Becca me cachait quelque chose. Voir, plusieurs choses. Je le savais, maintenant, grâce à May. Il ne me restait qu'à découvrir de quoi il s'agissait. J'avais pensé à une autre liste, mais... Becca n'aurait pas fait ça, si? Elle n'aurait pas été idiote à ce point, pas vrai? Toute cette histoire semblait bien plus tordue que je ne l'aurais pensé. Semblait-il que la liste que j'avais faite avec Becca n'était que la pointe de l'iceberg. Les gens semblaient plus en vouloir à mon amie qu'à moi, ce qui m'amenait à me questionner. À moins que moi aussi, je ne me fasse étrangler. Juste à cette pensée je me mis à frissonner.

Je m'arrêtai à quelques mètres de ma cible: Dan. Il se tenait là, à sa table de la cafétéria, avec sa petite bande. Je pris mon courage à deux mains et je m'avançais d'un pas rapide. Je restais en piquet, une fois devant la table. Une fille aux multiple piercings me remarquai et tapota à l'épaule de Dan. Ce-dernier leva la tête et m'aperçu. Il ouvrit la bouche comme s'il allait parler en premier, mais la referma aussitôt, incertain face à ma présence. Certes, j'avais plutôt l'air étrange - je puais le lait et mes vêtements étaient encore bien humide.

« Euh... Je pourrais te parler, en privée? C'est à propos de Becca. » expliquai-je en bougeant inconfortablement sur place.

« Bon, qu'est-ce-qu'elle a fait encore? » blagua Dan en jetant un coup d'œil tordu à sa bande.

Ses amies éclatèrent de rire bruyamment, leur valant quelques regards de leurs congénères. Mais, je n'étais pas d'humeur à rire, aujourd'hui. J'avais bien hâte d'en finir avec Dan et son attitude déplaisante. Ce-dernier sembla comprendre car il arrêta de rire immédiatement, pour se lever et me suivre jusque dans un corridor désert.

« Est-ce-que tu es au courant pour la liste? » lui demandai-je en reprenant de l'assurance, sachant que j'étais loin de sa petite troupe d'idiots.

« Ouais. »

J'aurais bien voulu lui arracher les yeux. Sa seule réponse se résumait à un «ouais». Pas de «mais, j'aime Becca, tout de même». Dan était certainement plus désespérant que je le croyais.

« Es-tu au courant pour l'étranglement? » lui demandais-je en espérant avoir une réponse plus convaincante.

« Non. » il marqua une pause comme s'il réfléchissait. « Attends! Quoi? »

Je soupirai bruyamment, perdant ainsi toute ma gêne. Je n'avais pas à me sentir intimidé par un gars comme lui. De près, il m'apparaissait plutôt stupide. Faible, plus précisément.

« Thomas Grant a essayé d'étrangler Becca à cause de la liste. Ta copine est donc rentrée chez elle. Et voilà, elle voulait que je te le dise. » lui expliquai-je.

Il sembla prendre un instant pour digérer la nouvelle. J'aurais bien pu partir à ce moment là, ayant exaucé le souhait de Becca, mais je restais là. Je pouvais peut-être enquêté un peu sur lui. Il connaissait le code du cadenas qui donnait accès au casier de Becca, donc il s'agissait d'un possible suspect. Même si Becca en disait tout le contraire, Dan avait très bien pu donner son code à quelqu'un d'autre. Et ainsi de suite, nos problèmes avaient commencés. Tout ceci était peut-être causé par Dan.

« Je connais Thomas depuis que j'ai sept ans. Nous sommes voisins. Ils ne feraient pas de mal à quelqu'un. Encore moins à ma copine. » m'avoua Dan, comme s'il n'en croyait pas un mot.

« Eh bien, tu te trompes. Crois-moi, je l'ai vu étrangler de sang-froid Becca. »

« Mais... Tout ça à cause de cette liste! C'est pourtant ridicule. Je veux dire, ce n'est qu'une liste. »

Il avait bien raison, mais May m'avait bien dit que d'autres choses avaient contrariés les gens, bien avant. Des choses que Becca avaient faites. D'autres secrets. D'autres énigmes. C'était plus qu'une simple liste. Surtout que les réputations comptaient également dans toute cette histoire.

« May, l'infirmière, m'a dit que Becca avait fait d'autres choses qui auraient contrarié les gens. Tu as une idée de quoi il s'agit? »

« Non. » dit Dan en haussant les épaules. « C'est ma première année dans cette école et s'il s'était passé quelque chose, Becca m'en aurait fait part. »

« À moi aussi. » rétorquai-je.

