Chapitre 4

Exceptionnellement, Dumbledore donna la permission aux élèves de passer les vacances chez leurs camarades, faisant office de tuteur pour qui ne pouvait pas rentrer chez lui pour une raison ou pour une autre. McGonagall avait fait circuler des parchemins à tous les élèves en les priant de se rendre dans son bureau si un tel ennui se présentait afin qu'elle délivre une autorisation spéciale valable qu'une seule fois.

Finalement, et après moult accrochages, tous les élèves furent casés, soit chez eux, soit chez des amis et, la veille des vacances, le Poudlard Express quitta Pré-au-Lard avec la totalité des élèves du collège, n'y laissant que quelques professeurs, le directeur, les trois Gryffondors et le Serpentard.

Le matin du premier jour des vacances, Harry décida de faire la grasse matinée mais ce n'était visiblement pas au goût de Ron et – surtout ! – d'Hermione qui se pointèrent à neuf heures à la porte de la tour.

Hermione donnait de furieux coups de poings contre le panneau de bois pour faire lever Harry et celui grogna, bien au chaud dans son lit, n'ayant absolument pas envie de se lever.

— Harry ! Malefoy ! hurla-t-elle. Debout !

D'un même accord, les deux garçons se retournèrent dans leurs lits respectifs en grognant, Harry aplatissant son oreiller sur sa tête et Malefoy se coinçant les mains derrière la tête de façon à ce que ses bras bouchent ses oreilles.

— Nom de... jura Hermione en posant la main sur la poignée de la porte.

— Hermione ! s'indigna Ron. Aller vient, laisse-les dormir...

— Mais Ron... supplia Hermione. Il est neuf heures et demie !

— Et alors ? Ce n'est pas parce que nous, nous sommes déjà debout qu'ils doivent en faire autant, dit Ron en arrêtant le poing de la jeune fille qui allait de nouveau s'écraser contre la porte. Tu m'as descendu de mon lit à huit heures, je te rappelle...

— Oui mais toi, tu es habitué, dit Hermione avec un sourire malicieux.

Ron soupira puis Hermione soupira de concert et finit par céder.

— Hé bien soit ! Qu'ils fassent la grasse matinée, je voulais juste les emmener à Pré-au-Lard !

— Aller, ça va, pas la peine de réveiller tout le château, dit Ron en saisissant la jeune fille par le poignet et en l'entraînant dans l'escalier.

Dans sa chambre, Harry sortit la tête de sous son oreiller et soupira.

— Sacré Hermione, dit-il. Elle ne fera jamais la grasse matinée.

Il laissa retomber sur sa tête sur le coussin puis, deux minutes plus tard, il s'assit en marmonnant.

— C'est malin, je peux plus dormir...

Il se leva alors et, enfilant une robe de chambre, il descendit.

Quelques minutes plus tard, Malefoy le rejoignit, à peine plus réveillé que lui.

— Tu es tombé du lit ? demanda Harry en repliant ses jambes dans le canapé.

Le Serpentard le regarda en se frottant le visage d'une main.

— C'était qui, la furie ?

— Hermione, dit Harry en réprimant un bâillement. Si j'ai bien compris, elle voulait nous emmener à Pré-au-Lard.

— Pitié, dit alors Malefoy en se laissant tomber dans un fauteuil près de lui. Pas dès le premier jour des vacances ?

Harry sourit puis soupira.

— Ses cris m'ont réveillé, dit-il en s'étirant les bras. Il me semble que Ron était avec elle mais je n'en suis pas sûr.

Malefoy leva alors les yeux vers la fenêtre.

— Tu as du courrier.

— Hm ? dit Harry en tournant la tête vers la fenêtre.

Moka pénétra au même moment dans la tour, provoquant un léger éclair blanc quand il passa le sort qui empêchait le froid d'entrer et la chaleur de sortir malgré les fenêtres ouvertes. Harry se redressa mais le hibou fondit sur Malefoy et lâcha son parchemin sur ses genoux.

— Qui peut bien t'écrire ? demanda Harry. Personne n'est censé savoir que tu es ici... À moins que tu l'aies dit à quelqu'un ?

Malefoy haussa les épaules et regarda le sceau.

— Génial... marmonna-t-il en laissant retomber sa main sur le bras du fauteuil.

Harry se leva et se pencha pour voir le sceau.

— Ta mère ?

