Chapitre 40

Harry était assis sur le lit à côté de celui où se trouvait son compagnon, encore endormi. Cela faisait une bonne heure maintenant qu'il était là, et il laissa son regard longer le corps de son amant. Il sentit alors sa gorge se serrer, mais aucune larme ne vint. Il avait tellement pleuré depuis que Pomfresh l'avait laissé, qu'il n'avait plus de larmes et cela en était mieux ainsi. Il serait alors plus à même de consoler Drago lorsqu'il se réveillerait, tout du moins l'espérait-il, car il n'avait jamais été doué pour consoler qui que ce soit...

Madame Pomfresh s'approcha alors du Gryffondor avec une cruche d'eau et un verre posé sur un plateau. Elle lui proposa à boire, mais le brun refusa, bien que son sourire parût un peu trop forcé au goût de l'infirmière.

Celle-ci déposa alors son plateau sur la table de chevet. Elle s'en retourna ensuite dans son bureau non sans laisser échapper un profond soupir qui résumait très bien son état, de même que les deux larmes qui se noyèrent dans le col serré de sa robe de sorcière.

Drago ne revint à lui qu'après le déjeuner. Harry était resté près de lui et Madame Pomfresh lui avait apporté un sandwich qu'il terminait de manger, un peu contraint et forcé, quand son compagnon gémit et battit des paupières.

Harry posa aussitôt le quignon du sandwich dans l'assiette posée sur la table de nuit, puis il se pencha vers son compagnon. Le blond tourna alors la tête et sortit un bras de sous le drap. Il voulut se redresser, mais grimaça et il soupira en enfonçant sa tête dans l'oreille.

— Harry ? dit-il en cherchant à faire le point au milieu de la buée de son cerveau. Chéri...

— Je suis là, mon amour, dit le Gryffondor sans bouger du lit voisin où il était toujours assis.

Quand le blond eut recouvré tous ses esprits, il se remua les mâchoires et soupira.

— Harry, le bébé... Tu l'as vu ? Comment est-il ? demanda-t-il alors.

Aïe ! La question qui tue. Harry se crispa légèrement.

Voyant que son compagnon ne répondait pas à sa question, Drago se redressa légèrement sur les coudes au prix d'une douleur aiguë dans l'abdomen.

— Harry, insista le Serpentard. Harry, réponds-moi, où est mon bébé ?

Harry serra alors les mâchoires en détournant la tête et les larmes qu'il croyait taries se remirent à couler. Que l'on ait ouvert un robinet reviendrait au même !

— Harry ! insista Drago d'une voix plus forte. Harry ! Où est mon bébé, pour l'amour du Ciel !

— Je suis désolé, hoqueta le Gryffondor, le visage dans ses mains. Pardon Drago !

Et il sauta du lit et s'enfui de l'infirmerie en courant. Pomfresh jaillit alors de son bureau et tenta de retenir le Gryffondor, mais la porte se referma sur lui.

— Harry ! s'écria Drago en se redressant. Aïe !

Il se laissa lourdement retomber dans l'oreiller et Madame Pomfresh s'approcha alors vivement de lui. Elle agita sa baguette et le blond soupira comme la douleur s'effaçait.

— Madame Pomfresh, dites-moi où est mon fils, je vous en supplie... demanda alors le jeune homme. Dites-le-moi, je vous en supplie... Est-il malade ? Difforme ? Dites-le-moi...

L'infirmière pinça les lèvres d'un air embarrassé puis elle baissa la tête avant de la relever, les mains serrées sur sa baguette.

— Il n'y a pas trente-six façon d'annoncer ça, dit-elle alors. Monsieur Malefoy, je suis désolée, mais votre fils n'est plus de ce monde...

Le Serpentard ouvrit la bouche et devint alors aussi blanc que les draps.

— Quoi ? dit-il. Ce n'est pas vrai... Non, dites-moi que ce n'est pas vrai !

Pomfresh se mordit la lèvre et secoua la tête.

