CHAPITRE 10 : ... et ça finit par une rancune amer

Lise remonta dans sa chambre et ferma la porte, se remémorant tout ce que Lucinda avait dit. Elle sentit une légère brise et se dirigea vers la fenêtre pour la fermer lorsqu'elle s'aperçut que la fenêtre était fermée. Son cœur s'accéléra et elle se mit à reculer jusqu'à ce qu'elle heurte le mur. La brise continua de souffler, renversant la cage de Chiara qui était désormais vide, ouvrant la porte de son armoire, faisant voler sa robe de bal. En réalité, on aurait plutôt dit que c'était une personne qui provoquait ces catastrophes. Lise s'aperçut alors horrifiée que c'était les objets qu'elle aimait le plus qui étaient touchés par la brise infernale, et que l'on aurait vraiment dit que c'était une personne qui faisait voltiger les objets. Lise entreprit de les ramasser lorsqu'elle se retrouva propulsée par terre avant d'être écrasée par quelque chose. Elle commença à suffoquer et dans un geste désespéré, elle se mit à faire tourner ses bras au-dessus de son dos et de sa tête lorsqu'elle sentit quelque chose. Elle poussa un petit cri et essaya de se mettre sur le dos pour désarçonner son cavalier. Au bout de dix minutes d'effort, elle réussit enfin et entendit un gros boum, comme si la chose était tombée par terre. Elle se redressa aussitôt et entreprit de donner des coups de pieds pour déterminer ce que c'était (et se venger de s'être assis sur elle). Une forme aux contours flous se mit alors à apparaître et Lise hoqueta de stupeur lorsqu'elle reconnut ce visage si unique, avec sa cicatrice en travers de l'œil gauche sans l'avoir toutefois crevé. Lockfer. Lise recula d'effroi, bien que son apparence se fût améliorée : ses vêtements n'étaient plus en lambeaux et sa peau était moins terne.

- Qu... que me veux-tu ?

- Tu le sais., répondit-il énigmatique.

Lise fut surprise par sa voix. On aurait plus dit celle d'un adolescent normal que celle d'un criminel longuement recherché mais Lise resta sur ses gardes.

- Non. Dis-moi ce que tu veux et part !

Lockfer ricana et lui répondit du tac au tac.

- Je veux que tu t'associe à moi afin que ton pouvoir fusionne avec mon corps. Mais ta chère Lucinda te l'as déjà dit tout à l'heure.

- Pourquoi es-tu si jeune ?

- Pourquoi ? Parce que j'ai le même âge que toi ! On ne t'as donc rien dit ?

- Si et on m'a dis tellement de choses que je te voyais vieux.

Lockfer rigola d'un rire amer avant de déclarer :

- Vois-tu on m'a élevé dans la haine de toi et de ta mère. Depuis ma naissance tu es ma rivale comme ta mère l'était avec mon père. Car vois-tu mon père et ta mère se connaissaient. Je peux même dire qu'ils se sont amourachés l'un de l'autre mais ta mère refusait de donner naissance à un enfant qui ne lui appartiendrait pas à elle seule. Elle l'a donc fait avec un mortel pour pouvoir te contrôler. Ton père est mort si jeune. Un accident de chantier ça arrive si vite., il rigola. Mon père a eu le cœur brisé par ta mère et a décidé de faire naître un enfant capable de rivaliser avec toi mais ma mère a eu accident au travail. Elle était vétérinaire et un animal l'a mordue. Mon père l'aimait réellement et en a voulu à ta mère car la mienne est morte deux jours après que ta mère l'ai rencontrée. Drôle de coïncidence, n'est-ce pas ? Toujours est-il que mon père m'a répété qu'il fallait que je sois le sorcier le plus puissant. C'est à treize ans que j'ai commencé à commettre mes meurtres. Mon père venait de décéder d'une embolie pulmonaire. Une maladie que ta mère chérissait dans le monde de la non-magie.

- Tu mens !, s'écria Lise hors d'elle. Tu n'es qu'un menteur et tout ce que tu dis est mensonge ! Disparaît !

Lockfer rigola une dernière fois, de ce rire amer, et disparut en renversant le cadre photo où Lise était avec ses deux parents. Elle ramassa son cadre et s'assit sur son lit en contemplant la photo en pleurant. Pourquoi lui avait-il dit cela ? Il mentait, ça ne pouvait pas être autrement. Et pourtant Lise doutait. Sa mère lui avait caché qu'elle était une sorcière, qu'elle avait une tante et un cousin, alors pourquoi ne pas lui avoir caché un petit copain abandonné, un accident de chantier prémédité, une morsure vénéneuse et une embolie pulmonaire ? D'autant plus que deux accidents étaient arrivés à des personnes rivales à elle ? « Tu es folle », se dit-elle, « ce Lockfer t'as embrouillé l'esprit et tu t'imagine des choses. Il ne faut pas rejeter la faute sur ta mère d'autant plus qu'elle n'est plus de ce monde. Dans quel monde est-elle maintenant ? ». Lise se raisonna ainsi mais le doute l'emporta et elle se plongea dans ses souvenirs. Le jour de la mort de son père.