— Ouais...

Il posa le parchemin sur la table basse et soupira.

— Tu ne lis pas ?

Malefoy reprit le parchemin et le lui lança.

— Lis-la, toi, je n'ai pas envie.

Harry attrapa le rouleau puis regarda le sceau de la famille Malefoy. C'était un serpent enroulé sur lui-même. Malefoy senior arborait le même bijou sur son manteau.

Harry regarda ensuite Malefoy qui lui fit un signe de la tête pour le presser et Harry décacheta le parchemin. Il le déroula et constata que Madame Malefoy avait une très belle écriture. Il le lut en silence puis dit :

— Ta mère sait que tu caches ici, du moins elle s'en doute après que les Mangemorts ont fouillé plusieurs fois le Manoir à ta recherche et dit que tu t'étais enfui. Mais elle ne sait pas depuis quand ni pourquoi. Elle dit qu'elle voudrait bien que tu rentres à la maison parce qu'au moins, elle saurait où tu es...

— Il en est hors de question ! dit Malefoy un peu abruptement.

Harry eut un mouvement de recul et Malefoy le regarda.

— Désolé... Continue...

— Ta mère a demandé au Ministre que ton père soit autorisé à rentrer chez vous pour Noël mais elle n'a toujours pas de réponse de Fudge. Elle espère que tu vas bien et elle t'embrasse. Et c'est signé... Narcissa Malefoy.

— C'est bien ma mère ça, dit Malefoy. Elle ne sait pas que les rouages de la politique sont bien plus compliqués que ça et que ce n'est pas une simple fête de Noël qui va tout déclencher. Parfois, je la trouve trop naïve.

— Malefoy ! s'indigna Harry en roulant le parchemin. C'est ta mère...

Malefoy en haussa les épaules.

— Je vais te dire, pour le peu qu'elle s'est occupé de moi une fois que j'ai eu sept ans... marmonna-t-il.

Et il fit un geste de la main pour bien montrer à Harry qu'il s'en fichait comme de sa première robe de sorcier. Harry fit une grimace puis se leva. Il se dirigea vers son bureau, prit une plume et du parchemin et revint vers Malefoy à qui il les tendit.

— Et tu veux que j'en fasse quoi ?

— Réponds-lui, dit Harry.

— Non, dit Malefoy en repoussant les mains d'Harry.

— Malefoy... dit Harry. Elle s'inquiète pour toi. Réponds-lui... Tu n'as pas besoin de faire un mètre de parchemin... juste quelques mots suffiront, au moins pour qu'elle sache que tu vas bien...

— Je n'en ai pas envie... bougonna Malefoy.

— Tête de mule, va, dit Harry.

Il posa la plume et le parchemin sur la table basse puis alla s'habiller.

Malefoy avait menti cependant car, une fois qu'il entendit l'eau de la douche, il se rua sur le parchemin et la plume et écrivit à sa mère. En réalité, il n'aimait pas que quelqu'un le regarde écrire. Cela le déconcentrait et puis il arrivait mieux à s'appliquer quand personne ne le regardait. En plus, il jeta un sort au parchemin pour seule sa mère puisse le lire et surtout, pour ne pas qu'il puisse être traqué. Il n'avait aucune envie de trahir Harry en faisant venir des Mangemorts jusqu'aux grilles du domaine.

Quand les deux garçons, frais et dispos, rejoignirent le peu de personnel encore présent dans la Grande Salle pour prendre le petit-déjeuner, Harry s'étonna de voir les professeurs d'une humeur aussi festive.

— Je crois qu'on s'est trompé de salle, chuchota Malefoy.

— J'en ai bien l'impression... répondit Harry.

Dumbledore les remarqua alors et leva les bras.

— Ha ! Voici deux de nos loirs ! Aller, venez !

— Loirs ? s'étonnèrent Malefoy et Harry d'une même voix.

Ils se sourirent puis s'approchèrent de la grande table et s'installèrent entre Hermione et le bout de table, en face des places habituelles.

— Ça fait bizarre de manger de ce côté, dit Harry à Lupin qui se trouvait en face de lui.

— Oui, dit-il. Mais on s'en fiche, il n'y a pas d'élèves.

— Minerva, dit alors Dumbledore. Où sont Severus et Sybille ?

— Ils doivent sûrement dormir encore, répondit McGonagall en plongeant une cuillère dans un grand mug de café noir.

