02.

Becca n'était pas venue en cours de la matinée, ce qui m'avait gravement inquiété. Nous devions parlé de l'incident, puisque dans quelques heures la majorité du lycée nous détesterait, sans doute. Heureusement, l'heure du dîner arriva et je fus heureuse de constater que Becca était assise à notre table habituelle, l'air d'aller mieux qu'il y avait quelques heures, une expression qui ne disait tout de même rien de bon. Prudente, je m'assis à ses côtés, les lèvres pincés.

« On est dans la merde. » lança-t-elle.

J'hochai la tête. De toutes les choses qu'elles avaient dites, c'était ce qui avait de plus sensé. Demain, à la même heure, je ne serais pas surprise d'être asséné par quelques regards noirs. Lorsque notre maudite liste serait mise sur tout les réseaux sociaux disponibles, je serais foutu. Ma vie serait foutu. On ne nous regarderait plus jamais comme avant. On connaîtra mon visage, aussi stupide que cela puisse paraître. Je ne serais plus «l'amie de Becca». Je deviendrais la «salope numéro 2 qui a écrit cette liste». À quoi avions-nous pensé? Qui avait la liste? Comment se l'était-il procuré? Après tout, j'avais donné la copie à Becca ce matin, seulement. Mais, surtout, comment connaissait-il son existence?

« Qu'est-ce-qu'on va faire? » me demanda Becca, me sortant de mes pensées.

« Je l'ignore. Comment ils ont eu la liste?»

« Eh bien, je n'en sais rien. Elle était dans ma case. »

« Et elle n'y est plus? » lui demandai-je, de plus en plus inquiète.

« Non, elle n'y est plus. »

Je me tapai le front, franchement découragée par la situation. Comment était-ce possible? Nous étions prises au piège et malgré le fait qu'il s'agissait d'une simple liste, je doutais que les gens ayant été notés rouges nous donnent une petite tape dans le dos en nous remerciant. Ils seraient furieux. Carrément furieux. Ils nous harcèleraient pour connaître les raisons qui nous ont poussé à les classifier de la sorte.

Becca semblait complètement bouleversée - je ne la reconnaissais plus. Ses yeux étaient rouges et des larmes discrètes coulaient le long de ses joues, qu'elle s'empressait d'essuyer pour éviter d'attirer l'attention. Becca ne semblait plus être la même qu'en début de journée.

« Elle n'est toujours pas sur les réseaux sociaux. » commençai-je en allumant mon téléphone portable et en explorant Facebook. « La personne qui t'a envoyé un message pour t'informer qu'elle avait la liste, elle demande une sorte de rançon? »

Elle arrêta de pleurer et se retourna vers moi, cherchant probablement à savoir si je plaisantais ou non.

« Sérieusement, une rançon? Réveille, Lucy! On n'est pas dans une série policière. » elle renifla avant de reprendre. « Les gens dans ce lycée ne veulent pas de rançon, ils veulent de la guerre. Ils veulent des potins. Des maudits potins! »

« Je sais bien, j'essai juste de trouver une solution. » me défendis-je.

« Tu ne comprends donc rien! Lucy, il n'y a pas de solution. On ne sait même pas qui a volé la liste. »

Je soupirai bruyamment face au fait que Becca resterait pessimiste à cette idée. Je devais avouer, que nous nous étions mises dans le trouble, mais peut-être y avait-il une solution. Peut-être.

« Qui connais la combinaison de ton casier? » demandai-je à mon amie, ayant possiblement trouver une piste intéressante.

« Euhm... Toi, Dan, Béa et ma cousine, Suzy. »

« Comme c'est impossible que j'y sois pour quelque chose, il reste Dan, Béatrice et Suzie. Alors...? »

Elle écarquilla les yeux, de nouveau terrifiée comme si j'avais sorti un truc abominable. Pourtant, je n'avais rien dit de si terrible. Je n'avais qu'énoncer les faits.

« Dan ne pourrait jamais faire une chose pareille, voyons. Il m'aime. Et puis Suzie est ma cousine... On n'est pas extrêmement proches mais on ne se déteste pas pour autant. Et puis, Béa à mon code uniquement pour m'emprunter mon uniforme d'éducation physique. » m'expliqua-t-elle.

« Peut-être qu'ils l'ont dit à leurs amis. Et leurs amis l'ont dit à leurs amis. Ainsi de suite. » suggérai-je.

« Bien sûr que non! Je les connais, il ne ferait jamais un truc pareil. Et à quoi bon, ce n'est pas comme si mon code était à ce point important. »

J'étais complètement découragée. C'était comme si j'essayais de trouver des pistes pour nous aider, mais que Becca essayait sans cesse de me contredire, défendant les gens qui l'entouraient. C'était profondément ridicule, puisque ça n'avançait en rien. Je me levai et prit mon sac. Ce midi, je ne dînerais pas. De toute manière, la faim m'avait quitté.

« Écoute, j'essaie vraiment d'aider, mais tu ne fais rien pour. Alors, désolée, mais je m'en vais. J'ai une réunion pour la radio étudiante et je suis en retard. » lançai-je à Becca.

