Chapitre 15

Hello !  Petit chapitre qui annonce la couleur de l'évolution avec l'action croissante au fur et à mesure ! :D 

Bonne lecture ! 

PS : si tu aimes, n'oublie pas de liker et de commenter :D Merciiiii ♥♥

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Je lève les yeux sur le building. Le 230 de la cinquième avenue, soit dans une rue parallèle au Flatiron Building et à l'Empire State Building. Ici, les bâtiments sont si haut que même en levant la tête, on ne peut apercevoir aucune des deux immenses structures. Pour ça, il faut se déplacer sur les grosses artères.

Je déteste le coin de Midtown, la pollution auditive et olfactive y est terrible. Arrivée à une certaine heure, les trottoirs étroits débordent de sacs poubelles noirs en attente d'être amassés et se disputent la place aux rares places de voitures. Le quartier est très animé en bar mais surtout en restaurant – avec une majorité au mets asiatiques. Du coup, les odeurs de différentes cuisines se mêlent auxs détritus et à l'effluve désagréable typique de cette grande ville. Les gens se croisent en se bousculant sous les escabeaux d'immeubles en perpétuelles rénovation, les vélos traversent les rues à toute vitesse en slalomant entre les voitures et coupent la route aux piétons qui osent circuler sur les passages piétons.

Bref, en endroit que je préfèrerais éviter comme la peste. Je suis donc soulagée en passant les portes coulissantes du 230 Fifth en compagnie des copines. Le lieu est peu éclairé et un couloir en collant nous y attend avec de la moquette, des murs sombres occupés par quelques tableaux se voulant chic et détente et qui ne sont en réalité que fades et banaux. Un grand gaillard à la peau noir, bien habillé et avec une oreillette, nous accueille sans sourire :

— Bonsoir mesdames, vous êtes clientes de l'hôtel ?

— Non, nous voulons allez boire un verre au rooftop, répond Elisa.

— Vous êtes trois ?

— Comme vous pouvez le voir, fait aimablement Elisa.

— Allez-y, accepte-t-il en ouvrant son bras pour nous indiquer le couloir qui fait angle, où y est masqué la porte d'un ascenseur.

Il appuie sur le bouton pour nous et on s'engouffre entre les portes quand elles s'ouvrent. Elisa enfonce sans hésiter sur un étage où il n'y a pas indiqué le mot « rooftop ».

— Tu me déçois, j'ai vraiment cru qu'on allait boire un coup, grimacé-je.

Elisa ne dit rien et je réalise qu'elle est nerveuse. Ambre la guette du coin de l'œil aussi, et je me demande où on va bien foutre les pieds.

— Surtout, laissez-moi parler d'abord, d'accord ? Et Ambre, évite de t'énerver, vraiment, on ne veut pas qu'il nous foute à la porte, ou pire...

— Quand je saurais qui est ce « il », j'aviserai.

— On vient quand même pour lui demander de l'aide, alors autant rester respectueuse, soupire Elisa.

Ambre pose sa paume tatouée sur son cœur en battant des cils. Je ricane mais ça ne fait absolument pas rire Elisa. Nous sortons au 21ième étage. Celui-ci est identique au hall d'entrée du bâtiment, si ce n'est que les trois corridors en angles droits sont plus larges. Elly s'engage sans hésiter dans le premier et avance d'un bon pas jusqu'à parvenir aux deux types en poste devant la dernière porte de droite. Les gars ont tout de garde du corps, si ce n'est que l'un d'eux est petit et trapus en comparaison de son compère. Les deux masquent une panoplie de muscles sous leurs vestons guindés plus prévu pour des soirées que pour des combats.

Je devine au comportement des filles que les gorilles ne sont pas humains. Je me concentre et déploie mon antenne sensitive. Au moins l'un d'eux est garou. L'autre, je ne peux pas le jurer car la première aura garou est la plus condensée – et surtout la plus familière.

— On vient voir Monsieur Logan, fait Elisa.

— Il ne reçoit personne, répond, stoïque, le plus grand des deux.

Elisa sourit de manière malicieuse.

— Voyons, vous savez aussi bien que moi qu'il reçoit du monde en ce moment même.

— Si vous n'aviez pas rendez-vous, c'est votre problème, gronde le gaillard, patibulaire.

— Il nous recevra, j'en suis sûre.

— Mais on avait pas prévu le coup ? murmuré-je à Ambre tout en sachant que je serais entendue.

Mon ami hausse les épaules. On devrait peut-être déglinguer les gars, puis la porte ? Après tout, à trois contre deux, ça devrait se faire. Je dis ça, je dis rien...

— Si on lui disait que vous êtes là, peut-être, mais on ne le fera pas, sourit le plus petit des gardes à la chevelure dégarnie malgré son jeune âge.

