Chapitre 17

Hello les Wattpadiens ! On est dimanche et le dimanche c'est nouveau chapitre ! :D Bonne lecture <3 

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Quand on est rentré à l'appartement, je me sentais dans le même état que si je me mangeais une gueule de bois. En plus euphorique, peut-être. On avait laissé Logan le vampire, seul et défoncé à son shoot de mon sang, après avoir obtenu de lui qu'on le revoit le lendemain soir avec le bateau qu'il nous avait promis.

J'ai mangé mes petits pois sans appétit et me suis écroulée sur mon lit, épuisée, en oubliant comme toujours de m'attacher. Les filles s'en sont chargé à ma place et leurs chuchotements agacés – elles se prenaient sans doute le choux – ont fini de m'assoupir.

Au réveil, j'étais d'une humeur chantante et rien n'aurait pu m'empêcher de tortiller mes fesses sur le tempo d'une musique aux sonorités latino. Il fallait me comprendre : je venais de vivre ma première nuit sans me transformer en lionne grincheuse ou en louve pisseuse.

— Par pitié, Riri, baisse le son, grommelle Ambre lorsque je la rejoins dans la cuisine, une serviette autour de mes cheveux humides.

Elisa se tourne vers moi, une poêle chaude en main où nos trois œufs du matin me font saliver.

— ça donne mal au crane, acquiesce la seconde louve-garou.

— Je suis entourée d'une bande de rabat-joie peu importe où je vais. Passe-moi le couteau à beurre, Ambre, que je mette fin à mes souffrances dès maintenant.

Elle me le tend immédiatement sans même me regarder, replongeant son nez dans son smartphone. Ambre adore se renseigner de bon matin et se tenir informée des actualités. Sauf que ses actualités à elle sont toutes plus sombres les unes que les autres et donnent envie de se tirer une balle avant d'avoir englouti son deuxième café. « Hier, trente-trois civils sont morts au cours d'une altercation avec la police dans le sud du - ajoutez le pays en guerre civil du moment - et vous obtenez l'info du matin par Ambre Rosenwald. »

— Mais qu'est-ce que tu fais ? m'interroge Elisa en faisant glisser les œufs cuits dans des assiettes.

— Riri, pose ce couteau, grogne Ambre sans toutefois m'accorder un seul regard.

J'arrête de mimer la scène du couteau à beurre me poignardant et de mon sang jaillissant à grand torrent de mon torse troué.

— Adieu, monde cruel, hurlé-je en tournoyant sur place avant de prendre la poudre d'escampette pour aller m'habiller.

J'ai un taff à remplir avant le grand saut de ce soir pour me débarrasser de ce lien !

Avant de quitter l'appartement, je m'assure que le rendez-vous est bien arrangé avec les copines pour la énième fois. C'est même Elisa qui finit par me pousser à coup de pied au cul pour que je débarrasse le plancher.

— On sera à l'heure avec toute la troupe, maintenant va bosser et ramène de l'argent à l'appart, grippe-sous !

Je m'enfuie sans demander mon reste. Je suis si guillerette que je fonce au premier café du coin pour acheter un gobelet à mon boss et une nouvelle pâtisserie. Je vais réussir à lui offrir !

J'arrive dans la boutique à neuf-heure pétante, tout sourire, en poussant la porte avec mes fesses et tombe – pour une fois – aussitôt sur le boss, occupé à décrocher un tableau de street-art, les pieds sur un petit escabeau.

— Je suis sûre que vous pourriez faire ça sans le tabouret pour bébé, lui lancé-je en allant déposer son café et le petit déj' sur le bar. Avec vos super-pouvoirs de sorcier.

Volk se tourne vers moi. Le sourire qu'il me décroche manque de me faire trébucher. Mon dieu, rendez-moi mon cœur !

— Vous êtes incroyablement matinale, mademoiselle De Soto. Quelle surprise.

— J'étais pressée de vérifier si vous étiez mort dans votre sommeil, fais-je avec une part de sincérité.

— Je vous ai dit que j'étais solide et que vous n'aviez pas à vous en faire.

— Ouais, ben les fourmis peuvent soulever jusqu'à mille fois leur poids, pourtant quand on marche dessus, elles finissent écrasées.