— Je suis navrée, dit-elle. Le Docteur Steller a fait ce qu'il a pu pour essayer de le sauver, mais il est mort quelques secondes après sa naissance. Je suis sincèrement désolée, Drago, si vous saviez à quel point...

— Mort... répéta Drago d'une voix blanche. Mais enfin ! Ce n'est pas possible ! Vous m'avez vous-même dit que nous allions tous deux bien ! Je l'ai encore sentit bouger ce matin ! Madame Pomfresh... gémit le Serpentard.

— Calmez-vous, Monsieur Malefoy, par pitié, calmez-vous...

Les yeux noyés de larmes, Malefoy porta ses mains à son visage, allongé sur ses oreillers, et se mit à hoqueter. Il renifla puis plaqua son bras sur son visage et Pomfresh lui prit la main droite. Elle s'assit près de lui et le laissa pleurer sans rien dire.

Quand Drago se fut calmé après avoir bu un peu d'eau, l'infirmière le laissa tranquille en tirant un grand rideau autour du lit. Alors qu'elle s'éloignait en entendant les sanglots étouffés du jeune homme, elle prit son grand tablier et s'essuya le coin des yeux avant de refermer la porte de son bureau.

Quand il eut entendu le bruit de la lourde porte du bureau de Pomfresh, Drago cessa de pleurer et se redressa sur les coudes. Maladroitement, il remonta contre son oreiller puis il repoussa le drap qui le recouvrait et souleva la chemise de pyjama qu'on lui avait passé. Il regarda alors son ventre barré d'un large pansement blanc légèrement froissé.

Il posa une main dessus et appuya légèrement du bout des doigts. Il sentit ses abdominaux encore un peu détendus, mais plus aucune trace de la plaque dure qu'il pouvait, encore hier au soir, sentir quand il appuyait légèrement sur le dessus de son ventre... Il soupira alors profondément, une terrible impression de vide, comme si on l'avait vidé de ses entrailles à vif...

— Mon bébé... soupira-t-il en posant sa main à plat au niveau de son estomac. Pourquoi... ?

Il regarda par la haute fenêtre à sa droite qu'il voyait par-dessus la barre du rideau, et vit passer une chouette fauve. Une noire suivit aussitôt puis plus rien. Dans le bureau, un puissant bruit de trompette se fit soudain entendre, signe que Madame Pomfresh était tout aussi bouleversée que le jeune père qui venait de perdre son second enfant en à peine deux ans.

Dans les appartements d'Hermione, cependant, Dumbledore et McGonagall, mis au courant du drame, péroraient sur l'hypothèse des deux Gryffondors.

— Je n'ai jamais bien aimé cette famille, dit Dumbledore, assit derrière le bureau de la jeune femme. Ils sont Mangemorts ou Mages Noirs depuis plusieurs siècles et je suis certain que le dernier fils de cette famille trempe dans toujours des choses peu claires. Steller senior, le père de ce médecin, était élève ici il y a bien des années. Comme vous vous en doutez, il était à Serpentard, tout comme son fils, vingt ans après lui, et j'avoue que même Drago Malefoy était loin d'égaler cette petite punaise qui passait son temps à faire des blagues de mauvais goût voire dangereuses, aux professeurs comme aux élèves !

— Quoi qu'il en soit, j'ai peur que Monsieur Malefoy ne sombre dans la dépression, dit McGonagall. Je sais ce que c'est de perdre un enfant, j'en ai perdu un dans cette maudite guerre, et on ne s'en remet jamais totalement.

— Mais il ne venait sûrement pas de naître, dit Hermione.

— Non, en effet, il avait un peu plus de quarante ans, répondit le professeur de Métamorphose en plissant le nez. Mais cela revient au même. Il lui faudra toute l'aide que vous pourrez leur apporter pour soulager sa peine, bien qu'un tel chagrin ne s'estompe jamais.

Dumbledore regarda la vieille femme debout près du bureau.

