18. De mal en pire ( 2/2 )

      Il est 20 heure 07. La nuit sombre ne peut, malgré sa lourdeur, empêcher à la clarté céleste des étoiles, d'embellir la planète Terre, qui plus est, est encore plus belle la nuit.

      Miguel bénit ces étoiles d'être enfin tombées au dessus de sa tête. La nuit est bonne pour installer la Cour du diable. Et ce soir, le restaurant de La Noche Blanca, sera son terrain de jeu.

      Assis sur la chaise la plus discrète de la place, loin du grand nombre, il déambule dans le couloir du VIP que beaucoup ne peuvent se payer.

     À l'issue de ce couloir sombre dont seuls les extraits de lanternes veilleuses blanches, à l'extrémité, traversaient les entrouvertures du rideau beige clair. Pour éclairer le passage de Miguel. Tout en émettant quelques reflets sur son visage. Au rythme de sa démarche. Illuminer ses cheveux, au rythme de leurs mouvements. Faire briller ses yeux, à l'échelle territoriale.

       Le ressac de ses chaussures sur le sol carrelé de vert olive, est le ton qui impose le silence de tout autre atome aux alentours. Jusqu'à ce qu'un serveur en costume blanc et noir ouvre le grand rideau beige pour lui. Lui adressant une révérence, comme s'il était le patron du lieu.

      En effet, il était certainement le patron de ce soir seulement, vu que le VIP entier a été réservé par lui, et pour lui.

    - Soyez le bienvenue, Patron. Une table sur le toit, et une suite à la chambre 102 ont été préparés, comme vous l'avez demandé. L'hôtel est à vous.

    - Je sais, Andrès. Toi et tes mousquetaires êtes payés pour m'obéir, répond-il d'un air condescendant. Ça se voyait dans la posture respectueuse d'Andrès, que Miguel n'avait pas besoin d'hausser le ton pour se faire soumettre.

     - Bien-sûr, monsieur.

     - Vous avez envoyé l'adresse à la fille, n'est-ce pas ?

     - Oui, monsieur. Elle sera là d'une minute à l'autre.

     Un autre homme, tout de noir vêtu, avec un supplément de lunettes fumées noires, vint dire un mot à Miguel. En revenant lui aussi du couloir d'entrée.

    - Monsieur Miguel ! La fille est arrivée. Cependant, votre père souhaite vous parler. Il dit que vous ne faites que raccrocher ses appels.

     - Parce que je n'ai rien à lui dire. Il devrait déjà se considérer heureux que l'un de ses fils fasse partie de la police, ce qui l'épargne depuis des années, les trouvailles des autorités. Il ne me reverra plus dans sa mafia. Et quant à la fille... Vous avez intérêt à bien la traîter. Elle doit toujours croire que je m'appelle Arturo. Je vais déjà m'installer à la table. Menez-la jusqu'à moi. Je ferai tout ce qu'il faudra ce soir, pour faire perdre des dents à ce indigne sénateur Salvador Allen, finit-il la mâchoire serrée, avant de poursuivre sa route en empruntant l'escalier qui l'emportera sur le toit.

      Miguel était donc en fait, le propriétaire de cet hôtel noir qu'il contemplait il y a quelques heures, lorsqu'il faisait jour. Avant que Bernito ne le rejoigne. Mais madame la mairesse est-elle au courant des possessions de ce jeune homme qui se fait passer pour un vaut rien devant le maire ? N'avait-il pas dit qu'il était stagiaire à la police ? Était-il les deux à la fois ?

   
      Miguel vêt un costume si sombre, que la peau d'un mamba noir ne ferait le poid. C'est un bellissime cortège vestimentaire qui fait ressortir son teint argenté, ses lèvres roses, et ses yeux obscurs. Ses cheveux attachés en une queue de cheval lui ajoutent une aura mature, et une carrure spécialement idéale.

     Il observe le bon travail de ses serviteurs autour de lui. Chandelles, champagne, roses rouges, pétales, tissus synthétiques, et une belle vue sur la ville comme inspiration... Tout est fin prêt sur cette grande terrasse, pour que la fille du Sénateur, ait un date avec Miguel, qu'elle connait sous le simple prénom d'Arturo.

