Chapitre 6

Alors que l'arrivée des anciens élèves était imminente, Harry pressait Malefoy de se dépêcher. Depuis qu'ils étaient levés, soit environ deux heures, le blond traînait dans sa chambre, sans doute à choisir une tenue digne de son nom.

— Allez, bon sang ! Grouille ! s'exclama Harry en endossant sa robe de sorcier. On va finir par rater leur arrivée !

Il ferma la broche sur sa gorge puis soupira et alla se vautrer dans un fauteuil avec le livre qu'il lisait la veille. Il y eut ensuite du bruit à l'étage, dans la salle de bains qu'ils se partageaient, puis un pied apparut en haut des marches.

— Ça va, ça va, marmonna Malefoy en descendant, une brosse à la main. Mais quelle impatience !

Harry leva les yeux de son livre et le regarda se brosser les cheveux.

— Je n'avais jamais fait gaffe que tu les avais si long... dit-il en haussant les sourcils.

— De ?

Harry pencha la tête sur le côté avec une grimace.

— Ah, mes cheveux ! Oui, je ne les ai pas coupés depuis... heu... plus de deux ans. Je crois.

Malefoy repoussa ses cheveux blonds, presque blancs, dans son dos, puis d'un claquement de doigts, fit disparaître la brosse et apparaître un ruban noir en satin.

— Tu veux un coup de main ? demanda Harry en se levant.

Il alla ranger son livre et observa ensuite son colocataire.

— Non, non, c'est bon...

Malefoy leva alors les bras, rassembla ses cheveux en une fine queue de cheval et, d'un geste rapide et souple, noua le nœud autour de la longue mèche et fit une petite boucle plate.

— Tada ! s'exclama-t-il en montrant ses mains.

— C'est ce qui s'appelle avoir le coup de main, dit Harry en souriant.

— C'est mon père qui m'a appris ça, dit Malefoy. D'ailleurs, c'est bien la seule chose que j'ai retenu de son enseignement...

— Aller, aller, dit alors Harry en agitant une main. Ce n'est pas le moment de te miner le moral. On va retrouver nos amis ! Ça fait trois ans !

Malefoy esquissa un rictus puis tous deux s'enroulèrent dans leurs capes, glissèrent leurs baguettes magiques dans leur manche puis se rendirent dans le hall où se trouvaient déjà Hermione et Rogue.

— Bonsoir ! s'exclama Harry en sautant les trois dernières marches de l'escalier.

— Bonsoir, Monsieur Potter, répondit froidement Rogue. Quel enthousiasme...

Hermione sourit et Harry lui décocha un sourire puis regarda autour de lui.

— Tu vois, Il n'y a personne, dit alors Malefoy en le bourrant du coude. Tu m'as fait me presser pour rien !

— Tiens, dit Harry en montrant le professeur Vector qui arrivait, suivit du professeur fantôme Binns et du professeur Sinistra.

Malefoy se renfrogna et Harry le taquina un moment avant que Dumbledore et McGonagall ne fassent leur apparition, suivis par Pomfresh, Chourave, Trelawney, Lupin et Ron.

— Tout le monde est là ? demanda Dumbledore après quelques secondes. Très bien alors, allons-y. Allons accueillir nos anciens élèves !

D'un même mouvement, tout le monde rabattit les pans de sa cape devant lui pour se protéger du froid et, Dumbledore et McGonagall en tête, ils sortirent sur le perron du château.

L'ai était glacial en ce début de vacances de Noël et s'il ne neigeait pas encore, cela ne saurait tarder.

— Ha ! dit soudain McGonagall en regardant au loin. Hagrid arrive.

Harry se tourna vers la grosse masse sombre qui arrivait à grand-pas vers eux et il ne put s'empêcher de sourire.

— Et voici nos premiers invités, dit Dumbledore en tendant le bras vers le portail du domaine dont les vantaux venaient de s'ouvrir en grinçant.

Harry détacha son regard de Hagrid et suivit des yeux la première calèche tirée par deux Sombrals qui s'approchait du château. Malefoy se pencha alors vers le Gryffondor.

— Potter... dit-il. Qu'est-ce que c'est que ces bêtes-là ? Poudlard a investi ?

— Tu peux les voir ? demanda Hermione en se retournant.

Harry eut alors un éclair de lucidité et il se renfrogna légèrement.