— Je vais les envoyer à la campagne, chez un ami, annonça-t-il alors. Drago y sera au calme et il pourra faire son deuil tranquillement. Je pense que Harry devrait aller avec lui, aussi, il tenait beaucoup à ce bébé, quand bien même il n'était pas de lui.

Hermione regarda le vieil homme et serra les lèvres.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée, dit-elle en croisant les bras. Harry voudra surement nous aider à chercher Steller, il ne partira pas sans savoir ce qui est réellement arrivé à ce bébé...

— Oh non, Hermione, répondit Dumbledore en secouant la tête. Dans l'état où vous êtes, il est hors de question que vous battiez le monde à la recherche d'un prétendu voleur d'enfant. Quant à vous, Monsieur Weasley, le professeur Bibine pourra bien se passer de vous pendant quelques jours.

— Merci professeur, dit Ron.

Hermione croisa les bras sur son ventre plus gros chaque jour et grogna quelque chose.

— Inutile de faire la tête, miss Granger, dit McGonagall. Vous êtes trop proche de votre terme pour ne serait-ce que quitter le château. Vous devriez même rester à l'infirmerie.

— Avec Drago qui pleurniche toute la journée ? Non, merci, dit Hermione. Si, quand j'aurais mon enfant, il est toujours à l'infirmerie, je préférais que Pompom vienne chez moi. Je me sentirais coupable d'être heureuse en sachant Drago pleurer la disparition de son enfant.

Dumbledore hocha la tête lentement puis se leva en soupirant.

— Bien, dit-il. Espérons que vos recherches donneront quelques fruits, Monsieur Weasley. Bonne journée à vous deux.

Hermione et Ron hochèrent la tête puis McGonagall et le vieux directeur quittèrent l'appartement d'Hermione.

— Tu vas commencer par où ? demanda la brunette à son ami quand la porte se fut refermée.

— Déjà, attendons qu'il réponde à notre lettre, répondit Ron. S'il ne répond pas dans une semaine, j'irais à St-Mangouste et j'aviserais alors.

Il se leva pour partir puis ajouta :

— Quant à toi, je ne veux pas te voir dans les couloirs, ok ? Tu restes ici sans bouger.

— Mais ? Ron !

— Quoi ? dit le rouquin en fronçant les sourcils. Ce gosse a beau être celui de Monsieur Malefoy, il est aussi le tient et tu es ma meilleure amie.

Hermione sentit alors sa gorge se serrer et elle attrapa la main de Ron qui sourit.

— Si je n'avais pas déjà choisi le parrain, tu en aurais fait un très bon, dit-elle.

— Oui, peut-être, et puis Harry m'avait demandé d'être le parrain du gamin de Malefoy, dit Ron. Malheureusement...

— Hélas, soupira Hermione en baissant la tête. Enfin ! J'espère que tu vas vite mettre la main sur ce sagouin ! Si je n'avais pas été enceinte, je lui aurais volontiers tordu le cou de mes propres mains ! D'où on disparait avec un bébé, même décédé, avant que ses parents aient pu le voir et lui dire adieu ? C'est insensé !

Un silence s'installa alors et la jeune femme inspira profondément.

— À ton avis, pourquoi aurait-il fait cela ? demanda-t-elle alors.

— Quoi donc ?

— Ben, enlever le bébé de Drago, dit Hermione. Pourquoi vouloir enlever l'enfant d'un demi-Vélane ? Il n'y a rien d'extraordinaire là-dedans...

Elle se tu soudain et, tout à coup, elle et Ron se regardèrent, surpris.

— Et si l'enfant avait quelque chose de particulier ? demanda Ron.

— Particulier dans quel genre ? demanda Hermione.

— C'est un bébé de magie, Mione... Malefoy n'a pas eut besoin d'un apport extérieur pour le concevoir !

Hermione cligna des paupières, étonnée.

— Et tu penses donc qu'il a quelque chose de particulier, que Steller s'en est rendu compte, et qu'il a monté tout cette histoire dans le seul but de s'emparer de ce bébé en laissant son père dans le désespoir le plus total ?

Ron opina vivement.

