Conley avait une belle maison, il fallait l'admettre. Elle n'était ni trop petite, ni trop grande, mais optait pour le style que l'on pourrait appeler victorien. Il y avait une petite tourelle à l'avant de la maison qui donnait vue sur la rue paisible de la banlieue dans laquelle il vivait. Les murs étaient tous fait de briques et de pierres et une grande baie vitrée se trouvait dans le salon. Conley m'avait fait visiter l'ensemble des pièces, dont l'immense cuisine aurait fait mourir de jalousie ma mère, tout comme la salle à manger qui avait une table de bois franc ainsi que six énormes chaises du même genre. Dans la maison, le salon était situé au rez-de-chaussée et comportait une télévision, des divans en cuir rouge presque neufs et une petite table basse en bois. À l'étage se trouvait la section que j'avais assez rapidement identifié comme étant la zone « danger ». C'était à cette étage que les chambres se trouvaient, y compris celle de Conley qui était située face à celle de son frère ainé, mais qui était souvent inhabité selon Conley, car son frère était maintenant à l'université et qu'il revenait rarement à la maison. La chambre de Conley était petite, quant à elle, nous laissant dans un espace un peu trop restreint à mon goût. Rajouter à cela qu'il y avait un lit double et que les parents de mon sois-disant copain étaient absents. Les murs de la chambre de Conley étaient bleus pâles et dénudés d'affiches et de décorations. Pour l'admettre, aussi ridicule que cela pouvait paraître, j'aurais plutôt vu un mur entier recouvert de photos de Becca, de Mary Ann Aberline, de Dave Thompson, de Catherine Hunt (même si j'ignorais de quoi elle avait l'air), de Dan Caius, et peut-être des photocopies de la liste et du carnet et des documents officiels comme ceux que m'avait refilés Thomas Grant, un peu plus tôt ce jour-là. Mais non, rien de ce genre ne semblait se trouver dans sa chambre. Jacob Conley était beaucoup plus futé que ça.

« Tu veux quelque chose à boire peut-être? Ou bien tu as peut-être faim, je peux... » marmonna Conley, alors que j'étais assise inconfortablement sur le bout de son lit.

« C'est gentil, mais non merci. »

Il bougea inconfortablement avant de venir s'asseoir à mes côtés, sur le lit dont les draps avaient été fraichement lavés. Trois heures plus tôt, j'étais toujours dans les bois en compagnie d'Alicia et de Becca. Je n'avais parlé à ni l'une ni l'autre de mon rendez-vous avec Conley. Maintenant, je le regrettais. Conley était fou et dangereux. Il avait laissé quelqu'un mourir pour un stupide plan de vengeance. Il avait commis l'irréparable. Ma vie était en jeu et s'il ne s'agissait pas de l'instinct de survie, je n'aurais pas répondu à son baiser, lorsqu'il pressa ses lèvres aux miennes. À mon grand malheur, le baiser s'amplifia, me faisant perdre l'équilibre sur le matelas. Le voilà qui était au-dessus de moi, me mettant très mal à l'aise. Heureusement, il s'arrêta un instant et me regarda, comme s'il analysait chaque parcelle de ma peau.

« Tu es vraiment magnifique. » murmura-t-il tout près de mon oreille.

Je ne répondis pas, détournant le regard, sachant que ce qu'il disait était probablement un autre mensonge. Tous ses mensonges... Tous ses regards.. Et nos quelques baisers... Il n'y avait rien de vrai là-dedans. Jacob Conley était décidément un très bon acteur - ou un très bon menteur.

Mes cheveux blonds et lisses encadrant mon visage, je penchai la tête sur la gauche et regardai par la fenêtre, ne voulant que partir de cet endroit de malheur.

« Je crois que j'ai faim, tout compte fait. » dis-je subitement, en me redressant, bousculant Conley au passage.

« Ok, c'est assez clair de ce côté-là. » marmonna ce-dernier en se grattant la nuque.

