04.

Prise au piège. D'une certaine manière je me sentais ainsi. Mes parents savaient pour la liste. Mais comment avaient-ils su? Mes parents n'étaient pas vraiment présents sur les réseaux sociaux. Ma tête tourbillonnait et je dû m'appuyer contre la petite bibliothèque de mon père pour ne pas tomber au sol. De plus, mon genou me faisait un mal de chien.

« Comment êtes-vous au courant pour la liste? » leur demandai-je après un instant de silence.

Je ne pouvais nier les faits. Pas devant ma mère qui savait très bien me décoder.

« La direction de ton école a appelé. Selon le directeur, il a reçu des plaintes contre Rebecca et toi à propos d'une certaine liste. À ce qu'il paraît, vous auriez classifié des élèves par un code de couleur et ça n'aurait pas plu à tout le monde. » répondit mon père sur un ton de voix qui ne m'enchantait pas.

« Rassure-toi, la direction ne peut pas te renvoyer. On ne peut pas renvoyer des élèves parce qu'ils ont écrit une liste. » ajouta ma mère.

« Cependant, nous aimerions que tu nous dises tout à propos de cette liste. Fais-nous confiance, nous sommes tes parents. »

Mon père me regardait avec un regard insistant. Je tapotai mes doigts à la manière d'un pianiste sur le meuble en bois. Je savais que je pouvais leur faire confiance, je m'en doutais pas une seule seconde. Mais, j'ignorais comment ils réagiraient à l'ensemble. Devais-je leur raconter la course pour la vie que j'avais faite aujourd'hui? Ils seraient totalement furax. Pas nécessairement après moi, mais j'imaginais facilement leur colère s'orienter vers mes poursuivants ou vers Becca, pour m'avoir traîner dans les bois. Qui veut croire que son enfant est responsable d'un tel truc? Certainement pas mes parents.

« Lucy. » appuya ma mère, insistante.

Je roulai des yeux, puis me mis à tout leur raconter, sans exception. Je leur parlais de Becca qui avait eu l'idée de la liste, des menaces dont nous avions été victimes, de la poursuite dans la forêt, etc. En bref, je leur avais tout dit. Après tout cela, mes parents se regardèrent de nombreuses fois alors qu'un silence inconfortable régnait dans la maison.

« Alors, c'est de la faute à Rebecca. » répéta mon père à mainte reprises.

J'aurais bien pu la défendre un peu plus, leur dire que j'y étais pour quelque chose moi aussi, mais au lieu de ça, je me tus, espérant que faire passer toute cette histoire sur le dos de Becca, aiderait à ce que mes parents soient plus compréhensifs.

« Dans ce cas, je ne veux plus te voir traîner avec elle. Je ne veux plus la voir t'approcher que ce soit à l'école ou à la maison. Je m'informerais au près de tes enseignants, s'il le faut. Je t'avais prévenu, il y a longtemps de cela, que Rebecca ne t'apporterais que des ennuis. Regarde où tu en es, ma fille. » poursuivit mon père.

« Mais... » me défendis-je.

« Lucy, c'est ce qu'il y a de mieux pour toi. Nous sommes tes parents, ne l'oublie pas. Si tu te sens rejetés par tes paires, à cause de cette liste, vient nous en parler. On t'aidera. » ajouta ma mère.

Et je partis, ne répondant à aucun de mes deux parents. Que pouvais-je dire de plus? Mon père attendait possiblement depuis plusieurs années d'avoir une bonne raison pour m'interdire de voir Becca et voilà que son occasion s'était présenté. Étrangement, le fait de ne pas avoir Becca à mes côtés pour affronter la réalité de cette histoire, m'effrayait. C'est ainsi que je réalisai que j'avais plus besoin de Becca que je ne l'aurais cru.

• • •

Le lendemain, ma mère proposa de me reconduire à l'école. Je ne pus refuser sa proposition, puisque prendre la bus ne m'apparaissait pas une option. Je n'avais aucunement l'intention de me présenter dans l'autobus et de m'asseoir à mon banc habituelle avant de me fourrer une paire d'écouteurs dans les oreilles pour écouter un peu de bonne musique en sachant que la plupart des gens présents m'en voulaient à mort. Mais le trajet se termina un peu trop vite à mon goût et je dus sortir de la voiture.

« Passe une bonne journée, ma chérie. » me salua ma mère, alors que je refermais la portière de la voiture.

Son ton de voix m'indiquait clairement qu'elle s'inquiétait pour moi. Hier soir, après mes aveux, je n'avais pas quitté ma chambre de la soirée, même pas pour aller dîner. De toute manière, je n'avais pas très faim. Et puis ce matin, j'avais réussi à avaler deux ou trois clémentines, consciente que mes parents me surveillaient de près. Mais, aller à l'école était quelque chose de bien plus pénible, surtout si Becca n'était pas à mes côtés pour endurer les regards hostiles.
Je courus jusqu'à l'intérieur de l'école, pressée de commencer cette journée pour la finir plus vite. En me promenant dans les couloirs de l'école, certaines personnes s'arrêtèrent pour me dévisager ou bien pour me couronner d'un doigt d'honneur. Des murmures s'élevaient autour de moi, alors que quelques personnes me pointait du doigt comme pour expliquer à leurs amis qui j'étais. J'accélérais le pas le plus rapidement possible alors qu'un garçon hurlait:

« C'EST ÇA, PÉTASSE, FUIT! MAIS UN JOUR TU LE PAIERAS CHER! »

Une petit contenant de lait fût lancer en guise de rafraîchissement et il explosa à la force de l'impact sur mon sac à dos, aspergeant mes vêtements de ce breuvage. Je me mis à courir, le genou qui restait douloureux, arrivant de peine et de misère à extirper mes clés de mon blouson, pour déverrouiller la porte me menant à mon local privé pour la radio étudiante. Je poussai la porte violemment et rentrai dans la pièce, refermant aussitôt la porte. Je n'aimais pas la sensation d'être complètement inondée de lait. Mes vêtements allaient se mettre à puer. Sans parler de mes cheveux.

