Troisième Partie

Changbin regardait le morceau de papier qu'il tenait dans ses mains avec un mauvais pressentiment. Felix était arrivé avec une boîte pleine de mots et leur avait distribué ces petits morceaux blancs. Le blondinet avait déclaré vouloir pimenter la soirée à l'aide d'un Action Vérité à sa sauce. Changbin regardait la feuille pliée avec suspicion, jamais ils n'avaient eu besoin de ce genre de jeu pour occuper leurs petites soirées. Il y avait anguille sous roche, il en était convaincu.

— Il n'y a pas vraiment de vérités, avait rigolé Felix en distribuant ses petits papiers, par contre il y a un gage pour celui qui ne finit pas son action avant demain matin ! Et il faut des preuves à l'appui, sinon ce n'est pas validé !

La plupart des garçons avaient râlé mais personne n'avait refusé de participer. Et même si ça l'agaçait grandement, et qu'il priait de tout cœur pour ne pas avoir une action qui le confronte à Chan, il y avait une part de lui qui était curieuse et qui se demandait bien quelle mission allait-il devoir remplir.

Lorsqu'il ouvrit le papier, son cœur fit un bond et il le referma de suite, vérifiant que personne n'en avait vu le contenu. Les doigts crispés et les yeux ronds, il inspira lentement pour ne pas virer écarlate. Felix le regardait avec un petit sourire satisfait, confirmant les doutes du noiraud : il en avait fait exprès.

Seungmin, qui était toujours à ses côtés, relisait avec attention l'action qui lui avait été destinée. Un petit sourire se dessinait lentement sur ses lèvres tandis que Changbin avalait rapidement le contenu de son verre.

— Heureusement que ce n'est pas de l'alcool, tu n'aurais pas tenu la soirée, commenta le plus grand en observant son ami se verser un nouveau verre.

— J'ai vraiment super soif, répliqua le noiraud en le fusillant du regard, toi aussi tu t'es fait avoir par les plans de Felix ?

— Hum, mais ça va. Je ne suis pas en froid avec la personne concernée. Contrairement à toi.

Seungmin lui tira la langue et Changbin s'étouffa avec la gorgée qu'il venait de prendre. Il allait lui falloir de l'eau, toutes ces boissons sucrées n'étaient pas rafraîchissantes.

— La différence c'est que t'es pas aussi con que moi, répliqua le plus petit en le poussant légèrement pour se frayer un chemin en direction de la cuisine.

— Arrête de te rabaisser comme ça, je suis sûr que t'as rien fait de mal !

— Seungmin, j'étais si frustré que je me suis déclaré à lui de la pire des façons possible !

Le brun s'arrêta pour regarder son ami jeter des coups d'œil autour d'eux, comme s'il se sentait épié. Ça le fit légèrement rire. Changbin avait l'air fou, il se serait bien moqué s'il n'avait pas eu l'air si touché par la situation.

Le noiraud lui raconta tout ce qui s'était passé la veille et il jura avoir le plus débile de tous les meilleurs amis.

— Putain, t'es vraiment con, c'est pas possible !

Seungmin se frotta vivement les cheveux, comment était-ce possible d'aussi mal gérer ses sentiments ?! Il regarda Changbin dans le blanc des yeux, posant son verre à côté d'eux pour prendre ses épaules entre ses mains.

— Mec reprends toi ! Tu fais n'importe quoi en ce moment ! Ça craint !

— C'est peut-être mieux comme ça, laissa échapper Changbin en le poussant à nouveau pour passer.

Il n'en pensait pas un mot mais n'arrivait pas à exprimer sa frustration autrement que par de la colère. Il s'était bloqué lui-même dans cette ridicule situation et n'avait clairement pas envie que Seungmin lui fasse la morale.

Mais le grand brun n'avait pas fini de parler et comptait bien raisonner son ami. Il le suivit donc, il allait falloir plus qu'un simple coup d'épaule pour se débarrasser de lui. Hors de question que Changbin ruine ses chances d'être en couple !

