05.

Personne ne faisait rien. Ils étaient tous là à fixer la scène, sans réagir même que certains encourageait l'élève aux cheveux blonds qui s'en prenait à mon amie. Becca avait les lèvres bleus, ce qui m'effrayait. Il n'y avait aucun professeur aux alentours. C'était donc à moi de sauver Becca de l'emprise de l'autre élève. Sur un coup de tête, je bondis jusqu'à mon amie, poussant plusieurs personnes au passage et envoyais mon pied valser sur le dos du blond. Ce-dernier se retourna, lâchant Becca au passage qui s'effondra au sol en essayant de reprendre sa respiration. Mon amie hoquetais. Elle semblait si faible en ce moment, je ne la reconnaissais presque pas. Je sentais la présence de Conley derrière moi. Mais, le garçon semblait s'en ficher. Il me regardait méchamment et lorsqu'il réalisa qui j'étais, un sourire malicieux se dessina sur son visage.

« Oh, mais qui vois-je... C'est l'acolyte de service de Mlle Becca. Tu es venue à sa rescousse, on dirait. T'inquiètes, on faisait que rigoler. »

« Tu étais à deux doigts de la tuer. Excuse-moi, mais je n'appelle pas ça "rigoler". » lui crachai-je au visage en tentant de garder mon sang froid.

Ce garçon émanait un certaine arrogance que je n'étais pas capable de supporter. Je détestais l'arrogance. Becca nageait dedans, mais je me contrôlais pour une raison que j'ignorais jusqu'à ce matin. Ces cinq dernières années j'avais supporté toutes les caprices de Becca parce que j'avais peur de me retrouver seule. Étonnement j'avais passé tout mon primaire sans me soucier de la solitude. Et maintenant, je devais éviter Becca, selon mes parents, et je me sentais plus que seule.

« Voyons... Tu exagères. On rigolait, c'est tout. Maintenant, dégage. » rétorqua le grand blond avec un petit rire sec.

Alors qu'il jetai un coup d'œil à ses copains, j'en profitai pour le frapper au visage, en plein sur le nez. Il se retourna vers moi, surpris, la douleur et la colère déformant son visage. Le blond pinça son nez, qui commençait à saigner. Je n'avais jamais frappé quelqu'un de toute ma vie, mais pour une première fois, ça semblait plutôt réussi. Sauf si on exceptait le blondinet qui, par rage, levait le poing dans ma direction, près à me frapper, deux ou trois acolytes à ses côtés près à combattre à ses côtés si la situation dégénérait. Une fraction de seconde avant que le blond ne me frappe, Conley arriva à l'assaut. Il poussa l'étrangleur violemment. Ce-dernier tomba lourdement au sol, se cognant la tête contre un casier. Conley allait se mettre les acolytes du blond sur le dos, mais à ce moment le directeur ce pointa, l'air d'être de mauvaise humeur. Il nous pointa tout les trois, Conley, le blond et moi, d'un doigt accusateur, deux professeurs à ses côtés. Et c'est seulement maintenant qu'ils arrivent, pensai-je.

« Mlle Powell, M.Conley et M.Grant, je vous veux dans mon bureau, immédiatement. » ordonna le directeur d'une voix grave.

« Je m'occuperais d'amener Rebecca à l'infirmerie, monsieur. » marmonna Mme Martins.

Je jetai un dernier coup d'œil à Becca, qui semblait reprendre son calme, hoquetant toujours, avant de suivre le directeur avec Conley et le blond - Grant, si on veut - qui restait tout de même un peu sonné.

« Merci. Merci de m'avoir protéger, je veux dire. » marmonnai-je à l'intention de Conley.

« C'est pas pour toi que je le faisais, mais pour mon frère. Thomas Grant est un vrai trou d'cul. Compte-toi plutôt chanceuse. »

Sur ce, le silence s'imprégna dans l'air. À chaque pas que je faisais, je sentais le regard haineux de Thomas Grant sur moi, et parfois sur Conley, jusqu'à ce que nous nous retrouvions sur les sièges de l'impeccable bureau de M.Lee. Là, nous étions tous très calme, presque nerveux. En tout cas, pour moi. Et si le directeur appelait mes parents? Ils seraient complètement furieux, même si j'avais en quelque sorte sauvé une vie. Waouh, c'était bizarre à dire. J'avais vraiment sauvé une vie. Qui pouvait en dire autant? Mais ça ne convaincrait pas mes parents parce qu'il s'agissait de Becca, cette fois. Ils m'avaient clairement interdit de la voir, chose plutôt difficile parce que la croiser avait été complètement involontaire. Quoi que si je n'avais pas été là, cette bande d'incapables l'aurait probablement laisser mourir. Comment pouvait-on donner ce sort à une personne? Tout ça à propos d'une liste qui avait mis en jeu quelques réputations. Qu'en avait-on à faire? C'était seulement des stupides potins d'adolescents boutonneux, au départ, et voilà que quelqu'un tentait de tuer quelqu'un pour cette raison. Comment était-ce possible d'agir de la sorte? De sentir la vie d'un être humain filer entre nos doigts? De plus, Grant avait tenté de l'étrangler à main nue. C'était encore plus pire. Tout compte fait les incidents de la veille et d'aujourd'hui avaient peut-être convaincue Becca de ne pas prendre cette histoire comme un simple jeu d'enfant.

