Chapitre 3
Un soir, un mois après l'arrivée de Malefoy, Hermione fit équipe avec Harry et Ron « hérita » de Rogue pour la tournée habituelle.
— Malefoy ne vient pas ce soir ? demanda la jeune femme à son ami de toujours.
— Tu sais, Hermione, dit Harry. Il est plutôt « désorienté » ces temps-ci à cause de ce que tu sais... Il passe beaucoup de temps dans sa chambre...
— Harry... dit Hermione. Ça fait un mois qu'il vit ici, maintenant, tu ne crois pas qu'il devrait mettre ses ennuis de côté et essayer de « revivre » ? Il a pourtant l'air bien la journée...
Harry soupira par le nez.
— Ce n'est pas aussi simple, Hermione, dit-il en regardant dans un couloir sombre. Dumbledore lui a interdit de sortir du Château depuis ce qui a failli arriver sur le Chemin de Traverse... Même si nous ne sommes plus élèves ici, nous préférons obéir à Dumbledore et je pense que Malefoy est pareil. Il aurait du mal à désobéir à Dumbledore mais...
— Mais quoi ? demanda Hermione en braquant le faisceau de sa baguette magique dans un couloir qui se révéla vide.
— Je ne sais pas... répondit Harry. Malefoy a parfois des gestes étranges... C'est surtout quand nous sommes tous les deux chez moi...
— Tu veux dire qu'il...
— Non Hermione, ne confond pas, dit Harry avec un sourire. J'ai juste l'impression qu'il a besoin de quelqu'un à ses côtés plus que je ne le pensais au départ. Il est mal, Hermione... Très mal... Une fois, je l'ai surpris en train de regarder un pendentif, les larmes aux yeux...
— Harry... dit Hermione en s'arrêtant de marcher. C'est de Malefoy dont tu parles... et un Malefoy ne pleure pas devant un pendentif... Un Malefoy n'a pas de gestes étranges envers un autre garçon... Un Malefoy...
— Voldemort veut sa tête, tu ne comprends pas ? la coupa Harry, les sourcils froncés.
La brunette serra les lèvres.
— Si... dit-elle. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu tiens autant à l'aider... Vous n'avez jamais été amis, et là, il débarque au château après trois ans sans aucune nouvelle et tu lui ouvres grand ta porte. Pourquoi ?
Harry soupira.
— Si je le savais... marmonna-t-il comme ils reprenaient leur ronde.
Vers une heure du matin, Hermione et Harry rejoignirent les autres professeurs et Ron dans le hall pour le rapport. Harry monta ensuite lentement dans sa tour, repensant au comportement de Malefoy depuis son arrivée. Il ne parlait pas beaucoup, il était le plus souvent perdu dans ses pensées, accoudé à la fenêtre à fumer une cigarette ou bien vautré dans un canapé ou encore enfermé dans sa chambre. Et puis, il y avait eu cette accolade, lors de la première semaine... Ils n'en avaient jamais parlé, et ça ne s'était jamais reproduit, mais Harry y repensait encore, de temps en temps.
Que cherches-t-il à la fin ? pensa le brun en repoussant une tenture pour emprunter le dernier passage secret avant chez lui.
Il ne savait que penser et la vue de Malefoy, quand il entra dans son appartement, affalé dans un fauteuil, pensif, renforça son trouble.
— Bonsoir, dit Harry en passant devant le fauteuil en retirant sa robe de sorcier. Tout va bien ?
Malefoy leva les yeux sur le Gryffondor puis soupira profondément, ce qui fit froncer les sourcils d'Harry. Celui-ci revint et observa le blond.
— Ça ne va pas ? demanda-t-il.
— C'est un euphémisme, dit Malefoy d'une voix enrouée.
— Qu'est-ce que tu entends par là ? demanda Harry en s'asseyant dans le canapé adjacent.
Malefoy soupira puis se leva du fauteuil et alla à la fenêtre. Il s'y accouda et Harry le rejoignit. Il y eut un moment de silence gênant puis Harry se décida à le briser.
— Malefoy, dit-il en s'appuyant contre le mur, à côté de la fenêtre. Tu peux me parler, tu le sais... Tu es ici depuis un mois et tout ce que je sais, c'est que tu as fuis Voldemort et que tu te caches des Mangemorts... Mais je sais qu'il y a autre chose.
Le Serpentard le regarda, étonné et Harry reprit :
— J'ai des dizaines de questions que je voudrais te poser, Malefoy... Mais je ne sais pas si tu es disposé à y répondre alors...
Malefoy soupira et secoua la tête.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? dit alors Harry. Depuis que tu es chez moi, tu tires une tête de six pieds de long, tu ne fais que soupirer, tu refuses de sortir pour prendre l'air... et quand j'arrive à te sortir dans le parc, tu es muet comme une tombe...
Le silence revint et le blond serra les mâchoires.
