22h43 (2/3)
Il était facile d'inventé une nouvelle histoire à chaque fois. Les gens qui les écoutaient, se fichaient un peu détails. Mais pour cette fois, face à ce garçon au franc parlé, Yoan voulait rendre cette version la plus réaliste possible. Surtout que la réelle raison était un peu... Ridicule.
-- Mon chat m'a griffé.
-- À ce niveau là, c'est pas un chat, mais un puma qui t'a bouffé la main, fit remarquer Naïm. La vraie raison.
-- Merde. D'habitude elle marche cette version.
-- Bah putain, les gens sont vraiment cons.
Yoan éclata de rire et manqua de peu de faire tomber sa cigarette au sol. Ce qui fit rire également l'autre garçon. Enfin calmé, il rejeta la tête en arrière et ferma les yeux en inspirant fort. Il n'avait rien à voir avec les autres garçons que Yoan connaissait et encore moins avec les filles. Mais il se surprit à le contempler comme l'un d'eux. Ses longues jambes finement musclées, habillées d'un jeans moulant noir. Il possédait un pull ample de la même couleur, aux manches remontées sur ses avant-bras, qui laissaient apparaître une bonne dizaine de bracelets sur son poignet gauche. Ainsi qu'un fin tatouage sur le droit. Tout était harmonieux et coordonné.
Yoan arrêta de l'épier, quand il ouvrit de nouveau les yeux et sortit son portable de sa poche. Il joua nerveusement avec le petit anneau à sa lèvre inférieure et rangea son appareil dans sa poche sans répondre. Rien ne disait à Yoan qu'il pouvait se permettre de poser la question sur son correspondant. Il ne savait (presque) rien de lui.
-- T'aimes bien le noir, on dirait.
-- Non. En vrai, j'adore le rose bonbon et le violet pailleté, ironisa le jeune homme avec un sourire. Tu ne m'as toujours pas dit la raison de tes cicatrices.
Yoan y perçu une opportunité. S'il lui répondait, il pouvait alors lui posé la question qui lui brûlait les lèvres en retour.
-- Et il vient de qui ton message ?
-- Peut-être que je te le dirais. Alors ? Laisse moi deviné... Accident de vélo ?
-- Non. Mais tu chauffes.
Naïm lui envoya un doigt d'honneur en tirant la langue. Chacun s'était trouvé pris au piège par la question et le brun n'allait pas se mentir, il trouvait ça vraiment plaisant de s'amuser comme ça avec lui.
La porte vitré s'ouvrit derrière lui sur David qui lui envoya un bref signe de la main et s'assit à l'ancienne place de Naïm. Son ami lui tendit une bière et une autre à son invité, qu'il refusa d'un hochement de tête.
-- Suzy te cherche partout mon coco.
-- Surtout, ne lui dit pas que je suis là !
-- Pourquoi ? Il s'est passé quoi cette fois ?
Yoan se frotta le coin des yeux, prenant attention à ne pas déplacé ses lentilles de contact. Il se gifla mentalement, comme à chaque fois qu'il avait eu la bonne idée d'en mettre. Horrible sensation que de vouloir être plus séduisant et d'être condamné à ne pas pouvoir se frotter les yeux ou pleurer alors que l'on avait envie que de ça.
-- Suzanne m'a demandé si je voulais venir en vacances avec elle et ses parents en Allemagne.
-- Et donc ? demanda David, en prenant une gorgée de bière.
-- Ça rendrait notre relation officielle de chez officielle.
-- On dirait que c'est pas la joie avec ta copine, fit remarquer Naïm.
Yoan s'en voulait de ressentir ce genre de chose pour une fille comme elle. Suzanne était jolie avec ses longs cheveux châtains, gentille et toujours à l'écoute, pas forcément très bavarde mais profondément amoureuse. C'était effrayant pour lui de vouloir modifier tout ça. Surtout que cela faisait longtemps qu'ils étaient ensemble.
-- Je l'aime, mais je crois que c'est de moins en moins. Pourtant, j'ai pas envie de rompre avec elle.
-- T'installes pas dans une routine où tu n'es pas heureux, juste parce que c'est plus confortable pour toi, expliqua Naïm sans le regarder.
Yoan voulu lui dire qu'il ne le connaissait pas assez pour le juger, mais se ravisa quand le jeune homme s'excusa auprès des deux amis pour quitter le balcon, son portable dans la main.
