15.
Je n'avais pas pu retirer cet énorme sourire de mon visage de tout l'après-midi. Malgré toutes ces piques qu'on m'avaient lancées durant cette période, mon sourire était resté présent, affrontant les regards que les autres me lançaient et les mauvaises blagues qui les accompagnaient. Pour une fois, grâce au plan d'Alicia, j'envisageais une fin à toute cette histoire. Un retour à la normal. Ce ne serait certainement pas une fin extrêmement rapide, mais au moins il pouvait y avoir une sortie à ce problème noyé dans les mensonges qui s'accumulaient. Cependant, même si grâce à la promesse d'Alicia et des autres qui promettaient de me sortir de cette misère et de me défendre, je me sentais plus en sécurité, je n'abandonnerais pas de sitôt la recherche de cette fameuse personne qui nous avait mis, Becca et moi, dans un pétrin incroyable. J'avais donc besoin de commencer par le commencement. Voilà donc pourquoi je me retrouvai sur le seuil de la maison de Dan Caius, plus connu comme étant l'ancien petit ami de Becca, en ce lundi soir. Je sonnai pour la énième fois à la porte d'entrée, attendant le moindre signe de vie. Au bout de quelques minutes, une femme aux cheveux grisonnants m'ouvrit. Elle ne m'adressa aucun sourire, ni même aucune salutation. Je perdis mon sourire. Voilà qui était fait.
« Wow. Vous êtes drôlement rapide pour un livreur de pizza. Ça fait combien au total? » demanda la femme que j'estimais être la mère de Dan.
« Euh, madame, je ne suis pas le livreur de pizza. En fait, je venais parler à votre fils, Dan. Est-ce qu'il est là? »
« Oh, je me disais bien aussi. » elle marqua une pause avant de reprendre, « Dan est dans la cuisine, au bout du couloir. Entrez, je vous prie. »
Je m'exécutai avant de me diriger vers la cuisine. Ce n'était certainement pas le lieu où j'entrevoyais d'avoir un conversation avec Dan à propos d'un sujet aussi sérieux. N'empêche que je n'avais pas vraiment le choix.
Dan m'aperçut aussitôt que j'entrais dans la pièce au design moderne. Il était appuyé contre le comptoir, jouant avec une bouteille de jus de pommes. Il ne sembla pas surpris de me voir. C'était comme s'il m'attendait déjà depuis un bon moment. En me voyant aussi mal à l'aise, il prit un air moqueur.
« Lucy Frances Powell. J'ai bien cru que tu allais venir plus tôt. »
« Crache-le morceau, Dan. Qui t'as payé pour nous poursuivre, Becca et moi, dans les bois? »
Il fit mine d'hausser les épaules, avant de contourner le comptoir pour se retrouver bien plus près de l'endroit où je me trouvais. Il ouvrit la bouche et ce qui en sortit, m'impressionna. Je n'aurais jamais cru qu'il allait avouer aussi facilement. Ce n'était qu'une tactique que j'avais tenté comme ça.
« Comment as-tu su? » il bu une gorgée de son jus de pommes alors que je le suivais du regard. « Qui a vendu la mèche? Conley? Johnny? Megan? Alicia? Sérieux, Lucy, tu fais pitié. »
« Qui t'as payé pour faire ça? » répétai-je en pesant sur chaque mot.
« Oh, ça c'est un secret. »
« Est-ce qu'il s'agit de la même personne à qui tu as fourni le code du casier de Becca pour voler la liste? »
« Qui t'as dit que c'était moi? »
Je le foudroyai du regard, tellement j'étais en colère à propos de ce qu'il avait fait. Je savais qu'il s'agissait de lui. C'était une évidence à mes yeux. Je n'avais jamais fait confiance à Dan Caius et voilà que j'avais bien fait. C'était nouveau pour moi. J'avais enfin quelque chose qui ne s'avérait pas qu'être une hypothèse. C'était confirmé. Dan nous avait poursuivi dans la forêt avec ses copains du club d'athlétisme. Et il avait donné le code du casier de Becca à une personne - toujours inconnue - qui avait également payé Dan pour nous attaquer à l'aide de pierres dans les bois.
« Dan, je ne t'ai jamais fait confiance. Cela va donc de sois. » rétorquai-je.