      Soudain, des retentissements de talons aiguilles raisonnent avec une délicate régularité, dans les oreilles de Miguel. Lui qui darde le ciel, dos à elle.

     -  Heum... Monsieur Arturo ?

     Les lèvres de Miguel se fendent en un sourire cynique. Il se retourne avec sérieux, lèvres closes, et visualise cette femme. Une femme aux cheveux  assez touffus pour lui courir le front. Des cheveux rouges sombres dont la longueur effleure à peine ses épaules carrés. Elle arbore une robe très simple, lui arrivant pile poil aux genoux. Une robe dentelle qui ne cache pas les 1/4 de son dos, l'entièreté de ses bras, et le V de sa poitrine.

      Elle a de grands yeux gris clairs. Un joli petit nez pointu et de fines lèvres roses. De sa taille moyenne, 1 mètre 70, elle a l'air septique face à l'homme qu'elle voit. Elle y met du temps, mais finit par lâcher un sourire aussi simple qu'un bonjour.

    Elle semble avoir honte de quelque chose. Elle a l'air de se demander ce qu'elle fait ici.

      - Je pensais que tu n'allais plus venir Laeticia, susurre Miguel, une fois plus près d'elle.

       Laeticia frissonne un peu sur les lèvres avant de les refermer. Elle hésite de parler.

       - Est-ce que tu as froid ? C'est vrai qu'il fait un peu frisquet sur le toit. Attends, je te donne ma veste, prévient Miguel gentiment, avant de retirer sa veste noire et de délicatement la ramener derrière le dos de Laeticia, et avec tendresse, la lui poser sur les épaules.

     - C'est bon comme ça. Je ne veux pas la porter, dit-elle en baissant subrepticement le regard vers son handicap. Sa main pendante malgré elle. Cette main droite, qui était infirme. Amovible, l'air incorporelle, de faire comme elle veut. Cette main qui a été son martyre le plus sombre depuis sa petitesse. Son désarroi depuis l'école primaire, pire, l'université. L'objet de mépris de la part de son père. Fille simpliste et sensible de son état, elle n'a jamais su faire face à qui que ce soit, en raison du mépris constant qu'embaumait son atmosphère. 

      C'est certainement sur la base de cette faiblesse que Miguel jouera sous le thème romantique qu'il a choisi pour elle ce soir. Dans le fabuleux hôtel du Sierra Nivín. 

      - Je suis désolé. Je sais que c'est un sujet qui te chagrine beaucoup depuis ton enfance. Mais laisse moi te rappeler, comme je te l'ai dit ce matin, qu'avec moi tu dois toujours sourire car à mes yeux tu es la fille la plus parfaite qui n'ai jamais existé. Hey! Regarde moi dans les yeux, lui glisse-t-il sensuellement en saisissant de son index, le petit menton de la jeune femme, rapprochant plus près son visage. 

       Elle mène une bataille colossale entre son esprit et le toucher de Miguel. Cet homme avec qui elle est devenue très amie aujourd'hui, ce matin. Cet homme qui l'a sauvé en donnant des coups au voleur de son sac à main, et avec qui elle a eu des conversations et confidences intimes, ce matin seulement. Cet homme qui a su l'écouter et la comprendre comme personne auparavant. Alors qu'elle était en train de déverser toute les larmes de son corps entre ses cuisses, sur une place peu public du marché. Lui, qu'elle n'avait jamais rencontré avant, mais qui est devenu tant pour elle, en seulement moins de 3 heures de temps. Il était cet ami qu'elle n'a jamais eu. Ce confident avec qui elle a accepté une invitation, dans cet hôtel. 

     Pour elle, c'est sensé être sa dernière soirée sur terre vu que c'est elle parmi ses sœurs, que son père le Sénateur a choisis pour partager un cœur à Evolette. Elle ne doute pas une seule seconde, que son handicap soit la raison. La seule raison pour laquelle son père voudrait se débarrasser d'elle. Il rêvait tant d'une subterfuge comme telle. 

