Après s'être soigneusement décrassée, Lise ne se priva de sauter sur le dos de son cousin qui n'eut d'autre choix que de s'aplatir par terre. Alors que la jeune fille riait aux éclats sous les noms de poissons que lui lançait Rémi et sous l'oeil attendri et moqueur de Lucinda, la porte s'ouvrit dans un grand fracas. La voix de Johny résonna alors dans la grande maison.

—Je suis rentré ! Lucinda j'espère que le repas est bientôt prêt je meure de faim !

Lise grimaça. Elle avait toujours eu plus de mal avec son oncle, si elle pouvait l'appeler ainsi, ce n'était pas faute d'avoir essayé mais celui-ci la dénigrait constamment. Mais l'entendre parler ainsi à sa tante adorée la mit hors d'elle. Comment osait-il ?! Un grognement sorti de sa bouche mais Rémi et Lucinda le camouflèrent par un accueil chaleureux. Accueil inutile puisque Johny débarqua dans le salon et se figea en apercevant l'intruse. En deux trois mouvements, Lise se retrouva plaquée contre le mur, la main de l'homme enserrant petit à petit son cou.

— Qu'est-ce que cette créature fait ici ! Hein ! Vous êtes donc tous assez stupides pour vous laisser berner par son apparence trompeuse ! Lise est morte ! Morte !

— Avoue que ça t'arrangerait hein Johny !, cracha Lise.

Elle réussi à se défaire de son emprise grâce à Lucinda et Rémi qui avait fait reculé son agresseur.

— Lise est morte ! Morte ! Morte ! C'est une trompeuse !!

Lucinda finit par emmener Johny dans la cuisine pour lui expliquer et comprendre son comportement. Lise quant à elle trouvait le comportement de son oncle, si on peut qualifier quelqu'un qui tente de vous étrangler oncle, des plus suspect. Certes, il ne l'avait jamais aimée, mais jamais il n'avait été aussi agressif envers elle et sa famille. Tout en se perdant dans ses réflexions elle ne se rendit pas compte que son cousin lui parlait.

— D'accord Lise ?

— De quoi ?

— C'est bien ça toi, jamais en train d'écouter les autres, espèce de narcissique, je disais qu'une soirée ensorcelante va se dérouler demain soir dans la clairière. Tu voudras venir ?

— Je ne sais pas, si c'est pour me faire agresser de tous les côtes non merci je préfères rester ici.

— Mais non ne t'en fait pas, de toute façon ça changera pas tellement avec Malrin, rigolant Rémi.

— Il existe encore lui ?, bougonna Lise

— Oui il n'a pas disparu de la circulation lui ! Mais fais quand même attention, les duels sont de plus en plus fréquents dans la ville et les sorciers utilisent de plus en plus de sorts pour se débarrasser des indésirables.

— Dois-je comprendre que je suis indésirable ?, lança la jeune fille avec un sourire en coin.

— Oui étant donné qu'on te croit morte, et que ça en a arrangé certains. Mais non je plaisante !, continua Rémi en voyant le visage de sa cousine se refermer peu à peu. Mais tu n'es pas désirable non plus.

— Je prend note merci de l'info, répondit Lise d'une voix grinçante.

Elle commençait à se demander si ça avait vraiment été une bonne idée de revenir dans cette ville.
Après tout pourquoi avait-elle été enlevée ? Elle n'avait pas compris pourquoi les métamorphes l'avaient kidnappée et avaient essayés de lui faire croire qu'elle n'était pas une sorcière. La jeune fille secoua la tête et monta dans son ancienne chambre. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir une chambre complètement saccagée comme si quelqu'un l'avait fouillée en balançant et déchirant toutes ses affaires sur le sol, désormais jonché de débris et autres chiffons qui avaient autrefois du être des habits. Lise resta un bon moment hébétée jusqu'à ce cousin face son apparition avant de s'en aller discrètement à la vue de la chambre. Pourquoi ? Pourquoi sa chambre était-elle dans cet état ? Lise prit sa baguette (qu'elle avait réussi à récupérer chez les métamorphes) et remit un peu d'ordre dans sa chambre. Mais le mal était fait la jeune sorcière se mit à réfléchir à un possible coupable.
Alors qu'elle commençait à somnoler, Lise sentir un léger courant d'air traverser sa chambre. Trop fatiguée pour s'en inquiéter elle s'endormit s'en faire attention à la fenêtre fermée...

Quatre heures plus tard, Lise se réveilla de sa sieste. La maison était plongée dans le silence et l'obscurité. La jeune fille se leva et se dirigea au rez de chaussé dans l'espoir de dégoter un possible repas. Elle eut la joie de découvrir une assiette avec une petite note à côté.

Tu trouveras ton plat préféré dans cette assiette en espérant que tu n'en ai pas changé. Bon appétit ma nièce préférée.

Lise dégusta silencieusement le tartare de crapaud et coquelicots tout en remerciant sa tante. Une fois son festin terminé, la sorcière se dirigea dans l'abris à l'extérieur de la maison. Elle y découvrir avec euphorie son balai, intact. Le Foudre d'Eau l'attendait sagement à sa place et Lise ne put que remercier sa mère pour lui avoir transmis la formule pour que son balais soit involable. Sa mère a beau avoir été détestable, elle l'avait quand même largement aidée dans ce monde qui était alors inconnu pour elle. Lise empoigna fermement le manche du balai et l'enfourcha. Comme s'il n'attendait qu'elle, le balai démarra au quart de tour et Lise fut soudainement emportée dans un élan d'euphorie grâce à cette sensation de liberté qui lui avait tant manqué. Elle s'envola le plus haut possible et admira la vue. La ville des sorciers était illuminée de différentes couleurs dans la nuit et la jeune sorcière admira le spectacle de lumière. Une fois gorgée de toutes ces lumières, elle repartit en piqué vers le sol avant de remonter brusquement. Lise se mit à rire à gorge déployée. Que c'était bon cette sensation grisante de n'avoir aucune limite, aucune barrière, aucune règle. L'adolescente perdit légèrement d'altitude en se mit à voler en effectuant de nombreux virages. Ce fut un coup de vent qui lui sauva probablement la vie. Légèrement déviée de sa trajectoire, Lise eut juste le temps d'apercevoir avec horreur un filament de lumière passer à côté d'elle, signe d'un sort lancé. Elle se retourna brusquement et eut juste le temps d'apercevoir une silhouette descendre en piqué. Poussée par la curiosité, et l'envie d'aller régler le compte de cet opportun, Lise se mit à voler à sa suite, n'hésitant pas à frôler la cime des arbres. La silhouette de posa enfin dans les bois continua de s'enfoncer à pieds. L'adolescente n'hésita pas un instant et se posa pour continuer sa poursuite à pieds à son tour.
Au bout d'une dizaine de minutes, Lise commença à perdre patience et entama son demi tour, pressée de rejoindre sa maison. Alors qu'elle posait de nouveau son pied sur le sol, le silence des bois la fit frémir. Trop de silence. Lise se retourna doucement mais ne put rien apercevoir, la nuit étant déjà bien trop avancée. Une voix sifflante se fit alors entendre.

— Lise, ma chère Lise, tu es enfin revenue. Tu en a mis du temps je commençais à t'attendre...

— Qui est là ?

Lise ne perçut aucune réponse mais aperçut une brume s'enrouler autour de ses pieds, se tortillant tel un serpent, puis remonter lentement le long de son corps.

— Oh non... souffla-t-elle apeurée.