoir ouvert cette fichue mallette qu'au moment où ses pieds -ou plutôt, ses fesses- eurent touché le sol.
C'est plus que surpris que le brun inspecta rapidement le lieu dans lequel il se trouvait.
Des hommes... Non, des soldats en vue de leurs vêtements, presque tous endormis sur des lits en toile, sous une tente fait du même tissus kaki. Avec son long manteau noir à peluche, sa serviette blanche autour des hanches et ses chaussons aux pieds, il faisait vraiment tâche sur le tableau.
Sa soudaine apparition sous la tente avait arraché du sommeil l'un des hommes. La chaleur humide et étouffante, obligeait la majeure partie à dormir à moitié dénudé. Ce qui laissa apparaître la chaîne qu'il portait autour du cou. Confirmant bel et bien la profession de tous.
L'homme dévisagea un instant le bouclé, se demandant très sérieusement s'il ne l'avait vu, ne serait-ce qu'une seule fois. Il était pourtant facilement repérable avec sa tenue des plus étrange. Le brun paraissait presque aussi surpris que lui. Le voyage dans le temps avait vraiment quelque chose de particulier. Car c'était presque certain, à moins d'avoir voyagé dans un autre pays, il avait fait un bond dans le temps.
Soudainement, un premier coup de canon, semblant venir des tréfonds de la terre, fit trembler tout autour d'eux. Les hommes se levèrent presque tous au même moment, quand un second coup fut envoyé, laissant le brun encore incertain sur ce qu'il devait faire.
C'est seulement quand un homme, semblant être le supérieur, leur ordonna de s'habiller pour partir, qu'il sortit enfin de ses pensées. Sa voix semblait faire trembler le sol autant que les coups de feu.
─ On se bouge mesdemoiselles ! Recrue ! Habille toi !
Il n'eut même pas le temps de s'expliquer sur le fait qu'il ne savait pas se battre. Et encore moins qu'il devait rentrer au plus vite chez lui, pour éviter la fin du monde.
─ Chaz ! File lui un pantalon ! Me regarde pas comme ça et habille toi ! Aboya le plus gradé en sortant.
Le dénommé lui tendit un treillis et il s'exécuta sans sourciller. Il s'agissait du premier homme qu'il venait de rencontrer ici. Dans le feu de l'action, il retira son manteau et la serviette pour les remplacer par l'uniforme. Sans être gêné une seule seconde. L'instinct de survie semblait bien primé sur tout le reste dans de tels moments. Il sortit dernier, derrière toute la division.
Vêtu d'une combinaison bien trop grande pour lui, il n'avait absolument pas la carrure d'un soldat. Ce qu'eux nombreux remarquèrent, notamment le supérieur.
─ Gamin ! La guerre va pas t'attendre ! Bouge ton cul ou s'est moi qui m'occupe de ton cas !
Sans qu'il ne puisse y faire quoi que ce soit, l'homme lui donna une arme qu'il rattrapa tant bien que mal.
Personne ne lui avait dit, qu'un jour, il devrait se battre dans une armée.
Lui qui avait déjà bien du mal lors des missions avec ses frères et sœurs, il
se sentait presque inutile. Son pouvoir n'ayant jamais réellement été utile lors de combat.
Alors quoi de mieux que se battre pour son pays, pour prouver qu'il était loin d'être un incapable.
C'est armé d'un fusil et de sa plus grande détermination que Klaus se lança au combat.

