Chapitre 3 : Je ne dirai rien (Partie 1)


L'alarme de son réveil lui arracha un grognement. Encore une fois, il se demanda pourquoi il avait décidé de la programmer en pleines vacances d'été, alors qu'il n'avait pas besoin de se lever tôt. Seb entreprit de désactiver l'alarme avant de poser son portable sur la table de chevet, puis enfonça sa tête dans son oreiller, tournant le dos à la fenêtre d'où s'infiltrait de vifs rais de lumières. Il faisait jour depuis quelques heures, mais il n'avait pas encore envie de se lever. Il ne savait pas à quel moment il était rentré la nuit dernière.

Dès que le couple de musiciens était arrivé, il avait enchaîné, morceau après morceau, en ne s'arrêtant que de temps en temps, quelques secondes au maximum ; simplement pour s'hydrater. Il avait continué, même après qu'ils ne quittent la terrasse ; il était, à ce moment-là près de vingt deux heure. Les clients étant satisfait, ils lui en redemandaient toujours plus. Il était plus de vingt trois heures quand les derniers payaient leur addition. Il devait encore ranger tout le matériel à la fin. Comme il était le seul musicien de la veille, il devait se débrouiller seul. Souvent, d'autres artistes se produisaient également au Palais de l'Ill. Ils s'entre-aidaient alors en général, autant pour installer l'estrade que pour la démonter à la fin.


Quelques heures après son réveil, Seb avait rejoint sa mère et sa sœur, Anna, dans la cuisine ; une petite pièce aux murs d'un blanc cassé, avec une table de bois sombre et carrée au centre de la pièce, à laquelle elles étaient toutes les deux assises. Il se prépara rapidement un café, avant de s'y installer lui aussi. Anna, jouait avec sa queue de cheval haute, en faisant tourner ses cheveux noirs dans une main. Devant elle se trouvait une feuille à carreau arrachée d'un cahier. Elle était entrain d'établir un planning pour préparer leur dix-huitième anniversaire à elle et à Seb. Ils avaient prévus de le fêter la semaine suivante, dans une partie du restaurant de l'Ill, qu'ils avaient réservé. Comme Seb y travaillait, il pouvait avoir quelques avantages.

Katia, leur mère, profitait de sa première semaine de congé sur les deux dont elle disposait cet été. Elle feuilletait tranquillement un magazine de meubles et décorations. Et de temps en temps donnait quelques suggestions à Anna. Seb, lui, était juste là pour dire « oui » ou« non ». De toute manière, il ne voyait pas l'intérêt du planning. Pour lui, c'était simple ; ''on mange, on boit, et on fait la fête, quoi !'' Anna avait toujours l'irrépressible besoin de tout organiser au détail près. Il était à peu persuadé qu'elle en avait sans-doute déjà rédigé une partie sur excel.

Le portable de Katia vibra. Elle mit le magazine de côté et lu son message, un léger sourire s'affichant sur ses lèvres. Après qu'elle eut posé le téléphone sur la table de la cuisine, elle se tourna vers Seb. Le jeune homme se demanda ce qu'il s'était encore passé. Il espérait qu'il ne s'agissait pas de son père qui se moquait constamment de lui ; de son point de vue, faire de la musique ne pouvait constituer une activité qui valait la peine d'être payé. Il appelait souvent depuis le travail pour lui dire qu'il avait appris que tel ou tel collègue avait une connaissance, ou un cousin, qui cherchait de la main d'œuvre, dans tel ou tel domaine.

- Manon vient de me donner une information intéressante, dit espièglement sa mère.

Donc, ce n'était pas son père. Mais qu'est ce que la mère de Zack pouvait avoir comme information''intéressante'' sur lui ?

- Elle a appris de Léa et Zack que certains membres de la famille de Catherine sont assez connus.

« Ah, ça » se dit alors Seb, rassuré qu'on ne parle, finalement pas de lui.

Anna, par contre, avait délaissé son planning pour écouter sa mère avec attention.

- J'ai eu un message de Léa qui me disait exactement ça, dit-elle. Mais elle n'a pas voulu me dire qui c'était. Elle m'a fait « devine ! ».

« Si seulement tu savais ! »se dit Seb, avant de se rendre compte que sa sœur et sa mère le fixaient toutes les deux.

- Pourquoi tu ne m'as rien dit !Lui reprocha sa mère. C'est une information capitale ça !

- Comment ça, une information capitale ? Fit Anna, étonnée. Je suis de nouveau celle qui en sait le moins ; qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?

Le jeune homme ne savait pas quoi leur dire. Il avait chanté et joué, comme d'habitude, et puis voilà !

- Aiden Maar t'aurait complimenté !

Anna failli s'étouffer, alors qu'elle vidait sa tasse de thé, tandis que Seb se mit à rougir.

- Aiden Maar, sérieux ? Le Aiden Maar ? Celui de Spiral8 ? Il était là ? Dans ce bled ? Enchaîna la jeune fille.

- Oui, et apparemment, il se serait même disputé avec Zack, ajouta Katia.

- Pourquoi tu veux me poser des questions, alors qu'en fait tu sais tout ? Demanda Seb.

Anna se mit alors à sourire ; etSeb savait qu'elle avait une idée derrière la tête. Quand elle affichait cette expression ; il savait qu'il avait intérêt à surveiller ses arrières.

