3. Like A Cat On A Hot Tin Roof

Il y a des instants comme celui-ci où l'on se demande où est notre cerveau. Dans mon cas, j'aurai tout aussi bien pu être un bonhomme de neige inanimé que je n'aurai pas mieux réagi. J'agrippais la barre me protégeant de la chute comme à un bastingage en pleine tempête maritime. Pour moi, cela faisait une éternité que je n'avais pas vu cet homme. La dernière fois, j'avais cherché son soutien pour éviter de me coltiner sa sœur à la maison, mais il n'était pas venu à me secoure, et avait même ployer l'échine devant son grand chef. 
Je ne lui en tenais pas rigueur. A vrai dire, je m'étais méticuleusement abstenue de penser à lui d'une quelconque façon que ce soit - du moins, rien de personnel qui introduisît une réflexion sur mes sentiments à son encontre. Je n'avais pas été pressée de réfléchir à notre baiser, d'autant plus que je ne parvenais pas à me débarrasser de l'image de mon once-garou.
Je m'efforçais chaque jour de chasser cet atroce sentiment de manque qui m'envahissait lorsque je repensais à Rhys, mais je n'y étais pas parfaitement parvenu.

Ma Petite Ombre profita de mon moment d'absence pour jaillir à la rencontre du lion-garou qui nous observait en silence du bas de mon seuil. Nos esprits se rencontrèrent dans la Lactea Via et je sentis le lion accueillir ma jaguar avec une joie à peine contenue. Ils se frôlèrent, savourant un contact bref et intime qui leur était propre, heureux de se revoir après tant de temps ; puis je rappelais ma jaguar pour rompre leur lien. Ce n'était pas de la cruauté de ma part : juste de l'intimidation face à tant de candeur naïve et insouciante.
J'eus tout le loisir d'éprouver la déception d'Adiran lorsque je me retranchais dans mes murailles avec mon Anam Cara. Celle-ci me fit part de son humeur en me grognant dessus, et je dus l'apaiser d'une douce caresse pour qu'elle n'ait pas de rancune. Elle comprit mon hésitation et mon appréhension, respectant - sans comprendre - mon besoin dominant de retranchement. Pour elle, je fuyais un danger sans savoir lequel.

- Bonjour, Minette, dit-il de sa voix de crooner qui, je le réalisais après coup, m'avait manqué.

Sauf que cette intonation ne manqua pas de me rappeler celle, terriblement grondante, de mon défunt Rhys ; ce simple fait fit remonter un frisson le long de mon corps tendu que je fus incapable de réprimer.

- Salut, répondis-je finalement.

Le soupir de Raad me fit sursauter, ayant négligé sa présence. Je me tournais vers lui, interrogative. Il s'était redressé et s'apprêtait à descendre au rez-de-chaussé. Je savais devoir faire de même, ne serait-ce que pour saluer correctement son frère, mais le courage me manquait. Ilona avait disparu, et je tendis discrètement mon esprit dans la Lactea Via pour vérifier où elle se trouvait : elle avait quitté ma boutique, certainement pour nous laisser une intimité dont je me serais bien passée.
Je reportais mon attention sur Adiran et constatais avec surprise que son étonnante crinière rouge avait laissé la place à une couleur naturellement châtain. Même sa coiffure atypique avait disparue : Ses cheveux mis-long retombaient de chaque côté de son crâne, masquant ainsi la partie autrefois tondue. 

- Qu'as-tu fait à tes cheveux ? m'entendis-je demander avant de n'avoir pu meretenir. 

Le ricanement de Raad me répondit tandis qu'il atteignait son frère pour lui offrir une tape bourrue sur l'épaule. Bien qu'ils fassent exactement la même taille, Adiran était autrement plus baraqué que Raad, qui restait nettement plus fin avec une musculature souple. 

- Ad' avait perdu un paris avec moi. Il n'a jamais eu ce style, j'ai dû le forcer, m'expliqua le lion-garou.

