12.
Mes yeux s'ouvrirent, le lendemain matin, et un mal de tête m'engourdit peu de temps après. Je me trouvais dans mon lit, toujours habillée de mes vêtements de la veille. Je ne me rappelais que très peu de ce qui s'était passé. Je me souvenais bien évidement de la visite de Grant, de la bouteille de vodka et de l'arrivée de Conley. Mis à part cela, tout était flou. Les détails étaient vagues et parfois déformés au point que je ne pouvais différencier le vrai du faux. Je me redressai sur mon lit, n'aggravant que mon mal de tête, et Pritt vint me rejoindre. Il se roula en boule sur mes genoux et je pris soin de le caresser. Conley entrant dans ma chambre peu de temps après, faisant fuir Pritt. Je sursautai en voyant Conley appuyé contre le cadre de porte. Il tenait un plateau où reposait tout ce qu'il fallait pour un petit déjeuner complet. Il s'assit tout près de moi et me tendis le plateau. J'hésitai pendant un long moment avant de mordre dans un sandwich au beurre de cacahuètes qui se trouvait sur le plateau. Je pris quelques bouchées avant d'entamer la conversation.
« Alors, comme ça, tu as passé la nuit ici? » demandai-je en prenant le verre rempli de jus d'orange qui m'étais assigné.
« Ouais. J'ai dormi sur le canapé. C'est joli chez toi, c'est tout... Euhm, rustique. »
« Dis plutôt que c'est moche. »
« Non, non, non. Sincèrement j'aime bien ta maison. J'en apprends plus sur Lucy Frances Powell. » a répondu Conley en me gratifiant d'un clin d'œil. « Hé, d'ailleurs, est-ce que tu te souviens des évènements de la veille? »
« Pas vraiment c'est plutôt vague. »
« Eh bien, pour faire court, tu étais soûle, tu m'as embrassé, je t'ai dit que ce n'était pas bien parce que tu étais ivre, tu as essayé de m'embrasser à nouveau, je t'ai repoussé et tu étais tellement fatigué que tu t'es endormie peu de temps après. »
Je rougis légèrement, honteuse par mon comportement de la veille. Conley s'approcha un peu trop près de moi, un sourire malicieux sur les lèvres.
« Mais là, tu n'es plus ivre, alors... »
Je le repoussai immédiatement. Il plaisantait évidement, mais je n'avais pas l'intention d'embarquer dans ce petit jeu débile. Il aimait bien se moquer de moi ainsi. Certes, je le trouvais de plus en plus attirant, mais je ne me voyais pas l'embrasser dans cette situation. Surtout que mon haleine ne devait pas être super.
Je me levais de mon lit et trottinai jusqu'à ma commode. Conley me suivit du regard. Je retirai mon chandail et le jetai dans un coin de ma chambre. J'étais dos au garçon qui se trouvait dans ma chambre, mais je savais qu'il ne me quittait pas des yeux. Je sélectionnai un chemisier vert pastel et l'enfilai rapidement. Je répétai les mêmes étapes pour mon pantalon. Lorsque je me retournai, Conley avait les yeux fixés sur les photos qui se trouvaient accrochés un peu partout au mûr. Il y avait principalement des photos de moi en compagnie de mes parents ou de ma famille en général.
« C'est normal qu'il n'y est aucune photo de tes amis? » me demanda Conley sans détourner le regard.
« Quels amis? »
Conley se tourna vers moi, ses yeux me scrutant. Il ne semblait pas avoir pitié de moi ; il semblait plutôt intrigué, comme s'il cherchait à comprendre.
« Eh bien, Becca et compagnie... »
« Becca n'est pas vraiment mon amie. Elle ne l'a jamais vraiment été. »
La confusion qui se trouvait imprégné sur le visage de Conley, m'obligea à m'expliquer davantage.
« Tu vois, je suis du genre asociale. Et Becca aussi, malgré que ça paraît beaucoup moins de son côté. Mais au secondaire avoir des amis c'est très important. Donc, Becca et moi avons conclu un pacte comme quoi nous serions amies pendant tout le secondaire. »
« C'est horrible. » commenta Conley.
« Tu l'as dit. »
« Et tu n'as jamais songé à rompre ce stupide pacte? »
« J'y ai songé à tous les jours, crois-moi. Je ne restais pas à cause de Becca, mais bien à cause de ma réputation. Mais, aujourd'hui, cette réputation qui me semblait si chère est bien loin de ce que j'aurais souhaité à l'époque. » avouai-je avant de reprendre une bouchée de mon sandwich au beurre de cacahuètes.
« Je suis désolé. »
Je déposai le sandwich sur le plateau et fixai le plancher, sans pour autant le regarder.
