15- Vacances à Malaga

Dans le club à Malaga, il y a de nombreuses activités pour les enfants : des jeux, un club, la piscine. Martial ne veut pas y aller.

Il pleure parce que je l'ai inscrit à des cours de natation.

─ Tu dois apprendre à nager bonhomme. Je veux que tu fasses du kitesurf plus tard, alors il faut savoir nager.

Je n'ai pas cédé, mais quand je le récupère après son cours, je le dépose sur une serviette, emmitouflé, il fait quarante degrés ici, mais lui tremble de froid, avec les lèvres bleues.

Il est devenu la coqueluche du club, à réclamer à jouer aux échecs ou à poser des questions scolaires. Il est si mignon que tout le monde fond pour lui.

Les autres mères viennent me voir ébahi par mon petit garçon si sage.

Je les remercie agacée et moi je louche sur leurs petits mecs agités. J'aimerai un enfant qui court et qui crie.

Mon petit silencieux, toujours un bouquin à la main, trop calme me stresse.

Il n'a toujours que quatre ans mais à la rentrée il ira directement en CE1 avec des enfants de sept ans. Il lit déjà des livres pour adulte et me donne le tournis.

Comme m'ont dit les autres mères, c'est pratique pour le garder : un livre ou une feuille et un crayon et on ne l'entend plus.

Dans l'hôtel, il y a des livres que plus personne ne lit excepté lui, qui y voit un fabuleux trésor. Le pire : Il a trouvé des cahiers de vacances abandonnés par des familles, des parents qui ont dû vouloir faire travailler leurs enfants sans succès ... lui les récupère tout heureux et s'attelle à faire tous les exercices, de tous les programmes. Je dois les lui confisquer de temps à autre, pour qu'il fasse autre chose.

Il fait les exercices de sixième, sans aucune difficulté et pour les niveaux au-dessus, il pose des questions aux gens à la piscine ou dans le camping, qui sont tous heureux de lui répondre. Il va voir facilement les gens, je ne sais pas si je dois hurler ou mourir de rire.

Je n'entends que ces paroles : « Martial est exceptionnel ! »

Je me mets la tête dans mon oreiller et je hurle de rage en secouant mes jambes de rage. Je voudrais qu'il soit un peu moins exceptionnel et un peu plus normal !

J'adore prendre l'avion, rien que le trajet en avion c'est des vacances pour moi.

Au mois d'aout nous avons la canicule à Cherbourg c'est assez incroyable et bien agréable, sauf que nous étouffons dans les appartements. J'ai emmené Martial à la mer et je lui ai fait faire un peu de kite comme il crève de chaud et que maintenant il sait nager. Par précaution il a de toute façon un gilet de sauvetage.

Il s'applique il veut toujours me faire plaisir. Je suis obligé de le freiner, cet enfant irait en pleine mer si je le lui demandais.

Monsieur Parpette a faibli d'un seul coup, à cause de la chaleur sous les toits. Il n'arrive plus à marcher désormais.

Un soir alors que j'étais en pleins ébats avec une cliente, mon portable sonne, Martial m'appelle. Il a des antennes ce gamin car il ne m'a jamais dérangé, donc je sais déjà que cela doit être grave.

Je suis rentrée en catastrophe, après m'être excusée auprès de ma cliente furieuse qui a très mal pris le fait que je veuille arrêter et m'a giflée. Résultat j'ai une marque rouge sur le visage.

─ Parpi n'est pas en forme. Voilà ce que j'ai obtenu comme explication de Martial. J'ai soupiré d'exaspération, cela n'est pas nouveau qu'il ne soit pas en forme, mais mon bonhomme pleure au téléphone.

J'ai roulé à fond sur mon scooter et je monte les marches en courant inquiète de ce que je vais trouver.

C'est moche, le vieil homme est au sol, sur le carrelage froid de sa cuisine et il n'arrive pas à se relever.

Martial est assis en tailleur à côté de lui, il lui a apporté un verre d'eau et une couverture.

─ Mammmannnn !!!!!

─ Mon chéri, je suis désolée de vous avoir laissé seul tous les deux.

─ Je n'ai pas appelé les secours, parpi n'a pas voulu.

Il a fait un mélange de papi et de Parpette. Il a une présence masculine grâce à ce vieil homme adorable.

─ Remi qu'est-ce qu'il s'est passé ?

─ Je suis foutu ma pauvre Lise. Il tousse, se racle la gorge, gêné, il a les larmes aux yeux.