Je haussais un sourcil d'étonnement. Alors comme ça, Adiran n'était pas du tout un punk, à la différence de son frère ? Seuls ses nombreux tatouages et ses quelques piercings laissaient maintenant penser qu'il ait pu avoir un style rock'n'roll. Ce changement me surprenait, sans que je puisse pour autant masquer ma satisfaction. Je n'avais rien contre les punks, mais Adiran était bien plus séduisant ainsi. 
Je ravalais cet élan d'attirance qui avait germé si brusquement en moi, me morigénant de ne pas parvenir à endiguer mes émotions. Je bridais aussi mon Anam Cara, histoire qu'elle n'en rajoute pas une couche en allant batifoler dans la toile de la meute. 

 L'expression détendue d'Adiran ne laissa rien transparaître de son avis, mais ses iris ne me quittaient pas : ils étaient si insondables que j'éprouvais un certain agacement à les regarder. J'étais certaine de transpirer chacune des sensations qui me parcouraient. 

- Tu ne descends pas ? J'aimerai discuter.

Ma gorge se noua. Je ne savais pas ce qu'il désirait me dire, mais je supputais maintenant pourquoi son frère paraissait si indécis ce matin, comme un navire tanguant au gré de la houle. J'acquiesçais du menton avant de m'écarter de la rambarde. Je ne parvenais pas à saisir l'étendue de mon malaise. N'étais-je pas une femme forte ? N'avais-je pas subi bien plus qu'une simple confrontation avec un... avec un quoi, d'ailleurs ? Que représentait Adiran pour moi ? Ce n'était plus un inconnu, mais difficile d'admettre qu'il puisse être plus qu'une connaissance.

Lorsque je parvins au bas de mes escaliers, je me figeais en une posture défensive, sans en comprendra la raison. Je me sentais en terrain ennemi. Était-ce dû à l'odeur des deux lions-garou qui me montaient à la tête en m'enjoignant subtilement de m'approcher d'avantage d'eux pour me vautrer dans leurs effluves félines ?
Car j'en mourrais d'envie, alors même que ma conscience rationnel me hurlait que ce n'était pas réellement moi qui désirait cela. 
Je raffermis mon emprise sur ma lucidité en repoussant la volonté primaire qui m'accompagnait. Je n'éprouvais aucune rancœur ni antipathie envers ma jaguar, mais je me devais de ne pas perdre de vue que ce qu'elle désirait ne s'alliait pas forcement avec mon désir personnel, et que les deux pouvaient se retrouver en conflit dans une brume imprécise. 
Ma Petite Ombre se recroquevilla dans cette partie de notre intellect qui n'appartient qu'à nous, m'exprimant ainsi toute sa volonté de ne pas me froisser, de ne pas s'immiscer dans ma vie privée d'humaine.

- Que se passe-t-il ? fis-je finalement avec tout le courage que je parvins à rassembler.

- J'aurai aimé que Mirko s'en charge, mais le Primum a visiblement d'autres projets pour lui. Je doute d'être le meilleur messager pour t'en faire part. 

- Il fallait bien que quelqu'un s'en charge, argua Raad d'un air amusé.

Son frère grimaça, et je ressentis son irritation sillonner la Lactea Via en direction du garou. Le coup d'œil qu'il lui lança n'était pas moins clair.

- Tu veux bien nous laisser ? gronda Adiran à l'intention de son jumeau.

Raad fit la moue, avant de m'indiquer d'un index.

- N'oublies pas de te doucher avant d'ouvrir ta boutique, me conseilla l'emmerdeur d'un clin d'œil, nous laissant ensuite seuls.

Je maugréais, me retenant de renifler mes aisselles. Bien entendu que je ne sentais pas la rose, mais personne ne lui avait donc appris les bonnes manières ? J'allais finir par m'en charger personnellement.
Adiran attendit quelques secondes avant de se rapprocher de moi, quant bien même nous nous entendions parfaitement à cette distance.

- Tu ne sens pas mauvais. Au contraire, lâcha-t-il de but en blanc.

