10.
Je tenais toujours la main de Conley. En fait, je n'avais même pas réussi à la lâcher, même lorsque je m'étais effondrée au sol, les larmes ruisselantes sur mes joues. Je tremblais toujours, mais la douce chaleur de la paume de Conley parvenait à me calmer légèrement. Il passait son pouce dans le creux de ma main dans le but de me rassurer. Mais, rien n'allait. Les sanglots redoublaient. Mes yeux étaient cernés et rougis. J'avais froid. J'avais faim. J'étais épuisée. Le café que le Lieutenant Chase m'avait donné ne suffisait pas. Il était délicieux, mais malgré cette dose de caféine, je ne voulais qu'une chose: m'endormir. Je voulais oublier ces dernières heures.
En tant normal, j'aurais repoussé Conley, ou bien je lui aurais dit de rentrer chez lui, mais pas cette fois. C'était différent. Depuis quatre heures je me trouvais au poste de police de la ville et la seule présence qui me rassurait était la sienne. Mes parents allaient arriver dans peu de temps pour venir me chercher et se faire expliquer la situation. Je n'avais pas parlé de la liste en détail aux policiers, je leur avais simplement dit que Becca avait eu des ennuis ces derniers temps à cause de son manque de jugement ce qui ne pardonnait tout de même pas son comportement. J'ignorais pourquoi je ne leur avais pas dit la vérité. Peut-être parce que j'avais peur.
« Tout va bien aller, Lucy. Les policiers vont la retrouver. » murmura Conley alors que le Lieutenant Chase passait un nouveau coup de fil aux parents de Becca qui n'étaient pas chez eux.
« Non, ça ne va pas aller. Elle a tué quelqu'un, bon sang! »
L'image du cadavre de Mary Ann Aberline me revenait en mémoire. Elle avait été brutalement étranglé. Contrairement à l'agression de Becca, Mary Ann avait été étranglé à l'aide d'un fil d'écouteurs. Le fil de mes écouteurs. Ce qui faisait de moi une principale suspecte. Cette salope de Becca avait peut-être fait exprès, finalement. Elle m'avait trahi.
« Elle va le payé, j'en suis certain. Le Lieutenant Chase fait tout son possible pour la retrouver. Elle ne disparaîtra pas dans la nature. » essaya de me rassurer Conley.
« Pourquoi m'a-t-elle fait ça? Pourquoi l'a-t-elle tué? Pourquoi a-t-il fallu qu'elle en rajoute en plus de cette liste? »
« J'en sais rien. Elle est stupide. Becca est une salope. »
Alors, que j'allais répondre quelque chose, le Lieutenant Chase raccrocha brusquement le téléphone et il nous regarda pendant un long moment. Il était 3h00 du matin et malgré toutes les tasses de café qu'il avait prit, il semblait épuisé. Voir même exaspéré. Quelque part, dans un foyer douillet au milieu d'une petite banlieue familiale se trouvait probablement sa femme qui l'attendait depuis plusieurs heures et qui en avait marre de passer la soirée toute seule à s'occuper de deux enfants bruyants. Et le Lieutenant Chase devait hâte de rentrer chez lui, pour embrasser cette femme et la consoler. Le Lieutenant en avait probablement assez du coup de la jeune ado dépressive et rejetée par ses paires qui assassina brutalement la fille populaire de l'école et fugua. Ouais, sûrement.
« Bon, les jeunes. Vos parents vont venir vous chercher sous peu. Vous allez pouvoir vous reposez et profitez du fait que c'est le week-end. Cependant, j'ai besoin que vous me redonniez votre version des faits, juste pour être certain. » nous demanda le Lieutenant en essayant de nous rassurer.
Je jetai un coup d'œil à Conley. Il me fit signe de débuter d'un simple mouvement de la tête. J'avalai ma salive et regardai droit dans les yeux marrons de l'homme imposant qui se trouvait face à moi.
« J'étais à la recherche de Becca. Nous étions arrivées ensemble à la fête et c'était... C'était Mary Ann qui nous avait accueilli. Becca l'avait traité de salope. Bref, on s'est perdues de vue avec tout ces gens présents à cette fête. Donc, je suis allée voir son copain, Daniel Caius, qui m'a dit qu'il ignorait où se trouvait Becca parce qu'il venait de rompre avec elle. Et... »
« Et c'est là que Lucy m'a trouvé. » m'a interrompu Conley pour reprendre la relève. « Je lui ai proposé de l'aider. Elle a accepté. Et puis, on est monté à l'étage et on a découvert... Le cadavre. Lucy s'est effondrée au sol... Elle tremblait de partout, et tout les deux nous avons pleuré. Nous avons beaucoup pleuré. Nous ne connaissions pas beaucoup Mary Ann, mais j'imagine que nous étions en état de choc. J'ai tout de même agrippé mon cellulaire et j'ai composé le numéro de la police. Et... Vous connaissez la suite. »
Chase prit quelques notes dans un carnet à l'aide d'un crayon dont la mine ne cessait de se briser. Il releva la tête vers nous après s'être assuré que ses notes avaient du sens.
