Dans l'ombre de nos âmes

La première fois que j'ai vu Saul, je me suis senti proche de lui. Lui, ne se laissait pas approcher. Comme une protection autour de son coeur. Il ne voulait pas aimer. Il refusait ce sentiment pour des raisons que j'allais connaitre par la suite. Celles qui m'ont pousser à l'aimer bien plus fort.

Quand Saul laissait les gens graviter autour de lui, il les aimait tout de suite trop vite et trop fort. Ça bousillait toujours tout. Ces amitiés trop puissantes qui amenaient à une jalousie abusive. Quand il aimait, il aimait vraiment.

Mais l'amour c'était autre chose.
Sa famille l'aimait et il aimait sa famille. Ses deux soeurs, l'une qui se sentait plus garçon que fille, et l'autre, trop jeune pour supporter les déboires et les souhaits de la cadette. Ses parents faisaient ce qu'ils pouvaient et personne ne voyait le mal qui commençait à le ronger. Il disait que tout allait bien, souriait et aidait à la maison.
Alors que tout ce qu'il faisait, était de pleurer sous sa couette ou de se faire du mal sous la douche.
Il espérait oublier les souvenirs qui entravaient son âme et brisait son avenir. Quelqu'un l'avait détruit au plus profond de sa chair et il n'avait rien dit.

Alors Saul souffrait et personne ne voyait rien. Il ne voulait pas que les autres apprennent la vérité.

Un jour, il décida de partir. Il voulait oublier.
Et c'est chez moi qu'il a toqué. Un ami du lycée qui ne connaissait presque rien de sa vraie vie. Cela faisait des années que je ne l'avais pas vu. Trois ans pour être exact.
Il me souriait. Peut-être pas sincèrement, mais je crois qu'il était heureux de me voir. Moi en tout cas, j'étais heureux.

On avait vécu des choses folles au lycée et à l'internat. Les goûters au foyer, les parties de baskets, les soirées interminables à regarder des animés sous ma couette. Nos délires un peu étranges ou les moments spéciaux qui mettaient à mal notre définition de l'amitié.

Trois ans n'ont pas suffit pour que j'en oublie la sensation de ses bras autour de moi. Ni l'envie de tout connaître et de tout avoir de lui.

— J'ai besoin d'aide Mikka...

Il a pris ma main. Je l'ai fait entrer chez moi. Nous nous sommes embrassés.

Je l'ai aimé trop vite, trop fort. Mon coeur allait exploser en sachant les sentiments qu'il avait. Pour moi et pour les autres. Un trop plein qui le dévorait.

Il m'a pris dans ses bras. Je l'ai amené dans ma chambre.
Nous n'avons pas fait l'amour.
On se le refusait.
Saul voulait me partager sa raison.

— Je retiens tout en moi. Je n'explose pas toujours. Mais quand je le fais, je blesse des gens. Je les éloigne de moi et je souffre d'être seul. C'est comme un cercle vicieux. Une relation commence et j'y mets fin avant de trop m'attacher.

— Alors pourquoi moi ?

— Quand quelque chose n'allait pas, je pensais à toi, me demandant si toi aussi, tu pensais à moi.

— Oui. Souvent.

Un sourire, une caresse, un baiser pour apaiser.

— Je souffre d'avoir peur d'aimer, Mikka. Je voudrais aimer à en avoir mal. Je voudrais ce que les autres ont. Cet amour inconditionnel. À un moment, j'ai cru l'avoir. Mais je l'ai chassé. Encore. Parce que je n'ose pas aimer. Je pense à l'impression des autres. Alors qu'il ne devait y avoir que moi. Que lui. Et puis... Je ne me laisse pas toucher de trop. Comme quelque chose qui, à chaque fois, entrave mon âme et mon coeur. Cette peur de souffrir entre les bras de quelqu'un...

C'était évident. Comme le fait de savoir me retenir quand il se tendait entre nos bras, alors que j'aurais aimer le caresser et adorer tout son corps.

— Ça me détruit... Comme des coups de crayon noir sur mon âme. On ne voit plus rien. On distingue a peine les formes...

— Pourquoi on t'a fait souffrir à ce point ?

— Je n'étais qu'une simple besogne à passer. Un cap à franchir. Je me pensais amoureux, mais ce n'était pas le cas...

— Jamais je ne te ferais une chose pareille. Je te le promets. J'attendrais. Je saurais être patient Saul. Pour toi. Parce que je t'aime. Et c'est dit avec des mots sincères. Pas dit vulgairement pour faire taire tes craintes.

L'amour nous a attrapé. Avec encore plus de force. Nous nous sommes de nouveau embrassés et j'ai pu découvrir les parts de lui qu'il me cachait.
Corps et âme.
Chaque odeur, chaque son, chaque sensation me ramenaient entre ses cuisses.

— Mikka...

J'avais envie de lui faire mal, juste pour qu'il comprenne à quel point je souffrais aussi. Pour qu'il partage ma douleur. Qu'il voit à quel point mon coeur s'effritait sous ses doigts aventureux. Mais jamais je n'aurais pu lui faire subir la moindre blessure. Ça m'aurait tuer.

— Saul...

— Mikka, je...

Silence après avoir toucher les étoiles.
Il a ensuite emmêlé nos âmes. Aimer trop vite et trop fort.

J'étais tomber amoureux cette nuit-là, lui, il avait déjà sombrer.
J'avais espéré lui rendre une part de ce qu'il lui avait été arraché.
Mais Saul avait déjà disparu entre mes bras. Il n'était plus rien.

Il n'était plus chez moi le lendemain. Pas un mot, ni un message. Pas de nouvelle.

Un jour passa. Puis deux. Puis trois.
Et un message.

Le corps de Saul avait été trop petit pour tout retenir de l'explosion de son cœur.
Il avait détruit son âme avec une chute. Celle dont on ne peut pas se relever.

J'ai pleurer de l'avoir aimer si vite et si fort une simple et unique nuit.

Saul, une ombre qui entourera à jamais mon âme.

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