     C'est après qu'elle ait redit ces dernières choses à Miguel, que celui-ci lui répond :

        - Je te l'ai dit et je le redis. C'est trop cruel de la part de ton père. Je n'ose pas croire qu'il soit un Sénateur. Mais toi aussi tu ne dois pas oublier, que je serai là pour toi désormais. Je te soutiendrai. 

        - Tu n'as pas le droit de me dire tout ça Arturo ! Je ne suis même pas sensé être là. Si jamais mon père apprend que j'ai réussi à sortir de ma chambre, inaperçue des gardes, il me tuera! Me garder en vie jusqu'à demain est primordial pour lui. J'ai du sauter par ma fenêtre. Mais si tu savais comme  j'ai peur qu'il me retrouve ! Tu sais Arturo ? Je veux pas mourir ! ni demain, ni jamais ! Je veux juste vivre comme tout le monde ! est-ce que c'est trop en demander à la vie !? Finit-elle par gémir et à verser des larmes réelles, encore plus réelles que ses confidences. Encre plus réelles que ses sentiments. Ses larmes était l'image même de la plénitude de son cœur. Des peines qu'hurlaient son esprit le plus abâtardit. 

        Miguel ne tarde pas à la prendre dans ses bras. Comme ce matin, et la laisser pleurer sur son épaule. Ce geste dont elle n'as jamais eu la providence de profiter de sa propre famille. Elle se laisse aller aux larmes un bon moment, Miguel se laissant complètement humidifier, la douleur de Laeticia complétant les battant de son cœur meurtri. Sourcils froncés, il maudit en lui tous les parents indignes qui se conduisent de la sorte. 

       Soudain, Laeticia se détache des bras augmentés de Miguel, et enlève de ses épaules la veste qu'il lui a prêté. 

            - Tiens ça ! Tu m'accordes beaucoup trop d'importance Arturo. Tu ne devrais pas, je n'ai pas l'habitude, grimace-t-elle avant de se retourner, prête à partir. Jusqu'à ce que Miguel lui retienne le bras gauche, le visage aplatit par la compassion qui peu à peu remplit ses yeux. 

           - Et si je te disais que je me suis beaucoup attaché à toi depuis que je t'ai rencontrée ? 

           Le bras gauche tendu derrière elle, son cœur se met à battre de ces mots. Mots pas si  nouveaux pour elle. 

           - Parmi les hommes qui disaient m'aimer sur internet, vu que je ne sortait pas de chez moi pour ne pas faire honte au nom de mon père, certains mentaient. Et d'autre ont juste fait semblant de m'apprécier. Je n'ai même pas d'amis alors...  pour est-ce que vous, vous vous intéresseriez à moi ? On ne s'est connus qu'aujourd'hui comme par hasard. Je me demande même si vous vous appelez vraiment Arturo !

         Miguel ne tremble pas. Il sourit presque. Il est déterminé à terminer ses magouilles jusqu'au bout, comme il a prévu. Même avec un petit déclique s'il le faut. 

            - Non, tu as raison. Je m'appelle Miguel Ponsé. 

             - Pourquoi m'avoir menti ? se retourne-t-elle vers lui farouchement, ses cheveux se balançant brutalement.

              Miguel la darde avec commisération maintenant que des larmes se forment dans les yeux de la fausse rouquine. 

              - Ecoute moi Laeticia. Je ne peux pas t'expliquer pourquoi je t'ai menti. Cependant, je peux t'assurer que tu peux me faire confiance. Ce matin lorsque tu t'es confié à moi, j'ai ressenti toutes tes douleurs. Je sais ce que ça fait lorsqu'on est méprisé par sa propre famille. Sil-te-plait, assied-toi, il faut que je te dise quelque chose. 