Il a une tête de méchant, lui, ça se voit dans ses yeux.

— Il changera bien vite d'avis quand l'un de vous réalisera brusquement de son erreur et qu'il l'informera que ELISA AUBRY est là.

Elly hurle littéralement son nom dans le couloir, me faisant sursauter. Les gars froncent les sourcils, se lancent des coups d'œil perplexes, puis le plus grand transmet enfin son message via son oreillette.

En l'espace de quelques secondes, la porte derrière eux s'ouvre. Nous pénétrons dans la chambre d'hôtel sans nous presser. Ou plutôt devrais-je dire : dans la SUITE. Elisa s'engage avant nous sans crainte. Les murs et le sol sont d'un profond bleu nuit, très proche du noir. Un fond musical de chant classique nous écorche les oreilles, agrémenté de nombreuses voix et de rires. Passe l'entrée, on débouche immédiatement sur l'espace central de la suite. La majorité des lieux est occupé par un canapé interminable, sombre, et d'une table basse aussi longe en demi-cercle face à lui. Les lieux sont envahis d'hommes et de femmes, de toutes les couleurs, dans tous les styles vestimentaires, de la robe élégante au jean rapiécé, des chevelures sophistiqués au basic queue de cheval. Seule distinction : l'âge, tout le monde semble avoir moins de quarante ans, et tous sont majeurs.

J'emmagasine tout d'un seul tenant et remarque l'absence de cuisine – peut-être dans une autre pièce ? – et la profusion d'étagères composant les murs. Une infinie de bouteilles de vin rouge identiques aux étiquettes si discrètes que je ne parviens pas à les lire.

Les rideaux sont grands ouverts et les grattes ciels de New York masquent ce qui aurait pu être une belle vue. La seule lumière vient de l'extérieur ainsi que de discrètes LED disséminées le long des rares meubles et des étagères. On aurait pu se croire dans une cave si le plafond n'était pas si haut.

À notre arrivée, personne ne nous prête plus d'attention que ça. En même temps, on ne fait pas tâche vu la variété des gens présents. Ces derniers parlent pour beaucoup, debout, assis, allongés... d'autres se roulent clairement des galoches. Je compte une trentaine de personnes à vue de nez.

Puis je le vois. L'inattendu dans ce maelström de gens. Un gamin d'une dizaine d'année, en t-shirt hawaïen et bermuda beige. Peau mate, des joues d'enfants sous des yeux en amande, le tout dans un visage au nez évasé et aux cheveux lissés. En mode garçon sage.

Son sourire est contagieux tandis que je le vois se pencher au-dessus d'un jeu carré en bois, posé sur la table. Elisa traverse la pièce, entre dans la demi-lune formée par la table basse au centre et vient se poster face à lui. Ambre et moi trottinons à sa suite pour ne pas la laisser seule.

Le garçon paraît nous remarquer seulement lorsqu'Elisa cogne trois coups sur le meuble entre eux. Il lève le regard. Son sourire s'efface lentement. Je reconnais le plateau couvert de petites pierres noires et blanches posée devant lui : un GO. Un jeu originaire de Chine, très répandu en Corée.

— Salut Mingan. Tu es quelqu'un de compliqué à voir.

Son sourire réapparaît. Il se redresse et écarte les bras en embrassant la pièce de son geste. Aussitôt, une fille d'environ mon âge s'allonge en posant sa tête sur ses genoux. Elle lèche une sucette et se prend en selfie avec son téléphone, sans nous accorder un regard. Trop bizarre.

— Que veux-tu, petite louve, je suis quelqu'un de très demandé, répond le garçon.

Je m'attendais à une surprise – allez savoir pourquoi – pourtant sa voix correspond à son physique. Fluette, presque cristalline et sans l'ombre d'un accent. Je tente d'étendre ma conscience surnaturelle pour déterminer s'il a une aura de garou, mais soit mes pouvoirs sont en rade et je suis totalement aveugle, soit il ne dégage strictement rien d'inhabituel. De toute façon, j'ai du mal à repérer les sorciers, alors s'il en est un...

— Ou peut-être que tu joues les lâches parce que tu refuses de payer ta dette ? propose innocemment Elisa en faisant mine d'observer ses ongles.

Ça ne fait pas rire notre hôte, je le devine à la crispation de ses paupières. Ses lèvres restent toutefois détendues.

— Attention à ce que tu insinues sous mon toit, Ely. Si je me lève du mauvais pied un matin, tu risques de ne pas apprécier le remboursement.

— Oh parce que tu as eu l'impression que j'insinuais ? Voyons, je ne dis jamais de paroles en l'air sans les penser, contre Ely en haussant les épaules.

Je commence à avoir mal au ventre. Il est supposé nous aider, non ? Pourquoi elle l'énerve !