Alors qu'ils s'apprêtaient à entrer dans la cuisine, les deux amis furent pris de court par un Hyunjin qui en sortait, riant aux éclats. Le plus grand, n'ayant très clairement pas regardé autour de lui, rentra dans ses amis et renversa son verre sur la tête de Changbin.

Les trois meilleurs se regardèrent les yeux ronds, c'était comme si le temps s'était arrêté : Hyunjin les bras au dessus de la tête, scandalisé par le verre qui finissait de se vider sur le crâne du noiraud, Seungmin la bouche ouverte et les bras tendus en direction du plus petit pour tenter de le sauver des maladresses du plus grand et Changbin, droit comme un bâton, qui sentait le jus de il-ne-savait-quoi arroser sa tête et sa précieuse chemise.

Crispé au possible, il leva un regard en direction du grand et tenta de lui offrir un sourire pas trop meurtrier. Tentative ratée, Hyunjin s'excusa un bon milliard de fois, attrapant des mouchoirs pour tenter d'essorer la tête de son ami. Seungmin battait des mains pour faire sécher le jus sucré, c'était du grand n'importe quoi.

— Laissez, trancha le noiraud en les arrêtant, je vais tenter de laver ça dans la salle de bain.. Sauvez plutôt le sol, Felix va vous maudire si le parquet colle demain !

Puis, il s'en alla en direction de la salle de bain, rouspétant tout en observant les dégâts causés par l'attaque au jus. Il avait les cheveux trempés et sa chemise lui collait au corps, c'était une des sensations les plus désagréables. Il ouvrit la porte en grand et fut surpris de tomber sur Chan, penché en direction du miroir.

Le roux sursauta en poussant un cri, avant de poser une main sur son cœur tout en laissant échapper un soupir de soulagement.

Ce soir, Chan était beau, vraiment beau. Et le noiraud dut prendre sur lui pour ne pas laisser glisser un regard fiévreux sur son corps. Quelle idée de mettre ce fichu crop top ? Quelle idée d'être aussi bien foutu ? Il avait envie de tout toucher et de tout marquer. Secouant la tête, il fit de son mieux pour l'ignorer et attrapa le pommeau de douche pour se laver les cheveux.

Il se mit à genoux sur le carrelage, tête au-dessus de la baignoire afin de rapidement laver ses cheveux uniquement, et commença son lavage tout en continuant d'ignorer son aîné. Il put l'entendre pousser un long soupir et se reconcentrer dans sa tâche. Il le sentait au fond de lui, ils avaient l'air idiot à s'ignorer alors qu'ils étaient dans la même pièce. Mais il n'arrivait pas à se résoudre à lui parler, c'était trop dur de se dire qu'il lui avait déclaré ses sentiments de la pire façon possible. Il avait tout foiré sous le coup de la colère et refusait d'entendre une réponse de la part du beau roux.

Il n'était pas prêt à l'entendre le rejeter. C'était trop difficile, après tant d'années et d'efforts pour ne pas se faire surprendre à le regarder avec tendresse, c'était avec impulsion qu'il avait tout envoyé en l'air... Il se frotta les cheveux avec agacement et râla en faisant mousser son shampoing.

Dans son dos il entendit son aîné tourner le verrou de la pièce, les enfermant tous les deux dans la salle de bain. Il se figea un moment, peu certain de comprendre les motivations du rouquin.

Lorsqu'il eut fini, il se redressa et tomba sur Chan, appuyé contre le lavabo, les bras croisés et le regard posé sur sa personne. Le noiraud avala de travers, il n'avait clairement pas prévu de le confronter maintenant.

— C'est quand que tu arrêteras de choisir pour nous deux ?

Incrédule, Changbin fronça un sourcil. Il n'était pas certain de comprendre.

— Que tu sois frustré je veux bien le comprendre. J'ai pas été très intelligent. Par contre, il croisa les bras sur son torse, me bloquer sur les réseaux, par messages et m'ignorer... Je trouve ça égoïste, tu ne me laisses pas l'opportunité de te parler ou même de te donner mon avis.

