Chapitre 30
Alors qu'elle poussait un profond soupir, un grand bruit semblable à un coup de vent se fit entendre et la jeune femme ouvrit un œil en regardant par-dessous son bras. Elle plissa les yeux en reconnaissant l'homme qui se dépliait sur le tapis devant la cheminée.
— Bonjour... dit Hermione en se redressant. Que faites-vous là... ?
L'homme releva la tête et son visage dur fondit littéralement quand il vit Hermione. La jeune femme avait le pouvoir de le rasséréner instantanément, et pas même lui n'aurait pu dire pourquoi.
— Bonjour, Hermione, dit Lucius en souriant légèrement. Comment allez-vous ?
Hermione se leva du sofa et s'approcha de l'homme. Ils s'observèrent un moment puis l'homme la serra légèrement contre lui. La jeune femme recula quelques secondes plus tard, un peu gênée, et Lucius inclina la tête.
— J'ai plaisir à vous voir en forme, dit-il.
— Merci, dit Hermione. Mais je ne suis pas si en forme que cela, ajouta-t-elle en baissant les yeux. Au contraire, je suis si fatiguée... Mais venez vous asseoir un moment, Alexandre ne rentrera pas avant plusieurs heures...
Lucius opina et s'assit dans le petit fauteuil le plus proche tandis qu'Hermione prenait place sur le canapé et invoqua le service à thé et des petits gâteaux. Lucius l'observa puis se tortilla et sortit de sa cape un sac de Gallions. Hermione fronça aussitôt les sourcils.
— On avait dit non, dit-elle. Alexandre va encore piquer une crise... Il ne comprend pas pourquoi vous vous impliquez dans notre vie...
— Il ne le sait plus, c'est tout, répondit Lucius. Mais cet enfant est le mien, Hermione, et c'est parfaitement normal que je participe à son éducation.
— Il n'est pas encore né...
— Oh, je le vois bien, répondit Lucius en fronçant les sourcils. Mais lorsqu'il sera en âge de comprendre, il se peut qu'il ne veuille pas de mon héritage familial et je le comprendrais. Je tiens donc à m'assurer d'avoir fait quelque chose pour lui, avant.
Comprenant qu'elle n'avait pas voix au chapitre, Hermione se contenta de hocher la tête et elle fit disparaître le sac de pièce d'un geste de la main. Il rejoignit les six hautes dans un coffre-fort au fond de sa penderie, et quand son bébé sera né, elle irait les déposer dans son coffre à Gringotts...
— Merci quand même, répondit alors la Gryffondor. J'espère que Narcissa ne voit pas d'un mauvais œil tout cela...
— Allons, dit Lucius. Nous savons tous deux la vérité au sujet de cet enfant. De plus, Alexandre ne pourra pas vous entretenir indéfiniment. Mon aide n'est pas négociable.
— Cet enfant ne sera pas un Malefoy, Lucius, c'est compris ? dit Hermione en fronçant les sourcils. Il est officiellement le fils d'Alexandre.
— Officiellement, oui, pour les Moldus, mais pour les sorciers, il est et il restera un Malefoy, Hermione, et vous n'avez pas votre mot à dire là-dessus.
Hermione grimaça.
— Nous n'avions pas convenu d'une telle chose, dit-elle, soudain agacée. À l'avenir, consultez-moi avant de prendre des décisions concernant mon enfant. Je n'ai pas l'intention de lui présenter son père « officiel » avant qu'il ne soit en âge de le comprendre pleinement, c'est-à-dire, au moins douze ou treize ans. Et là-dessus vous n'avez pas votre mot à dire.
La jeune femme se leva alors et Lucius l'imita.
— Je vous fais la promesse, Monsieur Malefoy, que cet enfant ne restera pas loin de vous une fois né. Vous êtes son père et il doit le savoir, mais je suis sa mère et c'est avec moi qu'il va vivre jusqu'à ses onze ans. Après, une fois qu'il sera à Poudlard et qu'il commencera à côtoyer des sorciers... J'aviserais.