           Laeticia prends des secondes pour réfléchir. Puis s'assois quand même en croisant des bras, les joues légèrement durcies par ses mâchoires crispées. Miguel récupère sa chaise à l'autre bout de la table et s'assois plus près d'elle. Il se penche un peu pour ne pas paraître plus grand étant assis, et en profite prendre dans ses main, la main infirme de sa compagne. Cette main qu'elle a quand même décorée de henné en dessins de roses, et de vernis à ongles rouge. 

        Sa voix soudain rauque, il raconte quelques aveux. De façon désordonnée. 

             -  Cet hôtel m'appartient. Sierra Nivín est le nom de ma défunte mère. Elle est morte à cause de mon père. Mon père est de la mafia, et moi aussi je l'était. Je suis parti lorsque j'ai découvert l'auteur de la mort de ma mère. Dans la mafia, le chef change de femme comme on change de slip. Seulement ma mère ne voulait pas partir. Elle était folle de mon père. Elle l'a même menacé de tout dévoiler aux flics si jamais il la chassait. Elle morte moi, une balle dans la tête, pour tentative de trahison. J'avais six ans. Mon père m'a toujours réduit à garder le silence, même quand j'étais devenu la risée de toute la meute parce que je refusais de me battre, de magner les armes, d'apprendre la violence. Je t'épargnerai les détails de ma maltraitance. J'ai grandit dans des tourments dont la seule issue, le seul rêve, était de ne plus jamais faire partie d'une mafia. 

          Yeux écarquillés, Laeticia n'en croit pas ses oreilles. Elle déglutit, se demandant si elle n'était pas en pleine conversation avec un homme hyper dangereux, elle, pauvre fille qui ne connait pas plus que le bout de sa chambre. Mais il avait trop l'air sincère pour qu'elle fuit de là. Elle sec croit rêveuse. 

                     - Je me balade avec le nom d'Arturo pour que mon père ne me retrouve pas de si tôt. Mais je ne mens pas quand je dis que je me suis attaché à toi, susurre-t-il en la regardant droit dans les yeux, tout comme elle en presque le courage. Elle le toise avant de rougir. Tu me rappelles mon histoire. Le petit garçon qui a toujours cherché à fuir son père. Et tu sais, ça n'a pas trop été facile pour moi, mais j'ai usé de mes contacts pour te faire une belle surprise. 

                - Une surprise pour moi!!?

               - Oui. Mais avant, tu dois répondre à une seule question. 

             - Je répondrai.

            - Bien. Est-ce que tu voudrais quitter Lisbonne, et ne plus jamais revenir ? Autrement dit, est-ce que tu voudrais fuir ton père ce soir, et aller vivre incognito très loin, à un endroit où tu pourras vivre très longtemps la vie que tu as toujours voulu ?

                Ahurie, Laeticia se lève immédiatement de sa chaise et retire sa main e celles de Miguel. Elle passe une main dans ses cheveux avant de trembler en disant :

              - Monsieur Miguel de la mafia !! Vous voulez me faire fuguer avec vous ! crie-t-elle presque.

               - Loin de là. Tout ce que je veux c'est faire réaliser ton rêve. Je veux que tu sois heureuse, loin de cette ville que tu n'as jamais quitté. Ton père n'a jamais reconnu ta vraie valeur, toi même tu l'as dit.  C'est pas juste de sa part de te sacrifier comme ça sans ton consentement, et ce pour ses intérêts ! Tu sais très bien qu'il a l'intention d'épouser cette Evolette. Tout ce que je veux vraiment, c'est t'aider, dit-il doucement, après s'être levé aussi, en direction de centimètres près de la fille perdue entre ses phantasmes. 

            - Vous êtes de la mafia alors vous êtes surement très intelligent! 

            - ***

          Elle inspire un bon coup en regardant la ville derrière Miguel. 

          - Tu n'as que cette nuit pour te décider. Je peux te faire partir d'ici. Mais si seulement tu le souhaites. 

         - En même temps, est-ce que j'ai le choix ? Entre mourir demain à la première heure, et me venger contre mon père et partir, je choisis de te suivre Miguel. Je ne sais pas pourquoi, mais mon cœur te fais beaucoup confiance. Et j'admire tout ce que tu as déjà fait pour moi. Je n'avais encore jamais rencontré un homme comme toi Miguel Ponsé, exfiltre-t-elle de toute sa pensée. 