— À chaque fois c'est pareil, dit Dumbledore en remuant son thé à je-ne-sais-quoi mais qui rendait l'eau rouge vif. Le premier jour de vacances il n'y a plus personne pour déjeuner avec vous.

Harry remarqua alors que, parmi les professeurs restants au collège pour les vacances de Noël, il y en avait plus qu'il ne le pensait. Il y avait Dumbledore, Lupin, McGonagall, Pomfresh, Bibine, Vector, Flitwick, Sinistra et aussi Rogue et Trelawney qui n'étaient actuellement pas présents à table, de même que Hagrid qui lui aussi devait faire la grasse matinée, plus quelques-uns qu'il connaissait juste de nom.

— On fait quoi aujourd'hui ? demanda alors Ron en regardant Harry, Hermione et Malefoy.

Les deux garçons haussèrent les épaules.

— Puisque que vous êtes levés, les garçons, j'ai bien envie d'aller... commença Hermione.

— Oh non... soupirèrent les trois garçons d'une même voix.

Les discussions des professeurs s'interrompirent et tous les regardèrent, étonnés.

— Ce que nous disons ne vous plait pas les enfants ? demanda Dumbledore, intrigué.

— Pas du tout, dit Hermione, froissée. Ces messieurs ne sont simplement que de gros fainéants.

— Je vois tout à fait de quoi vous voulez parler, Miss Granger, dit le professeur Sinistra en souriant.

— Merci, dit Hermione.

— Qu'entends-je ? demanda Flitwick. Les femmes se rebellent, maintenant ?

— Attention, Filius, dit McGonagall avec un petit sourire tout en agitant sa petite cuillère sous le nez du petit professeur. Si vous voulez jouer à ça, vous aller vous en souvenir.

— Oh... marmonna une voix. Vous en faites du bruit de si bon matin...

Toutes les têtes se tournèrent vers le professeur Trelawney qui arrivait doucement, encore froissée par sa nuit de sommeil. Rogue la suivait, aussi frais qu'un gardon, engoncé dans son complet noir.

— Bonjour, Sybille, dit Dumbledore.

— Bonjour, monsieur, répondit le professeur de Divination avec un gros soupir. On vous entend depuis le hall...

— Bonjour, Severus...

— Mhm... répondit le professeur de Potions en contournant la table et en se laissant tomber sur une chaise à côté de Vector.

— Ça n'a pas l'air d'aller, Severus, dit McGonagall.

— Si, si, répondit Rogue, évasif. J'ai simplement quelques soucis, rien de grave.

— Ha bon... dit McGonagall.

Elle regarda Dumbledore qui haussa les épaules puis Hermione se leva et, empoignant Harry, Ron et Malefoy par la capuche de leur cape, elle dit :

— Vous trois, venez, on y va...

— Hé ?! s'exclamèrent les trois garçons.

— Bon, dit Hermione.

Elle tira sa baguette magique et la pointa sur les trois garçons.

— Wingardium Leviosa !

— Hé mais... !!

— Bravo, Miss ! s'exclama le petit professeur Flitwick en applaudissant.

— Merci, dit Hermione avec un sourire. Dans la vie, il faut savoir distinguer le dominant du dominé

Elle jeta un coup d'œil aux trois garçons suspendus dans les airs, les bras croisés et visiblement bougons. Ron tournoya alors et se retrouva la tête en bas. Harry le remit dans le bon sens puis Hermione s'éloigna en les tirants derrière elle, sa baguette magique pointée sur eux.

— Je déteste quand elle fait ça, marmonna Ron qui s'accrochait à Harry pour ne pas se retrouver la tête en bas.

— Elle l'a déjà fait ? demanda Malefoy en essayant de garder son équilibre tant bien que mal.

— Oh oui, dit Harry. Plusieurs fois, même. Faudra t'y faire...

— Heu... Miss... dit alors la voix de McGonagall.

— Oui ?

— La porte, dit Dumbledore.

— Quelle po...

Il y eut alors un bruit sourd et des cris de douleur.

— Trop tard, dit Lupin en se couvrant les yeux avec une main.

Il écarta ensuite les doigts puis se mit à rire en voyant Ron, Harry et Malefoy se tenir la tête avec une main, visiblement sonnés.

— Ce n'est pas drôle, professeur ! s'exclama Harry.