Lucius pinça la bouche mais ne dit rien et comprit que la visite était terminée.
— Prenez soin de vous, miss... dit-il en s'éloignant vers la cheminée.
Il transplana dans un craquement sec et Hermione soupira profondément puis s'assit sur le sofa et soudain, des larmes se mirent à couler sur ses joues. Elle haleta pour se calmer rapidement mais c'était à chaque fois pareil. Quand Lucius Malefoy s'invitait chez elle, elle restait toute bizarre après son départ, et non pas parce qu'il lui manquait physiquement, mais parce qu'elle ne le comprenait plus... Il s'était approprié ce bébé pas encore né, il avait déjà tracé tout son avenir d'héritier Malefoy, le mettant ainsi à la place de son fils légitime qui n'aurait sans doute pas d'enfants, vu le tour qu'avait pris sa vie...
Et ça, la jeune mère n'était pas du tout d'accord ! Pas question que son premier enfant ne devienne un Malefoy, ça non, sûrement pas ! Peut-être quand il sera adulte, qu'Alexandre aura recouvré la mémoire et accepté que l'enfant qu'il a élevé toute sa vie n'est pas de lui... Et encore !
Hermione serra les mâchoires puis se leva et rangea les reliefs du thé d'un geste de la main. Les tasse s'envolèrent et se heurtèrent brutalement en atterrissant dans l'évier. Hermione soupira. Depuis qu'elle était enceinte, sa magie avait de sérieuses ratées, parfois elle ne fonctionnait pas du tout, et parfois, elle s'emballait.
Mais les Medicomages l'avaient rassurée en disant que c'était normal les premiers mois et qu'ensuite, comme pour toute future mère, son corps allait s'habituer.
Bien loin de Londres et se paisible banlieue, cependant, Harry remontait les couloirs glaciaux de Poudlard, rentrant de ses cours enfin terminés pour la matinée.
Ne trouvant personne dans la tour quand il arriva, il consulta l'emploi du temps de son compagnon accroché derrière la porte d'entrée et sourit un peu bizarrement, comme déçu.
— Ha... dit-il en posant le doigt sur une case hachurée de vert. Tu as encore une heure de cours... Tant pis, je vais en profiter pour aller me promener sous ma forme Animagi...
Il griffonna rapidement un mot qu'il épingla à l'extérieur de la porte d'entrée puis il s'en alla en laissant sac et manteau. Il était onze heures du matin et le Gryffondor réalisa rapidement que le cerf gigantesque qui lui servait d'Animagi, n'était pas sorti depuis très longtemps. Il se hâta donc se rendre dans la Forêt Interdite et changea de forme en chemin, une prouesse qu'il adorait faire et qu'il avait mis des mois à apprendre, toujours autant impressionné par McGonagall quand, lors de leur premier cours de Métamorphose, Ron et lui, ainsi que toute la classe de premières années qu'ils étaient alors, avaient vu la vieille sorcière sous sa forme de chat, sauter de son bureau et se transformer avant même d'avoir touché le sol...
Alors qu'il se déplaçait lentement entre les gigantesques fûts des arbres, Harry sentit une présence magique très puissante et se fit discret pour observer un troupeau de Sombrals, ces chevaux-dragon à l'allure squelettique et aux grandes ailes déchirées.
Après quelques minutes, Harry se déplaça légèrement sur le côté pour reprendre son chemin mais son sabot droit écrasa une brindille qui émit un bruit sec. L'un des Sombral leva alors la tête et tourna son crâne de cheval vers Harry qui baissa le cou, tâchant de garder ses interminables andouillers contre sa nuque, pour ne pas provoquer un sentiment d'attaque chez le Sombral.
Harry fléchit donc légèrement les genoux en couchant ses longs bois contre son long et puissant cou et en fermant les yeux, le mufle à ras l'herbe. Il resta ainsi quelques secondes avant d'oser rouvrir les yeux pour voir que le Sombral le regardait toujours et que, par malchance, il s'avançait à présent vers lui, comme un animal intrigué.