— Tu diras merci à Norya. Grâce à elle tu peux voir les Sombrals...

Malefoy regarda Harry avec surprise.

— Qu'est-ce que ma femme vient faire dans l'histoire ? Elle est morte...

— Justement, dit Harry. On ne peut voir les Sombrals que si on a eu à faire avec la mort. Moi j'ai perdu mes parents et Sirius, je peux donc les voir. Toi, tu as perdu ta femme et ton fils, tu peux donc les voir aussi.

— Et toi ? demanda Malefoy en regardant Hermione.

— Merlin merci non, dit la jeune femme. La description d'Harry me suffit amplement...

— Et...

— Moi non plus, Malefoy, dit Ron en lui jetant un regard froid qui fit reculer le Serpentard d'un pas.

Harry lui toucha alors la main une fraction de seconde avant que la première calèche ne s'arrête en bas des marches et qu'une famille visiblement nombreuse n'en descende.

— Bonsoir, Monsieur Finch-Fletchey ! dit McGonagall en souriant. Bienvenue à Poudlard !

— Oh là, là, dit Justin. Ça me fait tout drôle de revenir ici ! Tout me semble plus petit...

— Oui, dit Dumbledore en souriant. Mais rentrez dans le hall, allez au chaud...

Justin obéit et conduisit sa ravissante épouse et ses deux enfants dans le hall du collège d'où parvint un caquètement bien connu.

— PEEVES ! hurla McGonagall en se retournant. FICHE LE CAMPS !!

Un bruit grossier lui répondit puis l'esprit frappeur s'en alla en chantant une chanson paillarde.

— Oh, ce fantôme... dit-elle en soufflant. Il me tuera...

— Allons, allons, Minerva, il ne faut certainement plus pour cela... dit Dumbledore en regardant une seconde calèche s'arrêter devant eux. Ah, en voici d'autres, ajouta-t-il avant que McGonagall n'ait le temps de répliquer.

Une jeune femme sortit alors de la seconde calèche avec un garçon brun et McGonagall l'accueillit chaleureusement. Ce devait sûrement être un Gryffondor mais Harry n'avait pas le souvenir de lui avoir parlé un jour.

Le défilé continua ainsi pendant plus de deux heures sans qu'aucun des quatre anciens élèves déjà présents ne retrouve d'amis proches de Gryffondor ou Serpentard. Harry compta comme la douzième la calèche qui s'en allait et comme la treizième celle qui s'arrêta devant eux. La porte s'ouvrit et une jeune femme en sortit, avec trois hommes dont deux très costaud : Crabbe et Goyle, le troisième étant le compagnon de la jeune femme et ayant un air de famille avec les deux autres...

— Dragoooooo !! hurla alors la jeune femme.

— Pansy ? dit Hermione en s'écartant pour laisser passer la furie.

Pansy Parkinson se jeta au cou de Malefoy et manqua de le faire tomber. Ce faisant, elle bouscula Harry qui marcha sur le pied du professeur Vector qui grommela.

— Désolé, professeur, dit Harry en s'écartant précipitamment.

— Pas de mal... marmonna Vector en s'éloignant.

— Ne vous en faites pas, Potter, dit Flitwick. Elle est un peu grincheuse en ce moment.

Harry sourit puis soudain on se pendit à son cou en l'étouffant à moitié.

— Hein, quoi ? demanda Harry en détachant les bras de son cou. Qu'est-ce que... ?

— Harry !

— Lavande !

Harry prit la jeune femme dans ses bras et la serra contre lui un instant en rigolant.

— Parvati ! s'exclama Ron quand celle-ci se jeta à son cou, déjà occupé par Padma, sa sœur jumelle. Doucement, vous m'étranglez...

Hermione rigola et ses anciennes amies de Gryffondor eurent tôt fait de l'ensevelir de leurs embrassades.

Les retrouvailles se terminèrent dans le hall une fois que les occupants de la dernière calèche, un couple de Serdaigle, n'en soient descendus avec deux enfants plus un « en cours » dans le ventre de sa mère.

Harry, après s'être débarrassé de Lavande puis de Parvati et Padma, repéra Neville, Dean et Seamus dans un coin, en train de discuter avec enthousiasme en riant.

— Bonsoir ! s'exclama Harry en faisant sursauter Neville.

— Harry ! s'exclama Dean Thomas, tout sourire.

