Chapitre 4 - Flammèche Lunaire
| 16 années auparavant |
Enfermé, bâillonné, malmené, il n'oubliera pas. On lui avait apposé la marque de la souffrance, la marque de la mort et du ressentiment. Malgré les années, les failles du cœur demeurait entrouvertes. Le jeune garçon n'était plus en mesure de contempler cette lune d'antan. Elle et sa pâleur. Elle et son innocence.
°
°
°
°
°
° ° ° ° ° ° ° °
° ° ° °
° °
°
°
°
°
°
°
° ° ° ° ° ° ° °
° ° ° °
° °
°
Il faisait preuve d'une discrétion exemplaire en contournant les obstacles du siège. Il réussit à atteindre sa tente, puis lâcha un gros soupir de stress en s'écroulant sur l'herbe.
— J'ai eu chaud...
C'était le cas de le dire.
— David... Merlon... Jasper... C'est l'heure du dîner... Approchez...
Wilhelm tendit la main droite chargée d'une belle petite pomme mûre en direction du lit. Une créature le rejoignit sans attendre, à la vitesse de l'éclair. Il s'agissait de Jasper, le vieux rat. Toujours plus dynamique et plus vivant que ses compères.
David et Merlon suivirent ensuite la marche de l'aînée. Méfiants aux premiers abords, bien qu'heureux de retrouver leur ami.
Ils formaient une famille malgré leurs différences, une singulière et heureuse famille.
°
°
°
°
°
° ° ° ° ° ° ° °
° ° ° °
° °
°
*frappe*
*cogne*
*martèle*
— Dis ce que tu sais... Et en vitesse ! Hurla Faïzr qui se voulait intimidant.
— Ça t'amuse de cogner plus petit que toi? Ta mère ne serait pas fière. Ça je peux te le garantir, répliqua Wilhelm plaisantin qui rigolait au fur et à mesure qu'on le maltraitait. Il était attaché à une chaise, dans ce qui semblait être une cellule.
*frappe*
*frappe*
*frappe*
— Ce n'est pas un voleur qui m'enseignera la politesse.
— Erreur. Erreur. Erreur. Moi, je n'ai jamais eu de mère. Du coup, je peux me permettre quelques égarements. J'ai cultivé mes propres valeurs, mes propres principes. Contrairement aux personnes de ton genre qui ont besoin de respecter les ordres pour vivre. Alors arrête de faire de la peine à ta mère. Respecte son amour et retiens tes poings. Ne me fais pas rire davantage. J'en mourrais.
*coup de pied dans la face*
— Emestrie est à plusieurs lieues. Et tu ralentis notre progression. Dis-moi pour qui volais-tu la nourriture? Tu es bien trop jeune pour mourir.
— Je volais pour mes amis... David... Jasper et Merlon... Retrouvez les si vous le pouvez...
— Arrête de titiller la petite bête ! Aucun des soldats ne porte ce nom.
— Va savoir... C'est peut-être un fantôme...
— Espèce de....
*frappe*
*frappe*
*frappe*
*frappe*
°
°
°
°
°
° ° ° ° ° ° ° °
° ° ° °
° °
°
| Mélancolie au clair de lune|
J'ai plusieurs amis, de bons très bons amis...
David, Merlon et Jasper,
Eh oui ce sont mes amis..
Bien qu'ils soient petits,
Petits petits tout rikiki...
J'ai plusieurs amis, de bons très bons amis...
Ils sont plus forts que l'hiver,
Ils consument même les flammes...
Ce sont mes précieux amis...
Mes bons très bons amis...
— Ha Ha Ha... J'adore cette chanson... vraiment...
Au clair de lune, il donnait le ton à la musicalité de ses vers. Tout en sang et tout en plaies, il chantait à haute-voix, comme pour narguer ses tortionnaires. Il leur couperait l'envie de dormir, pensait-il. Une succulente petite vengeresse, juste rétribution à ses douleurs.
— Je pourrai chanter jusqu'à l'aube ! Renchérit Wilhelm. Je me connais alors n'en doutez pas ! J'ai plusieurs amis, de bons très bons amis...
— Jasper, Merlon et David... Mes bons très bons amis, continua un mystérieux homme en pénétrant dans la salle.
Il tenait une torche en flamme, et alluma un intense brasier sur le sol à côté du détenu.
— Que... Qui es-tu? Interrogea le jeune adolescent qui n'arrivait pas à distinguer son interlocuteur.
— Ils sont plus forts que l'hiver. Mais consumeront-ils les flammes?
L'étranger sortit une sacoche et le balança au feu. Wilhelm le reconnut immédiatement.
— David... Merlon... Jasper... ne sont malheureusement pas aussi forts que les flammes..., déclara Duval sur un ton froid, haineux et lourd.