— Oui, ce serait plausible, mais quel genre de particularité ? demanda alors Hermione. Des pouvoirs hors puissance ? Drago est un Mangemort, il est puissant, mais aussi à moitié Vélane, donc encore plus puissant qu'un Mangemort normal, qu'un sorcier normal, même... La créature en lui a été capable de concevoir seule un enfant... Tu crois que ce bébé aurait quelque chose de particulier au point qu'un homme le veuille pour lui tout seul ?

— Je ne sais pas, dit Ron en se passant une main sur la nuque. Très certainement... Il faudrait chercher des informations sur les Vélanes, sur leurs bébés, sur les créatures nées de la magie, sur... tout ce qu'on pourrait trouver qui pourrait avoir un lien avec ce gosse, en fait. Mais je ne sais pas où on pourrait trouver tout ça...

Hermione esquissa un sourire.

— Je m'en occupe, dit-elle. Toi, essaie de trouver Harry, il tenait beaucoup à ce bébé, il ne faudrait pas qu'il reste tout seul. Mais ne lui dit rien sur tout ce qu'on vient de dire, d'accord ? Pas tant qu'on n'en sait pas plus.

Ron hocha la tête puis demanda où son meilleur ami pourrait se planquer.

— Sûrement dans la Forêt Interdite, répondit Hermione. Tu sais qu'il y va souvent quand il veut être seul...

— Oui, mais ne compte pas sur moi pour y aller tout seul, grommela Ron. Mon Animagi de loup est un peu trop faible contre les Centaures, Sombrals et autres bestioles qui traînent là-bas...

— Sombrals, tu dis ? Ce n'est pas l'Animagi de Rogue par hasard ?

— Si, mais je ne vois pas en quoi...

— Non, et puis Rogue a sûrement autre chose à faire que de courir après Harry... soupira Hermione. On va juste attendre qu'il revienne, il aime trop Malefoy pour le laisser seul plus d'une journée.

Hermione soupira alors puis Ron lui souhaita une meilleure journée possible avant de la quitter.

En passant près de l'infirmerie, quelque chose le poussa à y aller, mais il se retint, se contentant de regarder dans la vaste pièce en restant sur le seuil. La lourde porte du bureau de Pomfresh était entrouverte et un grand rideau avait été tiré autour du lit de Drago dont on voyait l'ombre chinoise par transparence.

Ron reprit son chemin avec un soupir et ses pas le menèrent dans le grand hall d'entrée, précisément au moment où Dumbledore, Rogue, Lupin et McGonagall se demandaient où était passé Harry. Se cachant derrière une colonne, Ron écouta les quatre professeurs discuter près de la porte de la Grande Salle et il entendit Dumbledore dire à Rogue d'aller dans chercher dans la Forêt Interdite. Lupin, lui, était dépêché à Pré-au-Lard.

Une fois les professeurs dispersés, Ron sortit de sa cachette et s'adossa à la colonne. Il regarda passer un groupe de Gryffondors qui le saluèrent timidement avant de s'éloigner d'un pas rapide, puis le rouquin descendit dans le hall et pénétra dans la Grande Salle où quelques élèves faisaient leurs devoirs en attendant leur prochain cours. Il était trois heures de l'après-midi et la plupart des élèves était dehors.

Harry, pendant que tout le monde le cherchait dans le château, s'était réfugié près du grand lac de Poudlard, sous sa forme Animagi.

Allongé sur le flanc, la tête posée sur son antérieur gauche replié, il essayait de chasser les pensées noires qui avaient envahi son esprit et son cœur depuis qu'il avait fui l'infirmerie au réveil de son compagnon. Il se retenait également de redevenir humain et de courir prendre Drago dans ses bras. Il s'en empêchait parce qu'il était aussi bouleversé que le blond et que si jamais Drago se mettait à pleurer dans ses bras, il pleurerait lui aussi.

Rogue descendait les marches du perron du château et se dirigeait vers la cabane de Hagrid en vue de pénétrer dans la forêt, quand quelque chose attira son œil sur la droite, vers le lac. Il s'arrêta de marcher et se tourna vers ledit lac. Il y découvrit alors la forme massive et sombre du Cerf, l'Animagi de Harry.