Elle revenait de l'école, heureuse de pouvoir montrer le beau dessin qu'elle avait fait à son papa à l'école. Il lui dirait qu'il est magnifique et qu'elle est un véritable artiste. Sa maman non. D'ailleurs, elle la trouvait un peu trop collante. Possessive disent les grands. Et puis, elle se fâche quand elle joue à la sorcière mais c'est beaucoup mieux que ces princesses gnangnan. Elle rentrait donc heureuse et insouciante. Elle poussa la porte et appela son papa. D'habitude il venait toujours. D'habitude. Là il n'arriva pas et elle se mit à le chercher. Elle trouva sa maman au téléphone avec du mascara sur les joues. Mais on n'aurait pas vraiment dit qu'elle pleurait. Elle demanda à sa maman ce qu'il y avait. Elle lui répondit en reniflant que son papa était mort au travail. Une chaîne avait cassé et il s'était fait écraser. Sa mère renifla encore une fois mais elle eut l'impression qu'elle se forçait, et que le mascara avait coulé exprès. Elle monta dans sa chambre, l'impression que son cœur aussi s'était fait écrasé par la grosse boîte. Sauf qu'elle ce n'était pas une chaîne qui avait cassé, c'était son papa. Son papa retenait la grosse boîte et son papa venait de partir. S'il était là, son papa aurait rigolé en disant qu'il était devenu une crêpe et que c'était drôlement bon les crêpes. Au Nutella ? Aurait-il demandé en rigolant. Oui, aurait-elle répondu et il lui aurait mit du chocolat sur le nez. Elle aurait rigolé et lui aussi. Mais là, son papa n'était pas là et elle n'avait pas envie d'avoir du chocolat sur le nez si ce n'était pas son papa qui lui mettait. Et il ne lui mettrait plus. Elle s'allongea sur son lit et regarda le dessin qu'elle avait fait pour son papa. Son papa devant le bâtiment qu'il venait de construire en train de la tenir par la main. Elle pleura et cacha son dessin dans son doudou chouette. Sa maman l'aimait beaucoup elle ne viendrait pas le chercher là. Sa maman appela à table. Au ton de sa voix, elle sut que sa mère avait déjà oublié son papa. Elle re-pleura et descendit après avoir séché ses larmes.

Lise pleura en silence dans cette chambre. Ses souvenirs lui étaient revenus en mémoire. Elle avait voulu les oublier mais n'avait pas réussi. Soudain, quelque chose la frappa. Son doudou chouette, ressemblait étrangement à Chiara. En fait c'était exactement les mêmes. Lise se leva et descendit discrètement les escaliers. Une fois en bas, elle retint sa respiration le temps d'écouter et sortit dans le jardin. Elle se dirigea au fond, là où elle avait enterré Chiara. Elle déterra et sortit la petite chouette, intacte. « Normalement, elle devrait sentir mauvais, la viande qui pourri, pas juste la terre ». Elle retourna la chouette et souleva l'aile gauche pour y découvrir une petite cicatrice qui ressemblait à une couture. Elle retourna discrètement dans sa chambre et défit la couture. L'intérieur de la chouette n'était pas composé de boyaux et autres organes, mais de rembourrage en coton, et tout au fond, se trouvait un petit bout de papier plié en quatre, voire plus. Elle le sortit délicatement et le déplia soigneusement. Sur la feuille se trouvait un dessin qui représentait un homme tenant une petite fille par la main devant un immeuble. Au dos : lise célèste pour mon papa d'amour que j'aime. Lise essuya une larme. Décidemment ! Aujourd'hui elle aurait sa dose. Soudain elle se raidit. Lucinda, était-elle au courant ? Surement, d'ailleurs le vieux sorcier ne lui avait-il pas dit de la garder dans l'ignorance ? Dans l'ignorance de la cruauté de sa mère ? Lise se sentit bouillonner. Pourquoi lui avait-on caché tout ça ?! N'était-elle pas en droit de savoir ce qui la concernait et de faire ce qu'elle voulait ?! Elle se retint d'hurler. Tous des menteurs. Tous. Sauf un. Lockfer. Finalement, c'était le seul qui lui avait dit la vérité. Le seul, celui qui était accusé de meurtres et d'autres choses horribles lui avait dit la vérité alors que ceux qui étaient supposés être les gentils lui avaient mentit ou dissimulé la vérité. Lise se coucha, persuadée que personne ne savait la véritable vérité. Personne, pas même Lockfer, et que cette vérité, c'était à elle de le découvrir. Et elle devrait aller loin. Très loin, plus que les contrées interdites. Plus que les deux mondes. Ne dit-on pas jamais deux sans trois ?

Voilà ! La partie 1 est terminé ! Je sais, il n'est pas très long, la suite va bientôt arriver, les chapitres sont sortis très vite parce que j'avais déjà créé cette histoire mais je ne savais pas si je la publiais ou pas. Dites-moi ce que vous en pensez :-). Bisous bisous.

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