J'ai eu un mal de chien à le lever, il pèse lourd et il s'est fait sur lui, cela va mal. Je voudrais un miracle sur cette terre mais je sens que c'est encore les soucis qui arrivent, encore et toujours.

Je le mets dans son lit, le lave, le soigne. J'ai commencé d'apprendre les soins d'aide-soignante pour lui.

Le but est qu'il soit le moins mal possible.

Il caresse ma joue rouge, il a compris.

─ On va appeler...je propose troublée.

─ Lise ! Si tu appelles ils vont me foutre à l'hospice ! insiste Rémi.

─ Je dois appeler quelqu'un pour me renseigner quand même.

Je sais déjà qui je vais appeler.

Heureusement j'ai Miranda, elle a la solution comme toujours, elle débarque avec un de ses amants, un médecin. Elle est triste et songeuse en sortant de la pièce ou le vieil homme est allongé.

─ C'est moche de vieillir, ça me fout le cafard. Il faut vraiment profiter de la vie car on finit tous comme cela ! solitaire et minable !

Le médecin sort de la chambre peu après et nous rejoint.

─ Il n'en démord pas, il veut rester chez lui. Je peux faire une ordonnance pour lui fournir du matériel médical et je ferai venir une assistante pour les soins mais...

Je le coupe.

─ Je veux bien m'en occuper moi aussi. S'il veut rester ici je ferai tout ce qu'il faut.

─ C'est vraiment gentil de votre part, mais je ne pourrai pas vous obtenir de rémunération.

Le médecin ne peut pas comprendre, que ce vieux monsieur solitaire que je n'ai pas assez connu c'est la seule famille que j'ai jamais eu. Je ne l'ai pas eu longtemps pourtant, cela ne fait que deux ans que je me suis installée en face de chez lui.

─ Non c'est un ami proche, je veux qu'il finisse sa vie le mieux possible. j'insiste, je suis déterminée à lui obtenir ce droit de bien finir.

─ Il ne lui reste plus très longtemps ...il n'a pas de famille ? redemande le médecin.

─ Non pas de famille et il ne laisse que des dettes. Je vais m'occuper de lui. Je me tourne vers mon amie.

─ Miranda je vais...

Miranda hoche la tête elle a compris que je voulais mettre en veilleuse mon activité pour l'instant.

Malheureusement parpi a vite baissé. Le médecin pense qu'il ne va surement pas finir le mois, car il est à peine conscient. Il y a deux personnes qui viennent lui faire des soins en journée pendant que je ne suis pas la et je prends le relai les Dimanche et lundi avec Martial.

Une des aides soignantes me dit qu'on devait l'envoyer a l'hospice. Elle rouspète à cause des six étages à grimper.

─ Il est à peine conscient. Il ne s'en rendra même pas compte ! insiste t'elle. C'est une employée des services sociaux elle est obligée de venir mais ne digère pas l'absence d'ascenseur.

Martial est a coté de moi, bien trop petit pour voir des choses si triste, mais il ne lâche pas la main de monsieur parpette.

─ Maman il voulait rester chez lui, il va rester ici hein ? Il ne veut pas aller à l'hospice et moi non plus je ne veux pas y aller ! réclame le petit garçon qui n'aime pas l'aide soignante.

─ On va le garder... mais tu vas devoir faire un peu de sport. Tu vois pour s'occuper des gens, il faut des forces.

Il baisse les yeux et prends une bouffée de ventoline.

─ Je ferai du sport tous les jours.

─ Non je ne t'en demande pas tant, mais quand je dis qu'on va prendre l'air, tu ne chouines plus.

Je me fais l'effet d'être une belle garce à arracher ce genre de promesse à mon bonhomme.

Monsieur parpette allongé a tout entendu, il me serre la main comme s'il devinait mon état d'esprit.

─ Je ne t'aurai pas laissé tomber tu le sais bien ! je lui chuchote à l'oreille.

Il me serre la main plus fort.

─ Je t'aime ! je lui fais encore.

Les larmes coulent sur mes joues et on n'entend que Martial qui aspire sa ventoline.

Le dernier jour du mois d'aout, mon deuxième homme nous a quittés. En le voyant dans son lit je n'ai pas eu besoin de dessin, même si c'est la première fois que je vois un mort.

Cela fait deux ans que nous sommes voisins, il me gardait le petit, il aété un adulte bienveillant dans ma vie. Je pleure presque un grand père, unmembre de ma famille que je n'ai jamaiseu qui vient de partir, me laissant horriblement seule.

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