— Harry ! renchérit Neville en le reconnaissant.

Seamus n'eut pas besoin de le dire une troisième fois mais Harry vit bien dans ses yeux que lui aussi était content de le retrouver.

— Hermione et Ron ne sont pas là ? demanda Neville.

— Si bien sûr, dit Harry en montrant Ron et Hermione qui discutaient avec Alexandre et deux autres jeunes femmes.

— C'est qui lui ? demanda Dean. Il n'est pas...

— Non, c'est un Moldu, dit Harry.

— Un... Moldu ? s'étonna Seamus. Je croyais qu'ils ne pouvaient pas voir le château...

— Hermione a bricolé je-ne-sais-quoi qui permet à Alexandre de voir le château ainsi que ses occupants. Je la soupçonne de lui avoir donné une potion qui simule la possession de pouvoirs magiques.

— Elle en serait capable, dit Neville. Ça existe en tous cas.

— Vraiment ? dit Dean.

Neville hocha la tête puis une jeune femme s'approcha de lui et passa ses bras autour de sa taille en posant sa tête sur son épaule.

— Tout va bien, Lisa ? demanda Neville en lui frottant doucement le dos.

— Oui, oui, dit la jeune femme en souriant. Tu me présentes tes amis ?

— Bien sûr. Lisa, voici Harry Potter, Dean Thomas et Seamus Finnigan, les gars, voici Lisa, ma très chère épouse.

— Vous êtes bien plus jolie en vrai, Madame Longdubas, dit Seamus.

— Merci, dit la jeune femme en souriant, soudain rouge. Mais appelez-moi Lisa...

— Je vois que vous avec reçu nos faire-part, dit alors Neville en souriant.

Ses amis sourirent à leur tour et soudain Harry sentit des bras se refermer sur lui et il se retourna un peu brusquement :

— Lavande ! dit-il en souriant. Tiens, puisque tu es là, je te présente Lisa, la femme de Neville.

— Oh, oh ! dit Lavande en détachant ses bras du cou de Harry. Quelle jolie créature ! Hé, hé... ajouta-t-elle en regardant le ventre arrondi. Venez avec moi, Lisa, je crois qu'on va bien s'entendre...

Lisa acquiesça avec joie et Lavande la conduisit auprès de Parvati, Padma et Hermione accompagnée de ses deux amies qui faisaient connaissance avec Ron.

Un bougonnement fit alors tourner la tête à Harry et il découvrit Malefoy persécuté par une Pansy certes devenue très jolie mais toujours aussi hystérique et accro à son « Prince Blond ».

Harry sourit en secouant la tête et se dirigea ensuite vers Alexandre pour faire connaissance. En trois ans, il ne l'avait vu qu'une seule fois, à la gare de King's Cross, aux vacances d'été dernières, tandis qu'il raccompagnait Ron et Hermione avant d'aller passer une semaine chez les Dursley alors récemment amputés de leur fils.

— Bonsoir, dit-il en s'approchant, les jeunes femmes discutant dans leur coin. Alexandre, c'est ça ?

— Oh ! Bonsoir... dit Alexandre en sursautant légèrement. Vous devez être Harry, je me trompe ?

— Pas du tout, c'est bien moi, enchanté, dit Harry en tendant la main droite.

Alexandre la serra chaleureusement et Harry regarda autour de lui puis revint sur le jeune homme.

— Nous sommes vus sur le quai de King Cross, aux vacances dernières... Vous vous rappelez ?

— Ha oui, dit Alexandre. Vous reveniez d'ici... en train...

— C'est cela, dit Harry en souriant. Bien, je vois qu'Hermione préfère la compagnie des filles à la vôtre... ajouta-t-il en regardant la jeune femme brune rire à une blague de Parvati. Venez donc avec nous autres, vous vous sentirez moins seul.

— Oui... soupira Alexandre. Ce sont ses anciennes amies, je ne peux pas lui en vouloir.

— Allons, venez avec nous, entre mecs...

Harry lui prit alors le bras et l'emmena auprès de Dean, Seamus et Neville qui l'accueillirent chaleureusement.

Au dîner, tout le monde se retrouva autour de deux des immenses tables des Maisons, disposées parallèlement l'une à l'autre et perpendiculairement à la table des professeurs qui, pour l'occasion, avait été descendue de son estrade.