Harry se redressa alors et se prépara à la bagarre, ne sachant pas ce que l'animal voulait. Il s'était déjà battu avec d'autres cerfs de la Forêt Interdite, avec un ou deux renards, un anglier aussi, et avec quelques Centaures aussi, lors de ses balades nocturnes quand il était encore célibataire, mais jamais contre un Sombral et il doutait de faire le poids, même si sur son dos à lui, il y avait environ sept cent kilos de muscles...
Campé sur ses quatre solides jambes, Harry leva bien haut la tête en redressant ses bois pour tenter d'impressionner le Sombral, mais cette ruse ne fonctionna pas et le Sombral, délaissant ses compagnons qui se disputaient à présent ce qui semblait être les restes d'un animal, s'approcha encore plus près.
Il n'avait cependant pas l'air agressif mais ses deux ailes noires à moitié déployées suffirent à faire comprendre à Harry qu'il se trouvait en plein sur le territoire des Sombrals et que celui qui s'avançait semblait être le mâle dominant. S'il voulait s'en tirer sans bagarre, il allait devoir reculer suffisamment et s'enfuir ensuite.
Harry recula alors d'un pas et quand le Sombral s'arrêta, le Gryffondor fit demi-tour et s'éloigna.
— Je vous ai connu plus valeureux, Potter... entendit-il alors.
Surpris, Harry se retourna si vivement que ses bois heurtèrent un arbre avec un bruit creux. Le brun mit quelques secondes à reconnaitre l'homme qui se tenait devant lui, puis, soupirant, il reprit sa forme humaine et regarda Rogue, planté dans les feuilles mortes, à quatre ou cinq mètres de lui.
— Vous pensiez vraiment que j'allais vous attaquer ? Pitoyable de la part de...
— Ça suffit, siffla alors Harry. Je ne vous avais pas reconnu et je vous ai simplement prit pour le chef de cette bande de Sombrals... D'ailleurs, que faites-vous ici ? J'ai lu sur l'emploi du temps de Drago qu'il y avait encore une heure de cours...
Rogue jeta un regard vers le groupe de Sombrals derrière lui, puis fit signe au brun de le suivre et ils s'éloignèrent.
— Potter, votre Animagi n'est pas le seul qui soit encombrant... dit-il.
— Vous aussi ?
— Moi aussi, se contenta Rogue en se retournant vers les Sombrals qui ne faisaient même pas attention à eux. Je n'ai pas choisi d'être un Sombral, dit-il ensuite. Disons qu'ils m'ont sauvé la vie, en quelque sorte, alors quand j'ai décidé d'apprendre à me transformer, jugeant la chose plutôt pratique pour échapper à ceux qui me voudraient du mal, c'est un Sombral qui est apparu...
— Qu'est-ce qu'ils mangent ? demanda alors Harry en opinant.
— Du cerf... dit Rogue, un sourire narquois sur le visage. Nous venons de le chasser... Et pour votre gouverne, je suis bien le chef de cette bande de Sombrals...
Harry déglutit difficilement et Rogue croisa les bras.
— Rassurez-vous, vous ne craignez rien... ajouta-t-il. Contrairement à vous, je suis capable de vous différencier des autres cerfs...
Harry baissa le nez. D'une, il n'avait aucune idée que Rogue pouvait se transformer lui aussi en animal, et de deux, il n'avait réellement songé que certains animaux qu'il avait pu croiser dans la forêt ces dernières années, auraient pu être des sorciers...
— Je suis désolé, Monsieur, dit alors Harry. A l'avenir, comment pourrais-je vous différencier d'un autre Sombral ? Si cela peut m'éviter quelques frayeurs inutiles...
Rogue eut un mince sourire en biais.
— La prochaine fois que nous nous croiserons sous notre forme Animagi, regardez bien mon épaule droite... susurra-t-il.
— Et que dois-je y voir ? demanda Harry en plissant un œil.