- Maman, on mange au resto, ce soir ?


Les choses n'avaient pas beaucoup changé entre Aiden et Zack, lorsque ce dernier était arrivé en milieu de matinée. Aiden buvait tranquillement son café sur la terrasse, en compagnie de sa sœur et de Matt. D'un certain point de vue ; Zack avait moins de chance de voir sa tête si l'idole était dehors, et que lui, serait occupé dans la cuisine.

Bien évidemment, il ne pouvait prévoir qu'encore une fois, Aiden eut la merveilleuse idée d'apporter son''aide''. Après son petit-déjeuner, il s'employa donc à nettoyer la salle et la terrasse, il installa toutes les tables et les chaises, en plus des parasols pour ceux qui déjeuneraient dehors. Il fallait aussi chercher le pain. Sans surprise, Aiden s'était proposé ; mais il ne savait pas où se trouvait la boulangerie qui les fournissait.

- Ah ben, ça c'est bien que tu y ailles, parce que j'ai pas le temps, lui avait dit Catherine. En plus, Zack n'a pas encore dix-huit ans, donc je ne peux pas lui demander de conduire. Et tout le monde est assez occupé là.

« Mais bien sûr ! »se dit Zack qui écoutait distraitement leur conversation. On entendait assez bien ce qui se disait sur la terrasse lorsque l'on était dans la cuisine, grâce à la seule fenêtre de la pièce, qui donnait sur cette partie de l'extérieur aménagé.

En réalité, personne ne l'avait jamais obligé à conduire. Il ne l'avait fait que de rares fois, et savait qu'au fond, Catherine n'aimait pas du tout ça. Toutefois, il savait aussi qu'elle et Jérôme étaient très occupés, tout comme les serveurs. S'il le faisait, c'était pour rendre service.

Il avait aussi compris que la patronne savait qu'il entendait ce qu'elle disait à Aiden, et cela sous-entendait « Merci, mais tu devrais faire attention à toi ».

- Tu peux demander à Zack par où aller, il te montrera sur ton portable ; moi, je ne suis pas assez douée pour ces trucs.

L'apprenti soupira. Il suffisait de lui donner l'adresse ! Il commençait à se demander si elle n'essayait pas de trouver des excuses pour qu'ils ne se parlent.

Aiden s'était rendu dans la cuisine,il n'y avait que Zack et Jérôme à l'intérieur.

- Je vais chercher le pain,déclara-t-il. Mais j'ai besoin que quelqu'un me montre le chemin pour y aller.

Zack ne se détourna pas de sa tâche.Il ne dit rien, et fit comme s'il n'avait rien entendu. Aiden pouvait toujours demander au chef ; c'était son oncle, après tout,non ?

- Zack, tu peux t'en occuper ? Le pria ce dernier.

Il n'y avait plus d'échappatoire possible ; il allait devoir se plier aux ordres. Il se dirigea vers l'entrée de la cuisine ; sur le bord d'un plan de travail se trouvait un petit carnet ; sur la première page, il griffonna rapidement l'adresse de la boulangerie, arracha la page et la tendit au jeune homme.

- Voilà, tiens. C'est bon comme ça,ou il faut que je te montre comment fonctionne ton propre téléphone ?

Il vit clairement Aiden tenté de retenir son souffle, sa mâchoire était serré, et ses yeux lançaient des éclairs. « Bien fait pour lui » se dit Zack. « Au moins, on est deux à être énervé, cette fois ».

- Merci, ça ira, répondit simplement le musicien avant de quitter la cuisine.

- Essaie de ne pas foncer dans les gens avec le pain cette fois, ne put s'empêcher de lancer Zack.

Il vit Aiden marquer une pause de quelques secondes, prendre une grande inspiration, puis, sans se retourner, sortir du restaurant.

Il se remit au travail. Quelques instants plus tard, il perçut faiblement, le moteur de la camionnette s'allumer. Puis la voix de Catherine :

- Attends ! Criait-elle.

Une portière s'ouvrit.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

-Il y a quelque chose que j'aimerais que tu emmènes avec toi, d'abord.

Quelques secondes plus tard, Catherine entrait dans la cuisine, et s'adressa au plus jeune.

- Arrêtes tout de suite ce que tu es train de faire !

Il était si surpris qu'il laissa tomber le couteau qu'il avait en main.

- Je prends ta place. Toi tu vas chercher le pain, et les boissons, avec Aiden, ordonna-t-elle. Et ce n'est pas négociable, ajouta-t-elle.

Il mit quelques secondes à saisir ce qu'elle demandait. Puis un instant supplémentaire pour se rendre compte qu'il n'avait pas le choix.

- Tant que tu y es, excuse-toi auprès de lui, rajouta Jérôme.

Au fond de lui, il savait qu'il avait mal agit. Aiden le mettait hors de lui ; et il n'arrivait pas lui-même à comprendre pourquoi.

- Oui, Chef, dit-il en quittant la pièce.

Il enleva sa blouse qu'il accrocha à un crocher devant la porte d'entrée de la cuisine, puis sortit rejoindre Aiden dans la voiture.


C'est tout pour le moment. En réalité, la suite est déjà écrite, mais je coupe ici.

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