— ENFOIRÉ ! SALOPARD ! FILS DE CH....
— Silence ! Ordonna le trentenaire en balançant l'un des cadavres de rats sur le genou de Wilhelm à l'aide d'un bon gros coups de pied.
— Jasper... Jasper... Jasper..., murmurait le jeune garçon au comble de sa peine.
Le vieux rat gris devenait progressivement noire. Lui était là, impuissant, ne sachant comment lui venir en aide.
— J'ai plusieurs amis... De bons très bons amis..., chantonnait-il d'une voix larmoyante. Jasper, David, Merlon... Mes précieux très précieux amis... Lune solitaire... Lune complice et Lune-mère... Entends ma plainte... Entends ma plainte... ENTENDS MA PLAINTE !
— Mon nom est Duval. Enchanté de faire ta connaissance...
— Duval ! Duval ! Duval ! Entends ma plainte ! Entends ma plainte ! ENTENDS MA PLAINTE ! Je jure de te tuer ! Alors ne m'oublie pas !
Wilhelm arborait un air assassin tellement la rage le dominait. Il découvrait des instincts primaires, une personnalité qu'il ne se connait pas.
— Même dans un trou de rat, je te débusquerai... Et je te tuerai ! Au nom de mes amis... Au nom de ma famille...
°
°
°
°
°
° ° ° ° ° ° ° °
° ° ° °
° °
°
| Retour au Présent |
Il aura fallu alerter ses testicules pour capter son attention. Quel réveil brutal.
— Cette partie est sensible..., fit Wilhelm en posant genou à terre. Les passants aux alentours tâtèrent leurs parties intimes tant le choc qu'avait reçu le ténébreux les avait fait frissonner.
— Tu n'avais qu'à pas m'ignorer, répondit Elsa plaintive.
— Tu boudes?
— Non. Je ne boude.
— Bah si tu boudes.
— Puisque je te dis que non. Je ne boude pas !
— Liselotte... Elle tracasse pas vrai?
— C'est moi qui devrait dire ça. Elle est la fille de Duval. Cet homme qui n'a pas arrêté de tourmenter tout au long de ta vie. Tu n'as aucune obligation envers lui, ni envers sa fille.
— Tu te trompes sœurette. Lizzie n'a pas enduré les péchés de son père. Je vais m'occuper d'elle. Guérir sa frénésie ne sera pas une mince affaire mais je lui dois bien ça. Elle est beaucoup trop bonn.... *tousse* *tousse*... Je veux dire qu'elle est une grande travailleuse, avec un grand sens des responsabilités et qui pourrait sans nul doute satisfaire bon nombre de marchands... Ha Ha Ha...
Ouf... Je l'ai échappé belle... Toutefois, est-ce une si bonne idée de guérir sa frénésie? Si je lui demandais de me branler, elle pourrait le faire à l'infini. Dans ce cas-là, je serai vidé. Mais bon, où est le mal? J'aimerai bien mourir entre ses doigts.. Geh... he... he...
— Ren... Rentrons. Déclara Elsa gênée par la tronche que tirait son frère.
Elle n'était pas là seule d'ailleurs. Tout le monde prenait ses distances en regardant ce Wilhelm niais. Tous à l'exception d'une ombre flamboyante qui lui sauta à la gorge sans attendre.
— Maudit toutou ! Regarde-toi dans la glace ! On dirait un attardé.
— Li... Lizzie ! Répliqua joyeusement Wiwi en la prenant dans ses bras.
La température montait pour la blonde en noir. Elle se rapprochait d'une implosion spontanée.
— Éloigne-toi de Wiwi. Tout de suite ! Lança Elsa possessive.
Liselotte la regarda longuement avant de percuter.
— Oh. Mais tu es la fille de la dernière fois. Petite pleurnicharde qui réclamait son chien-chien..
— Petite pleurni-quoi?!
— Wiwi par-ci par-là... Tu étais vraiment adorable. Je suis un peu dégoutée que tu m'aies laissé en plan l'autre jour. Mais bon, faisons table rase du passé. Les affaires marchent alors je ne m'en plaindrais pas.
— Oui... Ça marche très bien. Dit Wilhelm dans son plaisir.
— Ça suffit maintenant ! Arrête de me peloter ! Qu'est-ce que tu peux être lourd à la fin...
La rouquine parvint finalement à dégager la bête. Elle soupira un bon coup avant de leur annoncer la nouvelle.
— Mon patron bien-aimé Narell m'a mis en contact avec la famille Knightfallen. Je ne vais servir que de domestiques mais je pourrais côtoyer Wilhelm tous les jours. Je me rapproche enfin du but de mon père. Alors je compte sur vous pour me mener au manoir de mon futur maître.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top