Certains ont peur des serpents, d'autres des araignées, ou encore du noir. Moi, ma plus grande frayeur c'est la solitude. Ce silence pesant qui règne qu'on tente de couvrir avec des sons et des bruits communs, de la musique, une émission de télé, un tapotement des doigts.

Tout et n'importe quoi pour cacher le malaise qui nous prend alors qu'on regarde autour de soi et qu'on réalise, qu'une fois de plus, on est seul. Maintenant, dans ce pub, devant un verre à moitié vide, j'essaye de relativiser. La pièce est remplie de jeunes de mon âge, je les observe en jouant distraitement avec une de mes mèches roses.

Je ne sais pas ce qui m'a pris de faire ce tie and dye sur mes cheveux, mais je sais qu'il me fallait du changement. Ainsi mes longs cheveux châtains aux bordures auparavant blondes qui m'arrivaient au bas du dos sont maintenant coupé en un joli dégradé beaucoup plus court lézardant jusqu'à la fin de mes omoplates.

Cette coupe me plaît, d'un côté elle me ressemble, le volume a doublé et la couleur pétillante donnait un air un peu déjanté. Cela valait la peine d'attendre trois heures en passant de devant le miroir au bac au moins quatre fois...

Je sens un poids se laisser tomber à mes côtés sur une des chaises hautes du bar.

- Un double whiskey, ordonne une voix rauque.

J'en connais un qui doit se sentir aussi seul que moi...

Je l'observe du coin de l'oeil comme je l'ai fait pour les trois quarts des personnes présentent ici, je vois donc qu'il est brun et à l'air beaucoup plus grand que moi, car même assis, ou plutôt avachie sur son siège, il doit me dépasser d'une tête.

Je me reconcentre sur ma boisson en prenant ma lèvre inférieure entre mes dents pour y retirer les peaux mortes, vous remarquez le glamour ? notez l'ironie...

- Alors, Miss Pink, qu'est-ce que tu fais là, toute seule ?

Je lance un regard vers l'homme près de moi, "Miss Pink" ?! sérieusement ? Je le fixe en haussant les sourcils d'un air dédaigneux, puis, je décide de l'ignorer et de simplement porter mon verre à mes lèvres.

- Ah, vraiment ? intéressant...

Il fait sarcastiquement et je laisse mon regard couler sur la salle, encore.

- Vas y ignore-moi. De toute façon c'est toujours pareil...

- Si vos proches vous ignorent, n'attendez pas d'une parfaite inconnue une quelconque attention.

Je dis avant de finir mon verre d'un coup, prendre mon sac et en sortir un billet que je dépose sur le comptoir avant de me lever pour m'en aller.

Je me dépêche de partir sillonner les rues de ma petite ville avec lassitude, je portais un short et comme il ne faisait pas chaud mes jambes devait virer au bleu, mais au moins j'avais pensé à mettre un sweat sur mon débardeur.

Dans un élan de rébellion je rabats ma capuche ce qui engendre un bruit bizarre, semblable à celui du sucre quand on le verse dans un bol pour faire une pâtisserie.

Sauf que dans ce cas-là, le bol c'est ma tête, la pâtisserie mes cheveux et le sucre du sable. Du sable ?! Du sable... Je regarde à nouveau la poudre que j'ai laissé après avoir retiré précipitamment mon sweat et l'avoir secoué. Je scrute nostalgiquement les petits grains de couleur blanche jaunâtre éparpillés sur le trottoir gris.

Je me remémore alors une des innombrables nuits à Matt et moi sur une plage, sous le clair de lune, l e sable froid refroidissant nos corps a la température bien plus élevé que la normale, ses mains brûlant ma peau.

À présent, la bise gelée épouse mes souvenirs pour créer le parfait antipode des sentiments qui imprégnaient mon âme en ce temps-là. Je remets mon vêtement en tentant de chasser les images qui jouait en boucle dans ma mémoire.

Je ne pouvais pas rester ici... Il faut que je prenne du recul, aller quelque part loin, très loin, d'ici. Où je ne serais pas constamment rappelé à l'ordre sur chaque bout de trottoir que nous avons dû parcourir main dans la main, chaque endroit que nous fréquentions.

Il me fallait quelque chose de nouveau, un nouveau but à atteindre, à construire. Et là, ça m'apparut comme une évidence. La seule personne que je connaisse qui soit loin de mes yeux mais toujours proche de mon coeur c'est bien Brandon, mon grand frère.

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Petite Note : J'étais une Nobody puis bizarrement je me suis transformée en une Somebody mais me revoici en une Nobody et ce n'est pas plus mal. 🙂

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