Merci Merlin, pensa-t-il, n'ayant ainsi pas à entrer dans la Forêt Interdite.

S'approchant à grands pas, il s'arrêta à environ deux mètres d'Harry qui ne bougea pas d'un pouce, se contentant de suivre de ses yeux verts l'homme vêtu de noir des pieds à la tête. Se tournant face au lac en croisant les bras, Rogue soupira.

— Changez-vous, Potter, je dois vous parler, dit-il.

Le Cerf émit alors un profond soupir puis Harry se leva et redevint lui-même. Il s'assit alors sur un rochet et se frotta le visage.

— Et qui vous dit que j'ai envie de vous parler ? Peut-être ai-je envie de rester seul ? Mon compagnon vient de perdre son bébé, je n'ai pas vraiment la tête à discuter, Monsieur.

— Je le sais, hélas, soupira Rogue en baissant la tête. Et vous m'en voyez désolé. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour retrouver ce bébé et lui donner des funérailles décentes.

Il décroisa ensuite les bras et ajouta :

— Steller était un de mes amis du temps de Voldemort, dit-il. Disons que nous avons appris ensemble tout ce que nous savons sur les demi-Vélanes...

— Vous aussi vous êtes calé sur ces créatures ? demanda Harry, à présent intrigué.

— Presque autant que Steller, dit Rogue. Mais j'ai préféré me tourner vers les Potions puisque c'est coutume dans ma famille. Je ne me souviens plus trop de mes cours sur ces créatures magiques, c'est la raison pour laquelle Lucius ne s'est pas adressé à moi, j'ai cessé d'étudier il y a trop longtemps, pas Steller...

— Puisque que vous semblez en savoir autant que ce médecin, savez-vous pourquoi le bébé est mort peu après sa naissance ? demanda Harry.

— Malheureusement je l'ignore, je ne suis pas médecin, répondit Rogue en haussant les épaules. Mais j'ai un doute, et je suis quasiment certain que Steller n'est pas tout blanc dans l'histoire...

— Tout blanc ? Comment ça ? Que voulez-vous dire ?

— Vous en savez suffisamment sur les Vélanes pour savoir qu'elles font des enfants toutes seules, expliqua Rogue.

Il se dirigea vers un troc d'arbre renversé qui faisait office de banc, à quelques mètres de Harry qui pivota sur son rocher. Le sombre professeur s'assit alors en soupirant.

— En temps normaux, du moins, reprit-il.

— En temps normaux ? répéta Harry. Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Drago Malefoy n'est pas un demi-Vélane comme les autres, dit Rogue en regardant le jeune homme debout devant lui. Il est aussi un sorcier très puissant, un Mangemort... J'imagine que Steller a monté tout un plan pour, je ne sais pas, s'approprier les pouvoirs d'un bébé de magie, couplé aux pouvoirs d'un jeune sorcier déjà puissant, transformé en Mangemort, et donc encore plus puissant...

Au fur et à mesure que l'information faisait son chemin dans l'esprit de Harry, la vérité commençait à se dessiner.

— Tout va bien, Potter ? Vous êtes tout pâle... demanda soudain Rogue.

— Je... dit Harry en levant les yeux sur l'homme. Je viens de comprendre ce que vous sous-entendez...

— Et qu'aurais-je sous-entendu ?

— Steller, dit alors Harry en se levant lentement. Steller, il m'a volé l'enfant... Il nous a fait croire qu'il était mort-né, mais il l'a volé, j'en suis certain maintenant, Monsieur. Ce n'est pas possible que Gabriel soit mort-né. Il était en parfaite santé, tout comme Drago... Pomfresh l'avait certifié !

Rogue haussa les sourcils.

— Gabriel ? demanda-t-il.

— C'est l'un des noms que Drago avait choisis, et je l'aimais bien alors... dit Harry avec un petit sourire en baissant la tête.