« Tu n'as pas tort. »
« Alors, qui t'as payé? »
« JE TE L'AI DÉJÀ DIT! C'EST UN SECRET! » hurla-t-il, soudain pris d'une démence qui me fit reculer d'un pas.
Il serra les points, la mâchoire crispé. C'était comme s'il avait perdu son calme pendant quelques secondes. Comme si on lui avait posé cette question à mainte reprise et que c'était la réponse qu'il devait donner, absolument. Il se calma au bout d'un moment, avant de prendre une grande respiration pour garder son sang-froid. Je me décidai à poursuivre mon interrogatoire.
« Qu'est-ce qui t'as poussé à accepter de nous mettre dans le pétrin, Dan? »
« L'argent, Lucy. Toujours l'argent. Je prévoyais m'acheter une bagnole cet été et on m'a fait une très belle offre pour donner le code de la case de Becca ainsi que pour vous effrayer dans les bois. Comment refuser? » m'expliqua Dan, d'une voix posée.
« Becca était ta petite copine! Elle a beaucoup sacrifié pour toi, Dan. Avant toi, elle n'avait que des aventures d'un soir. Mais elle a bien voulu t'accorder une chance. » protestai-je, surprise de prendre la défense de Becca.
« Parce qu'elle avait pitié de moi! Elle a toujours eu pitié de qui j'étais: le petit nerd avec une bande d'amis bizarres, alors sortir avec un gars comme moi par simple charité ne faisait que soulager sa pauvre conscience. Tu dois savoir ce qu'elle a fait, autrefois. Je parle du gars qui s'est suicidée à cause d'une autre liste que Becca aurait eu l'idée d'écrire. »
Je reculai d'un pas, sous l'effet de la surprise. Dan n'était arrivé que cette année. Il n'avait pas vécu cette histoire. Tout comme moi, d'ailleurs. Un de ses amis avait dû lui en avoir parlé. J'ignorais depuis quand il était au courant: ce n'était pas trop important pour le moment. J'avais des choses plus importantes à comprendre.
« Je n'arrive pas à croire que tu sois restée proche d'elle en sachant ce qu'elle avait fait. » cracha Dan comme s'il était dégoûté.
« J'ignorais tout ceci jusqu'à ce que quelqu'un m'en parle, il y a de cela une semaine. »
« Comment... »
« Ma mère avait le cancer: j'ai du partir pendant un mois environ pour soutenir ma famille, l'année où c'est arrivée. »
Il semblait ignorer ce fait. Becca ne lui avait donc pas tout dit sur moi
Je me rapprochai de Dan lentement comme si je ne savais pas s'il allait me sauter dessus ou non. J'ouvris la bouche comme pour prendre la parole, mais aucun son n'en sortit. Je ne savais pas vraiment quoi lui dire de plus.
« Tu vois, Becca nous a trahi tous les deux. Elle ne mérite pas mon soutient. Ni le tiens d'ailleurs. » grogna Dan, des plus sérieux.
« Peut-être pas. Mais ça ne te donnes pas le droit de me mettre dans un tel pétrin. Tu es aussi fou que Becca! Toi aussi, tu as trahi beaucoup de gens. Ta propre copine, par exemple. Même si c'est un monstre, tu n'as pas à lui rendre la pareil! À cause de toi, la liste a été découverte. À cause de toi, plein de gens me déteste au point de vouloir me tuer. À cause de toi, ma vie est un enfer. »
Voilà, c'était dit. Même si en venant ici, je m'étais dit que je devais garder mon calme, pour mon propre bien, j'étais grandement soulagée de pouvoir lui dire le fond de ma pensée et de pouvoir lui faire comprendre que tout ceci était arrivé par sa faute. Il avait joué un rôle important dans cette histoire. C'était lui qui avait fourni le code de la case de Becca à cette personne qui nous voulait tant de mal. Je l'avais soupçonné depuis le début, mais je n'avais jamais osé m'aventurer plus loin. Mais voilà, que c'était fait. J'avais trouvé un premier coupable à ce malheur qui m'arrivait. Il ne me restait plus qu'à trouver les autres. Dan n'était qu'un engrenage au milieu d'un énorme système aux motifs compliqués.
« Je ne suis pas comme elle. » marmonna-t-il, les dents serrés.
« Tu es exactement comme Becca. Vous êtes pareil: c'est aussi simple que ça. Qui se ressemblent s'assemblent, hein. » le provoquai-je.