« Pourquoi soupçonnez-vous Rebecca d'avoir commis ce meurtre? » nous demanda-t-il.
« Parce que Becca a complètement disparue. Elle n'a pas donné de signe de vie depuis l'incident et sa voiture n'est plus là. Sans compter le fait que Becca détestait cette fille et que Dan m'avait bien précisé qu'elle était à l'étage. Et elle... Elle l'a étranglé avec mes écouteurs. »
Je cherchais toute les preuves qui pourraient me donner un peu plus de crédibilité. Mais, au fond de moi je savais que ça me suffisait pas. Je ne pouvais pas tout simplement dire que Becca avait tué Mary Ann parce que j'en étais convaincue. Ça serait peu crédible.
Un détail me revenu à l'esprit et je m'empressai de le rajouter à la liste de mes preuves.
« Oh, et sur la chemise de Mary Ann il est marqué en rouge écarlate: "Bonne chance avec toute cette merde, Lucy ". Je crois que ça résume bien la situation. Becca m'adressait personnellement un message. Celui de la trahison. Elle m'a complètement trahie. »
Je pleurai, à nouveau. Conley me frotta le dos dans le but de me réconforter. Je n'avais jamais été ce type de fille fragile qui exprimait ses émotions à la moindre petite chose, mais cette fois-ci, dans cette situation, je me donnais la permission de faire face à mes sentiments. Même si je me trouvais devant Conley et un homme que je connaissais à peine. J'étais si bouleversée que je me laissais même prendre dans les bras par Conley. Celui-ci resserra son étreinte et s'assura que je pouvais sécher mes larmes sur son chandail. Ce que je fis. Je me sentais sale. J'avais l'impression de porter les mêmes vêtements depuis des jours. Mes cheveux me paraissaient sales et humides, sans parler de mes joues qui étaient inondés de larmes et du mascara qui avait coulé autour de mes yeux me donnant presque l'air d'être un panda.
Au bout d'un moment je me calmai et je ramenai mes genoux près de moi. Cependant, je n'arrivais pas à relever la tête pour affronter le regard perçant du Lieutenant Chase.
« C'est noté. Je vais travailler sur le sujet avec mes collègues. On va retrouver Becca. Et si c'est bien elle qui a fait ça, elle devra faire face à la justice. » essaya de nous réconforter le Lieutenant.
Un moment de silence s'installa seulement meublé par mes sanglots. Comment Becca avait-elle pu me faire ça? Déjà que quelqu'un s'était suicidé par sa faute, voilà qu'elle assassinait quelqu'un de sang-froid sans raison. Les parents de Mary Ann devaient pleurer énormément. Toute la famille de Mary Ann devait être peiné. Sans parler de son petit copain, Thomas Grant. J'aurais dû le laisser étrangler Becca tout compte fait. Une salope de moins.
Mes parents arrivèrent une quinzaine de minutes plus tard, en même temps que les parents de Conley. Le Lieutenant Chase expliqua en détails la situation à nos parents qui n'en croyaient pas leurs oreilles. Conley prit un stylo à l'encre marine sur le bureau du Lieutenant et il empoigna mon bras. Il nota une combinaison de chiffres sur le revers de mon poignet. J'haussai un sourcils, me demandant si c'était bien ce que je croyais.
« Voici mon numéro de téléphone. Si tu as besoin de parler ne te gène pas. Je serai là. » m'expliqua-t-il en baissant les yeux vers mon poignet.
Je forçai un sourire en guise de remerciement. Il me serra dans ses bras, après une longue hésitation, puis il partit avec ses parents qui semblaient extrêmement bouleversés. Ce n'était pas le cas des miens. Ils semblaient plutôt en colère. Surtout mon père. Ma mère était inquiète, ça se voyait. Le trajet jusqu'à la maison fut silencieux, à l'exception de la radio qui passait un vieux morceau de jazz. Cependant, lorsque nous fûmes tous à l'intérieur de la maison, bien au chaud, il libéra sa colère.
« Tu m'as extrêmement déçu, Lucy. »
J'écarquillai les yeux. Je n'en croyais pas mes oreilles. Je... Moi, je l'avais déçu? Eh bien.
« Je te signale que je n'ai tuée personne, moi. » rétorquai-je sur la défensive.