Il marqua un temps d'arrêt puis fronça les sourcils.

— Il faut retrouver cette crapule ! dit-il alors. Si cet enfant est aussi puissant que vous le dites, le laisser entre les mains d'un Mangemort cupide n'est absolument pas une bonne idée !

— Et nous allons t'y aider, dit alors la voix de Ron derrière Rogue.

Celui-ci se retourna et recula d'un pas pour laisser Hermione s'approcher avec la démarche gracieuse d'une baleine. Ron la suivait en lui tenant le bras.

— Harry, je ne devais pas t'en parler avant d'en savoir plus, mais avec Hermione, nous avons pensé que Steller avait fait un sale coup, dit le rouquin. Ce n'était pas normal qu'il disparaisse aussi vite avec le corps du bébé...

— J'ai demandé à plusieurs personnes dans un hôpital, et toutes m'ont assuré qu'elles laissaient les parents d'un bébé décédé, quelques heures avec leur enfant pour qu'ils puissent lui dire adieu et faire leur deuil plus facilement.

— Steller a disparut dès que le bébé a été extrait, dit Rogue en grimaçant. Pomfresh m'a tout raconté et malgré mon manque de connaissances sur le sujet, j'ai également trouvé son attitude très bizarre...

— Nous lui avons alors envoyé une lettre, dit alors Hermione. Et ma chouette vient de revenir avec cette même lettre ce qui veut dire qu'elle n'a pas trouvé son destinataire...

— Une chouette retrouve toujours le destinataire d'une lettre, miss Granger, où qu'il soit dans le monde, dit Rogue en fronçant les sourcils.

— Sauf s'il ne veut pas être retrouvé, dit Hermione avec un petit sourire. Et quelqu'un qui ne veut pas être retrouvé, à forcément quelque chose à se reprocher.

Le petit groupe resta silencieux un moment avant qu'Harry ne se secoue.

— Nous allons partir à sa recherche, dit-il. Peu importe le temps que ça prendre, nous allons le traquer dans le monde entier et je vais ramener son fils à Drago.

— Je viens avec toi, dit Ron.

— Puis-je me joindre à vous ? demanda Rogue.

— Évidemment, dit Harry avec un hochement de tête. Je vais aussi demander à Lupin s'il veut venir. Étant donné que sa louve préfère bouder, il sera, je pense, d'accord pour nous accompagner.

Soudain Hermione porta soudain une main à son ventre.

— Oh, les gars, je crois que le départ va être différé... Mon bébé arrive...

— Oh non, dit Ron en pâlissant. Tu ne vas pas...

— J'ai bien peur que si, dit Hermione avec un petit sourire tendu en s'asseyant sur le rocher de Harry. Oh, Seigneur... gémit-elle ensuite.

— Je vais prévenir Poppy, dit Rogue. Dépêchez-vous de rentrer dans le château.

Il disparut ensuite dans le château à grandes enjambées et Ron et Harry prirent leur amie par les bras et la firent marcher lentement jusqu'au château. Soufflant bruyamment, Hermione eut beaucoup de peine à montrer les hautes marches du perron et elle ne fut pas fâchée de voir Hagrid arriver à grand pas dans le hall d'entrée. Quand il la hissa dans ses bras, les élèves présents se mirent à chuchoter et, en une dizaine de ses enjambées immenses, la jeune femme fut conduite à l'infirmerie.

Harry et Ron attendaient dans le couloir devant l'Infirmerie. Autour d'eux, tous les autres membres mâles des alentours faisaient les cents pas, aussi bien des élèves que des professeurs. Seules McGonagall et Pomfresh étaient restées pour assister la jeune femme.

Drago, toujours sur son lit, son chagrin estompé après quelques heures de repos, se reposait quand l'agitation lui fit ouvrir un œil. En entendant Pomfresh dire à Hermione de respirer et de se calmer, il comprit aussitôt que son demi-petit-frère n'allait pas tarder à pointer son nez dans le monde. Il serra les mâchoires en sentant une boule se former dans sa gorge, mais il refusa de pleurer. Il se leva alors de son lit en grimaçant et s'approcha d'Hermione, allongée sur un autre lit, de l'autre côté de la pièce.