— Oh que si... oh que si... dit-il en se bidonnant.

Dumbledore ne put garder son sérieux plus longtemps et il pouffa soudain, provoquant alors une réaction en chaîne. Rapidement, tous les professeurs se mirent à rire et Hermione avec.

— Ce n'est pas drôle ! s'exclama Harry. Hermione ! Fais-nous descendre !

— Sûrement pas ! dit Hermione. Pour que vous disparaissiez comme des souris à la vue d'un chat, c'est sûr ! J'ai envie que vous m'accompagniez à Pré-au-Lard alors vous viendrez.

Harry, sachant que la partie était perdue, soupira puis, après avoir jeté un dernier regard noir aux professeurs qui riaient encore en silence, il baissa la tête et passa sous la porte.

— Hermione, dit Harry quand ils furent à Pré-au-Lard. La prochaine fois que tu refais ça, je...

— Tu ? demanda Hermione en croisant les bras.

Décontenancé par le regard brun et glacé qu'elle lui décocha, il se dégonfla et dit :

— Rien...

— Ouh, ouh ! s'exclama soudain Malefoy. Le grand Potter est troublé par une fille !

— Tu vas voir, dit Hermione en se tournant vers lui.

— Ouh j'ai peur, dit Malefoy, provoquant volontairement la jeune femme.

— Malefoy... gronda Hermione, le poing serré sur sa baguette magique.

— Tu n'oserais quand même pas me lancer un sort ? Si ?

— Attention... dit Hermione.

Malefoy se redressa et arbora son éternel sourire narquois. Il était trop occupé à se vanter et ne vit pas la main gauche d'Hermione s'agiter imperceptiblement.

— Ouch ! s'exclama-t-il en se pliant soudain en deux.

— Malefoy ? s'étonna Harry en s'approchant.

— Ough ! répondit-il en tombant à genoux dans la fine neige.

— Hé ! s'exclama Harry. Qu'est-ce que tu as ?

Il se tourna alors vers Hermione et comprit.

— Hermione, arrête ça ! De suite !

Hermione regarda Harry puis dit :

— Si on ne peut même plus s'amuser...

Elle ferma alors sa main et Malefoy se redressa en soupirant profondément.

— Je ne sais pas comment tu as fait, dit Malefoy. Mais je me vengerais.

— Cherche pas, dit Harry en le soutenant doucement par un bras. C'est de la magie Instinctive. Elle n'utilise pas sa baguette mais juste ses mains et parfois ses yeux. C'est le professeur McGonagall qui le lui a appris, justement pour se défendre contre les garçons.

— Et encore, dit Hermione en glissant sa baguette dans sa manche. Je t'ai fait la version soft.

— Soft ? dit Malefoy en frottant ses abdominaux douloureux. Avec la puissance des coups, je n'aimerais pas être à la place de celui qui recevra l'autre version.

— Ce ne tient qu'à toi de te tenir tranquille, railla Ron en le singeant.

— Weasley... grogna Malefoy.

— Malefoy ! Ron ! Hermione ! s'exclama alors Harry, les faisant sursauter tous les trois. Qu'est-ce qui vous prend ? C'est la neige ou quoi ?

Malefoy regarda Harry de travers puis renifla et fit volte-face en faisant tournoyer sa cape. Harry essaya de le retenir par le bras mais ses doigts se refermèrent dans le vide et, furieux, il se tourna vers Hermione et Ron qui avaient les yeux baissés sur leurs chaussures.

— Vous trouvez ça drôle ? demanda-t-il. Il n'y a pas une minute, on s'entendait tous super bien, pourquoi maintenant vous vous vengez sur lui ? Il est là depuis bientôt deux mois, il n'a pas besoin de vos moqueries !

— C'est un Serpentard, dit simplement Ron. Et puis... c'est Malefoy...

— C'est tout ? demanda Harry. Juste parce qu'il ne faisait pas partie de notre maison, vous le singez comme ça ? Puéril...

Et il fit volte-face et rejoignit Malefoy devant Zonko.

— Mais qu'est-ce qui lui prend ? demanda Ron en le regardant s'excuser devant Malefoy.

— Je n'en sais rien, Ron... répondit Hermione. Mais le fait qu'ils vivent dans la même tour ne doit pas en être étranger.

— Quoi ? Tu voudrais dire que Malefoy et Harry se... s'apprécient ?