« Ne le sois pas. »
Je sentis Conley soupirer, dos à moi. Je me tournai, pour me retrouver face à lui. Il tenait un petit bout de papier dans ses mains. J'haussai un sourcils, ne comprenant pas ce dont il s'agissait.
« La raison initiale de ma visite était de remplir notre... Notre pacte. » il se racla la gorge avant de reprendre, « J'ai déniché des infos au sein du club d'athlétisme pour cette embuscade dans les bois. En échange, tu devais me dire pourquoi j'étais rouge sur la liste. Mais, ça, ça peut attendre. »
« Et donc...? »
« Tu connais Alicia, à la radio étudiante? » je fis signe que oui. « Eh bien, figure-toi qu'elle fait aussi partie du club d'athlétisme. Je me suis informé auprès d'elle et elle m'a donné le nom de l'une des personnes qui vous a poursuivi, ce jour-là. Selon Alicia, certains membres auraient été payés par quelqu'un pour accomplir cette tâche. Et elle est convaincue qu'il s'agit de la même personne qui a volé la liste à Becca. C'est possible, en effet que... »
« Attends! Comment sait-elle qu'on s'est fait volé la liste? »
Conley se gratta le menton et je sus aussitôt que j'avais bien fait de dire cette remarque. Alicia, une fille en qui j'avais suffisamment confiance, n'était peut-être pas si honnête qu'elle le laissait paraître. C'était difficile à croire, mais, en y réfléchissant bien, je ne la connaissais pas vraiment. Je la respectais tout simplement. Sauf qu'elle devenait de plus en plus louche à mes yeux.
« À savoir. » marmonna Conley.
« Quel est le nom du fameux membre du club d'athlétisme auquel Alicia t'a référé? »
Il me tendit le bout de papier. Mes yeux s'écarquillèrent aussitôt. Non, ça devait être une plaisanterie. Pourquoi tout devait avoir un lien avec Becca? Encore une fois, j'avais l'impression d'ignorer quelque chose d'important. Et ça ne m'aidait pas. Et si tout était prévu depuis des années? Qu'il s'agissait d'une simple vengeance de Becca envers moi? Elle n'aurait pas osé, tout de même!
Je clignai des yeux, comme s'il s'agissait d'un mauvais rêve. Je relu le nom, mais tout mes espoirs furent anéantis.
Dan Caius. Le petit ami de Becca.
• • •
Samedi, ma mère vint me réveiller très tôt. C'était tout juste si les rayons du soleil arrivaient à pénétrer dans ma chambre. Je dévisageai ma mère, alors qu'elle semblait sélectionner une tenue dans mon garde-robe. Pourquoi me réveillait-elle aussi tôt?
« Maman, il est tout juste cinq heures. Qu'est-ce que tu fais? » lui demandai-je.
« Aujourd'hui c'est l'enterrement de Mary Ann. Tu dois te préparer. » elle jeta un regard à la robe noire coûteuse qui était soutenue par un cintre. « Qu'en penses-tu? »
« Tu n'es pas sérieuse! »
« Tu as raison. Cette robe est beaucoup trop sexy pour un enterrement. Que penses-tu de celle-ci? »
Je sautais hors du lit, aussitôt. Je ne comprenais pas le comportement de ma mère. Je n'avais rien à faire à l'enterrement de Mary Ann. Ma place n'était pas là-bas. Je visualisais déjà tous les gens qui allaient me lancer des regards de mépris et d'indignation. Et puis... Il y aurait probablement Grant. Que faire s'il revenait me voir pour me faire comprendre que ma présence à l'enterrement était déplacée? Je n'osais même pas imaginer sa réaction. Il m'avait assez fichu la trouille lorsqu'il s'était invité chez moi et m'avait gravement menacé. Pourquoi ma mère n'arrivait pas à comprendre que même si j'étais sincèrement désolée pour Mary Ann et sa famille dans le deuil, rien ne me permettait d'aller à l'enterrement de la défunte petite amie de Grant?
Ma mère soupira, avant de déposer la robe sur un support, dans mon garde-robe. Elle s'assit sur le bord de mon lit et me fit très vite signe de la rejoindre. Je m'exécutai. Ma mère déplaça une mèche rebelle de mes cheveux blonds en m'examinant avec un air de nostalgie couvrant son beau visage.