— Dumbledore m'interdit de sortir du château, dit alors le Serpentard. Je suis condamné à rester enfermé ici... Je pensais trouver de l'aide en venant ici, du repos, mais non, on me confine dans le domaine...
— Dis, dit soudain Harry. C'est toi qui es venu me trouver, ne l'oublie pas. Je t'ai emmené deux fois en ville, et la deuxième fois, c'est passé à un rien de la catastrophe. Dumbledore a raison d'être prudent.
— Eh bien j'ai fait une grosse erreur ! répliqua alors Malefoy sur un ton sec. Je n'aurais jamais dû venir !
Harry rentra le menton, surpris. Malefoy se redressa ensuite et s'éloigna. Il monta rapidement l'escalier et Harry le suivit.
— Pas si vite, dit Harry en lui attrapant le bras alors que le Serpentard allait grimper le second escalier, celui qui menait à sa chambre. Attend une minute, tu ne vas pas t'en tirer aussi facilement.
— Lâche-moi, Potter... siffla Malefoy. Par pitié... Laisse-moi.
Harry regarda le blond et se mordit la lèvre.
— Malefoy, dit-il. Je t'en prie... Dis-moi ce qui t'inquiète autant. Cela m'ennuie de te voir dans cet état sans pouvoir t'aider...
Malefoy regarda Harry puis soudain il secoua son bras et Harry le lâcha au même moment. L'action surprit Malefoy qui resta sans bouger quelques secondes avant de se laisser tomber sur la dernière marche de l'escalier de pierre. Harry se baissa pour être à sa hauteur et l'observa un long moment.
— Malefoy... Ça me fait mal de ne pas savoir ce que tu as, dit-il. Je peux t'aider, je le sais, mais si tu ne le parles pas...
— De toute façon, tu ne comprendrais pas... soupira le Serpentard.
— De quoi ? demanda Harry en s'agenouillant sur sa marche. Qu'est-ce que je ne comprendrais pas ? Je ne peux pas comprendre si je ne sais pas ce que c'est...
— C'est... c'est personnel... dit Malefoy, soudain mal à l'aise.
Harry regarda alors Malefoy en penchant légèrement la tête de côté. Malefoy soupira profondément puis plongea la main dans sa robe de sorcier et en tira une fine chaîne d'argent.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda Harry quand Malefoy la lui remit dans les mains.
Harry ouvrit le pendentif et observa la photo à l'intérieur. Elle représentait une très jolie femme avec les cheveux noirs, coupés courts, et de grands yeux bleus.
— Elle s'appelle Norya... dit alors Malefoy. Du moins... s'appelait.
Harry fronça les sourcils et regarda Malefoy qui regardait en l'air pour chasser les larmes.
— Qui était-ce ? demanda Harry en regardant la photo qui souriait et agitait la main.
— Ma femme...
— Hein ?
Malefoy se frotta les yeux.
— Norya et moi étions mariés depuis trois ans, dit Malefoy. Nous vivions paisiblement dans un manoir qui appartenait à la famille Malefoy... Du moins jusqu'au jour ou des Mangemorts ont débarqué à la maison...
Ce souvenir devait vraiment être très douloureux car des larmes roulèrent soudain sur les joues du Serpentard qui s'obstinait à regarder le mur. Harry sentit quelque chose se défaire dans son estomac.
— Voldemort en personne est arrivé peu après, en transplanant, reprit Malefoy en passant ses mains sur ses joues. C'était il y a trois mois... Il a surgi comme ça, sans crier gare...
— Il était venu pour te chercher ? demanda timidement Harry, le regard fixé sur le portrait de la jeune femme. Ça a un rapport avec cette mission foirée ?
— Il n'y a pas de mission foirée, c'était... un mensonge, dit Malefoy.
Harry remarqua alors que la photo de la jeune femme était montée sur charnières et il fit tourner le petit cadre. Une autre photo se trouvait dans le dos de la jeune femme, celle d'un bébé âgé de six mois environ, peut-être moins.
— Une femme et un fils... dit Harry en fermant le pendentif d'un coup sec. Par Merlin, comment n'y ai-je pas pensé plus tôt... Je comprends tout maintenant !
Harry se leva et s'éloigna de quelques mètres. Il revint et se laissa glisser contre le mur, le poing serré autour du pendentif d'argent.
— Ils sont morts, n'est-ce pas ? dit-il, la gorge soudain serrée.
— Voldemort a tuée Norya sous mes yeux... répondit Malefoy. Elle avait notre fils dans les bras et quand l'Avada Kedavra l'a touchée, elle l'a lâché. Il est tombé sur le sol et il est mort... Ensuite, Voldemort a dit que maintenant que je n'avais plus de famille, je pouvais rejoindre ses rangs définitivement. Un Mangemort avec une main d'argent m'a alors attrapé et Voldemort a activé ma marque... Ils m'ont ensuite emmené avec eux et pendant quelques temps, j'ai exécuté ses ordres mais j'ai fini par fuir. La suite, tu la connais...