— Vous devriez rester couché, Drago, dit McGonagall.

— Non, j'ai besoin de me changer les idées.

Il tira un tabouret et s'assit près de la Gryffondor qui posa sa main sur sa joue.

— Je suis désolée, Malefoy... dit-elle alors.

— Moi aussi, mais ton bébé nait le jour où le mien est décédé, son âme est peut-être la sienne, qui sait ?

Hermione haussa les sourcils puis sourit. Malefoy lui prit alors la main et la jeune femme se crispa comme une contraction lui engourdissait tout le bas du corps.

Dans le couloir, les hommes, Ron, Harry, Rogue, Hagrid, Lupin, tournèrent pendant plus de deux heures, sans parler. Alexandre et le couple Malefoy avaient été appelés, Monsieur Malefoy étant passé chez Alexandre pour l'amener à Poudlard via le réseau des cheminées.

La jeune Moldu tournait en rond au milieu du couloir. Ron, lui, se rongeait les ongles, et Lucius triturait sa canne, impatient que son fils vienne au monde, même si, pour tout le monde et surtout pour Alexandre qui ne se souvenait pas de cela, ce bébé était son fils à lui. Narcissa aussi jouait avec sa canne en argent et ivoire. Elle tuait le temps en dessinant les carreaux des pierres du sol avec le bout caoutchouté, mais l'inquiétude se lisait sur son visage, de même qu'une certaine impatience. En effet, étant à Poudlard, ils allaient pouvoir voir Drago, ce que Harry redoutait un peu. Personne n'aurait pu prévoir qu'Hermione accoucherait le même jour que Drago... Ce devait être dur pour lui qui venait de perdre son bébé, de voir son amie donner le jour à un bébé vivant en parfaite santé.

Après un temps d'attente qui leur parut interminable, les hommes entendirent enfin de puissants vagissements et Harry sentit son cœur se serrer. Comme il aurait aimé entendre ces cris quelques heures plus tôt ! Il refoula ses larmes et préféra rester dans le couloir quand McGonagall vint chercher le père, et Ron resta un moment avec lui, de même que Narcissa.

— Ça va aller ? demanda la femme en posant une main sur son épaule. Vous saurez gérer cela tous les deux.

— Je l'espère, répondit le Gryffondor. Je suis vraiment désolé pour Drago, si vous saviez, Madame Malefoy.

— Oh, je n'en doute pas, nous aussi nous avons été profondément surpris... Nous ne le montrons pas, mais la tristesse nous ravage, Monsieur Potter.

Harry hocha la tête et Lucius tourna les talons. Il entra dans l'Infirmerie et s'approcha d'Hermione.

— Félicitations, Miss Granger, dit-il. Voilà un beau garçon au sang-mêlé.

— Ah, ne commencez pas, Père, siffla Malefoy.

Lucius inclina la tête. Il n'avait en aucun cas voulu être méchant, mais il devait paraître comme d'habitude devant Alexandre. Celui-ci lui jeta d'ailleurs un regard aigu et Hermione se mordit les lèvres, s'empêchant de sourire. Tous savaient parfaitement que ce petit bout d'homme était un sorcier complet...

Narcissa et Ron entrèrent alors dans l'infirmerie tandis que McGonagall en sortait. Le bébé passa de bras en bras avant de retrouver ceux de sa mère, et le professeur de Métamorphose regarda Hermione entourée de tous. Elle sourit et Harry s'approcha d'elle.

— Vous n'allez pas voir le bébé, demanda la vieille femme.

— Non, pas maintenant, répondit le Gryffondor. Je le verrais plus tard, quand Drago sera sur pieds...