           Miguel lance un sourire chaleureux avant de prendre son téléphone dans sa poche et le coller de suite à son oreille. 

           - Andrès ! vient sur le toit avec les papiers. 

           - Tout de suite monsieur, entendent-ils depuis l'autre coté du fil. Il raccroche instantanément et comme par magie, apparait Andrès. Pas plus grand de taille que le patron, ce dernier lui remet une enveloppe blanche A4.

           - Tu peux déguerpir. 

            Il partit si vite que Laeticia n'eut pas le temps de le scruter. Dès qu'elle pose ses yeux gris sur l'enveloppe, sa curiosité se met à dessiner de la convoitise sur son visage. Serait-ce des plans secrets de sa mafia ?

         Miguel ouvre l'enveloppe et sort un à un les papiers qu'il nomme comme suit :

        - Voici ton nouveau passeport. Tu voyageras sous le nom de Arisa Sierra Nivín. Désolé mais je n'ai pas trouvé mieux. Voici ta carte de séjour et ton billet d'avion pour Sans Francisco. L'avion décolle à 23 heures, ce qui te laisse encore deux heures avec moi ici, dans cet hôtel où tout ce que tu voudras sera servi à satiété, termine-t-il en regardant furtivement sa montre. 

        - Wahou ! J'ai... j'ai pas les mots, c'est incroyable... Comment...à quel moment vous avez fait tout ça, Miguel ?

      - Juste après que nous nous soyons séparés ce matin. Lorsque tu m'as dit que ton père t'as laissé sortir pour que tu découvres une dernière fois la ville, j'y ai songé. Mais en plus grand.

     - Mais pourquoi j'ai des cheveux noirs et des lunettes dans mon passeport ?

    - Parce que mes coiffeuses vont te relooker. Elles vont prendre soin de toi. Tu seras presque quelqu'un d'autre. J'ai tout prévu.

     - Mais pas besoin ! Personne ne me connait en tant que la fille du Sénateur ! Et ceux qui me connaissent dont ses amis. Qui me reconnaîtra dans un aéroport ?

     - On ne prend jamais trop de mesures, Laeticia. Je sais ce que je fais. Tu me fais confiance ?

       À cette question, les lentilles de la fausse rouquine balaient le sol et l'univers. Elle tourne sur elle même, mains sur la tête, avant de murmurer : dans quoi j'me suis embarquée ?

       - Vous savez quoi ? Se ressaisit-elle, les mains sur les hanches, la langue bien ferme. Je ferai tout ce que vous me direz, monsieur Miguel.

        Le sourire qui se dessine en clé de sol sur les lèvres de Miguel, est rayonnant.

       - Est-ce que tu as faim, en attendant les coiffeuses ?

       - Oui. Oui, j'ai très faim, soit-elle des plus belles, avec des joues rouges.

********************

      - Je le répéterai toujours Norberto ! Tu n'as pas le droit de marier ma Évolette à ce vieillard de Sénateur, sans mon autorisation !!

     - Évolette Suarez Dias est MA FILLE !!! Je décide de ce que je veux, pour SON BIEN !! De plus, au lieu de me blâmer, tu devrais me remercier pour tous oes efforts que je fais jusqu'à présent pour sauver Évolette !!

     - Tu t'y prends très mal !!

    - Ah bon ? Je m'y prends mal ?? Et toi? Qu'est-ce que tu fais de bien à part pleurer toute la journée à la maison ?!! Dis-moi Leonor !

     - ***

     - Tu ne fais rien de bon à part te disputer avec moi tout le temps !! Laisse-moi te rappeler que le Sénateur est min fidèle ami. Nous recherchons un cœur pour Évolette. Salvador nous en a trouvé un en bonne santé !! N'est-ce pas ce que nous désirons le plus !! Et quel mal à ça ? Ce sera notre façon de le remercier pour ce don inestimable ! Il va offrir SA PROPRE FILLE, Leonor !!! Ne peux-tu pas lui offrir la tienne en retour ??! Ce n'est un putain de mariage !! Et il a beaucoup d'argent contrairement à cet idiot de Miguel ! Elle sera heureuse et ne manquera de rien avec Salvador Allen !