— Peut-être même plus, dit Hermione. Mais c'est encore trop tôt pour en être sûrs. Il faudrait qu'ils se montrent plus expressifs...

— Comme quoi ? demanda Ron en se tournant vers Hermione qui fixait Harry et Malefoy.

— Je ne sais pas, une autre situation de ce genre... Tu as bien vu comme Harry a défendu Malefoy. Il ne supporte pas... plus... qu'on le rabaisse...

Elle soupira puis Ron dit :

— Ouais, enfin j'espère que quand nos amis seront ici, ils resteront loin l'un de l'autre.

— Pourquoi ? Crois-tu qu'on retournera vivre dans nos maisons respectives ? demanda Hermione.

— Je n'en sais rien, je pensais que tu le saurais, en étant en permanence avec McGonagall...

— Elle n'a rien dit à ce sujet, répondit Hermione. Peut-être que des appartements seront distribués, du moins pour les familles... Il y en a sûrement.

— Oui, ou tout du moins des couples. Au fait, en parlant de couple, Alexandre va venir ?

— Alexandre est un Moldu, Ron...

— Et alors ? Il sait que tu es une sorcière, il sait que tu es un Animagi, il sait que tu travailles à Poudlard...

— Oui, il le sait et il l'accepte, dit Hermione. Mais de là à vivre pendant une semaine avec presque quatre cent autres sorciers...

— Narla a bien vécu ici pendant six mois... Je te rappelle qu'elle était elle aussi Moldue...

— Narla est partie justement parce qu'elle ne supportait plus les transplanages intempestifs et les voyages en Portoloin. Et j'ai peur qu'Alexandre ai aussi du mal à accepter le fait que je fasse de la magie sous son nez pour des choses simple que je pourrais faire normalement pour lui.

— Tu n'utilises pas la magie chez toi ?

— Non, pas souvent en tous cas, dit Hermione.

Elle regarda alors du côté de chez Zonko et cligna des yeux.

— Ben ? dit-elle. Où ils sont ?

— Qui ?

— Harry et Malefoy... dit Hermione en montrant l'endroit vide. Ils étaient là il y a deux minutes...

— Viens, allons voir s'ils sont chez Zonko.

Ils se dirigèrent tous deux devant la boutique de Farce et Attrapes et entrèrent.

— Bonjour, dit le gérant.

— Bonjour, dit Hermione. Dites-moi, n'avez-vous pas vu deux jeunes hommes à l'instant, devant votre boutique ?

— Un blond et un brun ? demanda l'homme.

Hermione hocha la tête puis le gérant reprit :

— Ils semblaient s'engueuler et puis l'un d'eux, le blond je crois, a soudain transplané et le brun, l'a imité quelques secondes plus tard. Mais je ne peux pas vous dire où ils sont allés.

— Merci bien, dit Hermione. Aller Ron, on rentre au Château...

— Oh, attendez, vous êtes de Poudlard ?

— Oui, nous y sommes professeurs, pourquoi ?

— J'ai un paquet à remettre au professeur Dumbledore, dit le gérant en s'éloignant dans l'arrière-boutique.

Quand il revint, il tendit le paquet à Ron qui hésita à le prendre, ayant fait les frais des paquets surprises de ses frères.

— Ne vous inquiétez pas, dit l'homme en souriant. C'est juste un colis normal, le hibou qui le transportait s'est trompé d'adresse.

— Un hibou qui se trompe d'adresse ? dit Hermione.

— C'est rare, dit le gérant. Mais ça arrive. Cette nuit, il y a eu beaucoup de vent et je pense que le hibou a dû être dévié de sa route. Il s'est posé dans ma volière et je l'ai trouvé ce matin, à moitié congelé. Comme je n'ai pas d'autres hiboux pour l'instant et puisque vous êtes ici, vous pourriez remettre ce paquet au Directeur du Collège ?

— Mais avec joie, dit Hermione en souriant. Aller vient, Ron.

— Bonne journée, jeunes gens, dit le gérant.

— Bonne journée à vous aussi, dit Ron en sortant de la boutique derrière Hermione.

— Aller, à Poudlard, dit-elle en écartant les bras.

Et elle disparut dans un « pop » sonore. Ron l'imita quelques secondes plus tard et ils réapparurent juste devant les grilles du Château, fermées.