Volk descend de son perchoir et dépose le cadre au sol en me lançant un long regard perplexe.

— Quoi ? fais-je avant de poursuivre d'un ton guindé : Parfois avec plusieurs tentatives, je vous l'accorde volontiers, très cher.

— Vous venez d'exprimer deux hérésies en l'espace d'une seconde. Vous ne finissez pas de me surprendre.

Je gonfle les joues et plante les poings sur mes hanches, sur la défensive.

— Une fourmi ne peut porter que cent fois son poids – ce qui est déjà un sacré exploit dans le règne animal, j'ignore même comment votre cerveau a pu parvenir à une telle extrémité, m'explique-t-il. D'autre part, vous venez de me comparer à une fourmi. Je devrais vous virer rien que pour ça.

— Je n'ai pas de contrat, ricané-je.

Il pointe le bar de son doigt et j'y remarque enfin le petit tas de feuilles. Je m'en empare, curieuse. Jusqu'à ce que je compte le nombre de pages.

— C'est pas un contrat, ça, c'est un roman où vous faites l'étendue de votre amour pour moi, me moqué-je.

— Cessez de rêver, la réalité va finir par vous blesser.

Il s'approche du bar et tend la main vers son gobelet. Je l'attrape in-extremis et lui retire hors de portée. Il hausse un sourcil et tente de prendre le second, qui subit la même valse.

— Il y en a un pour moi, fait-il platement.

— Non.

— J'ai vu mon nom écrit dessus, dit-il d'un air las.

— Dites combien je suis merveilleuse et je vous l'offre.

Un éclat apparaît dans son regard sombre.

— Vous êtes une enfant.

— Et vous un papy, c'est fou ce qu'on peut se mettre d'accord.

— Vous êtes bien joyeuse ce matin. C'est votre confrontation avec la Garde d'Alabaster qui vous met de si bonne humeur ?

Je me fige un instant, et il en profite pour me chiper son café dont il hume les saveurs.

— Vous avez mis de la noisette ? m'interroge-t-il.

— Oui, pourquoi, vous êtes allergique ?

— Loin de là.

Il porte le breuvage à ses lèvres et je l'observe avec minutie tandis qu'il le savoure avec un plaisir évident.

— J'ai refait votre journée, hein ? fais-je avec fierté. Allez, dites le que vous m'aimez.

— Lisez et signez ces papiers, mademoiselle De Soto. Et n'oubliez pas de les parapher. Quand vous aurez terminé, aidez-moi à retirer les œuvres du mur.

Il me faut quelques minutes pour réaliser qu'à la vitesse où je lis, il me faudrait une journée complète pour lire le contrat. Pourquoi tout semble si compliqué ? Je ne comprends pas le quart de ce que je lis, et finis par le faire en diagonale. Je signe le tout sans prêter plus attention que ça aux clauses de confidentialité ou de non concurrence. Quand le patron récupère la paperasse, il hausse un sourcil circonspect avant de me dévisager.

— Quoi ?

— Vous habitez à moins de dix minutes d'ici à pied.

— C'est bien pour ça que je viens à pied, ha !

— Mais vous arrivez quand même en retard un matin sur deux.

Je grimace. Touchée.

— Vous savez ce qu'on dit : ce sont les gens le plus près qui sont les derniers.

— Je ne crois pas qu'il existe un tel proverbe, non.

— Et bien maintenant c'est chose faite ! Alors, je vous descends quel tableau ?

Je parviens à détourner son attention et nous passons la demi-heure suivante à décrocher les œuvres du mur de gauche, qu'on range consciencieusement dans des cartons prévues à cet effet. Un camion nous livre peu avant l'heure du déjeuner les nouveaux tableaux que nous installons avec mille minuties – exaspérantes, au passage. Volk se transforme en patron exigeant et perfectionniste, qui réfléchit même à l'ordre des tableaux pour alterner les genres, comme pour émerveiller l'œil à chaque nouvelle œuvre.

Mon estomac finit par crier famine et j'en profite pour proposer au boss de sortir acheter à manger avec moi. Sans surprise, il décline ma proposition et prend le chemin de l'arrière-boutique. Je le regarde s'éloigner, songeuse, avant d'aller à la conquête de mon prochain repas.