Il le poussa légèrement, le forçant à s'asseoir sur le bord de la baignoire. Changbin déglutit, il y avait cette intonation dans la voix de Chan qui le blessait plus qu'autre chose... De la frustration, de la colère froide et surtout, une peine profonde.

— J'ai toujours fait en sorte de te laisser l'opportunité de choisir. Je ne voulais pas te forcer la main, j'ai patiemment attendu. Finalement, t'es pas foutu de prendre une décision.

Il leva la main, coupant le noiraud qui s'apprêtait à rétorquer.

— Tu me laisses finir, s'il-te-plaît.

Changbin hocha lentement de la tête. Quel con, il avait vraiment tout foiré !

— T'as été débile. Complètement débile même !

Il était rare que Chan se mette en colère. La culpabilité grondait en lui, le bloquer avait vraiment été la pire des idées.

— Mais tu as aussi raison, j'aurais dû penser à moi et tenter plus franchement les choses. J'ai pas non plus été très intelligent.

Changbin l'écoutait attentivement, le regardant croiser les bras avec sérieux. Le bord de la baignoire commençait à vraiment lui faire mal aux fesses, ce n'était clairement pas confortable. Mais il n'osait pas faire un geste, Chan était en colère et il ne voulait pas risquer de l'énerver plus. Il ne haussait pas le ton mais restait tout de même très froid. Il y avait dans son regard une profonde déception, elle le touchait en plein cœur.

— Ça me rend fou de me dire qu'à aucun moment tu t'es demandé ce que je pouvais bien ressentir. Ne me dis pas que tu n'as jamais compris les sous-entendus que je faisais, il se mordit la lèvre inférieure, pensif. J'aurai dû être moins timide et moins me poser de questions, je suis d'accord. Mais je trouve ça bien culotté de piquer une colère sous mon nez après toutes les fois où tu as fait semblant de ne pas comprendre.

— Qu'est-ce tu racontes ? Changbin s'était levé, irrité. Je n'ai jamais fait exprès de ne pas comprendre !

Le rouquin leva un sourcil, pinçant les lèvres.

— C'est toi ! T'es toujours là, super proche et collant avec tout le monde. T'es adorable et à l'écoute avec n'importe quelle personne du groupe, j'avais suffisamment de raisons pour penser que je n'étais pas spécial et que tu parlais très certainement comme ça avec les autres !

Il avait haussé le ton, ennuyé.

— Mais à quel moment j'irai dire des choses pareilles aux gars ? Ils sont tous en couple ! C'est ridicule !

Indigné, Changbin s'était approché mais le roux le repoussa d'une main sur la poitrine.

— Tu me prends pour quoi au juste Bin ? Un gars en chaleur qui passe son temps à draguer ses potes ?

— Mais t'arrête de dire n'importe quoi ?! s'agaça Changbin.

Le noiraud attrapa le menton du plus âgé et le fit taire d'un regard. Chan laissa échapper un grognement plaintif mais n'alla pas à l'encontre de sa requête. Il se contentait de foudroyer le noiraud du regard, refoulant les larmes qui commençaient lentement à lui monter. Toute cette situation était terriblement frustrante.

— Je veux bien que tu sois en colère, mais pitié arrête de dire des bêtises et réfléchis trente secondes.

— Réfléchir ? Chan haussa le ton pour la première fois. T'as réfléchi hier toi ? Quand tu m'as balancé ta frustration au visage et es parti sans rien dire ?

Il se dégagea de la poigne du noiraud et glissa une main dans sa nuque. Ses doigts caressèrent un bref instant la naissance de ses cheveux avant qu'il ne l'attire abruptement en sa direction.

Changbin trébucha sur le tapis de la salle de bain. Se rattrapant sur le lavabo et encadrant, par la même occasion, la taille du rouquin de ses bras. Il avala de travers devant son regard sombre.

— Alors c'est quoi ? Dis moi ? C'est quoi toutes ses stratégies pour esquiver chacune de mes tentatives ? Tu me manipulais ?! Sa voix trembla un instant, ça t'amuses de me faire sentir comme une merde ?

