Chapitre 21
Hello mes p'tit.es lecteur.ices !
Comme d'habitude, j'ai oublié de poster le chapitre dimanche... d'un autre côté j'ai de moins en moins d'avance, bientôt je vais être coincée ^^'
J'espère que vous prenez plaisir à lire ce livre, car moi, je suis très loin d'en être satisfaite, haha ! Enfin, on verra bien à la réécriture...
Enjoy ;)
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Le logement de Mingan Logan s'avère être à la hauteur de son besoin de luxe. Si je m'attendais à avoir une cabane nichée au fin fond d'une forêt pour qu'on y soit à l'abris, c'est tout l'opposé : on n'a même pas quitté Manhattan, on a juste migré vers le nord, vers ses quartiers bourgeois de Harlem. À la base, c'est là où la communauté noire était la plus présente, jusqu'à ce que les blancs se saisissent d'opportunité financière en s'emparant des logements et en augmentant les tarifs au point que sa communauté initiale, loin de pouvoir se le permettre, dégage fissa. C'est Ely qui m'avait expliqué les tenant et aboutissant de ses quartiers, quand je lui ai dit vouloir écouter du gospel à mon arrivée. Gospel qui est aujourd'hui un attrape touriste, surtout si on ne sait pas où se rendre pour en écouter du vrai, du local, de l'authentique. Paraît-il.
Autant dire que j'ai pas encore eu l'occasion d'en découvrir.
Même si le quartier se transforme à vitesse grand V ces dernières années au point que sa culture africaine s'en voit impactée, la population noire est quand même bien présente sur les trottoirs, et l'histoire de ces rues y est tout de même ancrée. Il suffit d'attarder son regard sur certains murs, artistiquement décorés de dessins et de messages exprimant la violence policière subit par le peuple afro-américain ou d'illustration rappelant le jazz. Je profite qu'on traverse de nombreuses rues pour ouvrir la fenêtre et me repaître de la nuit. Je n'avais pas encore mis les pieds dans ce secteur et je suis surprise par le nombre d'échafaudages, comme un peu partout sur Manhattan, en fait.
J'inspire profondément l'atmosphère lourde de Manhattan. Un nœud m'empêche de respirer depuis la fin de ma discussion avec Ambre, et même respirer l'air au-dehors ne le fait pas disparaître.
Quand on arrive devant une enfilade de brownstone* chics sur deux ou trois étages maximum, je comprends pourquoi la gentrification d'Harlem est si forte ces dernières années. Vu la gueule des maisons, elles doivent dépasser le million à l'achat : pas facile de devenir propriétaire quand on appartient à la population pauvre de Manhattan.
La limousine se gare devant une maison au gré rouge, juste devant son escalier massif m'as-tu-vu. J'ai l'impression d'être projeté dans la série sex and the city*. Je suis Ambre tandis qu'elle sort du véhicule avec ses deux whippets, mais on se retrouve obligée d'attendre que le vampire nous passe devant pour ouvrir la porte. Il la repousse ensuite d'un geste ample et nous offre un sourire suffisant, sa marque de fabrique.
— Faites comme chez vous, mais pas trop, nous invite-t-il.
Je ne manque pas de m'y engouffrer et de chercher illico la destination de la cuisine, sans oublier de prendre un soin tout particulier à ignorer la décoration pour ne pas lui offrir le privilège de gonfler ses chevilles. Pendant l'espace d'une seconde, avant d'ouvrir les placards en bois précieux de sa cuisine dernier cri, je panique en les imaginant vide comme ceux chez mon boss.
Mais, miracle, ceux là sont bien remplis. Un vrai buffet festif. J'attrape une panoplie de chips et autres apéritifs et balance tout sur le plan de travail. Ambre s'en saisit, en ouvre et plonge la main dedans.
— Je me sacrifie pour manger les cacahuètes, me dit-elle.
Effectivement, comme je suis allergique, ça ne me fend pas le cœur. Je me contente de chips classique.
— Com'en cha'ch'fait qu't'aies des truc'becter ? demandé-je la bouche pleine.
— Parce que j'accueille souvent du monde, s'agace le vampire en m'observant manger avec une certaine fascination.
Moi, ce qui me fascine, c'est qu'il a réussi à comprendre mon blabla.
— Mon boss, il a rien dans sa cuisine et pourtant il m'affirme que c'est pas un vampire, ajouté-je après avoir fini ma patate transformée.
— Tu parles de Volk Warlord ? Je peux t'assurer que s'il était un vampire, je le saurais. Mais cela dit, c'est classique pour un immortel de ne pas manger.
