22h57 (3/3)

Yoan rouvrit les yeux. Il se rendit compte qu'il n'avait pas embrasser un garçon, mais sa petite-ami et qu'il avait désiré le contraire. Le garçon s'excusa, elle qui ne comprit pas sa réaction et il retourna sur le balcon. Les poings serrés sur le muret, il cracha un juron.
Ses envies et ses pensées rationnelles s'entrechoquaient. Il aimait les filles et les belles courbes, pas les jolies formes masculines et les garçons aux cheveux colorés. Il n'avait rien contre les personnes qui les appréciaient, mais ça ne pouvait pas être son cas et ça ne le deviendrait jamais. Il se l'interdisait.

-- Ça va ?

Yoan releva les yeux vers lui et jura plus fort. L'objet de ses désirs les plus insensés se trouvait à quelques mètres de lui. Éclairé par la lumière de l'intérieure, il le trouvait plus beau que n'importe qu'elle fille qu'il avait vu jusque là.

-- Non, ça va pas. Et c'est ta faute.

-- Qu'est-ce que j'ai fais ?

Il ne pouvait pas lui dire ce qu'il avait imaginé, il passerait pour un arriéré. Naïm avait embrassé un garçon et il avait voulu se trouvé à sa place. Pouvoir goûter ses lèvres, glisser ses doigts dans ses cheveux, pincer ses fesses et l'entendre gémir contre lui.

-- Tu trembles beaucoup, tu veux que j'appelle David ? Ta copine ?

Yoan se releva et se frotta les joues, refusant de le voir plus s'approcher.

-- Je vais bien, je t'assures. Je... J'avais juste besoin de prendre l'air.

Naïm capitula et s'assit sur l'un des fauteuil. Il sortit du fond de sa poche un petit joint et l'alluma devant lui. Le garçon prit une grande inspiration avant de le lui tendre. Le brun ne le refusa pas. Il avait un grand besoin de se détendre.
Il s'affaissa de nouveau dans l'autre fauteuil.
Le cerveau un peu embrumé, il ne se souciait plus de leur proximité.
Ils fumèrent pendant un petit moment sans rien dire.

-- Tu veux faire quoi après ta licence ? demanda Naïm en reprenant une taffe de bonheur.

-- Je vais changer de section à la rentrée.

-- Plus de droit ?

-- Ouais. Trop casse-couille.

-- Tu vas faire quoi du coup ?

Il pouffa et se frotta les yeux. Il était prêt à faire n'importe quoi, tant que rien qui n'incluait ses parents.

-- J'en sais rien. Peut-être devenir flic.

Un petit morceau en plastique transparent était posé sur sa paume.

-- Merde ! J'ai perdu ma lentille.

Il voyait flou que d'un œil et l'autre se fit vraiment désagréable.
Naïm explosa de rire devant son air déconfit. Il tenta de se calmer, mais repartit de plus belle quand Yoan le regarda en plissant des yeux, la bouche entrouverte.

-- T'as pas des lunettes quelque part ? ricana Naïm, en soupirant.

-- Le boîtier est dans le sac de Suzy. Bleu et noir, posé en dessous du meuble de la salle bain.

-- Je t'apporte ça. Bouge pas.

-- Je risque pas d'aller loin, je vois que dalle.

Il l'abandonna à l'extérieur et Yoan en profita pour retiré la seconde.
Les yeux enfin libérés, il se mit à pleurer. Sa vie venait de prendre un tournant qu'il n'avait jamais imaginé. Il chassa les larmes de ses joues et prit une taffe.
Rien ne pouvait être pire de toute manière.
La porte s'ouvrit derrière lui et ne pouvait pas distingué qui venait de le rejoindre. Mais une odeur de tabac, mélangé à de l'herbe lui confirma l'identité de l'inconnu.
Il le vit s'accroupir devant lui, ouvrir l'étui et glisser les lunettes devant lui. Yoan refusa de les mettre et laissa faire Naïm. Sa vue se fit enfin nette et un regard brillant aux teintes noisettes lui fit face, à seulement quelques centimètres de son visage. Ses doigts glissèrent sur ses tempes puis sur ses joues.

-- Merci.

-- Tu ne vas pas me remercier pour ça.

Naïm retira son pull et s'allongea à même le carrelage où le brun le rejoignit. L'un comme l'autre ne pouvait se l'avouer, mais ils avaient besoin d'une dose de fraîcheur. L'air devenant chaud et oppressant.
Les visage tournés vers le ciel, ils tentaient d'apercevoir des étoiles.

-- T'as raison. L'air est trop pollué.

Ils éclatèrent de rire et se sentaient légers comme l'air. Ici, rien ne pouvait plus les atteindre.

-- Tu voulais savoir tout à l'heure, c'est mon ex qui me demandais où j'étais et ce que je fabriquais. Encore et toujours.

-- Il te harcèle ?

-- On peut dire ça. Et putain, j'adore le faire rager.

-- J'ai fais du cheval pendant des années.

Sa main était tendue vers le ciel, les doigts écartés et tremblants. Naïm l'observa, se demandant ce qu'il lui racontait, avant de comprendre que le brun parlait de ses cicatrices.

-- Puis il y a un an, j'ai fais une chute et j'ai pris des coups de sabot. Résultats, des jours à l'hosto pour un œdème, les deux jambes cassées et la main droite en vrac. C'était plus facile de sauvé mes fémurs que mes phalanges. Et j'ai peur des chevaux maintenant.

Naïm ne répondit rien et leva également la main, effleurant ses doigts du bouts de siens. Ils tournèrent leur visage pour se regarder plus distinctement.
Un simple sourire et cette irrépressible envie de l'embrasser lui reprit au ventre.
Yoan avait besoin de savoir.

-- Embrasse-moi.

-- Quoi ?

-- Naïm, embrasse-moi. Je veux savoir ce que ça fais.

Le garçon aux cheveux gris ferma les yeux pour assimiler la demande et s'appuya sur son coude. Il ne l'avait pas observer dans son dernier baiser pour rien.
Il rapprocha ses lèvres des siennes, sans pour autant accéder à sa demande.

-- Sûr de toi ?

-- Ce soir, je veux tout tester et je veux que ce soit avec toi.

Il ne lui en fallut pas plus pour presser ses lèvres contre les siennes. Les doigts de Yoan passèrent dans ses cheveux gris anthracites et les tirèrent pour le rapprocher davantage.
Bien que ce baiser avait un arrière-goût d'interdit, il n'en était pas moins plaisant. Surtout quand leur langues se rencontrèrent.
Une délicieuse chaleur emprisonna son ventre.
Rien ne pouvait être mieux ce soir-là.
Yoan en était certain.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top