« Est-ce que tu veux jouer à un jeu? »

Conley s'approcha de moi, plus prudent cette fois. Ses cheveux bruns aux reflets de cuivre étaient ébouriffés de manière à faire craquer n'importe qui et ses yeux bleus perçants me fixaient avec une telle intensité... J'étais pathétique et minable face à son charme.

« Quel genre de jeu? »

« Tu connais "je n'ai jamais..."? » demandai-je, un plan commençant à se former dans mon esprit.

« Euh, non, je ne crois pas... Mais, vas-y, ça m'intéresse. »

« Originalement c'est de l'alcool, mais là on va utiliser nos doigts,ok? L'une des personnes va commencer sa phrase par "Je n'ai jamais..." et la compléter comme elle le souhaite. Par exemple, si je dis "Je n'ai jamais trop bu de vodka", les personnes qui ont déjà trop bu de vodka vont devoir baisser un doigt. C'est un peu comme vérité et conséquence, tu comprends? »

Conley hocha la tête.

« Ok, alors lève ta main et commence. » ajoutai-je en levant ma main, à mon tour, chacun de mes doigts en évidence.

« Je n'ai jamais... fantasmé sur Jacob Conley » dit-il en souriant comme un débile.

Je ne baissai aucun de mes doigts, le sourire de Conley s'effaçant peu à peu à cette constatation.

« Très drôle, Conley. À mon tour, maintenant. » fis-je. « Je n'ai jamais... fait de mal à quelqu'un. »

Le doute s'installa sur le visage de Conley. Il me regarda comme pour être certain que je ne plaisantais pas, mais en réalisant que non, il baissa son pouce. Mon coeur se mit à battre plus rapidement, sentant le danger rôder tout près.

« Anecdote intéressante à nous partager? » questionnai-je un mince sourire sur les lèvres.

« Non. » murmura-t-il avant de me défier du regard, « Pourquoi ne baisses-tu pas un doigt, Lucy? Tu crois n'avoir fait de mal à personne avec la liste? »

Touché.
Je baissai mon index, mes traits se durcissant à vu d'oeil. Conley sourit, mais son sourire était froid, dépourvu de sentiments. Le véritable Conley se réveillait. Le dangereux et meurtrier Jacob Conley faisait son apparition, ça se voyait.

« Je n'ai jamais... couché avec Thomas Grant. » dit Conley, les yeux plissés.

« De quoi parles-tu?! Je n'ai jamais couché avec lui. Il me déteste, ce gars! Je te rappelle qu'il a essayé de tuer ma meilleure... euh, Becca. Comment peux-tu seulement penser que... » m'exclamai-je, choquée par ses paroles.

« Alors tu peux m'expliquer pourquoi il n'arrête pas de t'envoyer des messages textes? » Conley désigna mon téléphone qui reposait sur le matelas, prêt de moi.

En effet, mon téléphone ne cessait de vibrer ou de clignoter, affichant le prénom et le nom de mon ami. Instinctivement, j'agrippai mon téléphone et remarquai que Grant n'avait pas hésité à m'envoyer plus de vingt messages. Comment avait-il eu mon numéro, d'ailleurs? Peut-être l'avait-il dans sa liste de contact depuis une éternité et qu'il attendait tout simplement le bon moment... Je frissonnai à cette pensée. Pourquoi? Je n'en avais aucune idée.

« Ce n'est pas parce que quelqu'un m'envoie un message que j'ai forcément couché avec cette personne. » marmonnai-je en reposant mon téléphone sur le matelas.

« Ouais, bon... » mon sois-disant copain marmonna dans sa barbe pendant un moment, avant de s'éclaircir la voix et de me dire, « Qu'est-ce qu'il te veut ce con? »

« Il veut probablement savoir si je suis entré en contact avec Becca depuis son arrestation. Comme ça il va pouvoir "régler ses comptes". »

Conley ouvrit la bouche, prêt à rétorquer quelque chose, quand tout d'un coup, on sonna à la porte. Mon copain jeta un coup d'œil à son téléphone et le referma aussitôt. Il croisa mon regard et feignit d'être sincèrement désolé.