Je restais muette de stupeur devant tant d'honnêteté. Une chaleur caractéristique vint m'empourprer les joues, et je tentais de masquer mon malaise en toussotant. Pour une fois, j'avais parfaitement saisi l'étendue de sa déclaration, et en comprenais parfaitement le sens caché. Je n'étais pas totalement naïve en matière de relation humaine, bien que clairement débutante. 
Je ne sus que répondre, et comme souvent pendant ces occasions embarrassantes à souhait, je fis ce que je faisais de mieux : je fuyais en me retranchant derrière mon bar, me dérobant au regard scrutateur du lion-garou. 

- Tu veux quelque chose ? 

J'avais dû m'éclaircir la voix pour qu'elle finisse par s'extraire correctement de ma gorge, et lorsque j'eus le réflexe de pivoter vers lui, j'entraperçu l'esquisse d'un sourire avant que je ne me détourne à nouveau. 
Bien entendu que mon malaise ne passait pas inaperçu ! Si ça se trouve, il parvenait même à entendre mon cœur cavaler dans toutes les artères de mon corps, cherchant frénétiquement le chemin de ma poitrine.

- Aurais-tu du Scotch ? 

Je restais figée, la main sur une tasse, et relevais mécaniquement les yeux pour lui offrir l'expression de surprise qui s'y était peinte.

- Sais-tu quelle heure il est ? demandais-je, perplexe.

- Sais-tu quel age j'ai ? répondit-il du tac au tac sans que je parvienne à saisir le rapport avec ma propre question.

- Et bien, quelque chose comme une bonne centaine d'année, non ? hésitais-je en tentant d'assembler les morceaux éparses des informations que je détenais sur sa fratrie.

- J'ai cent-douze-ans, avoua-t-il. A ce stade, je t'assure qu'il n'y a plus d'heures pour boire.

- Il n'y en a pas pour les alcooliques, en tout cas, consentis-je en plissant les yeux.

Je fis mine de ne pas être stupéfaite par son aveu. Bien entendu j'en étais venu à admettre que la longévité chez les Therianthropes serait toujours un barrage à l'image que je me faisais de la vie et de la normalité, et qu'il me serait difficile de me conformer à l'idée que oui, mes amis garous paraîtraient toujours beaucoup plus jeunes qu'ils ne l'étaient en réalité. Et moi aussi, par la même occasion. Mais je supposais que ce détail, je ne l'accepterai complètement qu'avec du temps et de la rationalisation.
C'est donc sans plus de cérémonie que j'accédais à sa requête, tout en me faisant la remarque que je mourrai d'envie de lui fausser compagnie pour aller prendre une bonne douche fraîche. Raad avait raison, finalement : je me trouvais franchement crade, et savoir qu'Adiran puisse trouver un certain charme à l'odeur qui emmenait de moi m'atterrait autant que m'intriguait. 

Adiran s'installa sur un tabouret en face de ma petite personne, tandis que je me préparais un thé. Il posa les coudes sur le bar et croisa les doigts en me dévisageant en silence, le visage inexpressif. Cette habitude qu'il avait de ne jamais dévoiler son ressenti m'exaspérait, alors même qu'une minuscule partie de moi s'exaltait de ne pouvoir le décrypter, comme si le mystère alimentait l'attirance que j'éprouvais pour lui. Jusqu'à quels degrés serait-il capable de maintenir cette expression en place ? Jusqu'où devrais-je aller pour faire céder ses remparts pour qu'enfin, il puisse exposer à nu ses émotions ?
Ces introspections sur ce désir subit enflammèrent à nouveau mes joues et contractèrent mon bas ventre. Je rageais intérieurement. Je pensais sincèrement que l'ardeur éprouvé pour ce lion-garou la dernière fois était entièrement liée à ma condition d'alors. 

Mais aujourd'hui, je constatais tristement qu'il n'en était rien. Cet essor vivace et inexpérimenté s'exprimait à travers cette minuscule partie de ma personnalité que je n'avais pas encore apprise à connaître, et que je découvrais peu à peu en fréquentant ces hommes virils et sauvages, aussi beaux que des dieux.
Son nez droit à l'arrête fine lui offrait toujours un air sévère qui ne le quittait pas, et il possédait des yeux aux paupières tombantes. Chez certaines personne, ce dernier trait peu produire une apparente fatigue : mais chez lui il n'en était rien, bien au contraire ; on eu dit qu'il menaçait chaque personne osant affronter son regard. Et cette apparence hostile et patibulaire avait le don de me faire perdre mes moyens.