« JE NE SUIS PAS COMME CETTE GARCE! » hurla Dan en frappant du plus fort qu'il le pouvait sur le comptoir fait de marbre.
Je reculai, mais ne fût pas pour autant surprise par sa réaction. Je savais qu'il allait réagir ainsi. Je l'avais cherché. D'une certaine manière, je voulais l'entendre dire quelque chose qu'il savait pourtant fausse. J'avais besoin de le voir se questionner sur le fait qu'il ne valait peut-être pas mieux que Becca.
La femme qui m'avait ouvert la porte - probablement la mère de Dan - s'appuya contre l'embrasure de la porte, l'air déconcerté.
« Que se passe-t-il ici? » demanda-t-elle.
« Rien, M'man. Retourne dans le salon. » rétorqua Dan en se calmant.
« Non, dis moi ce qui se passe. Est-ce que cette jeune fille te fait du mal, mon chéri? »
« Non, on ne faisait que discuter, M'man. Elle s'apprêtait justement à partir. »
Il me lança un regard si glacial, que me suis sentie greloter, alors que nous étions en plein printemps. Sa mère porta son attention vers moi. Je souris le plus poliment du monde et reculai de quelques pas.
« Oui, j'allais m'en aller. À la prochaine, Dan. Au revoir, Mme Caius. »
« Au revoir. » dit la mère de Dan, sceptique.
Je prit le chemin du retour, tandis que Dan me suivait pour s'assurer que j'allais bien partir. Au moment où j'allais ouvrir la porte pour quitter définitivement cette maison, je me retournai et lançai la pire insulte au monde.
« Au fait, Dan. Tu lui ressembles bien plus que tu ne le crois. »
Sur ce je suis partie, sous les hurlements rageurs de l'ex-copain de Becca. Je pris une bonne respiration une fois un peu plus loin, rassurée d'en avoir fini avec cette entrevue. Je marchai jusqu'à l'arrêt de bus, les mains dans les poches. L'arrêt n'était pas bien loin: seulement à quelques pâtés de maison. Je mis donc mes écouteurs - de nouveaux écouteurs que j'avais acheté récemment - dans les oreilles et démarrait mon lecteur musique. La chanson se mit en marche et je me trimbalai jusqu'à l'arrêt. En cours de route, je reçue un texto que je m'empressai de lire. Il venait de Conley.
« Hé, est-ce que tu es libre vendredi soir? »
Je souri et lui répondu, mon coeur battant à la chamade.
« Oui, pourquoi? »
« Eh bien, on a été interrompu dans notre discussion, à la radio étudiante. Mais je voulais t'inviter à sortir vendredi vers vingt heures. Est-ce que ça te va? » s'expliqua Conley.
« Oui, c'est parfait pour moi. »
La réponse mit quelques secondes à arriver, durant lesquelles j'eus l'impression qu'une éternité s'était écoulée.
« Super! Je passe te prendre vers vingt heures, vendredi. À plus. »
Une fois rendue, je m'appuyai contre un panneau d'indication, la musique plein les oreilles. Je tapai du pied au rythme de la musique, quand, soudain, un malheur m'arriva. On me tapota l'épaule et je sursautai. Je retirai immédiatement mes écouteurs et me tournai vers la personne qui m'avait dérangé ainsi. Je failli m'évanouir. Ça ne pouvait pas être possible. Elle était de retour.
Becca était de retour.
::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::
Ok, ce chapitre est affreusement court et j'en suis désolée. Mais, je voulais à tout prix mettre cette fin (cruelle, je sais) et donc je ne pouvais m'éterniser trop longtemps. N'empêche que j'espère que vous avez apprécié ce chapitre.
|| Que pensez-vous du fait que Becca soit possiblement de retour?
|| Pourquoi reviendrait-elle? Aurait-elle un but précis?
|| Est-ce que Dan ressemble psychologiquement à Becca, selon vous?
|| Que pensez-vous de Dan?
|| Que pensez-vous de Lucey? (Ils ont un rendez-vous, yé!)
|| Vos prédictions?
N'oubliez pas que je compte sur vous pour aller voter pour mon histoire au WFTD Awards 2015. La plupart d'entre vous l'ont déjà fait et je vois en suis très reconnaissante!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top