Il doit se poser la même question car, brusquement, il fait claquer la langue sur son palais et bondit sur ses pieds. Il déloge la tête de la fille qui se rebelle dans une plainte.

— QUE TOUT LE MONDE DEGAGE, hurle le garçon en me faisant sursauter. ILLICO.

Et je ne suis pas la seule que ça surprend, car les invités se redressent en hésitant, s'interrogent du regard, puis s'empressent de quitter les lieux telle une envolée de papillons. En l'espace de quelques secondes, seul le corps puissant d'une musique classique instrumental brise le silence.

Mon coude touche celui d'Ambre et je réalise qu'elle est aussi raide que moi, presque ramassée. Son expression faciale n'est pas tendue : elle est carrément prête à exploser.

Mingan Logan se tourne vers Elisa, puis son attention dévie jusqu'à nous deux, s'attarde un peu trop longtemps sur moi.

— Je comprends mieux, tu me fais sortir de mes gonds parce que tu m'emmènes des cadeaux. Il fallait le dire tout de suite !

Mingan Logan bondit agilement sur la table qui nous sépare et commence à marcher vers nous. Elisa s'interpose en levant les mains.

— Seulement si tu paies ta dette.

Il incline la tête sur le côté en s'immobilisant comme un animal. Ses yeux étincellent d'un je ne sais quoi de dangerosité. Un frisson court sur ma peau.

— Je ne te dois rien, petite louve. Je croyais avoir été assez clair sur ce fait : sois plutôt ravie d'être toujours en vie et avec toute ta tête.

Plus je l'observe et l'écoute, plus il me semble étrange. Sa manière de parler, de s'habiller et de se déplacer m'interpelle. Il est... discordant. Comme une guitare mal accordée. Un seul enfant au milieu d'adulte ? Qui joue au GO et s'habille de la même façon que s'il trainait sur une plage à Miami comme un touriste ? Sans oublier cette manie de menacer Elisa sans une once de malhonnêteté.

— Très bien, acquiesce Elisa d'un ton déçu. Dans ce cas, on s'en va, inutile de m'appeler plus tard pour demander un service à ton tour.

À la surprise générale, elle embraye immédiatement et fais demi-tour en nous embarquant avec elle. Je la suis mécaniquement, jette un coup d'œil par-dessus mon épaule et constate l'air perplexe du garçon. On n'a pas fait cinq pas que Mingan nous retient.

— Attend, Ely ma douce, voyons.

Ely s'arrête, arborant un sourire victorieux qu'elle fait disparaître avant de pivoter pour lui offrir une expression neutre.

— Oui ?

Mingan descend de la table en fourrant ses mains dans ses poches. Avec sa moue boudeuse, il imite à merveille le personnage qu'on attend de lui.

— Tu sais bien que si tu me paies, je ne dis jamais non à jouer les philanthropes.

Je fronce les sourcils. Il est con ou quoi ? Le principe même de la philanthropie c'est bien de ne rien attendre en retour. J'arrive à garder ma bouche fermée malgré l'exclamation moqueuse qui manque de s'échapper de mes lèvres. On m'a dit de ne pas intervenir !

— J'ai besoin d'un bateau qui aille dans la baie vers Ellis Island et d'un navigateur. Ce n'est pas toi qui me disais avoir une beauté sans pareille ?

Le regard du garçon s'illumine.

— Ma Demoiselle est une pure merveille ! Elle a été confectionnée sur mesure pour répondre à toutes mes envies et...

— J'en ai besoin pour demain soir, le coupe Elisa.

Mingan fronce ses sourcils et fait mine de réfléchir.

— J'avais prévu plein de choses, tu bouscules mes plans.

— Déplace les.

— Avec un paiement, je ferais tout pour toi, ma douce.

Un grondement résonne subitement dans la pièce, et il se tourne vers Ambre en haussant un sourcil. La louve-garou a la lèvre supérieure relevée et son regard étincelle d'agacement. Sa patience est à bout. Pourtant Mingan ne semble pas surpris et lui sourit.

— Doucement petite louve, tu es chez moi, ici.

— Ambre, souffle Elisa en lui posant une main sur le bras.

— Non, y a pas d'Ambre qui tienne, il te doit une faveur, non ? On ne devrait même pas en discuter, je déteste les gens qui n'ont pas de parole !

— Ambre ! siffle Elisa, une peur réelle suintant de ses pores.

Le masque de Mingan tombe. C'est soudain et terrifiant. J'en ai le souffle coupé. Ses iris s'enflamment d'une rougeur surprenante et son aura apparaît dans un claquement sec. Sa bouche s'ouvre sur une rangée de dents dont les canines et deux des incisives du haut deviennent aussi affutées que celle d'un crocodile. Oh merde.

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