Je termine mon sandwich en regardant la télévision muette pour passer le temps lorsque Volk revient, ses cheveux brillants d'humidité, apportant dans son sillage la saveur caractéristique mentholée. Ce matin, j'ai bien noté que la brève activité d'échange de tableaux ne l'a pas le moins du monde contrarié, là où d'autres hommes se mettent à transpirer pour un rien. Mon beau père Owen par exemple – que je considère plus comme un père, d'ailleurs – , c'est un as du bricolage. Pourtant, il lui suffit de fixer deux planches avec un clou pour dégouliner de sueur. Une occasion que je ne loupe jamais pour le taquiner, d'ailleurs.

Ici, Volk a à peine entrepris quelque chose qu'il en a profité pour se doucher. Son côté précieux me fait sourire tandis que je l'observe s'approcher de moi en remontant les manches de sa chemise blanche afin de les boutonner sur ses avant-bras. Des avants bras diablement sexy.

Je me souviens de la facilité qu'il a eu à me faire descendre du bar avec ses mêmes bras.

Mon cœur s'accélère sans que je ne sache pourquoi, et soudain, je me visualise contourner le meuble derrière lequel je suis postée pour aller couper la route à mon boss. Le col de son haut est entrouvert, exposant le tissu soyeux du foulard carmin élégamment noué autour de son cou. Un cou long, raffiné, dégagé par sa chevelure toujours impeccablement lissée vers l'arrière. Et ses oreilles percées... et cette peau rasée de si près qu'on ne distingue même pas la barbe naissante...

Je déglutis. Le regard de Volk vient de se poser vivement sur moi, comme brusquement attiré par un mouvement que je n'ai pourtant pas fait. Je jurerais voir les pupilles de ses iris sombres se dilater. Je n'ose pas bouger. Quelque chose en moi me préviens que si je bouge, je risque de lui sauter dessus.

Volk s'éclaircit subitement la gorge. Ce son me tire un brusque frisson désagréable.

— Un jour, vous devriez apprendre à contrôler vos capacités, mademoiselle De Soto.

— Hein ?

C'est tout ce que je suis capable de répondre. Volk se détourne, nonchalant, pour regarder la télévision.

— Certaines créatures surnaturelles pourraient être attirée par ce que vous avez à offrir, explique-t-il sans que ce soit plus clair pour autant.

— Si vous parliez de façon moins sibylline, le commun des mortels parviendrait à vous comprendre, ronchonné-je en prenant un ton guindé à escient. J'ai quoi à offrir ?

Sa tête s'incline légèrement vers moi. Il me décoche un clin d'œil qui emballe aussitôt mon pauvre organe vital.

— Cessez de vous faire passer pour plus idiote que vous ne l'êtes. Si vous êtes capable d'employer le terme sibyllin dans une conversation, mes propos ne représentent indéniablement aucune frontière pour vous.

— Vous fréquenter me fait le même effet qu'un lavage de cerveau avec un mixeur. Vous déteignez sur les gens. Mais c'est pas un compliment, hein !

— Et pourtant, fait-il ; ce ne peut être que bénéfique que votre vocabulaire s'étoffe. Avec un peu de chance, votre garde-robe se trouvera aussi influencée par ma présence...

Je baisse les yeux sur le sweat à capuche que j'ai enfilé à la va-vite ce matin en constatant le petit air frisquet soufflé par la brise New Yorkaise.

— Il a quoi mon style vestimentaire ? me plaigné-je avant de me secouer mentalement : Hé, changez pas de sujet ! Vous pouvez pas être plus clair quand vous me demandez d'apprendre à contrôler mes capacités ? De quoi vous parlez ?

— Je vous ai dit qu'une magie charnelle circulait dans votre être. Ce genre d'énergie peut en alimenter d'autres. Certaines créatures y sont sensibles et pourraient vous utiliser pour se nourrir.

La chaleur me monte aux joues et je me revisualise la veille au soir.

— Genre, les vampires ?

Cette fois, Volk se tourne franchement vers moi en arquant un de ses fins sourcils.