Le noiraud roula des yeux à sa remarque, frustrant encore plus Chan qui perdait lentement les pédales. C'était douloureux de ne pas réussir à clairement expliquer ce qu'il ressentait, c'était blessant de se dire qu'ils avaient un si grand problème de communication qu'ils devaient solder cette histoire en une dispute. Il avait mal, surtout quand Chanbin le regardait avec tant d'animosité dans le regard.

"Aime-moi je t'en supplie !"

— Je veux pas être qu'un "frérot".

Il l'attrapa par la nuque et l'attira à lui si soudainement que Changbin ne put retenir un glapissement de surprise. Il eut à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait que Chan l'embrassait brièvement, écrasant sèchement et brutalement ses lèvres contre les siennes. Le noiraud avait demandé à ce qu'il soit égoïste et qu'il pense à lui, chose faite : il voulait un baiser et bien maintenant il l'avait !

Changbin ne perdit pas un instant pour répondre. Il détestait l'attitude enfantine de Chan, pourtant c'était lui qui avait provoqué cette situation. Il récoltait bêtement ce qu'il avait semé. Le roux avait des sentiments et il était légitime qu'il se sente blessé par son attitude de la veille.

Ce n'était pas un échange tendre, ni même ce qui ressemblait à un baiser amoureux. Pourtant il y en avait, de l'amour, caché sous plusieurs couches de colère, de frustration et d'attente étouffée. C'était un échange tempétueux, une embrassade folle.

Concentré dans son baiser, il s'approcha un peu plus, coinçant le corps de son aîné entre le lavabo et son torse. Hors de question que Chan tente de s'échapper après ça. Le plus âgé s'accrocha à ses biceps et Changbin lui mordit la lèvre inférieure. Agacé par les prises d'initiative du noiraud, Chan remonta ses mains sur ses joues et se rapprocha encore plus, leurs dents s'entrechoquèrent mais aucun ne recula, c'était une guerre de domination, un échange plaintif et explosif.

Les mains du noiraud glissèrent sous son crop top, griffant ses abdos, tandis que Chan tirait sur la naissance de ses cheveux pour lui faire ouvrir la bouche. Il n'y avait rien de cohérent, juste deux garçons qui laissaient leurs peines s'exprimer.

Impatient, Changbin attrapa ses hanches et le souleva. Par réflexe, le rouquin enroula sa taille de ses jambes, sans jamais cesser d'attaquer ses lèvres, se laissant écraser contre le mur. Le choc fut sec, Changbin n'y allait pas en douceur, mais cela ne perturba pas le plus grand, il était tout aussi énervé.

— Idiot. T'es vraiment terriblement agaçant, grommela Chan entre deux baisers.

Leurs langues se trouvèrent et le roux retint un gémissement contre ses lèvres, c'était plaisant de pouvoir enfin l'embrasser. Provocateur, il s'amusa avec la langue du noiraud, la suçant de façon suggestive. Changbin lui attrapa les poignets d'une main, les plaquant au-dessus de sa tête tandis qu'il attrapait sa mâchoire de l'autre, l'immobilisant au possible.

Ils continuèrent de sauvagement s'embrasser, laissant leurs lèvres inlassablement s'épouser. Puis, sans vraiment qu'ils ne s'en rendent compte, toute cette amertume s'évapora lentement laissant place à quelque chose de plus intime et voluptueux. Au-dessus de la tête du rouquin, Changbin délaissa ses poignets pour entrelacer leurs doigts. La main libre du rouquin alla se perdre sur les épaules du plus jeune, Chan était étonné de le voir si aisément le porter.

Le point de non retour fut certainement lorsque le premier coup de hanche fut donné, impossible de savoir lequel des deux avait initié la chose, mais Chan avait gémi si fort que Changbin n'avait pu s'empêcher de grogner. Plusieurs frottements timides et expérimentaux avant que le noiraud ne donne un coup de bassin plus franc, électrisant le corps du plus âgé. Toujours écrasé contre le mur, Chan s'agrippait désespérément à son dos, il était rouge écarlate et se mordait à sang la lèvre inférieure.