Je secouais la tête pour me soustraire de l'attraction qui s'emparait de moi depuis plusieurs minutes, et je poussais un grognement irrité lorsque Adiran s'enquit de ma santé d'un air dubitatif. 

-  Que voulais-tu me dire ? m'impatientais-je en m'échauffant plus que je ne le souhaitais. 

Je n'avais rien contre lui, mais chaque fois que je réalisais l'étendue des réactions qu'il instillait en moi, je ne pouvais m'empêcher de penser à Rhys. 
Et penser à lui n'était jamais agréable et assombrissait toujours mon humeur, réduisant à néant tous les efforts que j'effectuais pour passer à autre chose. Mais les souvenirs douloureux sont traîtres, surtout récents, et ils insufflaient une haleine âpre qui gangrenait mon cœur pour le réduire en cendre, me remémorant chaque instants passés, trop courts, avec ce quasi inconnu qui m'avait pourtant comprise et acceptée dans mon entièreté. La relation fugace et intense que nous avions partagé s'était interrompue avec une brusquerie impitoyable, rompant net un avenir qui aurait pu être merveilleux : si seulement on lui avait laissé le temps de germer, loin du danger et de la mort. 

- Comment tu te sens ? 

Cette fois, cela ne faisait pas référence à ma gêne, ni à une incertitude de ma part.
C'était une question qu'on m'avait posé de nombreuses fois, et qui impliquait toujours un mensonge masqué évident pour tous. Mais la douceur que je lu dans son regard me fit voir toute la sincérité de son inquiétude pour moi, et c'était bien la première fois qu'il paraissait réellement se soucier de ce que j'éprouvais. Jusqu'à présent, il préférait me botter les fesses pour que j'apprenne à accepter les choses sous son point de vue pour avancer. Aujourd'hui, il ne cherchait pas à me donner une leçon mais s'interrogeait avec franchise sur ma santé et mon ressenti. 
Alors, je lui répondis le plus honnêtement possible.

- Mieux, avouais-je en poussant le verre de mon whisky personnel vers lui.

Il hocha la tête, soucieux, et bu une gorgée. Le silence s'installa, s'épaissit ; un temps indéfinissable durant lequel je me fis la réflexion qu'à un moment donné, j'allais le mettre à la porte s'il ne m'expliquait pas sa venue. L'angoisse enflait dans mon ventre comme un ballon gonflé à l'hélium, au point que je me sentais prête à léviter. J'éprouvais bientôt une nausée grandissante difficile à ignorer.
J'inspirais profondément. Je pensais enfin savoir ce qu'il voulait. Mais j'étais très loin d'être prête à l'entendre.

- Adi... commençais-je.

- Je suis venu t'annoncer que le délai est écoulé, annonça-t-il abruptement avec un air sombre tout en évitant mon regard.

Mon cœur chuta comme une pierre dans mon organisme. Je m'agrippais au meuble dans mon dos alors que ma vision ondulait sous mes cils. Je ravalais les larmes qui menaçaient de se frayer un chemin sous mes paupières et me contraignis à respirer doucement.

- Min... Bass ? demanda-t-il dans un chuchotis alarmé. 

Je serrais les mâchoires et me redressais, m'ébrouant comme un animal sonné qui chancelle après avoir reçu un choc. Mon Anam Cara poussa une sorte de long hululement plaintif dans mon esprit, et ma douleur devint la sienne tandis qu'elle encaissait le gros de ma souffrance. Elle était aussi triste que je l'étais, mais ma conscience demeurait bien plus réceptive au chagrin que ne l'était la sienne, qui parvenait à vivre au jour le jour. Ça n'aurait pas été pour moi, elle aurait certainement déjà oublié sa rencontre avec l'once des neiges. Ses souvenirs et sa détresse n'auraient pas été possible s'il n'y avait eu ma mémoire humaine pour ressasser sans relâche ce que nous avions perdu. Ce que j'avais perdu. Ma Petite Ombre n'était pas présente lorsque j'étais entre les mains de ces scientifiques. Elle ne pouvait pas comprendre ce que j'avais pu éprouver pour Rhys ou son Anam Cara, qui avaient tout deux occupés le vide qu'elle avait laissé en disparaissant de mon esprit.
Moi même, je n'avais pas saisi l'ampleur de leur rôle à ce moment là. Si ma jaguar avait été présente, peut-être même n'aurais-je jamais connu ce que j'avais alors ressenti pour lui - pour eux.

