03.
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Lorsque j'avais réussi à m'endormir, à l'aide de deux comprimés de somnifères, j'avais rêvé d'une sorte de forêt de grands conifères, semblables à ceux qu'on trouvait en Colombie-Britannique. Je courais dans les bois, poursuivie par des dizaines de gens en colère qui tenaient en leurs mains des torches enflammés et des fourches, comme dans les films. À un moment précis, ils m'attrapèrent et me mirent sur un bûcher géant. Je criais et me débattais, mais rien n'y faisait. Puis, une fille s'approcha, une torche enflammée dans la main, prête à me brûler vive. Le visage de cette parfaite inconnue se déforma et pris la forme de celui d'une personne que je connaissais un peu trop bien. Becca. Elle jeta sa torche à mes pieds et je sentis la chaleur se propagé en commençant par mes orteils. Alors que le feu en venait à mes hanches, je m'étais réveillé.
Cinq minutes plus tard, ma mère, voyant que je n'étais toujours pas levée entra dans ma chambre.
« Tu es malade, ma chérie? »
Je ne répondis pas automatiquement. Mes cheveux blonds étaient en bataille, mes yeux étaient entourés par plusieurs cernes, mes joues étaient mouillés - j'avais pleurer la veille - et mon nez coulait. J'avais vraiment l'air malade. Je pouvais très facilement faire passer ce petit mensonge pour la stricte vérité, mais je m'inquiétais pour Becca. Irait-elle en cours, aujourd'hui? Aurait-elle le courage d'affronter les regards noirs des autres élèves? Sûrement pas. À l'heure qu'il était, ses parents devaient l'avoir laissée pour travailler, après avoir appelés l'école pour les informer de l'absence de leur fille sur les bancs scolaires. Becca pouvait facilement manquer de l'école, ses parents étaient moins centrés sur elle. Mes parents voulaient rarement que je manque de l'école pour des raisons minimes. Pourquoi ne pas saisir cette opportunité?
« Je crois bien que oui. Je ne me sens vraiment pas bien. »
Ce n'était qu'un semi-mensonge, puisque je n'allais vraiment pas bien, mais je n'étais pas à proprement parler, malade. C'était la liste qui donnait l'impression à mes os d'être broyés. C'était la liste qui me nouait l'estomac. C'était la liste qui me formait une boule de culpabilité coincée dans ma gorge. Tout était la faute à cette maudite liste!
« Veux-tu que je prennes ta température? » me demanda ma mère, inquiète.
« Non, ça va aller. Je sais que je ne vais pas bien. J'ai l'impression que mon corps est bouillant. »
« Tu as raison. » confirma ma mère en tapotant mon front de la paume de sa main droite. « Je crois que tu vas devoir rester au lit. »
Je ne me réjouis pas pour autant. Un jour ou l'autre, je finirais par mettre les pieds à l'école et affronter les regards meurtriers de mes camarades. Je ne faisais qu'appréhender le moment.
« Tu veux que je t'apportes quelque chose à manger? » je fis signe que non d'un geste de la tête. « Ok, dans ce cas, je serais au rez-de-chaussez, si tu as besoin de moi. »
Ma mère déposa un léger baiser sur mon front, puis quitta la pièce en prenant soin de bien refermer la porte derrière elle. Une fois convaincue qu'elle n'était plus dans les parages, j'agrippai mon téléphone portable qui traînait sur ma table de chevet. En jetant un coup d'œil sur Facebook sur le profil d'un utilisateur privé qui avait mis en ligne la fameuse liste, je constatai bien assez tôt que les commentaires avaient augmentés.
« Je me demande si elles vont avoir le courage de venir en cours, aujourd'hui. »
« Je te parie que non. Quelles trouillardes. »
« Si elles viennent en cours, elles méritent un tonnerre d'applaudissements. »
« On devrait se venger. »
« Personnellement, je suis contente d'elles. Je suis verte, bande de losers. »
« Sale conne. »
Je relâchai mon téléphone comme si je venais de réaliser qu'il s'agissait d'un objet maléfique et m'assurai qu'il soit bien hors de ma vue. Qu'allais-je faire? Cette question me tourmentait tellement que j'avais l'impression que lorsque j'y aurais répondu, je serais l'une des personnes les plus libres de la planète.