Je m'étouffe avec ma chips.
— Un immor... quoi ? C'est impossible !
— Pourquoi impossible ? J'en suis un, en chair et en os, devant toi.
— Mais t'es un vampire ?
— Oui, ces quelques secondes passées n'ont pas changée ma nature, ricane-t-il en m'observant de son air supérieur.
J'ai bien envie de le lui fracasser avec le tabouret sur ma droite, d'ailleurs, ça lui ferait un bien fou de ravaler sa façade. Cela dit, il nous aide, donc...
Plutôt que l'insulter, je réfléchis à sa déclaration. S'il dit vrai alors...
— Un immortel ne peut pas mourir ?
— C'est la définition d'immortel, il me semble.
— Ouais, mais je veux dire, si je te plante ce pied de chaise dans ton cœur, là maintenant tout de suite, tu crèves toi, non ?
Un éclat brille dans ses iris. Ambre écarquille les yeux avant de lever bien haut les mains en lâchant son sachet de pistache.
— Hop hop, on se calme, Mingan le vampire, Ariel ne vient pas de te menacer, elle a juste dit ça comme ça, comme tout ce qui passe dans sa fichue caboche et qui échappe à la barrière de ses putains de lèvres.
Elle me foudroie du regard. Je l'ignore et me contente de rendre le regard au vampire.
— Ca ressemblait beaucoup à une menace, bébé garou, gronde Mingan Logan à mon adresse.
Heureusement qu'il a des yeux et un rictus démoniaque. Non parce que sinon, avec sa tête de gamin, c'est vraiment pas évident de le prendre au sérieux. Ah et il a aussi une aura qui file la migraine, ça aussi ça aide à son charisme. Mais en d'autres circonstances, il ne me ferait absolument pas peur.
— Du coup, c'est une menace parce que c'est possible ? Donc, t'es pas immortel.
Il se rapproche de moi à une telle vitesse que je n'aurai pas dû le voir. Mais, manque de pot pour lui, je le vois. Et, Ô chance, comme j'avais le cul contre un plan de travail derrière moi, mon bras a pris moins d'un instant pour attraper le premier truc qui lui tombe sous la main. Je frappe le machin flou apparu devant moi avec une bouilloire électrique. Elle s'explose sur la tête du vampire. Il accuse le coup, aussi surpris que moi, et son visage est à peine entamé.
Bon, la bouilloire, elle, a littéralement explosée.
— Oups, lâché-je.
Les iris du vampire avalent sa pupille et le tout devient rouge sang.
— Mingan, STOP ! hurle mon amie avec une telle puissance dans la voix que j'entends même le rugissement de la louve.
J'ai pas la moindre idée de la raison pour laquelle le gamin-vampire s'immobilise, la main levée, prêt à m'arracher la tête, mais il le fait. Et je dois dire que j'en suis ravie.
— Mingan, si tu la touches, Ely ne te le pardonneras pas.
Le vampire ferme les yeux. Son expression est un masque à l'argile. Pendant de longues secondes, il se pétrifie à la manière d'une statue, silencieux : mort. Je ne perçois pas le moindre souffle, pas le moindre pouls sous sa peau. À côté, ma respiration et mon cœur font un vacarme d'enfer.
Un instant plus tard, le vampire a disparu. Il ne reste plus que moi et Ambre dans la cuisine. Mon amie laisse échapper son souffle et s'écroule à demi sur la table centrale de la cuisine, en marbre blanc - évidemment que c'est du marbre... Elle y pose même son front, avant de se redresser pour m'assassiner de ses iris embrasés par la colère.
— Putain, tu vas finir par me faire avoir un infarctus ! Ca t'amuse de frôler la mort ?
— Pour ma défense, je voulais vraiment connaître la réponse à ma question, marmonné-je.
— Au risque d'y laisser ta peau ?
— Non mais attend, c'est le monde à l'envers, là, on risque pas de mourir pour une question, sans déconner ! C'est lui qui a un problème s'il peut s'énerver pour si peu !
En quelques pas, Ambre m'a rejoint et vitupère si fort qu'elle me postille dessus :
— C'est un putain de VAMPIRE, Ariel ! Un vampire, tu entends ?! Une des créatures les plus puissantes sur terre, je sais même pas comment ça meurt, ou si ça peut mourir !!
— Bah, tu vois que ma question était pas si con... murmuré-je tout en me faisant toute petite, intimidée par sa rage que je trouve un chouïa disproportionnée.