Pour toute réponse, Rogue s'éloigna puis se changea en Sombral et Harry s'approcha légèrement pour regarder ladite épaule. Il distingua rapidement une large marque rose qui barrait la peau noire parcheminée qui recouvrait l'omoplate de l'animal. Cette marque était dépourvue de poils et quand Harry recula, Rogue ferma les yeux en guise d'au revoir puis il fit volteface et retourna auprès de ses semblables.
Harry le regarda donner un violent coup de tête dans l'épaule d'un autre Sombral bien plus petit que lui qui se disputait la cuisse du cerf avec un autre Sombral. Les deux jeunes reculèrent en baissant la tête et Rogue s'empara de la cuisse et s'en alla avec d'un air hautain.
— Toujours aussi aimable à ce que je vois, dit Harry avec un sourire en reprenant sa forme Animagi pour terminer sa promenade.
Il était un peu plus de midi quand Drago remonta dans la Tour Sud après avoir donné pas mal de devoirs aux élèves de septième année de Serdaigle et Pouffsouffle qu'il venait d'avoir, assurant une partie du cours seul car Rogue était partit dans la Forêt Interdite. Officiellement, il travaillait à un prochain cours, mais Malefoy savait que son parrain était simplement en train de se défouler dans la forêt avec ses semblables Sombrals...
Quand il arriva en haut des escaliers, Drago vit le mot laissé par Harry placardé sur la porte. Il le prit puis entra dans la Tour en refermant la porte derrière lui.
Alors qu'il posait son manteau sur la rambarde de l'escalier, il eut soudain un vertige puis son estomac émit un drôle de bruit et le Serpentard dû monter rapidement à la salle de bains pour rendre les maigres restes de son petit-déjeuner, ce qui résuma à une délicieuse gorgée de bile à l'arrière-goût de café noir...
— Fait chier ! s'exclama-il en s'essuyant la bouche avec une serviette de toilette. J'avais espéré ne pas être malade... !
Il frappa la pauvre cuvette des toilettes qui n'avait rien demandé et pour le punir, son estomac lui ordonna de se pencher de nouveau. Alors qu'il se redressait, le souffle court, il entendit la porte d'entrée claquer et il gémit en se relevant.
— Chéri ! Tu es là ? appela alors Harry. Malefoy !
— En haut... articula le blond en se penchant sur le lavabo pour s'asperger le visage d'eau fraiche et se rincer la bouche.
Harry monta le rejoindre et s'approcha de la salle de bains avec un air chagriné.
— Tu es malade ? dit-il. Le bébé ?
— Ce n'est pas moi mais la Vélane... Oh non !
Le blond se jeta sur la cuvette et vomit de nouveau. Il s'étrangla, cracha et jura solidement. Harry grimaça.
— Ça va aller ? demanda-t-il alors que le Serpentard se relevait en chancelant.
Drago marmonna quelque chose puis il s'accouda au lavabo et s'arrosa de nouveau le visage d'eau. Il but ensuite au robinet et se redressa en grimaçant.
— Viens t'allonger un moment, dit alors Harry en lui prenant le coude. Après, on ira manger un peu, ça ira mieux.
Malefoy ne répondit rien et se vautra sur le lit du Gryffondor en maugréant. Harry allait ajouter quelque chose mais Edwige l'interrompit en entrant par la fenêtre et en venant se poser sur son épaule.
— Bonjour, toi, dit Harry en caressant la gorge de la chouette harfang qui hulula doucement. Tu m'amènes du courrier ou tu viens juste pour une petite caresse ?
La chouette hulula de plaisir puis tendit sa patte et Harry prit le parchemin qui était enroulé, attaché par une cordelette fermée par un sceau de cire marron avec les lettres H et G entrelacé dessus.
— Tiens, dit-il. Une lettre d'Hermione...
Edwige s'envola et Harry s'assit au bout du lit.
— Que dit-elle ? demanda Malefoy en tournant la tête.
— On va le savoir tout de suite...
Il fit sauter le cachet de cire de son ongle puis déplia la lettre et la lut en silence.