« Alors, que s'est-il passé? » demanda le directeur après un instant de silence.

« Thomas Grant a tenté d'étrangler Rebecca Travis et Lucy Frances Powell est intervenue. » expliqua Conley en croisant les bras comme s'il s'agissait d'une simple petite chose.

« Et vous, quel rôle jouez-vous dans cette histoire? » lui demanda le directeur.

« Il m'a poussé contre les cases. »

Je sentis Conley remuer sur sa chaise et tenter de cacher un petit sourire moqueur qui cherchait à se trouver une place sur son visage. J'aurais bien voulu en rigoler moi aussi, mais dans d'autres circonstances.

« C'est à cause de cette liste? » demanda le directeur.

« Bien évidement. » répondirent Conley et Grant en même temps.

« Hum... D'accord. Alors tout les trois, vous aurez deux heures de retenues jeudi. C'est compris? » banalisa M.Lee en signant trois billets de retenues.

Je bondis sur ma chaise, dévisageant le directeur. Plaisantait-il? Les deux heures de retenues allaient pour avoir casser le nez de quelqu'un où bien avoir brutalement poussé autrui, mais pour avoir tenté de tuer quelqu'un, ça n'allait vraiment pas. Les tentatives de meurtre devaient être punis devant la loi, pas ainsi. Bon sang, ce gars avait tenté de tuer quelqu'un! Ce n'est pas deux heures de colle qui allait régler son problème. J'étais complètement bouleversée.

« Vous plaisantez M. Le directeur, j'espère. Thomas Grant a tenté de tuer une personne! » protestai-je.

« Mais il ne l'a pas tué, n'est-ce-pas? » demanda le directeur, suggestif.

« Non, mais... »

« Dans ce cas, rien de grave ne s'est produit. » M.Lee marqua une pause avant de reprendre. « Écoutez Mlle Powell, si nous signalons cet incident auprès de la police, notre réputation ne sera pas extraordinaire et les inscriptions chuteront... Ce qui nous amènera à des coupures, et je suis certain que vous et moi ne voulons pas que tout ceci arrive. Alors taisez-vous et je veillerais à la sécurité de mes élèves. » m'expliqua le directeur.

J'aurais bien voulu protester encore plus, lui cracher au visage qu'il échouait complètement dans le domaine de protection de ses élèves, puisque l'une d'elle avait failli y passer aujourd'hui, mais je m'abstenue sachant que je ne ferais que m'attirer plus s'ennuie. Je trouvais tout de même dommage que la réputation d'une école nuise à la protection des élèves.

« Maintenant, vous pouvez disposer. Sauf vous, M. Grant. J'ai deux mots à vous dire. » annonça le directeur en nous tendant nos billets de retenues.

Bon, ce n'était peut-être pas si perdu. M.Lee allait peut-être passer un savon à Grant. Enfin, je l'espérais, parce que ce blondinet en avait grandement besoin.
Je rangeai mon billet de retenue dans la poche de mon jeans, pensant à l'excuse que je sortirais à mes parents expliquant sa présence et peur la direction de l'infirmerie. Je devais bien m'informer de la santé de mon amie. Alors que je franchissais le cadre de porte de l'infirmerie, la cloche annonçant le début des cours, sonna. Je sécherais, tant pis, sur ce coup. Je pourrais peut-être imiter la technique de Becca et obtenir un billet de retard de la part de May, l'infirmière. En arrivant dans le petit cabinet, je ne fus pas surprise d'apercevoir Becca assise sur la petite table d'examen avec May qui l'écoutait raconter la peur qu'elle avait eu en se faisant étrangler.

« Voici mon héroïne! » s'exclama Becca d'une voix rocailleuse.

May applaudit discrètement, tout en occultant mon amie qui demeurait plutôt calme, malgré les circonstances. Elle avait passé à deux doigts de la mort, nom de dieu.