« Tu m'excuserais un instant. Je crois que c'est pour le colis qu'à commandé ma mère. Un autre truc d'Hong Kong, vois-tu. Le pouvoir d'ebay! »

Il rigola, mais rien ne paraissait réel. Je fis mine de sourire, histoire d'embarquer dans son jeu.
Conley disparu de la chambre et je l'entendit descendre à toute vitesse les vieux escaliers qui craquaient sous son poids. Je profitais de son absence pour lire les messages que m'avait envoyés Grant. Tous se résumait à la même chose: où est-ce que je me trouvais et si tout allait bien. Mes doigts se promenèrent sur l'écran de mon cellulaire et je formulai une réponse.

« Tout va bien. Je suis chez Jacob Conley. Des trucs à régler. » envoyai-je.

Grant me répondit aussitôt.

« Ok. Ne tente rien de dangereux, d'accord? »

Je me mordis la lèvre inférieure. Thomas Grant ignorait complètement dans quel merde je m'étais foutue. Certes il savait que Conley était un psychopathe, mais bien sûr il croyait à la même chose que j'avais cru pendant quelques temps: qu'il m'aimait et que pour cette raison il ne pourrait pas me faire de mal.

« Je vais essayer. » répondis-je, peu convaincante.

Je fermai mon téléphone, n'ayant aucune envie de me lancer dans un long débat virtuel avec Grant. Au lieu de quoi, je m'approchai de la fenêtre qui se trouvait dans la chambre de Conley, pour découvrir ce-dernier sur le seuil devant une fille aux cheveux roux ondulés et aux petits yeux brun noisette. Ce n'était certainement pas le «facteur». Elle devait avoir mon âge et semblait un peu plus grande que moi, soit de la hauteur de Conley. Soudain, alors que je l'examinai, des souvenirs me revinrent en mémoire. Cette fille. Je l'avais déjà vue. La première fois, elle se tenait aux côtés de Mary Ann d'un air triste et la seconde et dernière fois, elle descendait les escaliers en compagnie de Conley, à la fête de Mary Ann, juste avant que je ne découvre le cadavre. Elle s'apprêtait à faire des choses pas très catholiques avec lui dans une chambre d'ami.
Catherine Hunt.
C'était elle. Cette fille m'était passé sous le nez tant de fois... Soudain, les pièces manquantes du casse-tête se placèrent dans ma tête et je ne pus qu'être intriguée par le gros de la conversation. Je tendis l'oreille, attentivement.

« Qu'est-ce qui te prend de te pointer chez moi, Cat? Elle est là, je te signale. » fit Conley en s'exclamant vivement.

« Qu'est-ce que cette pétasse vient foutre là? » Catherine Hunt marqua une pause comme si elle analysait la situation, « Oh non, mais c'est pas vrai? Moi je bosse sur un moyen de faire sauter les cervelles de ces deux connes et toi tu en profites pour faire des galipettes avec Lucy Powell! Comment tu peux seulement la regarder en face? Après tout ce qu'elle et Rebecca Travis ont fait... Je te croyais plus intelligent que ça, Jacob. »

Conley leva les mains comme s'il essayait de prouver qu'il n'était coupable de rien; qu'il était innocent. Il patienta un moment, le temps que Catherine se calme. Le visage de mon fabuleux petit copain était indescriptible. Soit il y avait trop d'émotions à l'intérieur, soit il n'y en avait pas.

« Du calme, je n'ai jamais couché avec cette fille... Elle me dégoute beaucoup trop pour ça. » dit Conley en essayant d'apaiser la rouquine.

Mon coeur se serra. Je le savais au fond de moi. Je n'étais pas stupide au point de croire une seconde que ce garçon m'aimait après ce qu'il m'avait fait. Pourtant, lorsqu'il avait prétendu m'aimer, je m'étais offert le luxe d'y croire. Cette illusion n'avait durée qu'une journée. Alors, pourquoi avais-je mal?