— C'est un bon exemple, oui. Il se murmure que les vampires sont les rejetons des démons. Etant donné que les démons se nourrissent de l'âme par le biais charnel, que vous attiriez les vampires est une possibilité.

Je détourne mon regard, gênée.

— Avez-vous été confrontée à un vampire par le passé, mademoiselle De Soto ? Je ne pourrais que vous recommander de ne pas approchez ces entités espiègles et malicieuses. Ils sont souvent trop âgés pour prendre en considération l'humain et oublient votre fragilité.

Je souris en me remémorant le vampire Logan. Un vieux dans la peau d'un enfant. Ça me fait penser que mon patron semble tout à coup bien bavard.

— C'est ce que vous êtes ? demandé-je à brûle pourpoint.

— Je vous demande pardon ?

Mon dieu, lui et ses formules de politesse du siècle dernier...

— Vous êtes un vampire ?

L'expression ahurie qu'il me retourne devrait suffire à retirer tout doute. Pourtant, c'est loin d'être le cas.

— Vous ne quittez pas votre boutique comme si vous alliez cramer sitôt un pied dehors.

Les sourcils de Volk se froncent avec un tel acharnement qu'ils manquent de se toucher.

— Les vampires ne brûlent pas au soleil. Ils sont immortels.

Ouais, jusque-là, tout le monde est au courant qu'ils ne meurent pas comme ça.

— Vous savez pratiquement voler, poursuivis-je sans me départir de mon idée.

— Non, je saute très haut, c'est différent.

— Ouais ben je suis certaine que les vampires aussi savent le faire. En plus, vous faites de la télékinésie.

— Mais pas du tout.

— Vous avez fait valser les Albatros sans les toucher ! relevé-je.

Il ouvre la bouche, mais la referme sans répartie.

— Et vous êtes le premier à avoir dit que ma magie résonnait en vous, asséné-je. Donc, si vous n'êtes pas un vampire, vous êtes quoi ? Un démon ?

Ses yeux s'écarquillent davantage tandis qu'il me dévisage, l'air estomaqué. Puis, sans crier gare, il éclate de rire. Son amusement jailli de son poitrail avec clarté, si fort, si viril, qu'il rejette sa tête légèrement en arrière tout en portant ses mains à son front. Quand son hilarité cesse enfin, il essuie même une larme à la commissure de ses paupières.

Moi, je suis restée immobile, partagée entre mon envie de lui faire ravaler sa moquerie et celle de ronronner très fort pour avoir réussi à déliter sa carapace imperturbable. À l'instant où son regard s'arrime au mien, j'y lis une douceur telle qu'elle me met mal à l'aise. On aurait dit qu'il venait de découvrir une portée de chatons. Ou une tablée de chocolat pâtissier.

Le sourire qu'il affiche rend ses lèvres diablement appétissantes. L'ondulation magique traverse mon corps et je la reconnais immédiatement.

OK. Tout doux, magie coquine, on ne saute pas sur son boss, c'est très mal venu.

— Initialement, je suis un mage, dit-il. Un mage aujourd'hui dépourvu de sa magie, et qui dans son ascendance a une créature charnelle. Était-ce un démon ? Pas impossible. Mais je ne le saurais probablement jamais.

— Pour un gars dépourvu de magie, je vous trouve bien puissant... marmonné-je en me frottant les bras pour me débarrasser de l'envie de me jucher dans les siens.

Un éclat passe dans ses iris, que je reconnais comme un élan de tristesse, juste avant qu'il ne se détourne, le regard attiré par des images diffusées aux informations du jour. Ça suffit à attirer aussi mon attention. Un véhicule noir est dévoré par des flammes et une épaisse fumée noire. Des pompiers s'affairent déjà autour pour tenter d'endiguer l'incendie ravageur. Je n'arrive pas à lire les sous-titres, mais je n'en ai pas besoin car soudain, la télé recouvre le son, me faisant sursauter.

... ignore encore comment cela a pu se produire, mais les autorités confirment qu'il s'agit du véhicule du ministre Jaccobo Scarlatti. Des témoins affirment avoir vu sa femme, Rosalba Scarlatti, monter à bord peu avant que l'explosion n'ait lieu...

Les paroles deviennent à nouveau muettes tandis qu'un silence lourd s'installe dans la galerie. 

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