« Je te jure, si tu n'avais pas été là, je ne serais probablement plus de ce monde. Je te remercie, sincèrement, Lucy. » me louangea Becca, avant de se tourner vers May. « Elle mérite un billet de retard, tu sais. »

« Oh que oui. » blagua l'infirmière, même si elle s'exécutait déjà à la tâche.

May disparut pour chercher quelques comprimés d'aspirines, alors que je ne faisais pas le lien, me laissant seule avec Becca.

« Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu es venue à l'école ce matin. Tu as l'opportunité de rester à la maison, alors... »

« Je sais que je serais la pire des égoïstes si je te laissais affronter cette situation toute seule, donc je suis venue, mais ce n'était pas une si bonne idée, tout compte fait. » m'avoua Becca.

Voilà une part de Becca que je ne connaissais pas. La loyauté. Et dire, que j'allais devoir la laissée tomber pour respecter la conséquence de mes parents. Pouvais-je lui dire maintenant? Ce n'était pas très sympa. Pourtant, je n'allais pas pouvoir lui cacher bien longtemps. Mes parents étaient près à demandés à la direction de surveiller mes fréquentations.

« Écoute, Becca, mes parents sont au courant pour la liste et... » j'aperçue Becca écarquillé les yeux. « Et tu connais mon père. La seule conséquence qu'il a trouvé c'est de m'interdire de te voir. »

« Eh bien, dans ce cas, on se verra en douce... » lança Becca, comme s'il n'y avait pas de mal à ça.

« Je n'en sais rien. Mon père s'informera probablement à tout les jours de mes fréquentations. Je suis désolé. »

Elle me scruta du regard comme si elle doutait de mes paroles. Je baissai les yeux sur son cou et aperçue quelques bleus qui prenaient la forme d'une main. Les marques de son agression.

« Dis plutôt que tu m'en veux d'avoir eu l'idée de la liste. » cracha Becca.

« Ne revient pas sur le sujet. C'est de notre faute. »

Mon amie me dévisagea. Elle n'en croyait possiblement pas un mot de toute cette histoire. Mais elle ne poursuivit pas sur le sujet et se ressaisi sur la table d'examen.

« Tu avais raison à propos de la liste. C'est plus grave que ce que je pensais. Ils ont manqué de me tuer. » m'avoua la châtaine.

« Je crois que derrière toute cette liste, il y a un plus gros problème avec les réputations. Je crois que c'est ça qui dérange plus les gens. »

Becca hocha la tête. May revint avec deux comprimés d'aspirines et un petit verre d'eau qu'elle tendit à mon amie. Cette-dernière avala le tout sans remarque sarcastique, étonnement.

« Je crois que tu devrais rentrer chez toi, Rebecca. » suggéra l'infirmière.

Becca me jeta un regard d'inquiétude, auquel je n'étais pas très familière.

« Rentre chez toi. De toute manière, je suis surveillée par les professeurs. » la rassurais-je.

« Dans ce cas, j'y vais. Tu préviendras Dan, d'accord? »

J'hochai la tête, mais si l'envie de parler à son copain n'y était pas. Ce serait bien la première fois que j'y parlerais et comme il m'ignorait depuis un moment, j'ignorais si il serait ravie de me voir. Tout compte fait, je savais déjà la réponse: bien sûr que non.
Becca sortit du cabinet en titubant, avec un billet qui l'autorisait à quitter l'école en raison de sa mésaventure. J'allais moi aussi partir, mais pour aller en cours, seulement May m'arrêta.

« Lucy, j'en connais bien plus sur la liste que tu ne pourrais l'imaginer. »

« Hein? »

May n'était pas la personne que j'aurais qualifié de fouineuse, mais sa remarque me fit réagir. Avait-elle écouter notre conversation à Becca et moi? Si non, comment pouvait-elle savoir que tout ceci avait un lien?

« Tu sais, beaucoup de personnes viennent dans mon cabinet. Certains s'ouvrent le cœur à moi. » elle marqua une courte pause. « Il y a bien plus derrière cette liste. D'autres trucs en lien avec cette liste noire. »

De quoi parlait-elle? Je n'arrivais pas à aligner un mot. Il y avait bien plus derrière cette liste. Mais que voulait-elle dire par là? Y avait-il d'autres listes, d'autres choses que les réputations, des choses bien pires? Qui avait-il? May ajouta quelque chose qui me bouleversa bien plus:

« Et Becca est au courant pour ces choses. Parce que c'est elle qui les a faites. »

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Boum.
Héhé, moi je suis hyper fière de ma finale. ;) Et, merci beaucoup pour les 2k de vues, c'est tout une fierté pour moi. Merci deux mille fois!
Alors, qu'a fait Becca, selon vous?

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