— Elle nous informe qu'elle a l'intention de passer demain dans la journée. Peut-être qu'elle fera en sorte de pouvoir déjeuner avec nous mais elle ne sait pas encore, dit-il.
— C'est tout ? demanda Drago.
— Oui. Comme d'habitude, Hermione n'est pas très expressive dans ses lettres... soupira Harry. C'est je viens, ou je viens pas, mais tu ne sais jamais pourquoi... Mais bon, comme elle est enceinte, elle veut peut-être parler à Pomfresh ou à McGonagall...
Malefoy pinça la bouche.
— Tu crois que mon père et elle... ?
Harry secoua la tête.
— Non, ils ne se voient plus, j'en suis certain. Hermione n'aurait pas persuadé Alexandre de la reprendre et en plus de lui altérer temporairement la mémoire pour rien. Elle l'aime, son Moldu, Drago, et ils se sont fait pas mal de mal ces derniers mois alors je pense que maintenant, Hermione va rester sage.
Drago plissa le nez et mâchonna en grimaçant.
— Ça, je veux bien le croire, dit-il. Mais rien ne dit qu'ils pourraient un jour recommencer... Je connais Hermione sûrement mieux que quiconque et elle s'est laissée prendre une fois... Elle ne recommencera pas mais si mon père insiste un peu...
Harry secoua la tête.
— Non. Elle paie un prix suffisamment élevé pour son écart avec ton père, elle ne recommencera pas, crois-moi.
Un silence s'installa et Malefoy roula sur le flanc. Harry lui tapota la hanche.
— Repose-toi, dit-il. Je viendrais te voir dans l'après-midi mais appelle Pomfresh au moindre problème, d'accord ?
Drago hocha la tête puis soupira et Harry quitta la chambre et s'installa un moment à son bureau pour corriger quelques copies avant d'aller déjeuner.
Malgré son inquiétude de savoir son amant malade chez eux, Harry tâcha de rester concentré sur ses cours de l'après-midi, vérifiant à l'aide du miroir magique de sa chambre, que le Serpentard était couché ou bien tranquille. Il lui parla une ou deux fois et le blond lui assura qu'il se sentait mieux d'heure en heure et qu'il allait probablement descendre pour dîner.
Il faisait très froid ce soir-là mais les deux garçons décidèrent d'aller se balader un peu dans le parc après le dîner. Ron déclina l'invitation en prétendant avoir un appel à passer, le couple se retrouva donc à flâner seuls dans la Roseraie.
— Asseyons-nous un moment, dit Harry en avisant un banc. Ça caille, ce soir...
Malefoy opina et soupira en s'asseyant. Ils venaient de discuter du nouvel état physique du Serpentard et Harry avait un peu de mal à réaliser que son compagnon attendait un bébé. Du moins que la Vélane dont il partageait l'ADN, attendait un bébé.
— Trois mois, dit le Gryffondor après un moment de silence.
— De ? Oh ! Oui...
Malefoy baissa le menton et Harry lui prit la main.
— Tu as peur ? demanda-t-il.
— En toute honnêteté ? Je suis terrorisé...
Les doigts de Harry se serrèrent sur les siens.
— Je suis là, dit-il. On est tous avec toi, Malefoy, d'accord ?
— Je sais bien mais c'est plus fort que moi... J'ai déjà eu un enfant, du moins ma femme m'en a donné un, mais là c'est carrément différent, c'est moi qui le porte c'est fois !
Harry sourit doucement, amusé.
— L'ami de ton père, dit-il alors. Steller... Tu es en relation avec lui ?
— Plus ou moins, pourquoi ? Je croyais que tu pensais qu'il ne savait pas quoi il parlait ?
— C'est toujours le cas, mais faut bien avouer qu'il est le seul Medicomage qui connait un tant soit peu le sujet...
— Pomfresh...
— Pomfresh est infirmière dans un collège, répondit Harry. Steller est Medicomage, il connait la médecine...
Malefoy fronça les sourcils.