▪~▪~◇~▪~▪


Depuis quelques jours il était rapidement passé de petit soldat encore tout jeune, à soldat quelque peu aguerris, sans pour autant se confondre dans la masse de la division. Car son "don" n'avait quant à lui, pas disparue avec le voyage dans le temps. Et sans drogue cela devenait un peu compliqué de les tenir à l'écart.
Alors, quand il était seul, il parlait avec certains soldats pour leur demander des conseils. Ce qui s'avéra plutôt utile en vérité.
Assis dans un des nombreux bus réquisitionner par l'armée, il tenait fermement son fusil droit, le canon vers le plafond en métal.
─ On est plutôt loin de chez nous.
Klaus ne remarqua qu'un peu après qu'un soldat s'était assis derrière. Il lui afficha un large sourire.
─ Ouais et pas qu'un peu.
Une image furtive de sa famille lui traversa l'esprit avant de disparaître aussitôt.
─ Je m'appelle Dave.
─ Klaus.
Les deux hommes se serrèrent les mains pour se saluer, puis Dave se rapprocha un peu plus de lui en chuchotant. Klaus resserrant immédiatement la valise à ses pieds.
─ C'est pas banal comme prénom... Tu viens d'où ?
─ Hum... De très loin. Vraiment loin. Vraiment trop loin en fait.
─ C'est-à-dire ?
─ C'est un peu compliqué à expliquer.
─ J'ai tout mon temps. En plus, on est en permission. Donc, tout à l'heure, on sort en ville. Et donc, aucune excuse pour ne rien dire.
─ Bon d'accord... Je m'avoue vaincu.
Yes !
─ Quoi ?
─ C'est un peu triste de se bourrer la gueule tout seul...
Klaus ne put s'empêcher de sourire et de penser que finalement, il arriverait peut-être à tenir les fantômes à l'écart un certains temps.
Mais Klaus et Dave ne s'étaient bourrés pas qu'une seule fois. Il fallait bien décompresser de cette tension qui régnait sur le champ de bataille. Et quoi de mieux que de boire de l'alcool fort et de danser, pour la faire disparaître.
Alors dès qu'il en avait la permission, les deux hommes se rendaient au bar et ils buvaient. Ils buvaient jusqu'à en avoir mal à la tête. Parfois avec les autres soldats.
Mais majoritairement seuls.
Leur rapprochement n'avait pas tardé à se faire voir. Mais pour le moment, ils semblaient proches comme deux très bons amis. Même si au moment de danser, ils préféraient le faire ensemble ou se mettre à l'écart pour parler.
Dave avait peut-être un peu trop bu ce jour-là par rapport aux autres, mais son esprit semblait moins embrouillé que d'ordinaire.
─ Dave ?
Pas de réponse. Klaus se rapprocha de lui, un verre à moitié vide dans la main.
─ Ça va ?
Dave ne dit rien et reposa sa tête sur son épaule.
Il releva la tête vers lui et posa sa main sur la nuque de son ami.
─ Dave ? T'es sûr que ça va ?
─ Je crois que tu parles trop... J'ai mal au crâne...
─ Vu ce qu'on a pris à deux, ça m'étonne pas. Tu le sais en plus que tu tiens pas vraiment l'alcool mon chou...
─ J'ai envie de t'embrasser...
─ Quoi ?
Dave se pencha un peu plus vers lui et déposa ses lèvres contre les siennes.
Ce qui fut un simple effleurement au départ, se fit plus profond, jusqu'à ce que Klaus y réponde.
Ils n'en avaient rien à faire si les gens pouvaient bien les voir, les deux hommes se sentaient bien, un peu à l'écart des autres derrière le rideau en perles. Dave se détacha finalement de lui, avec un sourire comblé sur le visage.
─ Tu te sens bien ?
─ Oui... Super bien.
─ Tu sais quoi ? Moi aussi...
Alors, finalement, les deux hommes décidèrent de s'aimer encore un peu plus tous les jours. De s'embrasser dès qu'ils le pouvaient et de faire l'amour dès qu'ils trouvaient le lieu adéquat.

▪~▪~◇~▪~▪

Avant d'ouvrir la mallette, il aurait souhaité y trouver de l'argent ou des diamants. Et ça pouvait paraître cliché, mais il avait trouvé quelqu'un de plus précieux que n'importe quel caillou brillant à l'intérieur.
Ses yeux bleus qui l'observaient aussi amoureusement que lui pouvait l'être, ses légères boucles blondes un peu foncées et son sourire.
Klaus était réellement tombé amoureux. Alors il profiterait de chaque minutespassé avec lui jusqu'à ce qu'il ne doive rentrer. De toute manière, la fin du monde n'arriverait pas avant plus de quarante ans. Alors autant en profité.
Klaus tourna le visage vers lui et Dave entrouvrit les yeux en affichant toujours son sourire.
─ À quoi tu penses ?
─ À tout je crois. Nous deux et... Surtout hier soir.
─ Et tu regrettes ?
─ Jamais de la vie ! J'ai même pas de mots pour tout décrire !
Il passa le bout de ses doigts sur sa barbe naissante, puis Dave les prit dans sa main avant de l'embrasser tendrement.
─ C'était... Comment ?
─ C'était bien. Même génial ! Plus que ça ! Je crois que j'ai jamais autant pris mon pied de ma vie !
Et plutôt que de faire une remarque, Dave éclata de rire.
─ Si t'existais pas, il faudrait t'inventer.
─ Je te le fais pas dire !
Le blond se pencha un peu plus près de lui avant de grimper littéralement sur lui, complètement nu, dû à leur activité de la veille.
─ Tu devrais t'habiller Klaus...
─ Je pourrais dire la même chose de toi, Dave.
─ Je suis bien ici. Avec toi. Dans cette tenue...
─ Bah moi aussi figure toi !
Pour confirmer ses dires, le brun passa ses bras derrière sa nuque et déposa de nombreux baisers sur sa peau, le faisant frissonner. Dave se redressa un peu plus sur ses avant-bras et prit ses hanches pour le baisser un peu plus, se plaça entre ses jambes, lui arrachant un gémissement.
─ Déjà près à refaire un tour ? Jamais de répit pour moi on dirait !
─ Jamais.
─ Jamais ?
─ Jamais...
─ Si je redis jamais, tu vas faire quoi ?
Dave éclata de rire et Klaus se pencha un peu plus vers lui, tombant une nouvelle fois dans ses bras.