Hermione considéra un instant les grilles puis chatouilla un petit Gryffon posé sur la serrure.

— Quelle jolie créature, dit le Gryffon en se redressant sur ses pattes de bronze.

— Merci, dit Hermione. Tu nous laisse entrer ?

— Et pourquoi ?

— Nous sommes professeurs ici, dit Ron.

— Ha oui et le mot de passe ?

— « Vieux fou cinglé » ! s'exclamèrent Hermione et Ron en souriant.

— Ça va, dit le Gryffon en souriant de toutes ses dents brillantes. Entrez.

Et il recula, libérant ainsi le portail qui s'ouvrit en grinçant doucement.

— Aller, aller, dit Hermione en se précipitant dans le chemin en côte qui menait aux grandes portes d'entrée. Je suis gelée, vite !

Ron la suivait tant bien que mal en haletant puis, arrivés devant la porte, ils se jetèrent dessus et l'ouvrirent. Celle-ci protesta en marmonnant puis elle se referma une fois les deux jeunes gens à l'intérieur.

— Eh bien, eh bien... dit la voix du petit professeur Flitwick. Vous m'avez l'air bien pressés...

— Oh non, pas du tout, dit Hermione, essoufflée. C'est juste qu'il fait un froid de canard, dehors.

— J'imagine, dit le professeur de Sortilèges en souriant. Au fait, si vous cherchez Monsieur Potter et Monsieur Malefoy, ils sont dans la Grande Salle, en pleine discussion. Elle m'a l'air assez important donc je vous déconseille de les déranger...

— Mhm ? dit Hermione en haussant un sourcil, étonnée. Merci, professeur.

— Mais de rien, répondit Flitwick.

— Oh ! Monsieur, vous pouvez remettre ça au professeur Dumbledore ? C'est le monsieur de Zonko qui nous l'a confié, le hibou a été dévié par le vent de cette nuit.

— OH ? Ah, bien, entendu. Merci.

Il sourit puis s'en alla en se dandinant sur ses petites jambes tout en fredonnant une mélodie de Noël.

Hermione regarda Ron puis tous deux se dirigèrent vers la Grand Salle dont les portes étaient grandes ouvertes. Jetant un coup d'œil à l'intérieur, Hermione découvrit Malefoy et Harry assit à la table des Serdaigle, face à face.

— Malefoy se tient bizarrement, fit remarquer Ron.

— Oui, dit Hermione. Il semble... peiné.

— Bah ! s'exclama soudain Ron. Allons ! Ce ne sont pas nos affaires.

— Non, tu as raison, après tout, dit Hermione. Je vais aller écrire à Alexandre pour lui demander s'il veut venir ici pour Noël. Tu pourrais demander ...

— À qui ? À Narla ? dit Ron avec une moue étrange. Pour qu'elle m'envoie promener comme la dernière fois ? Non merci, je préfère encore passer Noël en célibataire.

— Tu veux que je demande à Alexandre d'amener une copine ?

— Ce sont des Moldues ?

— Pas toutes, dit Hermione. Il y a deux sorcières dans notre cercle d'amis « normaux ». Serena et Alyna. Tu voudrais les rencontrer ?

— Pourquoi pas... Ça ne peut pas me faire de mal de voir de nouvelles têtes.

Hermione eut un mouvement de tête puis tous deux prirent la direction de la volière malgré le froid.

Harry tourna les yeux et vit Ron et Hermione s'éloigner. Il soupira et Malefoy l'imita ce qui le fit revenir à ce qui se passait en face de lui.

— Malefoy, dit Harry. Faut pas t'en faire comme ça... Je t'ai dit que tu étais en sécu...

— Ce n'est pas ça, coupa Malefoy. Tu ne m'as pas écouté... Évidemment que je ne risque rien à Poudlard. Évidemment que toi, tu ne me laisseras pas risquer ma vie en me laissant partir... Mais moi...

— Mais toi quoi, Malefoy ? Je ne vois pas où tu veux en venir...

— Les Moldus appellent cela le « Mal du Célibataire », dit Malefoy en s'affalant nonchalamment sur la table, un bras replié sous sa tête. J'éprouve le besoin de partir, d'aller voir d'autres personnes, d'être seul un moment, et puis dix secondes après, je me languis de bras qui m'enserrent et... Je pense que c'est une sorte de dépression.