— Tu aimes ça ? avait demandé Changbin à son oreille.

Lui aussi n'avait pas fière mine, depuis le temps qu'il en rêvait... Il avait du mal à réaliser qu'il tenait son crush contre lui et que c'était ses baisers, sa voix et ses touchers qui le faisaient fondre. Il glissa tout doucement ses mains sur le fessier du rouquin, afin d'avoir une meilleure prise et retint un sourire lorsqu'il le sentit écarter un peu plus les jambes, avide de contact.

— Encore... fut la seule réponse que Chan lui offrit, fermant les yeux.

Un frisson roula dans son dos, Changbin l'embrassa langoureusement. Il avait aussi ce besoin de se rassurer, de se dire qu'ils franchissaient tous deux le pas qu'ils n'avaient jamais osé franchir. Était-ce de sa faute ? Celle Chan ? Y avait-il besoin de trouver un vrai fautif ? Il passa délicatement sa main sur le visage de son aîné et Chan lui répondit d'un petit sourire timide, tentant de dissimuler ses oreilles cramoisies.

Puis, sans prévenir, il se dégagea de la poigne du noiraud pour le pousser à nouveau en arrière. Ils traversèrent la salle de bain et Changbin retrouva sa place initiale, assit sur le bord de la baignoire. A peine avait-il posé ses fesses sur la paroi froide que le rouquin s'installait sur ses cuisses, collant leurs bassins et fronts. Un léger soupir s'échoua contre ses lèvres et Chan revenait à la charge, l'embrassant avec fougue.

L'ébène tenta de calmer sa ferveur. Sils continuaient ainsi, ils finiraient par faire des conneries dans cette petite salle de bain et ce n'était certainement pas dans leurs plans. L'offre était tout de même tentante, les fesses de Chan collées à son sexe prêt à se réveiller sous une caresse de trop, ses petits glapissements qu'il laissait glisser à son oreille... Ses lèvres ne quittaient en aucun cas sa gorge découverte, il aimait voir son aîné fondre sous la caresse de ses dents sur sa peau.

Lorsqu'il releva les yeux, il s'arrêta directement, détaillant de ses prunelles les larmes qui commençaient à remplir le regard du plus grand.

— Tu pleures ? avait-il chuchoté avec surprise, de peur de le brusquer.

Le roux essuya, d'un mouvement de bras peu élégant, les larmes qui menaçaient de rouler ses joues. Dans la colère, l'empressement et le plaisir, il avait réalisé à quel point ils avaient perdu du temps, à quel point il ne pourrait plus jamais se séparer de Changbin. Il avait été frappé par une vérité qui l'avait sèchement ramené sur terre :

— Pourquoi avons-nous mis tant de temps ?

Les regrets enserrèrent la gorge du noiraud, le faisant baisser le regard pour ne pas avoir à affronter les peines qu'il avait infligé à son crush.

— On aurait pu être heureux bien plus tôt, avait-il ajouté, le regard triste.

— J'me suis jamais senti à ta hauteur. T'es tellement génial, à mes yeux c'était juste impossible qu'un boulet comme moi ait une seule chance à tes côtés.

Il déglutit, le fuyant du regard.

— Je me rassurais, je me protégeais de mes sentiments. J'avais peur que tu dises non aussi... Je perdais toute confiance en moi, c'était comme si je devenais soudainement super nul, ses doigts tremblaient autour de la taille du roux. Tu atteins mon cœur d'une façon différente des autres, tu m'émeus, me fais perdre toute barrière. Je flippais complètement, tu me rendais amoureux, complètement amoureux.

— Changbin...

— Tu mérites un mec bien Channie, pas un couillon comme moi.

Le plus grand, qui jusqu'ici se préparait à le consoler, se redressa d'un coup et lui tira l'oreille. Mine boudeuse et visage plus rouge qu'une tomate, il rouspéta :

— Je t'interdis de te rabaisser !

Il tira un peu plus franchement.

— Aïe, aïe, aïe ! Mais arrête ! s'écria le noiraud en se débattant, cherchant à récupérer son oreille qui allait littéralement se décrocher de son corps.

