Le loup

Car William était comme un loup. Il était beau, mais en même temps dangereux. Et je sais que ça peut sembler cliché. Il est beau, mais dangereux. Non, ce que je voulais dire là, c'était qu'il était vraiment beau, et vraiment dangereux. Il était mystérieux et étrange, comme un loup. Et en même temps, je ne pouvais m'empêcher de vouloir m'en approcher, comme d'une bête sauvage.

Et William était là, dans mon dos, essayant difficilement de passer le tunnel. Je sentais son souffle dans mon cou et ses bras se frottaient parfois aux miens. Ce n'était pas désagréable, simplement bizarre. Il soupirait, ça se voyait que ça l'embêtait de me suivre.

- Tu n'es pas obligé, dis-je subitement.

Après tout ce temps à chuchoter, ma propre voix me paraissait étrangère.

- De ?

- Me suivre.

- Je te suis si je veux.

Je m'arrêtais net. Son corps percuta le mien et il recula précipitamment, plus violemment encore que la façon dont il m'était rentré dedans, avec une hâte singulière de... Haine. Ça me fit un peu mal de réaliser aussi crument mais c'était sans doute nécessaire. Je n'aimais pas éviter la réalité.

- Voilà, émis-je seulement.

- Quoi, voilà ?! grogna-t-il, agacé.

Je l'entendais épousseter ses vêtements. Je n'étais pas pestiféré, quand même.

- Tu n'aimes pas ça. Ça te fait chier de faire ça avec moi. Je comprends, tu ne m'apprécies pas. Et bien, va-t'en.

J'avais craché ces derniers mots. Le rejet de William devait m'atteindre plus que je ne le laissais paraître. C'était la plus longue phrase que j'aie articulé aujourd'hui. Et cela me déplaisait que ce soit avec lui. A force de me montrer à quel point ma présence le rendait différent, plus irritable, plus agacé aussi, cela avait fini par me rendre aigre aussi. Je détestais les gens qui ne regardaient pas la vérité en face. S'il ne m'aimait pas, il lui suffisait de le dire. D'arrêter de se retrouver dans des situations où j'étais impliqué, si c'était pour agir de la sorte. J'en avais plus que marre de ses reniflements de dégoût.

- Mais...

Pour la première fois, je le sentis déconcerté. C'était étonnant.

- Tu penses que je ne t'aime pas ? s'étrangla-t-il.

Je ris malgré moi. Un rire silencieux qu secoua mes épaules pendants quelques instants.

- Quoi ? Tu fais l'étonné. C'est évident que tu ne m'aimes pas. Ne fais pas semblant. Tu es toujours mal à l'aise quand je suis là.

- T'es complètement con! explosa-t-il dans mon dos. T'as rien compris !

Je me retournais tant bien que mal, surpris. Il y avait peu de lumière mais je voyais son expression enragée. Ses poings étaient serrés et il regardait le sol. Le fait que ce soit lui qui joue les énervés ne fit que m'énerver d'avantage.

- Oh, je t'en prie! fis-je. Tu ne supportes même pas de me toucher !

Il releva brusquement la tête.

- Mais bien sûr que je-

Il s'arrêta brusquement.

- Ça ne sert à rien.

Il s'avança vers moi et agrippa mes deux bras de ses mains. Déconcerté, je ne fis rien pour intervenir. Il frissonna violemment lorsqu'il me toucha, mais lorsqu'il me regarda, ses yeux brillaient, comme s'il avait de la fièvre.

- Bien sûr que je ne supporte pas de te toucher, continua-t-il.

Mon cœur et ma mâchoire se serrèrent de manière inexplicable. Pourtant je sentais que c'était un moment important. J'attendis donc.

- Te ... Toucher...

Il ferma les yeux au mot, puis les rouvrit et me fixa résolument.

- Te toucher me donne envie de faire autre chose.

J'écarquillais les yeux. Il écarquilla les siens aussi, comme venant de se réveiller d'une rêverie. Il cessa de me regarder.

- Oh, pardon. Je suis désolé, fit-il.

Je ne l'avais jamais vu comme ça. Il essaya de retirer ses mains, mais je croisais mes bras pour les y re-plaquer de force.

- Arrête, grondais-je.

- Laisse moi, répondit-il. Tu as raison, je vais rentrer.

- Qu'est ce que tu as envie de faire ? demandais-je.

Il me jeta un coup d'œil, surpris.

- Bin, je viens de te le dire. Rentrer.

Je secouais la tête. Ce n'était pas ce que j'avais voulu dire. Il essaya de retirer ses mains. Je résistais.

- Ce n'est pas ça.

- Alors quoi ? fit-il.

- Qu'est ce que tu as envie de me faire ?

Il se raidit.

- Ah... Je ne peux pas... Tu... Ne demande pas ça, s'il te plaît.

Je pris sa main droite et la posait sur mon pull-over, sur mon cœur. Ça m'avait demandé beaucoup de courage. Il déglutit mais n'enleva pas sa main pour autant. J'hésitais à continuer d'arranger ses mains. Il me surpris en bougeant lentement la main que j'avais positionnée, en cercles. Il me fixait pendant qu'il bougeait, avec douceur. Il y avait quelque chose qui pétillait dans ma poitrine, et dans mon ventre.


fevrier 2024

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