Ce fut un festin digne d'un mariage et tout le monde se régala, aussi bien les adultes que les enfants, coincés entre leurs bruyants parents.

Rapidement, tout le monde pu se desserrer un peu, les enfants quittant progressivement la table pour aller jouer avec leurs semblables ou dormir.

Harry chercha en vain à savoir si les professeurs avaient fait venir leur propre famille mais il décida de vite y renoncer tant il y avait d'enfants et de visages inconnus. À sa gauche, Hermione avait une discussion enjouée avec Alyna, l'une des amies d'Alexandre tandis que Ron discutait avec Serena. Hermione avait obtenu l'autorisation de Dumbledore pour faire venir les deux jeunes femmes bien qu'elles n'aient aucun lien de parenté avec qui que ce soit dans l'assemblée.

Harry soupira alors et posa ses coudes sur la table. Il promena son regard le long des tables et sourit en se souvenant des moments passés avec toutes ces personnes, alternant prise de becs et moments heureux.

La soirée s'acheva sur un mini bal surprise organisé par Dumbledore qui annonça qu'il en serait désormais ainsi tous les soirs jusqu'à la fin des vacances. La nouvelle fut accueillie par des applaudissements et des rires et Dumbledore, voyant la mine un peu bougonne de certains, ajouta que la présence de ceux qui n'aimaient ou ne voulaient pas danser n'était pas obligatoire.

Vers une heure du matin, les jeunes gens se dispersèrent dans le Château à la recherche de leurs appartements et les professeurs ainsi qu'Hermione durent en accompagner quelques-uns comme les Serpentards et les Serdaigles qui, pour certains, n'avaient jamais mis les pieds dans les étages supérieurs du château hormis pour les cours.

Harry, lui, remonta dans sa tour, accompagné de Ron, Hermione, Malefoy, Parvati, Padma, Neville et Seamus, accompagnés, eux, de leurs familles respectives. Avant de se fractionner à un croisement qui les sépareraient de Neville, Parvati, Padma et Ron, ils terminèrent de discuter et quand enfin le groupe se sépara en se souhaitant une bonne nuit, Seamus se glissa à côté de Harry en jetant un coup d'œil à Malefoy.

— Harry... Pourquoi Malefoy nous suit ?

Harry sourit.

— Je m'attendais à cette question. Malefoy vit chez moi pour le moment, répondit-il.

— Hein ? Mais pourquoi ?

— Je t'expliquerai ça demain, dit Harry. C'est une histoire triste et un peu compliquée.

— D'accord, mais est-ce que vous... tous les deux...

Harry eut un petit sourire et Seamus esquissa un sourire en coin. Il savait depuis peu – quelques heures tout au plus – que Harry préférait les garçons aux filles et il l'avait taquiné sur le sujet en lui faisant remarqué qu'il était l'un des rares à ne pas avoir fait venir de famille.

— Tu n'es pas sérieux, Harry... dit-il en haussant les sourcils.

Hermione se faufila alors jusqu'à eux deux, laissant Malefoy un peu en retrait et elle prit Seamus pas le bras.

— Et vérité, ils s'apprécient seulement pour le moment. Malefoy vit ici depuis un peu plus de deux mois maintenant et, à la surprise de tout le monde, ils s'entendent plutôt bien.

— C'est... difficile à croire, tu vois ?

— Je sais, dit Harry. Mais il semblerait que nous ayons tous les deux grandis et suffisamment souffert pour ne pas faire remonter les chicanes de l'enfance.

Harry s'arrêta alors de marcher et Malefoy s'approcha. Le brun le regarda et lui sourit doucement puis Seamus soupira.

— Aller, Seamus, dit alors Hermione. On va aller se coucher maintenant. Enfin, toi tu vas chez toi avec ta femme et tes enfants et moi, je vais chez moi avec Alexandre.

— D'ailleurs, ils sont où ? demanda Harry.

— Neva est déjà couchée, dit Seamus. Et voici Alexandre, ajouta-t-il en montrant un grand garçon brun adossé au mur devant eux.

Hermione sourit et se précipita sur lui. Elle l'agrippa par le bras et l'embrassa doucement. Il la serra contre lui puis Harry souhaita bonne nuit à tout ce petit monde et tourna à droite pour accéder au passage secret qui montait chez lui et qui était, par la même occasion, l'unique moyen d'accéder à la tour Sud.