D'ailleurs, si disproportionnée que mon amie rugit et fracasse son poing derrière moi ; je ne sursaute pas. Elle n'oserait jamais me faire du mal. Par contre, le frigo qui se trouve sur ma gauche vient d'en faire les frais : la tôle d'aluminium a ployé, y laissant la forme d'un rond creusé. Oups repetitas. J'espère que Mingan ne tient pas à son équipement autant qu'à ses secrets parce qu'il risque de revenir pour nous zigouiller toutes les deux après ça !
Ambre pousse un dernier cri rageur avant de faire volte-face et de quitter la pièce en trombe, ses deux fidèles toutous sur les talons. Je pousse un long soupir et me frotte les bras, à la fois mortellement ennuyée de m'être disputée à cause d'une broutille avec mon amie, et agacée de la tournure qu'a pris cette étrange nuit.
Je me tourne vers la fenêtre donnant sur la rue. Quelle heure il peut bien être ? J'ai l'impression qu'elles s'écoulent à la vitesse d'une course d'escargot de compétition. Avec un peu de chance, l'arrivée du soleil changera tout ça.
L'estomac transformé en béton armé, l'appétit envolé et le moral au fin fond de chaussette que je n'ai pas, je réalise que je ne suis toujours pas habillée. Pourtant, je n'ai pas froid. Je suppose que mes pouvoirs de garou se sont, pour une fois, suffisamment attardé pour me réchauffer. Ou alors, je suis déjà en hypothermie et je vais m'écrouler d'une seconde à l'autre mais je l'ignore. Bon, j'exagère probablement, si j'étais en hypothermie je ne tiendrais même pas debout.
Tandis que je m'apprête à suivre mon amie en laissant notre bazar de mini apéro sur place, je fais demi-tour en me rappelant avoir déposé la toile de Volk sur le plan de travail. Je l'ai définitivement débarrassé de ses tronçons de bois : c'est bien plus facile à trimballer. D'un coup d'œil, je vérifie qu'il n'y a toujours pas le portrait de mon boss réapparu. Négatif, toujours rien.
J'essaie de me rassurer. Après tout, le vampire a dit qu'il était immortel... Et puis, je n'ai pas la moindre fichtre idée de l'importance de ce tableau. Si ça se trouve c'est juste un vieux tableau ensorcelé à la Harry Potter...
Mouais.
Tandis que je pars chercher mon amie, je traverse la maison et monte à l'étage sans croiser Mingan, et je m'en félicite : je ne suis pas certaine qu'il se soit calmé de sa colère absolument pas légitime envers moi. Je retrouve Ambre dans l'une des chambres de l'étage, très minimaliste : un lit, une armoire qui prend tout un pan de mur et des liseuses suspendues au-dessus de la tête de lit en bois massif. Rien d'autre, si ce n'est le tableau occupant l'espace supérieur aux lampes. Mais pas n'importe quel tableau ; il s'agit de « Nighthawks », peint en 1942 par Edward Hopper. Je me fige une seconde, non seulement parce que j'adore son art, mais en plus parce que je mettrai ma main à couper que c'est un original. Improbable étant donné qu'il devrait se trouver dans une galerie d'art à Chicago.
Je me secoue et me détourne. On s'en fou du tableau ! Même si c'est une honte qu'il soit exposé dans une chambre qui, à tous les coups, ne voit une âme que tous les dix ans.
Mon attention est attirée par Ambre, ombre devant la fenêtre, bras serrés autour de son buste. Elle n'a pas pris la peine d'allumer les lumières. Je la comprends, quand on est un loup-garou, on s'en tamponne de la luminosité.
Je m'approche sans chercher à être silencieuse, dépose la toile sur la couette impeccablement repassée du lit d'ores et déjà occupé par les whippets et enserre mon amie de mes bras. Je colle ma tête contre son dos. Elle est si maigre que le câlin est inconfortable à souhait, mais son odeur est si tendre que ça compense.
— Pardooooon de t'avoir énervée, je sais que tu es inquiète pour Ely.
— Mais pas du tout, me rabroue-t-elle.
Elle s'est légèrement crispée dans mes bras à l'entente du prénom, puis finit par se détendre dans ma poigne. Peut-être que mes petites caresses sur ses avant-bras y sont pour quelques chose.
Je lâche un bruit bizarre avec ma bouche, à mis chemin entre le geyser d'une baleine et l'imitation d'un pet vaginal. Ok, je retire ce que j'ai dit, comme un pet classique, c'est bien aussi.