Un frôlement félin dans la Lactea Via me ramena à la réalité, et je réalisais subitement que dans mon affliction j'avais omis de renforcer mes défenses mentales, et que mes meurtrissures emplissaient maintenant la toile de la meute sans digues pour les maintenir en moi. Horrifiée d'exposer ainsi ma peine ostensiblement à la vue de tous les garous, je me réfugiais derrière mes barrières et repoussait le lion-garou qui avait tenté de me réconforter. 
Je serrais mes bras autour de moi.
J'aurai souhaité pouvoir débrancher mes émotions. Peut-être pouvais-je encore fuir en avalant des somnifères ? 
Non.

- Ça se passera demain, poursuivit Adiran. Le Primum a pris la décision de l'incinérer, étant donné qu'il attend toujours ton choix. Mais si ça ne convient pas, tu peux toujours l'appeler. Dans tous les cas, on ne peut plus repousser à plus tard...

Le Primum a pris la décision.
Bien entendu, Kanvael prenait toujours toutes les décisions sans concerter personnes. N'aurait-il pas pu me l'annoncer lui-même ? Était-ce si dur de m'affronter, me regarder droit dans les yeux et me dire ce qu'il comptait faire ? Ne pouvait-il donc pas me demander mon avis

La colère enfla dans ma poitrine comme le retour de marrée, et je l'accueillais avec ferveur, la préférant à la mélancolie qui n'apportait rien de bon et n'apaisait pas mes maux. La colère était une amie, une allié toujours prête à encaisser avec moi, à me soutenir et à alimenter mes forces.

Adiran sentit le changement dans mon attitude, et il récupéra la main qu'il avait inconsciemment tendu vers moi, se redressant comme pour mieux accuser la tempête qui bouillonnait en moi. Je n'avais pas pris conscience qu'il me connaissait aussi bien. A moins qu'il ne se soit servi de la Lactea Via pour constater mon humeur sombre ?

- On ne peut pas le maintenir plus longtemps dans ces conditions : on a déjà bien trop retardé l'échéance. Pour toi. On a respecté ton deuil, ton souhait de prendre le temps de réfléchir. Mais ça ne peut pas durer indéfiniment, Bastet. Si tu ne peux pas choisir, alors nous choisirons.

Nous. Evidemment qu'il soutiendrait toujours son fichu Primum, peu importe les conséquences, peu importe les actes de son leader. Peu importe les résolutions qu'il prenait.
Je lui jetais un regard froid, dépourvu de compassion ou de compréhension. Je me moquais bien qu'il me considère comme une enfant gâtée et indécise. 

- As-tu fait ce que tu voulais faire ?

Je tiquais, et un doigt glacé remonta le long de ma colonne vertébrale. Ses yeux verts perçant me dévisagèrent avec un calme étonnant, comme s'il était insensible à l'animosité qui devait déborder littéralement de tous les pores de ma peau.

- Es-tu parvenu à faire ce qu'il fallait pour faire ton deuil ? ajouta-t-il plus lentement, paisible comme s'il s'adressait à un enfant effrayé.

Et cela suffit pour rompre toute l'effervescence qui coulait dans mes veines. La fureur qui parcourrait mes membres se désamorça à la façon d'un ballon de baudruche qu'on vient de crever d'un coup de canif et je me sentis subitement vidée de mon énergie, délaissée par l'ébullition qui m'animait. Je fermais les yeux, et la culpabilité m'envahie. 

Non, je n'avais toujours pas fait ce que je voulais. 


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