Je lui tournai le dos et prit la direction de la sortie, prête à me rendre à la réunion. J'entendis tout de même ces dernières paroles:

« Profites-en bien! C'est peut-être la dernière. »

Je l'ignorais et poursuivie mon chemin. Becca pouvait être têtue, parfois. J'essayais fortement de nous venir en aide, mais elle restait pessimiste sur cette affaire. Certes, je ne pouvais pas dire que j'étais optimiste face à la situation, mais je tentais tout de même de trouver une solution à ce fichu problème qu'avait causé la liste. C'était de sa faute si nous étions dans ce pétrin. C'était elle qui avait eu l'idée de liste. C'est elle qui avait donné son code de casier à n'importe qui. C'est elle qui avait reçu le message. C'est elle qui n'avait pas été prudente, pas vrai? Je bouillonnais intérieurement, puisque une partie au fond de moi savait bel et bien que Becca n'était pas l'unique responsable. J'y étais pour quelque chose. J'aurais dû dire non, la veille lorsqu'elle avait sorti cette idée de liste noire. J'aurais dû m'assurer que Becca mettrait la liste en sécurité. J'aurais dû... J'aurais dû faire tant de chose. En quelques heures tout juste, notre super idée était devenue la pire idée que nous avions eu de notre vie. Dès demain, si la liste se trouvait sur les réseaux sociaux, notre école deviendrait un espèce de zoo. Les gens me dévisageraient, me remarquant enfin. Pas que cela m'importait de me savoir visible aux yeux de tous, seulement c'était la réalité. Je ne pourrais plus marché dans ces corridors, comme je le faisais actuellement, sans recevoir quelques regards noirs. L'idée d'être invisible me paraissait soudainement plus alléchante qu'autrefois.

« Te voilà, Lucy! Il ne manquait plus que toi pour commencer la réunion. »

Je sursautai et m'aperçut qu'Alicia venait de sortir de nulle part. Elle m'agrippa par le bras et me traîna jusque dans la pièce où se trouvait la fameuse réunion. Une fois à l'intérieur, elle me lâcha et me pointa un siège aux côtés de Jacob Conley. Je soupirai, faisant la moue. Toute l'équipe était présente. Alicia était la seule qui se tenait debout. On aurait dit qu'elle été hyper active vue sa manière de bouger rapidement en faisant des gestes exagérés.

« Parlons musique. »

Je me redressais sur mon siège, sachant pertinemment que Conley me fixait. Je faisais tout pour ignorer ce type. La journée promettait d'être longue.

• • •

Becca et moi n'avions plus discuté de la liste, depuis le dîner. Et la liste n'était toujours pas disponible sur Internet. Mais ça ne tarderait pas, je le savais. Mes heures, voir mes minutes, étaient comptés. Ma réputation changerait complètement.
Le bus se gara devant ma maison, et j'en descendis d'une démarche moins fière que ce matin. L'air chaud du printemps me semblait lointain et mon short me semblait beaucoup trop court. J'avais froid partout où j'allais, peut importe le climat.

« Ça va, ma chérie? » me demanda ma mère alors que j'entrais dans la maison, l'air épuisée.

Ma mère se tenait juste devant moi, portant un tablier saupoudré de farine, me regardant comme si elle était follement inquiète.

« Ouais, je vais bien. » lui répondis-je ce qui sembla la rassurer un peu.

« Comment a été ta journée? »

Horrible. Catastrophique. Cauchemardesque. Et demain serait pire. Bien évidemment je ne dis rien de cela. Personne ne voulait inquiéter une mère pareille. Je ne voulais pas la stresser, autant que je l'étais. Ça ne serait pas cool de ma part. Ma mère avait vécue suffisamment de stresse ces dernières années, qu'en rajouter ne serait pas l'idéal.

« Super. En fait, c'était comme tous les autres jours... L'école, tu vois. » mentis-je.

« Je suis contente d'entendre ça. Moi, j'ai écouté un vieux film classique, j'ai fait une sieste et j'ai un peu cuisiné. »

« Oh, tu sais bien que je suis jalouse de ton programme! »

Elle rigola, m'arrachant à moi aussi un sourire presque sincère. Comme si c'était possible. Je la saluai et gagnai rapidement l'étage. Une fois dans ma chambre, fermée à double tour, j'ouvris mon cellulaire, voulant jeter un coup d'œil à mes notifications Facebook et autres. Mon sourire retomba aussitôt.
La liste était maintenant sur tout les réseaux sociaux. Et les commentaires n'étaient pas très sympathiques.

« Je rêve! Ces salopes m'ont mises en rouge. Merde, mais qu'est-ce-que je leur ai fait? »

« Qui est Lucy Frances Powell? »

« Je crois que Lucy F. Powell c'est la fille qui suit toujours Rebecca Travis. »

« Oh, mais je te jure! Pour qui elles se prennent, bon sang? »

« J'aimerais être ravie d'être en vert, mais ma meilleure amie est en rouge. »

« Je suis jaune. WTF?! »

« Je ne leur ai rien fait, voyons. Par contre, comptez sur moi pour leur faire payer demain, à l'école. »

« Je vais régler le compte à ces deux pétasses. »

Et je peux vous dire, qu'à ce moment précis le sentiments qui m'habitait était la peur. J'avais peur.

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Hey, potatoes!
J'espère que vous allez bien, que vous profitez de la vie. Comment avez-vous trouvez ce chapitre? Vous aimez toujours l'histoire? So, yup this is the chapter 2. I love you all! Avez-vous été voir Insurgent? Moi, pas encore, mais ça fait un an et demi que je sais tout du 2ème tome, gnagnagna. Alors, c'est clair que je vais aller le voir au ciné un de ces quatre.

See you soon.

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