▪~▪~◇~▪~▪

La bataille faisait rage, les balles fusaient des deux camps, mais les deux hommes se tenaient côte à côte, prêt à défendre leurs vies pour survivre.
─ Oh ! Elle est pas passé loin celle-là !
Il jeta un regard vers Dave, qui avait le front posé sur les sacs de sables devant lui. Il ne bougeait plus.
─ Dave ? Dave !
Klaus le retourna sur le dos et l'éloigna un peu du muret.
Dave avait un trou au beau milieu de la poitrine. Il se vidait peu à peu de son sang. Chaque goutte le rapprochant un peu plus de la mort.
─ Non, non, non... Infirmier !
Il s'époumonait à appeler quelqu'un alors que l'autre homme s'épuisait à chaque respiration.
─ Restes avec moi... Infirmier !
Il lui prit la main serrant ses doigts entre les siens.
Il avait beau parler avec les morts depuis toujours, voir quelqu'un et le sentir mourir entre ses bras était plus qu'horrible.
─ Me fais pas ça... Dave...
Surtout si cette personne comptait plus que tout pour vous.
Il tapota son visage espérant le maintenir conscient, ses mains pressant sa plaie pour essayer de réduire l'afflux de sang.
─ Accroche toi je t'en prie...
Il le souleva légèrement, le serrant comme il le pouvait entre ses bras. Il n'allait pas le lâcher. Jamais.
─ Non, non, non, non... Dave... Me laisse pas... T'as pas le droit...

▪~▪~◇~▪~▪

Assis sur le lit de fortune, il observa la mallette à ses pieds. Il avait juste à l'ouvrir pour retourner là d'où il venait. Klaus regrettait désormais de ne pas l'avoir fait tout de suite après être arrivé. Il venait de le perdre.
Dave venait de mourir dans ses bras, sans qu'il ne puisse même lui dire à quel point il l'aimait.
Il prit la petite valise en cuire sur ses genoux et l'ouvrit doucement, de la même manière que la première fois.
Une lumière bleue et un léger tremblement se firent ressentir et il était de nouveau à son époque, dans le bus.
Vêtu de sa veste aux manches déchirées, son tatouage sur l'épaule et les mains couvertes de sang, de son sang, serraient encore la mallette contre son torse, comme s'il pouvait encore le sentir. Ses yeux rougis par les larmes, fixaient un point invisible, plongé dans la vie qu'il venait d'avoir.
Car l'année qu'il venait de vivre ressemblait à une existence entière.
Une existence qu'il ne lui appartenait plus.
Quand le bus s'arrêta enfin, le brun sorti immédiatement et poussa un hurlement en frappant la mallette contre un banc en métal. Il frappait encore et encore, comme s'il lui en voulait de l'avoir fait souffrir bien plus que son père et les deux psychopathes réunis.
Il lança la valise aussi loin qu'il le pouvait, la faisant exploser contre les pavés de la rue. Le brun tituba jusqu'à elle, marmonnant des choses incompréhensibles, avant de s'effondrer en pleurs contre les cendres de la valise.
Klaus n'avait jamais autant pleurer, hurler et trembler de tristesse.
Le temps était vraiment la pire des ordures.

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