Dans son cri, Changbin postillonna légèrement, faisant sursauter le rouquin qui lâcha son oreille. L'ébène poussa un soupir de soulagement, heureux de récupérer ce qui lui appartenant. Il s'apprêtait à répondre au roux lorsque celui-ci glissa son pouce sur son menton et ses lèvres.

Estomaqué, Changbin crut que ses yeux allaient sortir de ses orbite lorsqu'il vit le pouce du roux, induit de sa bave, glisser entre les lèvres de Chan. Le plus grand le regardait avec amusement, tandis que Changbin fronçait le nez :

— C'est répugnant !

— Oh ça va ! rétorqua Chan. C'est que ta salive !

Il eut un petit sourire.

— En plus, c'est sucré. J'aime bien.

— C'est parce que je me suis enfilé une bouteille d'Ice Tea avant de venir, c'est tout !

— C'est comme tes baisers, doux et sucrés.

— Mais, puisque je te dis que c'est l'Ice Tea !

Chan posa un doigt sur ses lèvres, le regard amusé mais légèrement ennuyé.

— Pitié, un peu de romantisme Bin !

— Oh ! s'exclama-t-il, semblant lentement comprendre. Vas-y ! On recommence ! Fais comme si rien ne venait de se passer !

Chan laissa échapper un rire et le noiraud afficha un grand sourire. Vaincu, le roux s'affaissa contre son torse, caressant la nuque de l'ébène avec son nez. Amusé, il rentra dans le jeu du garçon. Rien de mieux que des rires pour apaiser leurs précédents différents.

— Tes baisers sont doux et sucrés.

— Il paraît que ça change après chaque repas, Changbin s'approcha de son visage. Je me demande quel goût ils auront lorsque je te dévorerai.

Le rouquin sursauta, virant écarlate tandis qu'il frappait le torse de son assaillant.

— Quel mauvais charmeur !

— Ne mens pas ! T'es rouge comme une pivoine, répliqua Changbin.

Grands sourires sur les lèvres, les deux garçons s'étaient regardés avec amusement. Ça faisait un moment qu'ils n'avaient pas bêtement profité l'un de l'autre. Entre leurs amis qui ne les lâchaient pas, leurs sentiments qui saccageaient leur vie et tous les quiproquos par lesquels ils étaient passés...

— Tu sais, commença Chan en glissant sa main dans celle de son cadet, tu n'as pas à choisir pour moi. Je me doute bien que tout a été fait par pure bonne volonté, tu ne souhaitais que mon bonheur. Mais comment on fait ? Si c'est toi mon bonheur, comment faire ?

Il serra un peu plus fort sa main dans la sienne.

— J'aime pas t'entendre dire que tu n'es pas à la hauteur alors que t'es un mec génial, déterminé, un mec plein d'idées et très talentueux... On devrait pas douter de nous et être effrayés, je veux être une force pour toi pas un poids.

— T'es pas un poids ! s'écria presque le noiraud.

— Non, je me doute bien, chuchota gentiment le plus vieux, caressant doucement sa joue. Mais à cause de moi tu t'es posé beaucoup de questions, des questions ne te seraient certainement jamais venues à l'esprit si on avait discuté dès le début... C'est un peu comme la fois où je me suis frustré sur des paroles. J'avais quitté le studio tout en les jetant à la poubelle. Tu les as récupéré, tu as attendu que je revienne, et à la place de continuer nos travaux chacun dans notre coin, on a réfléchi à deux. C'était beaucoup mieux.

Il baissa les yeux, déglutissant tout en jouant avec les doigts du noiraud. Il était un peu embarrassé, son cœur battait fort dans sa poitrine.

— J'aimerai qu'on puisse faire de même avec nos sentiments, qu'on avance ensemble et pas dos à dos...

— Tu me laisses une chance ? demanda Changbin, les joues rouge vif.