« Tu te souviens, lorsque tu étais petite? Tu adorais courir dans l'herbe et suivre les oiseaux qui volaient au dessus de ta tête. Je crois que tu rêvais de t'envoler avec eux et de les suivre pour pouvoir toucher les nuages. Lorsque ton père a abattu l'un de ces oiseaux, tu t'es mise à pleurer fort et rien ne pouvait te calmer. Tu étais tellement en colère après ton père. Tu es restée dans ta chambre une journée entière. Et le lendemain, tu es sortie et tu as tout de suite couru vers ton père, un sourire sur les lèvres. On ne comprenait pas pourquoi tu n'étais plus en colère. Tu nous as dit que chaque être méritait d'être pardonné, peut importe ses erreurs. » elle a marqué une pause avant de reprendre. « Lucy, tu mérites d'être pardonnée. »
Je n'en croyais pas un mot. Pendant cinq ans, j'avais plus ou moins encouragé cette fille qui avait assassinée Mary Ann. Pendant plusieurs années, je m'étais laissée étouffer par l'amitié que j'entretenais avec Becca, simplement pour ma réputation. Au fil des ans, j'avais encouragé indirectement Becca. Grant avait eu raison. J'avais tué Mary Ann. Je l'avais tué d'une certaine manière. Et si je ne pardonnais pas Becca pour ses gestes, pourquoi les autres me pardonneraient? Je ne le méritais point.
« Non, ce n'est pas vrai. » murmurai-je.
Ma mère me scruta l'air inquiète. Puis, cherchant à me réconforter, elle m'étreignit. Elle m'étreignit pendant si longtemps que je me sentis suffoquer. C'est mon père qui me sauva. Il entra dans ma chambre, l'air plutôt sérieux. Il s'assit sur la chaise qui accompagnait mon bureau et ma mère se décolla. Je fis face à mon père. Nous n'avions pas eu de conversation sérieuse depuis l'autre jour. Alors j'espérais que cette conversation mènerait quelque part.
« Lucy, je suis désolé de m'être emporté l'autre soir. Tu n'y étais pour rien. Je... »
« Papa, ce n'est pas grave. Je ne t'en veux pas. » le coupai-je.
« Mais j'insiste. J'étais si en colère que Becca te fasse subir ce genre de chose que... J'ai perdu mes moyens. »
« Ça va, ce sont des choses qui arrivent. »
Ma mère me lança un regard empreint de tendresse. Quant à mon père, il fronça les sourcils comme s'il n'était pas d'accord avec moi.
« Non, ce ne sont pas des choses qui arrivent, Lucy! Une ado de dix-sept ans ne devraient jamais avoir à affronter le meurtre de l'une de ses camarades de classe! »
« Papa, je... »
« Écoute, si je pouvais revenir en arrière et faire en sorte que tu ne rencontres jamais Becca, je le ferais. Crois-moi. » m'avoua-t-il.
Son ton de voix me surpris. Il semblait sincèrement désolé comme si ma rencontre avec Becca était de sa faute. Il n'avait rien à se reprocher dans toute cette histoire, bon sang! Je lui répondis tout de même, le plus honnêtement possible.
« Moi aussi. Moi aussi, Papa. »
Il haussa un sourcils, avant de me déposer un baiser sur le haut du front. Je le regardai se diriger vers la sortie, non sans me jeter plus d'un regard de compassion. Ma mère resta près de moi pendant un moment. Elle ne fit que me caresser les cheveux et s'assurer que j'allais bien. Au bout de quelques minutes, elle se leva.
« Maman, je ne devrais pas aller à cet enterrement. J'étais l'amie de Becca et étant donné son absence, le gens vont me mettre le meurtre de Mary Ann sur le dos. Et je ne veux pas que ça arrive. J'irais à l'école lundi, mais s'il-te-plaît, laisse-moi rester ici, pour aujourd'hui. » la suppliai-je.
Elle me fit un demi-sourire.
« C'est d'accord. Pas d'enterrement. »
Je soupirai et me laissai tomber sur mon lit. Ma mère me jeta de nombreux regards avant de se diriger vers la porte. Alors qu'elle franchissait le seuil, elle se retourna vers moi et prit un ton de confidence.
« Crois-moi, Lucy. Tu mérites d'être pardonnée. »
J'aurais aimé la croire.
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Hé? Hé!
Désolé pour cette longue attente, mais j'avais un rush scolaire et j'étais plutôt hésitante face à l'avenir de cette histoire. Mais, maintenant nous sommes en... VACANCES! ALLELUYA. Quels sont vos projets?
M'enfin j'espère que vous avez aimé ce chapitre! Il y a peu d'action dans celui-ci, mais ça s'en vient. Croyez-vous que Lucy mérite d'être pardonnée? Très bientôt, il y aurait des nouvelles sur le meurtre de Mary Ann. Hehehe.
J'aimerais également souhaiter une très bonne Saint-Jean-Baptiste à l'avance. Le 24 c'est notre fête, les québécois! ;)
Marianne
P.s- N'hésitez pas à me partager vote avis sur ce chapitre où sur l'histoire en général.
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