      - Tu ne comprends pas Norberto. Tu ne comprendras jamais ! Se met à pleurer l'épouse. Tu ne vois pas à long terme. Même le bout de ton nez tu as du mal à le voir. Et tu ne m'écoutes jamais ! Ta première erreur a été de faire une annonce au journal où tu as demandé un coeur à la population. Ta deuxième est d'avoir accepté ce pacte avec le sénateur. Et encore une fois, comme avec l'annonce, je suis convaincue que quelque chose va tourner mal. Oui, quelque chose va encore mal tourner ! Et il reste moins d'une semaine à Évolette, Norberto ! Je t'en supplie, arrête d'aller d'erreur en erreur.

         - Bien. Puisque tu ne cesse de me sermonner, trouve donc une meilleure solution. Décidément je n'ai rien à attendre d'une femme comme toi qui ne sait faire rien d'autre que parler sans aider.

       Ça y est. La colère, la fureur, le stresse, la frustration et l'incompréhension trônent comme des molécules atmosphériques. Les tensions et les querelles montent comme la fumée d'un feu intense, dont les racines résident en l'espoir qu'Évolette vive.

      Leonor fait des cent pas un peu partout, se demandant si elle doit parler de la présence d'Anjos à Norberto. Celui-ci est sur le point de se servir un verre d'eau pour tenter de se calmer.

      - Écoute-moi Norberto. Je n'ai plus grand chose à dire. Tu ne m'écouteras de toutes façons. Laisse moi juste te dire une chose. La fille du Sénateur est une jeune femme qui est infirme, elle a le droit de vivre comme tout le monde. Laeticia ne mérite pas ce que son père veut lui faire subir.

      - Et ta conscience sera plus tranquille si en échange, tu donnais ta fille en mariage.

     - Évolette n'est pas obligée de se marier à ce type !! Il n'a qu'à garder sa fille s'il veut ! S'il voulait vraiment aider, il pouvait donner quelqu'un d'autre que sa fille ! Pourquoi tu n'arrives pas à voir que c'est louche ?! C'est trop facile de vouloir se débarrasser de sa propre fille !

    - ÇA SUFFIT !!! Tu commences très sérieusement à m'agacer avec tes histoires qui n'ont ni tête ni queue ! Si tu n'es pas capable de te montrer reconnaissante envers le bien que les gens te font, alors ferme ta gueule ET sans les critiquer !! Espèce de bonne à rien, achève -t-il en tournant les talons pour sortir de la pièce.

    - Madame Elza Amorim est venue me voir, pour avoir la permission d'offrir son cœur à Évolette. Elle... elle est volontaire, et elle ne demande rien en retour. Elle considère Évolette comme sa propre fille.

    - Et tu sais le nombre de personnes dehors qui serait prêt à considérer Évolette comme leur fille, rien que pour obtenir les 20 ans de richesses !???

    - Mais...

    - Écoute-moi bien Leonor, intervient-il plus sérieusement en lui pointant du doigt au visage, la menace flamboyante dans ses yeux, c'est mon dernier mot : Laeticia Allen Doscó donnera son cœur à Évolette demain à la première heure. Et lorsque MA Évolette ouvrira les yeux, t'appellera "maman" à nouveau et que tu la serreras dans tes bras...

    - ***

    - Tu viendras me remercier, moi ton mari. Et tu me diras que j'avais raison sur toute la ligne...

    - ***

    - Alors pourquoi l'amour du ciel Leonor. Ce sujet est clos !! Si tu en parles encore, je serai très en colère... Et tu n'ignores pas comment je perds mon sang-froid avec toi quand je suis en colère. N'est-ce pas ?