David remarqua assez vite que son meilleur ami suivait ce garçon les abandonner, mais se refusa de lui en faire la réflexion.
-- Pour ce qui est des vacances, je sais que ça peut être flippant pour toi, mais crois moi, ça le sera encore plus si tu ne lui dis rien, tenta de le rassurer David.
-- Je lui dirais quoi, sérieusement ? Je veux rompre avec toi parce que tu me les brises ?
-- Oh mon dieu ! Je comprends pourquoi tu es aussi frustré sexuellement !
Yoan lui asséna un coup dans le bras, ce qui lui valu un rire et un geignement de douleur en réponse.
-- Pardon mec, mais tu peux pas rester dans une telle situation indéfiniment. Si tu ne lui dis pas ce soir, ce que je peux comprendre avec le monde et tout, fais le au moins avant de partir avec elle et ses parents.
-- Je sais, mais putain j'ai la trouille. Je veux pas la faire pleurer.
-- Faire pleurer qui ?
Éloïse ouvrit la porte et sourit aux deux garçon. Elle fit un bref salut à Yoan et embrassa David. Le brun était presque jaloux de leur complicité et des sentiments qu'ils partageaient. Bien loin d'être de même ampleur que ceux qu'il avait avec sa petite-amie.
Elle passa ses bras autour de David et embrassa sa nuque, ce dernier caressa ses avant-bras avec douceur.
-- Personne mon cœur. Tout va bien à l'intérieur ?
-Aucun problème grave à déclaré, répondit la jeune femme. Sauf si on compte le garçon qui a demandé de faire un plan à trois avec Mélissandre et Mélanie.
-- Je plaints ses bijoux de famille.
-- Au moins, il ne retentera pas le coup ! Yoan, il y a Suzanne qui te cherche depuis un bon quart d'heure.
Décidé à assumer enfin, il se leva du fauteuil, faisant crisser le plastique sur le sol en carrelage. Il souffla un grand coup et ouvrit la porte. La musique l'agressa sur le coup, bien qu'elle n'était pas particulièrement forte et il lui fallut un petit moment avant de pouvoir avancer.
Inconsciemment, la première chose qu'il rechercha fut une coupe de cheveux en pétard aux teintes grises. Il ne prit pas la peine de chercher plus longtemps quand une main parfaitement manucurée se posa sur son bras. Suzanne afficha un parfait sourire digne d'un pub pour dentifrice et lui prit la main pour le mené au milieu de groupe de danseur.
-- Ça faisait presque une demi-heure que je te cherchais !
Il refusa de lui répondre qu'il aurait voulu la fuir bien plus longtemps.
-- Pardon, j'avais besoin de prendre l'air.
-- Mais ça va, maintenant ? Tu me le dirais de toute façon si ça allait pas ?
Il ne voulut pas l'effrayer plus que nécessaire et hocha la tête en posant ses mains sur ses hanches pour la rapprocher. Elle passa ses mains dans sa nuque pour danser avec lui.
Malgré tout, Yoan se sentait bien avec elle. Que ce soit quand ils dansaient, parlaient simplement, se câlinaient devant un film ou faisaient l'amour. Il y avait une connexion qui s'était forgée entre eux par le temps. Il se rendit compte que c'était Naïm qui l'avait fait douté de ce qu'il ressentait pour elle. Pour s'assurer de ses sentiments, il prit son visage entre ses mains, caressa sa joue de son pouce et l'embrassa. Ils fermèrent les yeux pour se laisser aller par les sensations.
Il se demandait comment il avait pu douter du fait qu'embrasser une fille, en l'occurrence sa petite-amie, n'était pas plaisant.
Mais quelque chose au fond de lui, lui fit pourtant ouvrir les yeux.
Son regard croisa celui de Naïm.
Lui, il embrassait un garçon, mais l'observait de ses doux yeux noisettes.
Ses doigts passèrent dans les cheveux blonds de son vis-à-vis et intensifia langoureusement leur baiser.
La main de Suzanne se glissa dans ses boucles brunes et il glissa sa langue entre ses lèvres pulpeuse. Ses mains glissèrent sur les fesses de la jeune femme.
L'organe vital dans sa poitrine s'enflamma.
Pour Yoan, ce n'était plus Suzanne qu'il embrassait, mais Naïm.
Et bordel, ce qu'il aimait ça.
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