Un timide rayon de soleil vint frapper une chevelure blonde salie par les nombreux jours de voyage et d'errance. Au loin la nuit se retirait progressivement et l'on pouvait distinguer les contours d'une ville sortant de l'obscurité. La personne à la chevelure de blé sauta du petit rocher qui lui servait de promontoire et se dirigea d'un pas énergique vers la ville qui s'illuminait progressivement. Plus elle se rapprochait et plus la personne put distinguer des bruits. Un pas après l'autre, les contours des bâtiments devenaient plus précis, les bruits aussi. Alors que l'inconnue allait pénétrer dans une rue une altercation violente entre deux hommes lui fit rebrousser chemin pour passer ailleurs. Elle eut juste le temps d'entendre une formule suivie d'un cri strident et d'un croassement de grenouille. Un éclair d'étonnement traversa les prunelles de la mystérieuse inconnue qui continua son chemin après un court instant d'hésitation. Elle arriva finalement devant une vieille maison biscornue qui menaçait de s'effondrer. La personne toqua trois petits coups à la porte et patienta trois longues minutes avant que la porte ne s'entrouvre dans un grincement insupportable. Une voix grave résonna de l'intérieur alors que l'inconnue était frustrée de ne pas voir le visage de son interlocuteur.

— C'est pour quoi ?

— J'aimerais m'entretenir avec une certaine Lucinda qui habite ici.

— Vous avez pris rendez-vous ?

— Euh non mais c'est très important...

— Comme tous les autres, revenez plus tard, répondit l'homme en la coupant dans son élan.

— Non mais je rêve ! C'est quoi cette impolitesse..., s'énerva la jeune inconnue avant de s'arrêter, Rémi... Rémi c'est toi ?

La porte s'ouvrit en grand et l'inconnue put enfin détailler le visage de son cousin qui avait considérablement grandi en trois ans.

— Bravo vous connaissez mon nom et alors qu'est-ce que ça fait ?!, commença le jeune homme qui perdait patience.

— Ton impatience te perdras cousin détestable.

Le jeune homme eut un temps d'arrêt en observant cette jeune fille qui se prétendait être sa cousine, il avait bien eu une cousine mais elle avait disparue et été retrouvée morte dans la forêt. Cependant, ces cheveux blonds, certes très sales, ressemblaient assez à ceux d'une personne chère à son cœur, tout comme l'intonation qu'il avait ressenti lorsqu'elle s'était énervée, et puis surtout ces yeux, marron avec des petites tâches. Le jeune homme soupira et tenta un nom qu'il pensait enterré, tout comme sa personne.

— Lise ?

— Exactement ! J'ai cru que j'allais devoir t'arracher les yeux, les nettoyer et te les remettre pour que tu me reconnaisse !

La jeune fille arborait un sourire étincelant, pourtant le jeune homme gardait un visage fermé face à la découverte. Des exemples aussi farfelus étaient aussi une spécialité de la jeune fille, mais non,il avait vu son corps dans la forêt lui aussi.

— Tu es morte.

— Quoi ?! Mais je ne suis pas morte ! Je suis devant toi et je te parle tête d'œuf ! Donc je suis vivante !

— Je t'ai trouvé dans cette forêt. J'ai assisté à ton enterrement. Donc tu es morte.

— Je ne comprends pas. Rémi je suis devant toi ! Comment peux-tu dire que je suis morte ?! Il est vrai que j'ai été absente un long voire un très long moment mais j'étais prisonnière des changes-formes !

Son cousin la regarda tristement. Devait-il la croire ? Elle venait de parler de change-forme, peut-être n'était-elle pas réelle. Rémi secoua la tête, confus et perdus.

— Tu n'as qu'à utiliser le sort de vérité, argumenta Lise plaintivement déçue de son accueil, tu verras bien que je dis la vérité.

— Je ne sais pas... Je vais chercher Lucinda.

— Je ne peux même pas rentrer ? Je ne suis plus assez bien pour cette maison c'est cela ?, attaqua Lise.

Rémi soupira et referma la porte, sous le regard médusé de la jeune fille. Celle-ci l'insulta de tous les noms de crapauds, de corbeaux et autres animaux jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur une femme aux longs cheveux bruns clairsemés de mèches grises, des cernes sous les yeux et toute la tristesse du monde dans le regard.

— Tante Lucinda ? C'est bien toi ? Mais comment est-ce possible ?, demanda Lise tout en avançant une main en direction de la joue de la femme.

— Lise, pourquoi tu t'es fais exclure de l'école peu après la rentrée ?, questionna Lucinda d'une voix lasse.

— Hein ? C'est quoi cette question ?

— Tu ne sais plus pourquoi ?

— Bah si j'avais pas mes affaires et tout le monde s'est moqué, et comme je déteste qu'on se paye ma tête j'ai saccagé la salle de classe. Même que Johny était furieux après et ça avait plombé le repas. Mais pourquoi cette question ?

Sa tante ouvrit alors la porte en grand et s'exclama joyeusement «Bon retour à la maison Lise !» plongeant Lise dans l'incompréhension.

— Voyons ma chérie, c'était juste pour vérifier ton identité ne t'en fais pas ! Même si j'ai toujours su, contrairement aux autres, que tu étais toujours vivante quelque part et que tu reviendrais.

— Ah d'accord, bah je... je suis ravie de rentrer. Pourquoi as-tu​ autant vieilli Lucinda ?

— Toujours dans la délicatesse toi !, rétorqua sa tante en la poussant dans la pièce de jour, tout simplement parce que ton départ m'a profondément attristée et que je me suis rongé le sang depuis tout ce temps ! Donc c'est de ta faute petite vipère !

Lise ronchonna pour la forme mais se blottit contre le torse de sa tante, tante qu'elle avait rattrapé au niveau de la taille au grand daim de celle-ci. Un raclement de gorge se fit alors entendre dans la pièce et la jeune fille aux cheveux blonds se retourna. Son cousin se trouvait dans la pièce et se balançait d'un pied à l'autre, gêné.

— Je suis désolé mais compte pas sur moi pour te prendre dans mes bras avant d'avoir pris une douche. Tu pues, rajouta-t-il songeant peut-être que va prendre une douche n'était pas assez explicite.

— Merci Rémi, j'ai essayé d'imiter ton odeur corporelle, à ce que je vois j'ai réussi, lui rétorqua Lise du tac au tac.

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s'engouffra dans l'escalier, après avoir lancé un sourire complice à sa tante.

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Petit chapitre d'introduction, il ne se passe pas grand chose mais je plante le décor, la suite sera plus palpitante promis ! J'espère que ça vous aura tout de même plu et n'hésitez pas à me faire part de vos conseils et de vos avis. N'hésitez pas à me dire si vous apercevez quelques petites fautes sournoises qui se seraient cachées à mes yeux.