Une demi-heure plus tard, mon téléphone entama une petite chanson, me rappelant ainsi son existence. Je décrochai à la troisième sonnerie.
« Allô? »
« Lucy, c'est Becca. Tu pourrais venir chez moi, cet après-midi? Je sais que t'es pas à l'école. J'y suis pas non plus, si ça t'intéresse. » me répondit la pessimiste.
« Ah on ne s'excuse pas à ce que je vois. »
Je l'entendis soupirer à l'autre bout du fil. Bon, certes, je n'avais pas à abuser de la situation de la veille - nous étions toutes les deux beaucoup trop stressées pour avoir à agir poliment.
« Fais pas ta tête de mule, parce qu'on est dans la merde. Tu crois pouvoir fausser compagnie à ta mère? » me réprimanda Becca.
Je jetai un coup d'œil à l'horloge et tendit l'oreille vers le rez-de-chaussée. Ma mère semblait faire le ménage. C'était ça la vie d'une femme au foyer. Chouette.
« Je pense que oui. Rendez-vous à 14h? Je passerais par la porte de derrière. »
« Ouais, c'est ça. »
• • •
Je montai jusqu'à la chambre de Becca à pas feutrés alors que je savais pertinemment que ses parents n'étaient pas là, comme la plupart du temps d'ailleurs. Lorsque j'entrais dans la fameuse chambre, je fus dégoûtée de voir mon amie, fumant une cigarette, habillée de vieux vêtements et allongée sur son lit dans une position étrange. En me voyant arrivé, elle ne prit même pas la peine de me saluer.
« Tu sais que ça va te tuer un jour, ça? » lui lançai-je en désignant sa cigarette.
« Ça te dit une balade dans la forêt? » me demanda Becca, en ignorant ma remarque.
Je ne voyais pas où elle voulait en venir avec cette stupide balade en forêt. N'empêche qu'elle sauta hors de son lit et me traîna jusque dans sa voiture, en direction d'un petit boisé. Étrangement, cela ressemblait à mon rêve. Sauf que Montréal, n'était pas doté de très grande forêt avec d'énorme conifères. On dû prendre l'autoroute pour enfin trouvé une forêt qui avait plusieurs hectares. Becca stationna sa voiture sur le bord d'un fossé, à côté d'un autoroute bruyant, même si je doutais qu'elle ait le droit. C'était plutôt dangereux de se stationner à côté d'un autoroute aussi emprunté que celui-ci, mais elle semblait s'en ficher complètement. Ensemble, nous traversâmes le petit ruisseau d'un bond et nous gagnâmes la forêt bien assez vite. Après une quinzaine de minutes de marche, je m'arrêtai, épuisée.
« Becca, c'est quoi le but? » lui demandais-je.
« J'en sais rien... Je pensais qu'un peu d'air frais nous aiderait. »
« Ce qui nous aiderait ce serait de parler de choses sérieuse. Comme de la liste par exemple. Certains veulent notre peau. Regarde sur Facebook. »
« J'évite. Je sais que je ne supporterai pas de voir toutes ses menaces. Tu te rends compte, on veut notre peau parce qu'on a simplement jugé les gens selon un code de couleur. » avoua Becca, en faisant la moue.
J'hochai la tête. Elle avait raison, à sa manière. C'était un peu ridicule, tout de même. On avait simplement classifié certaines personnes. La personne qui avait dévoilé notre liste était possiblement quelqu'un qui nous en voulait ou quelqu'un qui voulait tout simplement des potins. Car, cette personne savait l'ampleur qu'aurait cette maudite liste sur nos camarades. À notre âge, les gens se demandent constamment de quoi ils ont l'air face aux autres - ce qu'on pense d'eux. Cependant, lorsqu'on leur dit la vérité en face et qu'elle n'est pas toujours positive, c'est vexant. Ils se mettent en colère. Au point de nous faire des menaces de mort.
