Lettre d'un poilu

                                                                                                                               mercredi 20 juin 1916, Verdun

Ma chère Louise,

Pardonne-moi si cette missive est salie par le temps mais à l'heure où que je t'écris, il pleut à torrent. A l'aide de ma veste, j'essaye de couvrir cette lettre, mais l'eau arrive tout de même à s'infiltrer. J'espère que malgré l'eau et la boue qui recouvrent le papier, mes mots pour toi ne seront pas effacés.

Si tu savais à quel point tes lettres me réchauffent le cœur et m'apportent du courage. Chaque semaine, j'attends avec impatience les samedis, jour où chaque soldat reçoit des lettres de ses proches. Voir tous ces sourires sur les visages est comme une récompense à mes yeux. Et me voilà armé non pas d'une mitraillette mais d'un stylo pour te faire part des nouvelles du front.


J'aimerais te dire qu'ici tout va bien, mais ce serait te mentir. Même si je refuse que tu t'inquiètes pour moi, jamais je n'oserais te trahir.

Enterrés 3 mètres sous terres dans des tranchées, nous mangeons, dormons, combattons, vivons et mourons. Reliés par des réseaux souterrains, nous nous faufilons pour atteindre l'ennemi. Notre avancé est chaotique. Accroupis, une main sur la gâchette et la cross contre l'épaule, nous nous activons, entassés les uns sur les autres dans ces boyaux. Il est difficile de dire si l'ennemi est devant nous et va nous tendre une embuscade étant donné que la construction des tranchées en zigzag, ne nous permets pas de voir à plus de 9 mètres. Nous avançons alors dans l'inconnu, dans la gueule du loup.

Ce sont des pluies d'obus qui s'abattent chaque jour sur nous. Tels des gouttes d'eau, il en tombe jusqu'à mille par jour. Hier, alors que nous sortions pour attaquer la tranchée ennemie, un obus est tombé à une dizaine de mètre de moi et mes camarades. Soufflés par l'explosion, nous avons été propulsé à des mètres plus loin. Mes oreilles sifflaient et ma tête me faisaient atrocement souffrir. J'ouvris mes yeux et découvris alors le cauchemar qui se tenait devant moi. Le sol était jonché de plusieurs morceaux de corps. Une jambe par ci, un bras par là et parfois seulement le tronc. Malgré le bruit des balles, on distinguait très clairement les gémissements et les pleurs des soldats.

Toujours au sol, je sentis un liquide chaud coulait de mes oreilles et qui descendait le long de mon cou. C'était mon sang. Mes tympans étaient percés. Nous continuions notre périple en rampant, évitant les nombreux cadavres des soldats morts au combat. Nous savions que si nous nous mettions debout, la mort était assurée. Après avoir parcourus une vingtaine de mètres à ramper dans la boue, la saleté et le sang, nous nous sommes réfugiés dans une tranchée voisine et attendions le bon moment pour attaquer de nouveau. Nous sommes partis de la première tranchée avec une vingtaine d'hommes et nous avions perdus la moitié d'entre eux sur les dix mètres qui séparaient les deux boyaux.

Quand l'ordre nous fut donné, nous sortions de terre pour affronter la mort. Debout, au milieux dunéant, la course était le meilleur moyen de survie. Des balles sifflaient dans l'air et venaient se loger dans nos corps. Henri qui était à ma droite ce jour là, s'est effondré d'un seul coup. Je revois encore son cadavre criblait de trous causés par les impacts des balles. Finalement, nous avions gagné. La tranchée ennemi était à nous. Nous avions gagné 100 mètres mais avions perdu tant de camarades que je ne saurais te les énumérer.


Vois-tu, tant de morts pour si peu de mètres...Combien de temps cela durera-t-il encore ? Quandpourrais-je revoir ton doux visage ? Toutes les nuits, quand le sommeil n'est pas là, je regarde notre photo de mariage. Rangée précieusement dans la poche de ma veste côté cœur, chiffonnée, pliée et dépliée, je me remords chaque minutes de cette journée. Tu étais si belle dans ta robe de mariée aussi blanche que de laneige en hiver. Je me rappelle de tous les détails comme si nous avions échangés nos vœux hier. Tes cheveux rassemblés en un parfait chignon ornés d'un petit ruban rouge, la dentelle de tes gants, la douceur de tes lèvres au contact des miennes... Tu étais magnifique. Et penser à toi, me redonne de la force.

La vie dans les tranchées est insupportable. Quand vous n'êtes pas piqué par les tiques, les poux s'en chargent pour vous. Tu ne me reconnaîtrais pas mon amour. Je suis devenu un homme différent. Je n'ai pas pris de bain depuis plus de deux semaines et la saleté est à présent incrustée à jamais dans ma peau meurtrie. D'immense cernes se sont logés sous mes yeux et des coupures ont fait leur apparition. L'atmosphère qui règne ici est oppressant. Serrés les uns contre le autres, il n'est pas rare qu'un de nous attrape une maladie est soit obligé de rentrer dans l'arrière-pays.


Mais soit tranquille, je te promets de te revenir plus vivant que jamais. Je te promets d'être le meilleur des pères pour nos enfants et je te promets d'être le meilleur des maris. En démontre ce poème que je te dédis :

'' Assis sur une balançoire,

Je me mets dans l'espoir

Qu'un jour je pourrais voler

Au-dessus du ciel bleuté.


Et le fait de voir ton visage

Au-dessus des nuages

Me fait rappeler

Tous ces moments passés à tes côtés. ''


                                                                Je t'embrasse très fort et au plaisir de te lire.


                                                                                                                                                  Tonmari et amant, Luc



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    Je suis consciente que ce que le soldat décrit n'était pas possible dans une vraie lettre. Car avec la censure, seulement les bonnes choses étaient dîtes. Il ne fallait pas que le gens s'imaginent le mal au front. 

J'espère que cela vous a quand même plus ! 

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