— Alors tu voudrais qu'il devienne mon médecin pendant cette grossesse ? Harry, je croyais que...
— Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, chéri, tu le sais aussi bien que moi...
Malefoy pinça la bouche. Il n'avait pas trop confiance en Steller, cet homme était un Mangemort après tout, et même reconvertit en médecin, il restait un Mage Noir...
Un silence s'installa alors et seul le bruissement des feuilles agitées par le vent, le dissipait. Soudain, Harry remua.
— Dis... Pourquoi me haïssais-tu à ce point quand nous étions élèves ? demanda-t-il.
Malefoy regarda le brun de travers.
— Pourquoi... ?
— C'était parce que j'avais refusé de te serrer la main en première année ou parce que je suis célèbre ? continua Harry en se levant. Tu ne m'as jamais expliqué pourquoi nous ne sommes pas devenus amis plus tôt...
Malefoy serra les mâchoires et regarda le paysage plongé dans la pénombre. La lune éclairait faiblement le domaine de Poudlard, faisant briller de mille feux la surface du Lac Noir.
— En fait, j'étais jaloux de toi, répondit alors le blond au bout de plusieurs secondes de silence.
Harry se tourna vers lui.
— Ha ? Jaloux ?
Malefoy passa sa langue sur ses lèvres et se redressa avec un soupir.
— Oui... dit-il, les coudes sur les genoux. J'étais jaloux de toi parce que tu avais Ron et Hermione et que tu les as toujours... Vous avez fait les pires coups pendant sept ans et vous n'avez jamais été sanctionnés lourdement... Et ça me mettait hors de moi.
— Crabbe, Goyle, Zabini, Parkinson... Vous étiez inséparables, tu n'es plus en contact avec eux ?
Malefoy ronfla.
— Des amis, eux ? Ce n'étaient pas des amis, juste des toutous que je me traînais pour avoir l'air important... Ils me craignaient et restaient près de moi pour montrer que j'étais le leader de Serpentard... En fait, je pense qu'au fond de moi, je ne voulais qu'une chose, que tu me remarque.
Harry fronça les sourcils.
— Ça se tient, dit-il en revenant s'asseoir sur le banc.
— Quoi donc ?
— Le fait que tu n'aies eu de cesses de m'insulter à chaque fois que l'on se croisait et le fait que tu voulais que je te remarque... Mais bon, au risque de te décevoir, tu n'y es pas vraiment bien prit, tu sais ? Tu savais parfaitement dire les choses au bon moment pour être sûr qu'elles allaient faire le plus de mal possible et, crois-moi, tu réussissais souvent ton coup, surtout quand disait à qui voulait l'entendre que personne ne voudrait de moi parce que j'étais un binoclard balafré et peureux... Mais pour dire des choses gentilles, là, plus personne, tu en étais tout bonnement incapable, je pense.
— Je n'ai jamais dit ça, se défendit Drago, surpris. Que personne ne voudrait de toi...
— Non, mais tu l'as sûrement pensé très fort plus d'une fois, non ? répondit Harry avec un sourire en coin.
Malefoy grimaça, amusé.
— Je l'avoue... Mais je te jalousais parce que tout le monde te tournait sans cesse autour de toi alors que moi je n'avais rien. Mes parents ne se sont plus occupés de moi une fois que j'ai eu sept ans et, non content de cela, mon père me battait et voulait me faire entrer dans les rangs des Mangemorts une fois mes ASPICs en poche. Heureusement pour moi, il est allé en prison durant notre cinquième année et j'ai pu épouser Norya à la fin de ma septième année... Je suis quand même devenu un Mangemort, mais bon, quand on voit où ça m'a conduit...
Un silence s'installa et Malefoy serra la main droite. Harry la lui prit soudain et se leva.
— Aller, dit-il. Rentrons, il est tard et je commence à me les geler. En plus, ce serait stupide que tu attrapes froid...
Il se leva et le brun le prit dans ses bras et l'étreignit solidement un moment avant qu'ils ne reprennent le chemin du château, mains dans la main.
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