« T'as raison. C'est complètement débile. C'est... Tout simplement stupide! C'EST STUPIDE, VOUS ENTENDEZ? » hurlai-je dans la forêt comme si j'essayais de convaincre à haute voix tout ceux qui s'y opposaient.
Après cela, je me mis à botter du pied droit tout ce qui se mettait sur mon chemin. Becca me regarda faire depuis le tronc d'arbre sur lequel elle était assise. Je m'arrêtai pour lui lancer brutalement:
« Quoi? Toi, tu fumes et moi je me défoules à ma manière. »
Elle ne sembla pas vexer. Pas le moins du moindre. Elle se contenta d'hausser les épaules.
« Qu'est-ce-que tu veux que je fasse, bon sang? »
« J'en sais rien... Trouve une solution, par exemple. Je ne resterais pas dans ma chambre éternellement, je te signale. Ma mère voudra que j'aille à l'école demain, tu es au courant? »
« Tu as pensé au fait qu'il n'y avait peut-être pas de solution à notre foutu problème? »
C'était la réponse la plus idiote que j'avais entendue de ma vie, mais c'était carrément le genre de Becca d'abandonner facilement.
« On va se faire haïr pendant quelques mois, puis ils vont trouver quelque chose de plus intéressant. C'est vrai, on a juste écrit une liste et certains sont en colère. C'est pas si grave? Après tout, personne ne nous a agressé jusque là, non? » poursuivit Becca.
J'écarquillai les yeux, elle minimalisait tellement les choses, maintenant. C'était quoi son problème? Des gens nous avaient menacés indirectement et je pouvais vous dire que le prendre à la légère n'était certainement pas l'idée du siècle. Je me mis donc à regarder Becca comme si elle était complètement débile.
« Tu ne disais pas la même chose, hier, lorsque tu t'es évanouie. »
Alors que mon amie allait répliquer, un craquement se fit entendre dans les bois. Becca et moi relevâmes la tête en même temps, nous demandant ce qui avait bien pu faire ce bruit. Un animal, peut-être? C'est vrai, après tout, la forêt grouillait de petits animaux. Il n'y avait pas de chasseur, j'en étais certaine, sur ce coup. Cette forêt n'était pas un territoire de chasse. Mais je compris qu'il ne s'agissait aucunement d'un animal, lorsque je reçus une pierre en plein visage, me valant une égratignure dont un petit filet de sang s'échappait. On avait fait exprès. Je le savais, car quelques secondes plus tard ce fût des dizaines de cailloux qui nous tombèrent dessus. Des silhouettes d'adolescents se dessinèrent à quelques mètres et je compris aussitôt. C'était à cause de la liste. Voyant que nous n'allions pas à l'école, on nous avait suivis. Et ces gens passaient à l'attaque.
« COURS, LUCY! »
Je jetai un coup d'œil à Becca qui avait déjà une bonne longueur d'avance et je l'imitai, en courant du mieux que je le pouvais. Ce n'était pas évident avec toutes ces racines. J'eus quand même la force de rattraper Becca. Nos poursuivants étaient plus lents, puisqu'ils lançaient, à la fois, des pierres dans notre direction. N'empêche qu'il fallait courir vite.
« ON DOIT SE RENDRE À LA VOITURE! » hurlai-je à Becca.