Harry mit quelques secondes avant de comprendre puis il opina lentement.

— Je vois... dit-il. Tu as besoin de compagnie mais ton cœur hurle non alors que ton corps hurle oui, c'est ça.

— Tu as l'esprit vif, Potter, railla Malefoy.

Harry pencha la tête sur le côté avec une grimace.

— Hélas, je ne connais pas grand monde... reprit Malefoy. Je serais de mauvaise compagnie pour qui ne me connaît pas. Et puis, Norya est morte, je ne me sens pas de...

Harry détourna la tête et soupira.

— Il y a des personnes, à Londres, qui ne regardent pas ce genre de chose, dit-il. Mais après, tu fais comme tu veux, Malefoy.

Un silence pesant s'installa soudain et Malefoy regarda Harry. Il plissa les yeux et souffla par le nez.

— Je sais bien que tu n'as aucune attirance envers les femmes... dit-il alors. Je le vois dans tes yeux à chaque fois que tu m'approches. Mais je ne suis pas comme ça et même si on vit au même endroit...

Il baissa le nez et tendit la main en travers de la table. Harry eut un mouvement de recul et retira sa main puis se leva. Il trébucha sur le banc puis quitta la Grande Salle à grands pas. Malefoy se contenta de l'observer.

— Ha, Potter... soupira Malefoy.

Il allait se lever quand soudain Rogue apparu derrière lui, aussi silencieusement que s'il avait transplané.

— Drago.

Malefoy sursauta et se retourna.

— Professeur Rogue, dit-il, une main sur le cœur. Vous m'avez flanqué une de ces trouilles !

— Tiens, dit Rogue en levant une main à son menton. J'ai déjà entendu cette phrase quelque part... Ah oui, c'est Potter qui a dit cela, le jour de votre arrivée, Drago...

Malefoy leva un sourcil puis se leva et se rengorgea.

— Professeur Rogue, vous vouliez me demander quelque chose ?

— Rien en particulier, dit Rogue avec son habituel sourire narquois.

— Et ?

— Et je venais juste vous informer que le Directeur voulait vous voir dans son bureau le plus vite possible.

— Bien, dit Malefoy en opinant. J'y serais dans quelques minutes, juste le temps de...

— Ce que vous faites de votre temps libre ne me regarde pas, coupa Rogue un peu sèchement. Le Directeur veut vous voir, point.

Malefoy tiqua puis Rogue s'éloigna et le Serpentard serra les mâchoires avant s'ébrouer et de remonter à grands pas à la tour Sud.

Quand il entra, il trouva Harry sur une échelle, assit dos à la bibliothèque, entrain de parcourir un gros livre rouge. Étonné, le blond s'approcha et regarda la couverture du livre.

— « Les Animaux Enchantés », lut-il en se tordant le cou.

Harry releva alors le nez de son livre et le visage à l'envers de Malefoy lui apparut.

— C'est pour quoi ? demanda Harry de la manière qu'une réceptionniste demande cela à son client.

Malefoy sourit puis se retourna. La discussion gênante datée d'à peine quelques minutes en arrière semblait oubliée. Le Serpentard en profita.

— Tu ne saurais pas par hasard ce que me veut Dumbledore ?

Harry haussa les sourcils et haussa les épaules.

— Il veut te voir ? Quand ?

— Maintenant. Rogue vient de me le dire, dit Malefoy en s'installant dans le grand fauteuil d'Harry. Mhm, pas mal ce fauteuil...

Il le fit pivoter une ou deux fois puis s'arrêta en face d'Harry qui l'observa.

— Non, je ne sais pas, il ne m'a rien dit, lâcha-t-il en retournant à son livre. Je l'ai vu hier soir mais il m'a juste donné une lettre du Ministère et c'est tout. Et ce fauteuil n'est pas un jouet, Monsieur Malefoy.

Malefoy le regarda, étonné puis, quand il vit qu'Harry souriait par-dessus ses lunettes de lecture, il sourit à son tour et se mit à rire en renversant la tête en arrière.

— Je suis si drôle que ça ? demanda Harry.

— On aurait dit McGonagall avec tes lunettes sur le bout du nez ! s'esclaffa le blond en faisant pivoter le fauteuil. Youuuuhou !

Soudain, il redevint sérieux et fixa Harry avec son regard de glace.

— Potter...

— Mhm ?