« Te voilà, Lucy Powell. »

Je sursautai et pivotai sur ma gauche. J'avais oublier celui-là. Jacob Conley était assis sur une chaise et me regardait le plus sérieusement possible. Savoir que la fille qui l'avait aspergé de macaronis au fromage était dans le pétrin, devait le réjouir. Me voilà dans de beaux draps.

« Que veux-tu, Conley? » lui crachais-je alors qu'il se levait pour me rejoindre.

« Je voudrais savoir pourquoi tu m'as mis en rouge sur ta stupide liste? »

« Sinon, quoi? Tu vas me faire écouter de la musique country en boucle? »

« Je ne te ferais pas de mal, mais j'aimerais savoir pourquoi, en toute honnêteté, je me retrouve en rouge? Je veux dire, on se connaît à peine. » expliqua-t-il en haussant les épaules.

Devant lui, je me sentais minuscule. Son imposante carrure athlétique qu'il avait du forger grâce à sa participation dans l'équipe d'athlétisme de l'école me rendait maigrichonne et sans défense face à lui. Athlétisme... Athlétisme! Hier, alors poursuivit par une meute d'humains enragés j'avais laissé supposer que peut-être mes poursuivants faisaient partis de l'équipe d'athlétisme. Ils étaient si rapides. Certes, ils se pouvaient que je sois complètement à côté de la plaque, mais c'était une piste potentielle que je ne devais pas négliger. Peut-être Conley en faisait-il parti? Cette idée me frappa de plein fouet et je reculai immédiatement, voulant prendre le plus de distance possible avec lui. J'ignorais si il était un prédateur pour moi, mais je n'attendrais pas de me faire étrangler pour le savoir.

« Où étais-tu hier, à 14h30? » lui demandais-je, sachant que c'était idiot de ma part de poser cette question.

« Ne change pas de sujet. »

« OÙ ÉTAIS-TU, BON SANG? » répétais-je, plus fort cette fois.

« On se calme. J'étais ici, à l'école. J'étais en cours de math. Pourquoi? »

Pouvais-je lui faire confiance? Après tout, comme il le disait si bien, je le connaissais tout juste. Je ne pouvais pas me fier à un inconnu, si? Je ne savais pas quoi en penser.

« Fais-moi confiance. Ce qui est dit ici, restera ici. » me rassura-t-il.

Il semblait sincère. Peut-être pouvais-je me fier à lui? Ou bien, ça ne ferait que m'apporter des ennuis. Je décidai de tenter le tout pour le tout.

« Mon amie Becca et moi sommes aller dans les bois, hier, à cause de la liste comme tu t'en doutes. Disons qu'on s'est fait suivre par d'excellents coureurs. Ils nous ont fusillés de pierres. En les voyant courir aussi vite, j'ai eu l'impression qu'il s'agissait de membres du club d'athlétisme et... » commençai-je avant d'être brutalement coupé par Conley.

« Donc, en gros... Tu crois que je fais parti de ces gens? » mon silence répondit à ma place. « Je n'ai rien à voir avec cette histoire, d'accord? La seule chose qui m'intéresse sur cette liste c'est de savoir pourquoi je suis en rouge. Je n'agirais pas comme ces maniaques lanceurs de pierres. »

Peut-être était-il innocent sur ce coup. Certes, je ne négligeais pas la possibilités qu'il soit l'un de ces fous, mais je confirmerais son hypothèse en allant subtilement demander à son professeur de mathématiques. Une idée malicieuse me vint à l'esprit, sachant que Conley était peut-être près à tout pour savoir pourquoi il se retrouvait sur cette liste en rouge.

« Je te propose un marché. » lui offrais-je.

« Je t'écoute. »

« Tu enquêtes auprès de ton équipe d'athlétisme et en échange, je te donnes une réponse à ton classement en rouge. Ça marche? »

Conley sembla hésiter - comme si c'était lui qui avait le plus à perdre dans cette histoire - mais finit par serrer ma main que je tendais depuis déjà quelques secondes.

« Ça marche. »

Je souris, incapable de cacher ma joie devant cette mince piste que je venais peut-être de déterrer. J'ignorais si Conley respecterais notre marché, mais il avait tout à gagner dans ce pacte. Une réponse, voilà tout.
Alors que je pensais aux avantages de ce pacte, un cri strident me sortit de mes pensées. Alertée par ce bruit, j'ouvris la porte du petit local et regardais dans le corridor, Conley sur les talons. Une petite masse d'élèves s'étaient rassemblé autour de d'eux silhouettes. Je me faufilais dans la foule, remarquant qu'étrangement personne ne me dévisageait. Ils fixaient tous la scène. Je tournais la tête et me pétrifiais sur place. Difficile de ne pas réagir de la sorte lorsque votre amie se fait étrangler sur la place publique.

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Hey!
Alors primo, je tiens à remercier tout ceux qui lisent cette histoire pour leur encouragements. Ça m'a motivé à écrire la suite plus vite. Et deuxio, j'ai quelques questions pour vous:
Que pensez-vous du marché de Lucy et Conley?
Que pensez-vous de la fin du chapitre?
Que pensez-vous de Becca?
Que pensez-vous de Lucy?
Que pensez-vous de la décision des parents de Lucy?

Marianne ; )

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