« Alors ça doit être très grave. »

J'hochai la tête. Il avait raison. C'était la seule chose qui l'aurait poussé à nous cacher ce truc. Les antécédents de Becca commençaient à me faire sérieusement peur. Qu'avait-elle fait? Pourquoi avais-je l'impression d'être l'une des seules à ne pas connaître les plus grosses gaffes de mon amie?
Je jetai un coup d'œil à Dan. Il fixait intensément la case de Becca où était maintenant griffonné plusieurs insultes. Était-ce un signe de la part de Dan? Malheureusement, non. Il me le fit comprendre en disant cruellement le fond de ses pensées:

« Je devrais rompre avec elle. »

« Pardon? » lui lâchai-je en le dévisageant. « Tu sais que Becca a joué gros pour s'investir dans une vraie relation? »

« Je sais, c'est très égoïste de ma part. Mais je ne veux pas subir les conséquences de ses gaffes. »

J'aurais bien voulu le frapper, comme je l'avais fait avec Grant, mais quelque chose me retint. J'en tirais une conclusion.

« Donc, tu as peur. »

« Oui, tout comme toi. » il marqua une courte pause, mais repris avant que je ne l'interrompe. « Honnêtement, Lucy, je suis convaincu que si tu ne te sentais pas aussi coupable, tu la laisserais tomber. N'est-ce-pas? »

J'étais sans mot, complètement bouche bée. Dans me fit un petit sourire confident, avant de partir pour aller rejoindre sa petite troupe. Je restais sur place pendant un bon moment, ne cessant de penser à ce qu'il avait dit. Avait-il raison? Si je ne me sentais pas à ce point coupable, peut-être me serais-je éloignée de Becca. Je l'aurais laissée seule, face à tout ses ennuis. Peut-être aurais-je été égoïste à ce point. Je finis pas revenir à la réalité et je commençais à errer dans les corridors. Partout où j'allais, les gens me pointaient du doigt, ils me regardaient. Certains, se mettaient à m'insulter. Une ou deux personnes me félicitèrent, mais sans plus. Je gardais la tête baissée, alors que les autres se payaient ma tête. Ça m'importait peu.
Je ne me souvenais plus comment, mais je m'étais très vite retrouvée dans la salle de bain des filles, les joues
baignées de larmes.

• • •

Le lendemain matin, troisième journée de calvaire, j'avais un cours de mathématiques. Becca était toujours absente, possiblement incapable d'affronter l'enfer qu'était l'école. Alors, on me laissait le sale boulot. Je lui avais tout de même dit que je pouvais m'arranger sans elle, de toute manière les professeurs nous surveilleraient. Je fis de mon possible pour écouter le professeur expliqué sa matière, mais je sentais constamment le regard des autres sur moi. C'était plutôt intimidant, à vrai dire. La cloche finit par sonner, au bout d'une heure. Je ramassai mes cahiers et quittai en vitesse la classe.

« Lucy! »

Je me retournai alors que Conley marchait dans ma direction. Je ne l'avais pas vu depuis hier, alors que Becca se faisait étrangler. Sans parler du fait que je ne m'étais pas présentée à la radio étudiante ce matin, peu concentrée sur le sujet.
Il regarda autour de lui, comme s'il avait peur d'être vu en ma compagnie. C'était plutôt ridicule puisque nous étions dans un corridor bondé, où de nombreux élèves s'arrêtaient pour discuter appuyés contre quelques casiers. Conley se plaça à mes côtés, alors que je marchais pour me rendre à mon prochain cours.

« Tu as fait ton enquête auprès du groupe d'athlétisme? Déjà? » lui demandais-je.

« Non. Mais, la prochaine réunion à lieu lundi, soit dans quatre jours. Je pourrais t'en dire plus après celle-ci. Ça te va? »

« Ouais. Je vais juste essayer de ne pas me faire étrangler d'ici là. »

Conley me jeta un regard qui en disait long. Alors qu'il allait rétorquer quelque chose, Mary Ann Aberline nous interrompu. Elle avait une démarche séductrice et sa chevelure bouclée brune flottait en vaguelette, comme s'il s'agissait d'un mannequin. Une accro aux potins, elle inventait toute sorte de rumeurs. Cette fille faisait des jalouses, tant elle était belle. Elle avait également un très grand succès auprès des garçons. Conley bavait presque alors qu'elle s'arrêtait en face de nous. Cependant, Mary Ann posa son regard davantage sur moi que sur Conley.
Si je me souvenais bien, elle était classée rouge sur la liste. C'était Becca qui en avait voulu ainsi, puisque cette fille avait brisée le cœur de son cousin. Mais comme mon amie n'était pas là, c'était moi qui recevait la merde. Au sens figuratif, bien sûr.