Pour toute réponse, Chan se pinça les lèvres et ferma fort les yeux, hochant vivement de la tête. Il avait l'impression que l'entièreté de son corps brûlait. Et Changbin n'était pas mieux, il serrait fortement la taille de l'aîné entre ces doigts comme pour s'assurer qu'il ne lui glisserait pas entre les mains.

— Je t'aime, chuchota doucement le noiraud.

Il avait le coeur qui battait fort dans ses oreilles. Bordel, il l'avait fait !

— Je t'aime aussi, vraiment très fort.

Chan se mordit la lèvre inférieure, oui, lui aussi l'avait enfin fait !

C'était un petit moment d'apaisement, de plénitude après l'avalanche colérique, frustrée et amoureuse qui avait foudroyé leurs corps. Changbin l'attira un peu plus contre son torse et déposa quelques baisers dans sa nuque, s'enivrant de son odeur. Il réalisait lentement qu'il pourrait enfin le tenir dans ses bras sans avoir à cacher quoi que ce soit. Au contraire même, désormais il laisserait tout sortir et ferait en sorte que Chan soit l'homme le plus chéri de toute la terre.

Ses yeux glissèrent sur sa peau opaline remarquant les marches rougeâtres que le rouquin était occupé à observer lorsqu'il était rentré dans la salle de bain. Il se redressa et effleura du bout des doigts la marque, du rouge à lèvres s'étala un peu plus sur sa peau blanche et il regarda Chan sans vraiment comprendre.

— Tu faisais quoi avant que j'arrive ?

— Je tentais de déjouer les plans de Felix.

Les oreilles de Chan brûlèrent et Changbin sut que le cousin du roux lui avait donné une action encore plus idiote que celle qu'il avait eu. Chan fouilla dans ses poches et en sortit l'objet de son trouble.

— Il a écrit un truc vraiment ridicule, je cherchais une alternative pour le faire tout seul, il ouvrit la feuille et son visage vira cramoisi. Aaaah, c'est vraiment très gênant : quelqu'un doit me laisser au moins cinq baisers au rouge à lèvres sur le visage...

Embarrassé, il tira sur le col de son crop top et fit apparaître plusieurs dessins sous les yeux étonnés du noiraud.

— Quand tu es entré, je m'entrainais à en dessiner. Je voulais tricher en les faisant moi-même, mais je crois que je ne suis pas très doué.

— C'est vrai que c'est assez original, nota Changbin en retenant un rire.

Chan lui offrit une petite tape sur la tête, brandissant l'arme du crime : un rouge à lèvres.

— Tiens, toi qui te moque ! Aide moi à faire cette action.

Louchant sur le tube écarlate qui gisait désormais dans ses mains, Changbin eut un petit rire inquiet. Il était certain de ne pas faire mieux, Chan savait un minimum dessiner contrairement à lui. Il n'allait pas être d'une grande aide. Mais il n'avait clairement pas envie de le décevoir, s'armant de courage, il brandit le rouge à lèvres et s'appliqua à dessiner dans la nuque de son amoureux.

Le rouquin sursauta à son geste.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Changbin fronça les sourcils pour le regarder sans comprendre. Quoi ? Il dessinait ! N'était-ce pas ce qu'il lui avait demandé de faire ?

Devant lui, Chan passa une main sur son visage, massant ses tempes tandis qu'il attrapait le bâtonnet écarlate. Il avait l'air mi-agacé mi-désespéré.

— Je t'en supplie, murmura le rouquin tout en sentant ses oreilles brûler. Utilise ton cerveau...

Il étala le rouge sur les lèvres du noiraud, ignorant ses yeux écarquillés de surprise. Pitié, il allait falloir que Changbin tilte plus rapidement sinon il finirait par mourir d'embarras.

Chan devait maintenant être plus rouge qu'une tomate, il en était certain. Ses joues brûlaient si fort qu'il avait l'impression de tomber malade. Pourtant, il ne recula pas une seconde face à l'idée qui avait traversé son esprit. Maintenant qu'il avait commencé son petit manège, il allait devoir assumer jusqu'au but.