Quand les voix d'Hermione et du groupe se furent estompés, Malefoy se glissa à côté d'Harry et passa son bras autour de ses épaules. Harry sourit et posa son bras sur les reins du blond.

— Où va où ? demanda-t-il.

Pas de réponse. Ils arrivèrent sur un petit palier et Harry se tourna vers Malefoy qui le regarda, l'air surpris.

— Tu m'as parlé ? demanda-t-il.

— Non, rien... répondit Harry en s'engageant dans un second escalier en colimaçon, un peu plus raide. Tu viens ?

Malefoy le regarda puis hocha la tête. Quand ils parvinrent sur le palier de l'appartement de Harry, le silence était presque angoissant et, en ouvrant la porte, Harry pinça la bouche.

— Tu es en colère ? demanda-t-il.

— Non, pourquoi ? Je devrais ?

— Non, enfin je ne pense pas, dit Harry. Mais tu es très silencieux, je trouve...

— Ouais... en fait, j'ai discuté un peu avec Hermione pendant la soirée...

— Et... puis-je savoir ce que notre Hermione nationale a bien pu te mettre dans la tête ?

Harry entra et referma la porte après le Serpentard.

— Tu veux vraiment savoir ? demanda celui-ci.

— Sinon je ne t'aurais pas posé la question.

— Très juste. En fait...

Malefoy se dirigea vers un meuble supportant quelques alcools dans des bouteilles en cristal, et se servit un fond de Old Firewhisky. Il observa le liquide ambré et soupira.

— Vas-y, l'encouragea alors Harry. Je t'écoute...

— Voilà... En fait, Hermione pense que... Elle pense que le fait qu'on arrive à vivre ensemble, toi et moi, depuis deux mois, est lié à la mort de Norya. Et à ton attirance pour les tiens.

— Comment ça ? demanda Harry. Qu'est-ce que ta femme et mon style de vie ont à voir en commun ? Est-ce que tu... serais en train de t'enticher de moi, par hasard ?

Malefoy vira brusquement au rouge brique puis vida son verre d'une traite avant de se resservir.

— Je ne sais pas, dit-il. Je suis totalement perdu... Depuis ce baiser, dans le placard à balais, je n'arrive plus à penser correctement, tu reviens sans arrête dans mes pensées et... Pendant toutes ces années où nous nous sommes lancé ces piques réciproquement, pendant toutes ces années où j'ai eu une vie de famille alors que toi non...

— Je ne vois pas où tu veux en venir...

— C'est simple, dit Malefoy en regardant Harry. J'ai pas mal réfléchi depuis le placard à balais et j'ai réalisé une chose...

— Laquelle ?

— Il y a bien longtemps que tu ne m'es plus indiffèrent, Potter, répondit le blond en haussant les épaules. Seulement, à l'époque, j'étais loin d'être capable d'admettre une telle chose ! Pour moi, être attiré par un garçon, c'était pire qu'une ignominie ! On m'avait conditionné pour épouser une femme et lui faire des enfants pour reconduire mon nom, non pas pour batifoler avec mon propre genre !

Harry serra les mâchoires puis souffla par le nez. Il s'approcha de lui et posa une main dans son dos.

— Drago... dit-il doucement. Je t'en prie... Ces choses-là ne se commandent pas... Et si je te disais que moi aussi, j'ai commencé à te voir autrement, il y a quelques années, précisément en cinquième année ?

Le blond le regarda avec étonnement. Harry esquissa un sourire puis alla s'asseoir dans un fauteuil. Malefoy l'imita.

— À l'époque, je n'acceptais pas mon homosexualité, dit alors le Gryffondor en secouant la tête. J'étais sorti avec Cho, avec Ginny, les filles chuchotaient sur mon passage, je recevais des lettres et des mots doux en classe... Et puis, il y avait ce sale petit con de Serpentard qui se prenait pour un gentleman...

Malefoy haussa les sourcils puis esquissa un sourire un peu gêné. Harry lui sourit.

— Non, dit-il. C'était définitivement non, mais tu étais là, chaque jour, avec ce putain de sourire, avec cette voix traînante...

Le Serpentard se mordit la lèvre et rigola doucement.

— Arrête, dit-il. Tu me mets super mal à l'aise...

Harry rigola et se pencha en avant, les coudes sur les genoux.