Alors que j'étais concentrée sur Becca, je trébuchai contre une racine. Je me retrouvai aussitôt au sol, le genou en mauvais état. Le temps qui me prit pour réaliser que je venais de tomber, mes attaquants m'avaient presque rattraper. C'est Becca qui vient étonnement à ma rescousse. Elle m'agrippa sous les bras et me força à me relever. Je repris conscience de notre situation et fût rapidement capable de courir de mes propres moyens, même si mon genou me faisait atrocement mal. Quelques mètres plus loin, je pouvais apercevoir la lisière de la forêt. Plus qu'un petit sprinte et la voiture me serait accessible. Je me mis à accélérer, alors qu'un pierre de bonne taille m'heurta la nuque. Je portai ma main sur celle-ci et senti une fine égratignure. Rien de bien grave, mais cela faisait suffisamment mal pour ne pas prendre cette petite poursuite à la légère. Je regardai à ma gauche et aperçût Becca qui courait, les mains sur sa tête comme pour se protéger des projectiles. Elle avait une petite longueur d'avance sur moi et je la vis bien assez tôt traverser la lisière de la forêt. Je jetai un coup d'œil par-dessus mon épaule dans le but d'apercevoir mes poursuivants. Il semblait y en avoir quatre, si je ne m'abuse. Tous portait de grande et large capuche qui leur tombait devant les yeux. Certains d'entre eux portaient même des foulards pour cacher leur bouche et leur nez. Ils avaient prévus le coup. Et je pouvais très bien dire qu'ils couraient extrêmement vite, lorsqu'ils ne lançaient rien dans notre direction. Des membres de l'équipe d'athlétisme? Peut-être bien, même si tout les bons coureurs n'en faisaient pas forcément partis.
Un petit tronc d'arbre gisait au sol et je réussi à le traverser en une fraction de secondes. Quelques secondes plus tard, je me trouvais hors de la forêt, sur le bord d'un autoroute avec quatre poursuivants sur les talons. J'aperçus la vieille bagnole de Becca, où cette-dernière était déjà assise à l'intérieur, bouclant sa ceinture. Je piquai un dernier sprinte et ouvrit la portière en moins de deux, alors qu'un caillou volait dans ma direction. Celui-ci atterrit contre la vitre, causant une légère marque. Becca démarra la voiture et je priai pour qu'elle fasse son ronronnement habituelle, connaissant cette voiture mieux qu'il ne le faudrait. Heureusement, pour nous deux, la voiture démarra et s'engagea sur l'autoroute, tandis que Becca pesait sur l'accélérateur, se préoccupant que très peu des autres automobiles. Quelques pierres heurtèrent le derrière de la voiture, mais sans plus. Une fois en sécurité, je rompus le silence:
« C'est assez convaincant pour toi, ça? Peut-être que tu le prends à la légère, mais eux ne plaisante pas. »
Becca ne répondit pas, mais je savais que j'avais raison sur ce coup. Nous ne devions plus penser, nous devions agir.
• • •
Je sortis de la bagnole de Becca, après l'avoir salué d'un vague sourire. Une fois à l'intérieur, je soupirai bruyamment en sentant mon genou enflé. Il faudrait que je file à la salle de bain pour y jeter un petit coup d'œil. Je jetai mon manteau sur un crochet et me dirigeai à pas feutré jusque dans le salon. Ma mère n'y était plus. Lorsque je l'avais laissé, pour sortir en douce, je m'étais assuré qu'elle dormait solidement sur le canapé. Cependant elle n'y était plus - elle ne dormait plus. J'étais dans la merde. Peut-être n'avait-elle pas remarqué mon absence?
« Lucy? » ma mère arriva dans le salon, suivie de mon père. J'étais bel et bien dans la merde. « Je crois que nous devons parlé. »
« À propos de quoi? »
Je savais que je m'aventurais sur un terrain dangereux. À coup sûr, on me disputait pour avoir simulé un semi-mensonge. Certes, je n'étais pas dans ma meilleure forme, mais j'étais sorti sans leur permission. Et ça, ça n'allait pas leur plaire.
« Nous savons. » me répondit mon père, l'air sérieux.
« Pardon? »
« Nous sommes au courant pour cette liste, Lucy. Nous savons. »
Ils savaient. Et moi, je me retrouvais encore plus dans le pétrin.
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Hey! Bon, j'ai quelques petits trucs à vous dire:
1) Merci énormément pour les 1k! Je n'en reviens pas, on est déjà rendu là. Alors, merci beaucoup à vous tous d'y avoir contribué. J'ai les meilleurs lecteurs du monde, j'en suis convaincue.
2) C'est Pâques dimanche! Qui va se bourrer la face en chocolat? Sérieusement, je suis en manque de chocolat. Ça fait des siècles que je n'en ai pas mangé. Qu'allez-vous faire à Pâques?
Bref, je vous aimes. Merci énormément. xx
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