— Je... Excuses-moi si je t'ai mis dans l'embarras tout à l'heure. Je voulais juste... éclaircir un point.

— Ne t'en fais pas, Malefoy, dit Harry en levant le nez de son livre. J'ai l'habitude depuis le temps... Ron et Hermione le savent, ils passent leur temps à me taquiner, alors je ne vois pas pourquoi je le prendrais mal aujourd'hui, même venant de toi. Tu es aussi pardonné pour ton petit coup de sang devant chez Zonko, au fait.

Malefoy grimaça et hocha la tête.

— À propos, dit-il. Quand tu as transplané pour rentrer, je ne t'ai pas vu revenir du portail, tu as atterri où ?

— De l'autre côté du Château, dit Harry. Mais c'était volontaire.

— Et pourquoi ?

— Est-ce que je te le dis ?

Malefoy regarda Harry et soupira en se levant du fauteuil.

— C'est toi qui vois, on n'est pas amis, après tout... dit-il en s'éloignant.

— Ok, ça va ! lâcha alors Harry. Si tu veux tout savoir, je suis un Animagi. Mais l'animal dont je prends la forme est plus présent que normalement et il a parfois besoin d'aller se promener. Je ne le contrôle pas complètement...

Malefoy plissa les yeux, sourcils froncés.

— Quel genre d'animal est-ce ?

— Regarde, dit Harry. Ça sera plus simple.

Il descendit de l'échelle, posa son livre puis ferma les yeux. Il étendit les bras devant lui et commença à se transformer sous les yeux ébahis de Malefoy qui recula de quelques pas.

— Whao ! fit Malefoy à voix basse, de peur d'effaroucher l'animal. C'est toi, Potter ?

Devant lui se tenait un Cerf, mais un Cerf avoisinant le mètre quatre-vingt au garrot et les deux mètres cinquante en haut des bois. L'animal était immense et semblait à l'étroit dans l'espace entre le bureau et la bibliothèque.

Harry-Animagi baissa alors la tête puis la releva et Malefoy tira sa baguette magique.

— Attends... dit-il. Animaparla !

Le Cerf recula d'un pas et Malefoy ajouta :

— Alors Potter ?

— Quoi ? demanda la voix d'Harry-Animagi, légèrement déformée.

— Tu es... énorme...

— Tu vois pourquoi je dois des fois le laisser sortir... J'avais justement envie de le laisser sortir ce soir, tu voudras venir avec moi ?

— Pourquoi pas, dit Malefoy. Je pourrais mieux apprécier la taille... Mais avant, reprends ta forme originelle, je n'ai vraiment pas l'habitude de parler à un animal sauvage.

En quelques secondes Harry-Animagi redevint Harry.

— C'était quoi ce sortilège, je ne le connais pas... dit-il en remettant ses mèches noires en place.

— Un truc tout simple, répondit Malefoy. Tu le lances sur un animal et il peut aussitôt parler. Dans ton cas, vu que tu es un humain à l'origine, tu n'as pas eu trop de mal mais parfois, il faut quelques minutes avant que les animaux ne réagissent. Certains ne réagissent même pas et le sort disparaît au bout de quelques minutes.

— Je vois... Je vais le noter quelque part. Mouvement de baguette spécial ?

Malefoy secoua la tête.

— Mince, j'allais oublier, dit-il en regardant brusquement sa montre. Dumbledore veut me voir...

— Tu penses que je dois venir ? demanda Harry en posant ses lunettes sur le bureau, à côté du livre, pour se frotter les yeux.

— Non, Rogue ne m'a rien dit à ce sujet, mais tu peux, je ne pense pas que ce soit...

— Non, en fait, je vais te laisser, coupa Harry. Je viens de me souvenir qu'Hermione voulait me parler.

— Ha... Ok. À plus tard alors.

Malefoy se détourna et monta dans sa chambre et Harry termina de lire son livre avant de partir rejoindre Hermione afin de lui expliquer pourquoi ils avaient soudain disparu, le matin-même.

Quand Malefoy redescendit, vêtu d'un jean noir et d'un pull de la même couleur, il jeta un coup d'œil dans le bureau vide avant d'endosser sa robe de sorcier qui restait sur le pommeau de l'escalier, avec celle d'Harry.

Il soupira puis sortit de l'appartement et se rendit au petit trot jusqu'au bureau du Directeur.

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