— Ensuite, tout le monde est parti, je suis allé vivre quelques semaines chez les Dursley avant de revenir ici, tu n'as plus donné signe de vie pendant trois longues années et j'ai fait propre vie... Et voilà que tu déboules au château en demandant asile, et pas à n'importe qui en plus, à moi.

— Je savais que tu pouvais me protéger de Voldemort, répondit le blond en haussant les épaules.

— Oui, sans doute, dit Harry. Ce que je ne comprends pas, Drago... tu viens de m'avouer que je n'étais pas indifférent, alors pourquoi... Ça fait deux mois qu'on vit ensemble, on se voit au saut du lit et en allant nous coucher...

Le blond pinça la bouche et grimaça.

— Je suis désolé, dit-il. On aurait sans doute dû en parler plus tôt, tu as raison, mais j'imagine que j'avais peur...

— Peur ? De quoi ? Que je te rejette ? Nous sommes adultes, nous aurions passé au-dessus, tu ne crois pas ?

Malefoy secoua la tête.

— J'avais peur parce qu'à l'époque, ce que je découvrais était totalement nouveau pour moi et que si je me rapprochais de toi, mon père allait me tuer... purement et simplement. Pour lui, ce type de relations n'existe même pas...

Harry haussa un sourcil.

— Te tuer ? Comment ça ?

Malefoy serra les mâchoires. Il se leva alors et Harry le regarda disparaître dans l'escalier menant au premier. Intrigué, il l'entendit aller à la salle de bains et, pensant qu'il allait simplement aux toilettes, il ne le suivit pas. Cependant, après plusieurs minutes, il commença à se poser des questions et s'approcha de l'escalier.

— Drago... ? appela-t-il. Tout va bien ?

Il monta quelques marches et vit la porte entrebâillée de la petite pièce d'eau.

— Je suis dans la salle de bains, répondit alors Malefoy.

Harry prit pied dans sa chambre et s'approcha, curieux. Il poussa la porte de la salle de bains et trouva le blond devant le miroir au-dessus du lavabo. Il était appuyé contre le bac et se regardait fixement dans les yeux.

— Qu'est-ce que... ? Malefoy, qu'est-ce que tu... demanda Harry en s'approchant. Tu es malade ?

Malefoy regarda Harry et secoua la tête.

— Je voudrais te montrer quelque chose, dit-il alors.

Il se redressa, défit sa cravate, retira sa robe de sorcier et son pull, puis sa chemise et la donna à Harry. Il se retrouva alors torse nu devant un Harry ébahi. Il leva ensuite la main droite et Harry se rendit alors compte qu'il tenait sa baguette magique.

— Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda le brun, soudain inquiet.

Aparecum... dit Malefoy en pointant sa baguette sur son dos.

Harry posa alors son regard sur le dos du Serpentard et dû réprimer un cri de terreur quand il vit ce qui apparaissait lentement sur la peau blanche. Il lâcha les vêtements qui s'écrasèrent sur le carrelage de la salle d'eau.

— Mais qu'est-ce que c'est que ces horreurs ? demanda-il en s'approchant prudemment, la main tendue. Drago...

— Ces horreurs, comme tu dis, dit Malefoy en s'appuyant sur le lavabo. Ce sont les cicatrices de ma désobéissance envers mon père...

Harry regarda Malefoy via le miroir avec surprise.

— Désobéissance ? Attends... Tu es en train de me dire que ton père te battait ?!

Malefoy hocha la tête puis pointa de nouveau sa baguette sur son dos pour effacer les plaies et cicatrices mais Harry l'en empêcha de la main et lui prit sa baguette.

— Il est hors de question que tu continues à cacher ça, dit-il en glissant la baguette dans sa manche, avec la sienne. Tu dois accepter ces marques, tu n'es plus l'adolescents perdu, tu es un homme, tu as fait ton devoir en épousant une femme et en ayant un enfant. Le sort a voulu qu'ils meurent tous les deux jeunes, mais à présent, la descendance des Malefoy n'est plus de ton ressort.

Harry quitta alors la chambre et Malefoy le suivit.

— Rend-moi ma baguette, dit-il. Harry, rend-moi ma baguette, s'il te plaît.

— Non, dit Harry fermement.

Il tira sa propre baguette et ajouta :

— Ces plaies ont besoin d'être soignées, maintenant. Depuis cinq ans que ton père est à Azkaban, elles auraient dû être cicatrisées depuis longtemps, mais ton sort de dissimulation les a gardées ouvertes et il faut les soigner. Tu ne peux pas continuer à souffrir de choses dont tu n'es pas responsable.