— Pourquoi tu ne veux pas admettre que tu te fais du mouron pour elle ?
Ambre se retourne dans mes bras, trop brusquement pour que je maintienne mon câlin, alors je recule d'un pas pour lui laisser de l'espace. Ses yeux lupins me clouent sur place, et les lampadaires de l'extérieur illuminent brièvement le pourtour de ses cheveux roses. Son visage émacié m'apparaît plus dur que d'habitude.
— Et toi, pourquoi tu veux absolument que je m'inquiète pour elle ?
Les mots me manquent pour répliquer, parce que je trouve son accusation un peu injuste. Ce n'est pas ce que je veux. J'aimerais juste...
— Si tu l'admettais une bonne fois pour toute, tu t'en sentirais soulagée. Je t'assure. En tout cas, moi ça m'angoisse.
Elle semble prête à dire quelque chose et se ravise finalement en entendant la fin de ma phrase. Elle exhale son souffle chaud dans un long soupir qui soulève une mèche devant mon front. Ambre pose sa main sur mon épaule pour me transmettre son soutien. Je lui offre un sourire crispé. Dire que ça m'angoisse est un euphémisme : j'ai tellement mal au ventre que la bile n'est pas loin de tenter un chemin inapproprié pour s'évacuer.
— On devrait aller se coucher, la nuit a été longue et Mingan nous a dit ne pas pouvoir récolter d'information concernant Ely avant un moment.
Je hoche la tête et me déplace vers la salle de bain attenante à la chambre.
— Je vais me doucher d'abord, dis-je. Tu veux venir ? Tu pourrais me frotter le dos.
Ambre me lance un rire narquois en s'asseyant sur le bord du lit, immédiatement assailli par ses deux chiens qui se battent la place sur ses genoux.
— Tu veux dire que tu peux me frotter le dos ? Sinon, ton invitation ne donne pas très envie.
— Ton dos, mon dos, tu sais, tout n'est que point de vu...
Ses yeux s'écarquillent d'incompréhension. Ah, j'ai recommencé.
— Ariel, il faudrait t'inventer si tu n'existais pas. Tu as conscience que ce que tu dis ne veux rien dire ?
— Je suis peut-être un peu bourrée...
— Tu n'as pas bu une goutte ! ricane-t-elle.
— Bourrée par la vie, asséné-je d'un clin d'œil avant de disparaître dans la salle de bain dans un déhanché exagéré.
Une fois la porte refermée, mon sourire se volatilise. J'aurais aimé qu'elle vienne sous la douche. Mon cœur est trop gros, il prend trop de place et n'est pas à la bonne place, sinon, comment expliquer cette désagréable sensation qu'il se trouve presque dans ma gorge ? Ma respiration est saccadée et même en tentant de prendre de longues inspirations, rien n'y fait.
Ignorant l'aspect orientale de la pièce et les belles ardoises ornant les murs, j'allume l'eau, bazarde le plaid dans un angle et me précipite sous le jet. L'eau rougie aussitôt, et quelques mouvements de main plus tard sur la peau tendre de mon ventre me permettent de constater l'absence de dégâts. Contrairement à mon appréhension, il n'y a pas la moindre trace de cicatrice, ni même de plaie. J'ai parfaitement, entièrement, miraculeusement guérie. Comme un vrai garou.
Ce constat me met du baume au cœur l'espace d'une seconde, avant qu'un tourbillon de mal-être ne s'empare à nouveau de moi. Volk, Ely... s'il leur est arrivé quelque chose par ma faute, à cause de ce stupide besoin de rompre mon lien, je ne me pardonnerais jamais.
J'émerge de la pièce trente minutes plus tard, épuisée de ne pas avoir pleuré alors que mon corps le réclamait à grand cri. Je retrouve Ambre roulée en boule dans le lit, dormant à poing fermés, Rescue par terre, Loki à ses pieds. Je me glisse sous les draps après avoir repéré la toile de Volk sur la table de chevet – toujours vide.
Je me colle contre le dos d'Ambre. Quelques secondes plus tard, elle se tourne vers moi sans s'éveiller, et je me blottie au plus près d'elle, presque front contre front, ses mains dans les miennes.
J'ai dormi tellement d'années avec ma sœur que dormir seule me dérange davantage que d'être accompagnée, quitte à ne pas avoir de place. La promiscuité ne m'a jamais dérangé : je suis une fille du contact, là où Bass aura tendance à le fuir.
Je m'endors sitôt mes paupières fermées, bercée par la respiration de mon amie et ses effluves de loup.
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