3 ~ Training... And feeling 1/3

Louise

Armée de crayons de couleur or et ambre, je laissais ma main esquisser des traits. Et à chaque fois cela prenait l'apparence d'yeux que je ne connaissais que trop bien. Je soupirai ; ça ne servait à rien de s'accrocher comme ça pour rien. Ça ne servait à rien d'en faire une obnubilation, surtout pour qu'au final, je sois écartée, et que je n'ose pas m'approcher et ouvrir la bouche.

Je fermai les yeux et imaginai qu'une feuille blanche représentait mon esprit. C'était ma manière de ne penser à rien. Puis, j'imaginai que sur cette feuille, de fins traits se dessinaient, prenant une forme abstraite. Je pris une nouvelle page de mon bloc, bien décidée à m'entraîner et à refaire tout ce que Monsieur Artifex m'avait montré. S'il l'avait fait, ce n'était sûrement pas pour que je le mette de côté et l'oublie.

*

Je serrai les dents, et m'empêchai de transpercer ma feuille avec mon crayon. Pourquoi ça ne marchait pas ? Pourquoi je n'y arrivais pas ? Je serrai encore plus fort les dents, les larmes aux yeux et respirai calmement, serrant si fort mon pauvre crayon que mes jointures blanchirent. Je m'efforçais de rester calme, et d'essayer, encore et encore, de m'accrocher.

« NON ! hurlai-je, en jetant violemment mon crayon sur le mur en face de mon bureau

   La respiration saccadée, je me pris la tête entre les mains et plantai mes ongles dans mes paumes jusqu'au sang, tentant de faire passer toute ma rage dans la force que j'y mettais. Retenant mes larmes qui débordaient presque de mes yeux, j'essayais de contrôler ma respiration et de reprendre mon crayon. Mes mains tremblaient tellement que je ne parvenais pas à dessiner quoi que ce soit. Sentant la colère revenir me brûler le cœur, je lâchai mon crayon, qui rebondit sur le bureau avec fracas et plantai à nouveau mes ongles dans ma peau, les dents serrées, des larmes de rage et de tristesse prêtes à couler.

  Je respirai à grands coups irréguliers, le corps tremblant et agrippai le plus fort possible le bord de mon bureau, dans l'espoir que l'ouragan qui me secouait ne se calmât.

  Dans un excès de rage, je m'emparai de mes feuilles gribouillées et les déchirai d'un coup sec en criant d'hystérie, avant de les jeter à travers la pièce. Debout au milieu de toutes ces bribes de papier, j'hurlai à m'en briser la voix, extériorisant toutes les colères, les emportements, tous les sanglots qui noyaient mon coeur depuis trop longtemps. Tout s'était effondré. J'étais debout au milieu des parcelles de ce qu'avait été mon cœur. Ses morceaux gisaient épars, ternis, gris, vides. Il ne restait rien, rien, pas même une once d'amour, pas même une étincelle d'espoir. Pas de braises. Juste un épais précipice dans lequel je tombais, tombais, tombais. C'était noir. J'étais aspirée. Je m'écroulai sur le sol et éclatai en sanglots. J'attrapai un coussin de ma main tremblotante et le serrai à le faire exploser, m'étouffant presque avec mes sanglots.

  Je ne méritais pas d'avoir eu des cours avec Monsieur Artifex. Je n'avais pas ma place dans ses cours. Je n'étais pas talentueuse, pas douée, je n'avais pas ça dans le sang, je n'étais pas faite pour ça. Je ne méritais pas non plus de connaître Céleste et Lucian.

Lucian...

   Les poussières de ce qu'il restait de mon coeur se serrèrent, et mes larmes redoublèrent de puissance. Jamais il ne s'intéresserait à une fille comme ça, qui se mettait dans un tel état et qui ne se faisait pas confiance. Pourquoi poserait-il ses beaux yeux sur moi alors qu'il pouvait avoir beaucoup mieux ? Je pleurai encore plus et finis par me lever et par me coucher, pleurant silencieusement.

  Je me mis à rire d'un rire étrange, un rire sarcastique, qui devint presque glaçant, tant il sonnait étrange. Non, ça c'était sûr, jamais il ne se préoccuperait d'une fille inintéressante, trop discrète, trop réservée, trop renfermée, trop peu bavarde, qui n'avait pas confiance en elle. Surtout si elle n'osait pas aller le voir et qu'elle préférait passer son temps à l'observer à la dérobée.

  Finalement, mes sanglots se firent plus rares, mes larmes moins abondantes, et bientôt, je m'endormis, émotionnellement vidée et épuisée.

*

  Je devais m'accrocher. C'était sur cette pensée que je m'étais éveillée, le lendemain. J'étais littéralement vidée de toute émotion.

Je repris mon crayon et une feuille blanche toute lisse. Je ne sus comment, mais la mélodie du grattement du crayon berça l'atmosphère paisible de ma chambre, et les traits de Lucian apparurent sur ma feuille, d'abord légers, puis intensifiés.

  J'appliquais à la lettre les derniers conseils de Monsieur Artifex, et fus époustouflée par le résultat. C'était comme s'il était en face de moi. J'avais l'impression que si je tendais la main, c'était son visage, sa peau que je toucherai, et pas des coups de crayon.

  Je me souvins de ses yeux, et de son regard qui m'avait semblé étrange, particulier. Il m'avait tant déroutée. On s'était souvent regardé dans les yeux.

  Ce n'étaient que de simples regards. Ce n'était rien. Mais, ce petit rien pouvait à la fois tout et rien dire. J'observais tristement les lumières qui clignotaient au-dessus de ma fenêtre. Noël approchait. Dans un mois, c'était Noël, et dans moins d'une semaine, je passais ce fameux concours...

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Voilà pour cette partie !

Je me souviens m'être éclatée en l'écrivant :) même si ce n'est pas génial...

J'ai conscience que ce n'est pas très original comme nouvelle, que c'est un peu simple et cliché, mais pour une fois, j'ai voulu faire quelque chose de pas trop triste x)

N'hésitez pas à commenter, c'est important pour moi, ça m'aide à avancer :)

Honey.

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