    - Norberto, s'il-te-plaît..., balbutie Leonor en reculant doucement, apeurée qu'il perde plutôt son sang-froid tout de suite.

   - Bueno. Je préfère ça. Maintenant tu vas te coucher. J'ai une affaire importante à aller régler.

    Norberto ne tarde pas à déguerpir suite à ces mots, sans laisser d'explications. Sans avouer...que son affaire importante, était en fait une visite dans la chambre Juanita, pour "se changer les idées" selon sa pensée.

     Une larme resta à descendre sur la joue de Leonor, imaginant déjà le pire pour les jours à venir. Sous la lumière blanche de cette immense chambre. Si elle finit par disjoncter, elle ira, c'est sûr, exposer toute la vérité à Anjos.

         Il ne reste plus que 8 jours à Évolette...

******************

       Il est 21 heures 48, et Laeticia est complètement relookée de la tête aux pieds. Dans la chambre 54 de cet hôtel, elle est devenue l'étoile du Nord qui fait esbroufe de son majestueux éclat.

       - Wahou... Tu me laisses sans voix Laeticia. Je veux dire... Arisa, Sierra, Nivín...

       C'est à ces paroles charmantes que susurra Miguel tout contre son oreille gauche, que Laeticia leva la tête sur son miroir...

        -  Miroir, miroir ! Qui est la plus belle ?, demande-t-elle à son reflet. Ce reflet, qui ne la déçoit nullement.

       Du mascara noir au fer à paupières. Des sourcils dirigés en arc, aux lèvres rouges sang. De sa frange sur le côté gauche lui donnant l'allure de Rihanna ajouté d'un côté masqué à son œil droit, aux talons hautes noires de jais, qui lui donnent la taille de Nicki Minaj. De sa poitrine entrouverte sensuellement, sous sa robe en soie rouge, pétillante de pépites d'étoiles, d'une brillance solennelle; à la carrure imposante que lui donne son manteau en fourrure synthétique blanc, fait en peau de chat sauvage. Et enfin, de ses boucles d'oreilles en or d'Égypte, tombant en strasse de rideaux, à ses gants en cuir blanc, lui camouflant toutes imperfections.

      - Le travail de vos coiffeuse est sans exception, monsieur Miguel ! J'ai l'impression que...je ne me suis jamais regardée dans un miroir... Je me sens nouvelle. Je me sens améliorée. Je me sens ... Belle ...

    - Je suis heureux que ça te plaise. Car le ciel m'est témoin. Tu es une femme magnifique, dit-il franchement en lui rangeant une mèche rebelle derrière son oreille droite.

     Étant très élevé, elle doit lever la tête pour lui dire dans les yeux :

       - Pourquoi faire tout ça ? Qui suis-je pour vous ? Est-ce que tout ça est vraiment réel ?

       Elle pose ces questions en priant les cieux de cacher son scepticisme, tout en les bénissant d'avoir créé du fond de teint, pour un temps soit peu, maîtriser les émotions fortes sur les joues.

      - Si tu veux...je peux toujours annuler ton vol !

    - NON ! Surtout pas, l'arrête-t-elle en posant subrepticement ses mains sur son torse.

      Miguel la domine du regard, pendant qu'elle sombre peu à peu, dans celui pour qui, elle croit que son cœur est en train de battre plus fort. Cet homme qui lui a fait tant de bien aujourd'hui. Leurs regards deviennent de plus en plus embrasés, et leurs lèvres sont assez proches pour qu'elle ose articuler une syllabe. Elle n'en n'aura pas la force de toute façon. Cette attraction, lui coupe le souffle.

        - Il me reste combien de temps avant le décollage ? Demande-t-elle enfin, malgré qu'elle se sent déshabillée des yeux dévorants de Miguel.

        - Une heure, répond-il sans osciller d'un iota. Il n'ignore pas pourquoi elle a posé la question. Charmeur en velour, il la laisse avoir le courage d'en dire un peu plus. Il en espère un peu plus.

       - Est-ce que vous avez une petite amie, monsieur le mafieux ?