« Alors qu'est-ce qu'elle fait là? » demanda Catherine en croisant les bras sur sa poitrine. « On avait un plan... Et tu commences à t'en éloigner, je te signale. »

« Eh bien, je l'ai invité pour une seule raison: entamer la phase terminale de ce plan. Tout sera fini après ça et je promets des jours meilleures pour cette école. »

Le sourire que Catherine fit me donna froid dans le dos. Allez savoir pourquoi, cette fille me donnait la chair de poule. Sa manière d'analyser chaque petits détails comme si elle arrivait à percer les secrets de chacun seulement en les regardant.... Brrr. Et puis il y avait son teint affreusement pâle. Un peu comme Thomas Grant, mais encore plus maladif, comme si c'était possible...

« Génial. Tu vas amener cette Lucy Frances Powell à l'endroit qu'on avait prévu n'est-ce-pas? » fit-elle d'une voix ferme, alors que Conley hochait la tête, « Je ne veux pas que tu te dérobes, pas comme à la fête de Mary Ann, compris? »

« Non, je te le promets, Cat. Ça n'arrivera pas. Pas cette fois. »

« Bien. »

J'analysai la scène qui venait tout juste de se dérouler sous mes yeux. Qu'avait fait Conley en réalité le soir de la fête? De quoi parlait Catherine Hunt en disant à Conley de ne pas se dérober, pas cette fois? Elle avait fait allusion à la fête de Mary Ann, ce qui n'augurait rien de bon pour moi. Je ne me sentais aucunement en sécurité. Où est-ce que Conley allait m'amener? Et qu'allait-il faire? Tout ce que je pouvais savoir c'était que ça risquait de faire mal, très mal. La phase terminale de Conley et de Catherine ne semblait pas être la même fin pacifique à laquelle j'espérais. Disons qu'elle semblait plutôt meurtrière.

« Pour Dave Thompson. » lança la rouquine, d'une voix lugubre.

« Pour Dave. » répondit Jacob Conley de la même voix, plus grave cette fois.

Les deux complices s'échangèrent une poignée de main, peu chaleureuse. Je fis de mon mieux pour ne pas m'évanouir lorsque Conley salua Catherine et entra de nouveau dans sa maison, laissant la jeune fille repartir par ses propres moyens. J'entendis mon dangereux et sois-disant petit copain gravir les escaliers. Je sentis mon pouls s'accélérer à nouveau et ma respiration se faire plus difficile.
Conley apparut dans le cadre de sa porte, me regarda pendant deux secondes, alors que j'avais repris ma place sur le lit. Il hésita un instant, mais se ressaisit à la dernière seconde, comme s'il venait de se rappeler de la promesse qu'il avait fait à Catherine Hunt, quelques minutes auparavant.

« Ça te dit une petite balade? »

J'allais me faire tuer. Au sens propre, bien sûr.

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Hey, salut!
Semaine difficile en France, pas vrai? Mais bon, je ne vais pas m'éterniser sur ce sujet puisque l'on pourrait en parler pendant des heures et des heures. De toute manière, j'ai déjà exprimé le fond de mes pensées sur mon mûr. Tout ce que je peux dire maintenant c'est #PrayForParis #PrayForTheWorld et mes condoléances aux proches des victimes. <3
J'espère que vous vous portez bien tout de même et que ce chapitre vous a plu. :) LA FIN EST PRÈS.

+ Vos impressions sur Catherine Hunt?
+ Où Conley va amener Lucy?
+ Quel est la 'phase terminale' du plan?
+ Vos prédictions?
+ Une note sur 15 pour ce chapitre?

Passez une belle soirée, vous le méritez.
Marianne xx

P.s- J'ai vu le dernier James Bond (SPECTRE) et il est génial! :3

P.p.s- Le dernier Hunger Games sort demain *-* Puisse le sort vous êtes favorable!
#J'aiLuLesLivres #JeSuisTropCool