— Nous vous aiderons du mieux possible à retrouver votre fils, Monsieur Potter, dit alors McGonagall en posant une main sur l'épaule du jeune homme presque aussi grand qu'elle. Dumbledore connaît des centaines de personnes dans le monde entier et croyez-moi, Harry, nous le retrouverons et il vous sera rendu. Steller... Vous n'auriez sans doute pas dû lui faire confiance. Mangemort un jour, Mangemort toujours, comme on dit.

Harry hocha la tête puis son visage se durcit et il serra le poing.

— Si je tombe sur ce Steller pendant mes recherches, je vous jure que le tue moi-même.

McGonagall préféra ne rien dire et Harry s'éloigna. Il remonta à la tour de Gryffondor et fondit dans son armoire, tout au fond. Il en tira un gros sac e voyage typiquement Moldu, et le vida sur le sol. C'était le sac que lui avait remis Voldemort avant de mourir, bien des mois en arrière.

Harry étudia les objets puis attrapa un carnet plutôt épais et qu'on avait manipulé pendant très longtemps. Il lui rappela le journal intime de Tom Jedusor, auquel il avait eu affaire en deuxième année, mais celui-ci était encore plus et contenait la liste de tous les Mangemorts ayant été sous les ordres de Voldemort, depuis le tout début de son accession au « trône » de plus puissant sorcier du monde. Chaque page portait un nom, un prénom ainsi qu'une adresse qui se mettait à jour dès que le sorcier déménageait.

Dans le sac, Harry avait également trouvé tous les actes de propriété des maisons et manoirs que possédait le Lord avant sa mort. Il en avait fait d'Harry le propriétaire à présent. Et des maisons, et des Mangemorts encore vivants...

Harry regarda les parchemins qu'il avait éparpillés sur le tapis de sa chambre. Il se souvenait du jour où il les avait sortis de leur tube de métal, peu après son retour du manoir du Lord. Habitué aux faits étranges, il n'avait qu'à peine sourcillé quand le nom de naissance de Voldemort, à savoir Tom Elvis Jedusor, inscrit sur les parchemins dans la case « Propriétaire Légal », s'était effacé pour, à la place, inscrire « Harry James Potter ».

À défaut de pouvoir lui rendre ce qu'il lui avait volé, à savoir ses parents et Sirius, Voldemort lui léguait tous ses biens, y compris son coffre-fort à Gringotts qui, même si les trois quarts de l'argent se trouvant là-bas était de l'argent sale, était plutôt bien pourvu, très bien même, et servirait sans doute, dans le futur, à de meilleures choses que jusqu'à maintenant.

Reportant son attention sur le petit carnet, Harry l'ouvrit et le feuilleta ensuite jusqu'à la lettre S. Quand il y fut, il continua de feuilleter jusqu'à ce qu'il tombe sur Steller, Andy Steller. En suivant la ligne de l'index, il sourit en voyant l'adresse où vivait l'homme à l'époque de Voldemort : À Londres. Apparemment, il n'avait pas encore déménagé, mais quand même, il serait facile à retrouver avec ce petit bijou de magie. Sans aucun doute les Aurors paieraient très cher d'avoir ce carnet entre leurs mains...

Harry sourit. Non, ce serait donner de la confiture aux cochons. Qu'ils cherchent un peu, après tout, ils étaient payés pour ça, qu'ils servent à quelque chose !

Bien que ce ne fût pas l'envie qui lui en manquait, Harry se retint cependant de jeter une poignée de Poudre de Cheminette dans son feu pour aller pincer immédiatement cet affreux kidnappeur de bébés.

C'était Drago qui le retenait, et le fait qu'il ne savait pas que l'enfant qu'il avait mis au monde était peut-être encore vivant, enlevé par un homme sans scrupules, simplement pour bénéficier du pouvoir démesuré d'un enfant né d'un puissant sorcier doublé d'une Vélane...

Crispant les mâchoires en fronçant les sourcils, Harry referma le carnet d'un coup sec et resta là, agenouillé sur le tapis, les poings serrés. À ce moment-là, il se jura de tuer par tous les moyens et de ses propres mains cet être odieux, quoi qu'en disent ses amis et son compagnon ! Et tant pis pour les bonnes résolutions !

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