      Alors que le nom d'Évolette est sifflé automatiquement par sa conscience, il déchire le ruban et sort un :

      - Tu m'as devancé, j'avais justement l'intention de te demander si TU, voudrais être celle pour qui je me proclamerai être en couple. Amoureux à la folie. Une fille que j'ai rencontré aujourd'hui. Et qui est devenue le centre de mes inepties. La raison de mes folies.

        Éperdue dans son regard, ce qu'elle vient d'entendre assaisonne cette pulsions qui commence à la gratter. Elle n'avait encore jamais ressenti ça de cette façon. Jeune femme nitouche de son état.

        Était-ce réel ? Est-ce qu'il se moquait d'elle comme tous les autres avant lui ?

        - Est-ce que tu viendras avec moi à Sans Francisco ?

       - Pas aujourd'hui. Mais peut-être le mois prochain. Je dois encore rembourser quelques dettes envers mon père pour qu'il me laisse tranquille. Ce sera ça, soit qu'il envoie ses hommes en finir avec moi. Une fois que tout sera réglé, je viendrai pour rester avec toi. Et là, on pourra officialiser cette relation.

      - Pour de vrai ? Interroge -t-elle, les yeux brûlants d'un " oui " en attente.

      - Pour de vrai. Je ne veux pas te laisser tomber. J'ai plusieurs contacts là-bas. Je surveillerai tous tes faits et gestes. Si jamais j'apprends par mes hommes, que tu es en danger par quiconque là-bas, je serai capable de tuer pour te protéger. Car tu es devenue précieuse à mes yeux, Laeticia.

       - ***

       - ***

       - Les avantages à être de la mafia ?

       - Exactement.

       Un bref soupire d'évidence s'échappe ses narines de Laeticia avant qu'elle ne se rapproche encore plus du visage de Miguel.

       - Alors je peux... être proche de toi pour la première fois, durant ces une heure ? Que tu prennes soin de moi comme...une petite fille ?

      - Tes désirs sont des ordres, Laeticia...

      - Je sais pas pourquoi mais... j'adore ta manière de prononcer mon prénom. Dis-le encore s'il-te-plaît Miguel...

     - Laeticia...?

    - Encore. S'il-te-plaît...

     - Laeticia...

     Ça y est. Son conscient et son subconscient se sont mis d'accord pour un sourire radieux, et pourtant timide.

      C'est là que sans pudeur, Miguel ordonne à Andrès qui se tenait au pas de la porte, de s'en aller en fermant la porte, sans audace de dérangement. Ce qu'il fit.

         Et c'est ainsi que la nuit fut longue, jusqu'au moment où Laeticia, plus heureuse que jamais, devait prendre son vol pour Sans Francisco. Loin de sa famille. Loin de son père. Loin du cœur d'Évolette.

      Miguel a atteint son objectif. Envoyer Laeticia très loin d'ici. Comme il l'a dit à Bernito ce matin, il fera en sorte de déjeter tous ceux qui voudront donner leurs cœurs à Évolette, peu importe le moyen.

     Même s'il fallait faire semblant d'être tombe amoureux d'une pauvre infirme. Et tromper Évolette dans un lit d'hôtel avec une autre. Sans remords. Son sourire est incoercible après un dernier baiser sur les lèvres Laeticia. Et c'est avec joie au cœur, qu'il monta dans sa voiture, direction la maison du Maire, pour attendre de lui même, le matin annonceurs de piètres nouvelles pour le Sénateur.

       Il rentre dans la maison avec permission. Comme s'il était un enfant sage qui revenait de l'école.

       Mais arrivé au sous-sol, où il comptait aller rejoindre Anjos et Sergio, à minuit, il se rend compte que ce dernier est pointé, net devant la porte de la chambre de Juanita.

       Que faisait-il là ? À cette heure ? Et en colère ? Qu'y avait-il derrière cette porte ?

       Miguel constate qu'Anjos Candéias est sur le point d'ouvrir la porte de Juanita, et l'arrête sur le champs.

        - Anjos !! Qu'est-ce que tu fais ??

       - ***

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