Malefoy secoua la tête.

— Je ne veux pas, dit-il. Potter, tu ne comprends pas...

— Je ne comprends pas quoi ? Tu n'es pas amoureux de moi, j'ai pigé, Malefoy, répliqua le brun, les sourcils froncés. On va simplement devenir amis, des amis proches comme jamais on ne l'aura été. D'accord, je l'accepte. Mais laisse-moi soigner ces blessures, je t'en prie.

— Potter, je...

— Écoute, si tu ne voulais vraiment pas que je les vois, il ne fallait pas me les montrer, rétorqua Harry en tirant un tabouret. Maintenant qu'elles sont là, tu vas t'asseoir gentiment et je vais te soigner tout ça.

Le blond détourna la tête et regarda le sol de pierre recouvert de tapis rouges. Il serra les mâchoires et Harry soupira alors profondément.

— Je t'en prie... dit-il doucement en s'approchant du blond.

Il lui prit la main et Malefoy tourna les yeux vers lui avant de lui faire face.

— Fais-le pour notre amitié, dit le Gryffondor avec un mince sourire. D'accord ?

Le blond plissa le nez puis hocha la tête.

— Je préfère, dit Harry avec un sourire.

Il passa alors sa main sous le menton de Malefoy et l'embrassa du bout des lèvres.

— Tu verras, dit-il en posant son front contre le sien un bref instant. Après tu iras beaucoup mieux...

— Je te fais confiance, dit Malefoy avec un sourire un peu triste.

Harry lui rendit son sourire puis, d'un geste de sa baguette, fit approcher un tabouret. Malefoy s'y assit et Harry, à l'aide de petits sortilèges de guérison qu'il avait acquis en soignant ses animaux et Lupin après chaque pleine lune, désinfecta et referma soigneusement une à une les vilaines plaies du dos de Malefoy. Il n'allait pas pouvoir effacer les cicatrices, malheureusement, pas après tant de temps restées ouvertes, mais au moins, le Serpentard n'aurait plus besoin d'user d'un sortilège pour avoir un dos bien lisse.

Tandis qu'Harry s'occupait des blessures, Malefoy se mit à parler de son père, de la façon dont il se vengeait sur lui avec sa canne ou sa ceinture quand il était en colère. Parfois, il lui était même arrivé de lui lancer le Doloris. Une fois, Lucius avait retourné une gifle à son fils, sans aucune raison apparente, sinon qu'il devait être en colère et devait se défouler sur quelque chose.

— Et ta mère ne disait rien ? demanda Harry.

— Elle ? siffla Malefoy. Elle le laissait faire sans rien dire ! Elle avait trop peur de lui !

— Mais pourtant, c'est une Black, elle a un caractère bien trempé, elle aussi...

— Justement, dit Malefoy en regardant Harry par l'intermédiaire du grand miroir en pied au bout de la chambre. Deux forts caractères ne vont pas toujours ensemble, parfois il y a des étincelles, mais entre mes parents, c'était une guerre continue et moi j'étais au milieu, les insultes et les coups me pleuvant dessus la journée durant. En venant à Poudlard, je pensais trouver enfin le calme mais c'était trop beau. Les sarcasmes de Crabbe et Goyle me passaient au-dessus mais je prenais les tiens et ceux de Weasley en plein cœur.

— Sérieusement ?

— Oh, oui... fit Malefoy en hochant la tête. Tu ne peux pas savoir comme ça fait mal de se prendre un « sale fils à papa » de face alors qu'on méprise son père au plus haut point. Et puis avec Pansy qui me collait sans arrêts... Je ne ressemble en rien à cette infamie qui m'a servi de père. Il mérite d'être à Azkaban. Et ma mère devrait y être aussi, tien ! Mais le Ministère a jugé qu'elle n'avait rien à voir dans les exactions de mon père, alors...

— Arrête, dit alors Harry. Tu te fais du mal pour rien.

Malefoy eut un soupir las puis il roula des épaules et Harry continua ses soins jusqu'à très tard dans la nuit pour ne pas dire tôt le lendemain matin car quand ils allèrent se coucher, chacun dans leur lit respectifs, l'aube rosissait l'horizon.

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