« Lucy Frances Powell. » m'avertit ma mère d'un regard lourd de sous-entendus.
Je jetai mon manteau dans le vestibule en espèrent atteindre un crochet, en vain. Et donc, mon manteau se retrouva au sol. Pritt débarqua à ce moment, content d'avoir un peu de compagnie. Il vient se frotter à mes chevilles en laissant échapper un miaulement. Ce n'était pas le bon moment.
« Tu nous avait dit que tu allais chez Alicia pour réviser le programme de la radio étudiante. Et là, à 3h00 du matin on reçoit un coup de fils comme quoi notre fille est au commissariat de police parce que son amie a fugué après avoir possiblement assassinée une fille à sa propre fête. Alors, laisse-moi être déçu de ton comportement. » m'informa mon père, le visage déformé par la colère.
« Tu es déçu de moi depuis le jour où j'ai rencontrée Becca, alors que tu sois déçu, là, est possiblement le cadet de mes soucis! » dis-je calmement, même si cela ressemblait plus à un cri qu'à autre chose.
Pritt bondit par surprise, n'étant pas habitué aux éclats de voix, avant de fuir la pièce pour se réfugier sous mon lit. Un sourire d'arrogance s'installa sur mon visage et je regardai mon père, insistante, l'air de le mettre au défi.
« Allez, dis-le, je sais que tu en meures d'envie. »
Mon père me foudroya du regard. Quant à ma mère, elle me lança un nouveau regard d'avertissement. Elle était elle aussi en colère, n'ayant pas trop le choix de prendre le parti de mon père, mais si nous avions été toutes les deux, elle m'aurait seulement dit d'aller me coucher ou que j'avais besoin de sommeil, des trucs comme ça.
« Voyons, papa. Tu en meurs d'envie depuis cinq ans. Alors, profites-en. C'est le moment que tu attends depuis des années. Dis-le. » provoquai-je, encore une fois.
« Dire quoi? »
« Dire que tu avais raison depuis le début, franchement! Dire que tu savais bien que Becca était une salope née. » crachai-je dans sa direction.
« Je n'accepterai pas ce genre de vulgarité sous mon toit, ma fille. » rétorqua mon père, encore plus en colère qu'il ne l'était déjà. Je m'aventurais sur un terrain glissant.
« Mais, j'ai raison, n'est-ce-pas? »
C'en fût trop, j'imagine. Mon père écrasa brutalement son poing contre le comptoir de la cuisine. Ma mère, elle, restait à l'opposée de la pièce nous observant, prête à intervenir si ça dégénérait, tel une arbitre, en quelque sorte.
Face au comportement brutale, je ne cillai même pas. Où avais-je appris à être à ce point arrogante? Oh, mais oui. Merci, Becca.
« VA TE COUCHER IMMÉDIATEMENT, JEUNE FILLE! ON EN REPARLERA DEMAIN, CROIS-MOI! »
Je ne répondis rien. Je me contentai de faire demi-tour sur mes talons et de monter les escaliers un par un. Une fois, dans ma chambre, la porte fermée et bien verrouillée, je me mis à pleurer. Je pleurai énormément, comme si je n'avais jamais pleuré et que toute ces larmes accumulées se décidaient à se libérer de mon corps aujourd'hui. Je ne sanglotai pas à cause de la dispute avec mon père - je l'avais cherchée cette fois - mais bien à cause de tous les évènements morbides des derniers jours. Pritt sentit ma détresse et il sortit immédiatement de sous mon lit. Il se roula en boule sur mes genoux, sa chaleur corporelle me rappelant sa présence. Je pleurai encore, tout en flattant la douce fourrure de mon chat.
Cette nuit là, je m'allongeai dans mon lit avec Pritt appuyé contre mon ventre, le visage sale et crasseux, dans un pyjama fleuri, jaune. Vers 5h00 du matin, alors que je n'avais toujours pas fermé l'œil, j'ouvris mon téléphone portable. J'enregistrai le numéro indiquer sur mon bras dans mon téléphone et me décidai à envoyer un texto au propriétaire du numéro.
« Merci. » envoyai-je avant de rajouter « Merci d'être là, Conley. »
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Oh mon Dieu.
J'ai adoré écrire ce chapitre! Et je sens que certain d'entre vous vont se dire: "Mais...Mais... Comme ça Becca n'est pas morte?!". Eh non. Becca est toujours bien en vie avec son caractère pourri. Franchement, un personnage comme ça, c'est utile! ;p Et aussi, un peu de LUCEY, hehehehe.
En tout cas, j'aimerais savoir ce que vous en penser. Vos réactions, vos commentaires et vos critiques (constructives) m'aident énormément!
Et pour dire comme Lucy, merci d'être là. ^.^
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