« Bonjour, Lucy! » lança étrangement Mary Ann. Elle se tourna vers mon acolyte. « Bonjour, Jacob... »

Je faussai un sourire, qu'elle fit mine d'ignorer. Conley semblait se ressaisir, mais il continuait de mâter la brunette. Pourtant, Mary Ann s'en fichait royalement. Elle sortait déjà avec un type, de toute manière. Un gars de l'école dont j'avais complètement oublier le nom.

« Figurez-vois que j'organise une petite fête, vendredi soir, soit demain. Et je vous invite. » hasarda Mary Ann en nous pointant tout les deux d'un doigt vernis d'un rouge écarlate.

Conley se calma à ce moment. Il devait sentir qu'il y avait un piège là-dedans, ou bien il avait tout simplement réussi à se contrôler. Ça ne sentait pas bon, cependant, cette fête.

« Es-tu certaine que c'est le bon moment pour m'inviter à ta petite fête? Dois-je te rappeler que le trois quart du niveau me déteste? »

« Oh, ne t'en fais pas pour cela. On me respecte, alors si je décide de t'inviter, ils vont te respecter. Du moins, pour la soirée. » elle vit mon hésitation, ou plutôt ma perplexité - cette fille ne m'avait jamais adressé la parole avant. « Oh, allez, ne sois pas coincée. Je crois qu'une petite fête pourrais te faire oublier un peu tes problèmes... Il y aura de l'alcool. »

Je fis la moue. Cette fille m'avait ignoré pendant cinq ans. Et aujourd'hui, alors que j'avais des problèmes, elle me parlait comme si nous étions copines depuis toujours. Sans parler de son invitation pour la fête. Soit elle avait une grande bonté en elle, soit c'était un plan à la con.

« Écoute, je vais y réfléchir, d'accord? » lui dis-je alors que ma réponse se résumait plutôt à un non qu'à un oui.

Mary Ann me fit un grand sourire dévoilant un petit appareil dentaire discret, comme si je lui avais sorti une réponse positive. Oh non, elle se faisait des idées.

« Super! »

« Euh, mais je ne suis pas certaine que mes parents-- »

« On s'en fiche. Au fait, amène Becca, d'accord? »

Elle ne me laissa même pas la chance de lui répondre, que déjà elle avait fait demi-tout un petit sourire malicieux trottant sur ses lèvres. Conley l'observait, mais il revient à la réalité lorsqu'elle tourna à l'angle du couloir. Il me regarda en faisant la grimace me faisant très bien comprendre le message.

« Tu ne devrais pas y aller. » me dit-il en mettant ses mains dans ses poches de pantalon.

Il avait raison. Il s'agissait forcément d'un piège. Seulement si je me faisais piéger. Dans le cas contraire, je soutirais peut-être quelques informations de la part des autres. De Mary Ann Aberline, possiblement. Mais, tout ceci était risqué. Je risquais gros. C'était un piège. Et jusqu'ici j'avais été douée pour me faire piéger.

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Petit chapitre je sais, mais j'ai eu une semaine forte en émotions, donc pardonnez-moi. Sinon, aimez-vous la tournure des évènements? Lucy va-t-elle aller à cette fameuse fête? Peut-on faire confiance à Mary Ann (pas moi, je parle du personnage, haha!). Puis, j'ai des choses importantes à vous dire:

1) J'essaie de publier un chapitre par semaine, minimum. Cependant, le 23 au 25 avril je serais à Toronto pour un voyage scolaire. (Yé! :D)Vous comprendrez donc, que je ne pourrais écrire le chapitre 7. Je m'excuse d'avance.

2) Je me suis dit que cette histoire devait avoir une chanson thème. Eh bien la chanson qui m'inspire beaucoup cette histoire est Scream My Name de Tove Lo. Honnêtement, il n'y a pas de meilleure chanson pour convenir à cette histoire.

3) Déjà 3k de vues! Je vous adore. Merci énormément. <3

Marianne
xx