Se redressant, il contempla l'air perdu du noiraud, Changbin commençait à lentement comprendre sa requête. Il dégagea son visage de ses cheveux en bataille, lissa son crop top comme il put puis tira sur le col de son haut, laissant une nouvelle fois apparaître sa peau. Changbin déglutit devant chacun de ses mouvements, il était comme hypnotisé.

Lèvre inférieure coincée entre les dents, Chan cambra légèrement, le regard suppliant, et tira un peu plus sur son col.

— Marque moi, chuchota-t-il en un pauvre gémissement plaintif.

Agacés par l'absence de Changbin et Chan, la troupe de copains s'était accumulée autour de la porte de la salle de bain. Tous avaient plus ou moins une idée de ce qu'il se passait dedans, mais ils commençaient tout de même à les trouver long. Jeongin n'hésita pas une seconde et tambourina contre la porte, tous rirent en entendant les deux garçons crier.

Felix reculait lentement, s'éloignant tout doucement du groupe, tandis que la porte s'ouvrait.

Plusieurs exclamations leurs échappèrent tandis qu'ils tombaient sur Chan, rouge écarlate, qui sortait timidement de la salle de bain. Le jeune homme était tout décoiffé, tentait de remettre son haut correctement sous les cris de ses amis qui le charriaient. En effet, il était assez difficile d'ignorer ce qu'il avait sur le visage, Changbin n'y était pas allé de main morte, il avait de grosses marques de maquillage sur tout le visage.

Changbin suivit de prêt, entourant rapidement les hanches du plus grand d'une main. Lui souriait fièrement, sous les rires qui fusaient alors qu'on lui faisait remarquer tout le rouge à lèvre qui avait débordé sur son menton et ses joues. Peut-être s'étaient-ils un peu trop prêtés au jeu...

— Rigolez, rigolez ! Il n'empêche que nous on déjà fini une de nos actions ! rétorqua le noiraud.

Les rires cessèrent de suite tandis que Seungmin sortait son papier de sa poche, un petit sourire en coin. Il déplia la feuille et la fit danser sous le nez du noiraud.

— On avait aucune action à faire, y a que vous deux qui aviez des trucs bidons.

Changbin regarda le papier vierge comme s'il s'agissait de la révélation du siècle. L'information mit quelques secondes à monter jusqu'à son cerveau avant qu'il ne se détache du rouquin pour hurler :

— Ya ! Lee Felix ! Je vais te botter les fesses !

Il partit en courant à la poursuite du blondinet qui avait déjà déguerpi depuis un moment, sourire aux lèvres.

— C'est amusant, déclara Chan en se grattant l'arrière de la tête, Felix s'est cassé la tête pour nous pousser l'un vers l'autre, mais on n'aura pas eu besoin de ses papiers pour sortir ensemble.

— Ah ? avait demandé Jisung, les yeux ronds. Genre vous deux... Comme des grands... Vous avez réussi à...

Le plus jeune membre de 3Racha imitait en baiser avec ses doigts, collant le bout de ses deux index entre eux. Chan souffla du nez, embarrassé, tandis que Minho ramenait le brunet contre lui, rigolant.

— Je me demande bien ce qu'avait Changbin pour qu'il soit dans un tel état, ajouta Hyunjin en attrapant le morceau de papier que son meilleur ami avait jeté au sol avant de partir.

Il ouvrit le papier et tous se penchèrent pour en lire le contenu, les réactions furent immédiates : tous hurlèrent de surprise tandis que Chan sursautait d'embarras. Le roux ne perdit pas une seconde, détalant pour attraper son cousin par les bretelles.

— Felix, viens ici tout de suite !

✰  FIN  ✰

Bonsoir, je m'excuse pour ce retard impardonnable ! Les deux semaines dernières ont joué contre moi !

Voici donc la troisième partie et fin de LIPSTICK ! Petite histoire née d'un fanart, ce fut un plaisir d'écrire ce BinChan ! J'espère que vous aussi vous avez apprécié ce petit duo de têtes de mule avec un Changbin au caractère bien trempé !! C'était très amusant a imaginer et écrire !

Je vous remercie du soutien, de votre patience et présence !
Gros bisous, Winnie.

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