Harry regarda Malefoy, le cœur serré. Jamais il n'aurait pu penser une seule seconde que la raison de cette soudaine demande d'aide avait un rapport avec une femme et un bébé... et non une éventuelle mission ratée qui lui avait valu d'être recherché par tous les Mangemorts des environs. Jamais.
Harry avait toujours pensé que Malefoy junior suivrait les traces de Malefoy senior en devenant Mangemort de son plein gré... Quand ils étaient encore élèves ici, le Serpentard avait reçu sa marque et s'en était largement vanté mais Harry le savait trop lâche pour exécuter un seul ordre de Voldemort, à l'époque... Apparemment, la donne avait changé et son ancienne Némésis avait du sang sur les mains.
Le Gryffondor se leva soudain et alla aider le blond à se relever. Il lui fit face et lui remit doucement le bijou autour du cou avant de l'enlacer doucement. Le blond l'entoura de ses bras un instant puis recule et serra le pendentif dans son poing. Il s'excusa ensuite à mi-voix et disparut dans sa chambre.
Le lendemain et les jours qui suivirent, Malefoy retrouva cependant le sourire, comme si vider enfin son sac lui avait ôté un poids considérable des épaules. Désormais, il accompagnait volontiers Harry dans le parc pour surveiller les élèves. Hermione et Ron tentèrent bien de demander à Harry à quoi était dû ce soudain changement d'humeur mais, à chaque fois, Harry leur répondait par un sourire qui laissaient les deux amis sur leur faim.
Le trente octobre, veille d'Halloween, Harry, Ron, Hermione et Malefoy furent engagés pour décorer la Grande Salle avec Hagrid. Heureusement qu'ils purent se servir de la magie car les citrouilles de Hagrid étaient immenses. Un petit sortilège de creusage fut bien plus rapide pour les vider, que, comme le fit remarquer Hermione, d'utiliser une petite cuillère, comme chez les Moldus.
Le lendemain soir, juste avant le repas, des chauves-souris furent lâchées dans la Grande Salle et, durant le dîner, les fantômes se promenèrent en passant à travers les tables, provoquant rires ou expressions de mécontentement de la part de ceux qui étaient en train de manger lorsqu'un fantôme surgissait dans le plat de ragoût sans crier gare.
À la table des professeurs, l'ambiance était chaleureuse, tout le monde discutant avec tout le monde, ou tout du moins avec la personne se trouvant à sa droite ou à sa gauche.
Harry était assis ce soir-là à droite de McGonagall, entre celle-ci et Hermione. À côté d'Hermione se tenait Malefoy, puis Ron et le professeur Sinistra qui, avec son regard de faucon ourlé de noir et ses cheveux noirs dressés sur sa tête, faisait penser à l'une de ces fées Carabosse que l'on trouve dans les livres pour enfants Moldus.
Harry discutait avec McGonagall quand soudain un corbeau croassa, faisant sursauter le professeur de Métamorphose ce qui fit rire Harry.
Ce dernier se tourna ensuite vers Hermione qui discutait avec Malefoy. Celui-ci souriait et Hermione triturait un coin de sa serviette de table. Ron, pendu aux lèvres de la jeune fille, écoutait avidement ce qu'elle disait, fronçant le nez de temps à autres.
Harry sourit pour lui-même puis reporta son attention sur les cubes de potiron qui formaient une pyramide dans son assiette. La soirée se passait bien, Malefoy avait retrouvé le sourire, et c'était super.
Après le repas, Harry, Ron, Hermione et Malefoy sortirent dans le parc se promener un peu avant la ronde quotidienne. Ils en avaient pris l'habitude, et, même s'il faisait un froid mordant en ce moment, les quatre amis restaient parfois une heure à se promener autour du lac et dans la roseraie. Mais ce soir-là, leur balade fut écourtée par une soudaine arrivée de hiboux en masse, en formation serrée, affrontant le froid.
— Regardez, dit Ron en montrant la masse noire se découper sur le ciel bleu marine. Des hiboux...
— Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Malefoy.
Il se tourna vers Hermione qui avait soudain l'air de réfléchir profondément.
— Je sais ! s'exclama-t-elle alors en faisant sursauter les trois garçons.
— Explique-nous alors, dit Harry en glissant ses mains dans les manches de sa robe de sorcier pour les réchauffer.
— J'ai entendu McGonagall parler d'un regroupement de sorciers, cette année... Normalement, je ne devrais pas le savoir, mais allons voir ça de plus près.
Les trois garçons hochèrent la tête puis tous rentrèrent dans le château. Il était neuf heures et demie et encore beaucoup d'élèves se baladaient dans les couloirs, discutant à droite et à gauche, stationnant dans les escaliers. Les trois Gryffondors et le Serpentard eurent du mal à se frayer un passage jusqu'à la Grande Salle, à présent vide de ses élèves mais prête à laisser entrer des centaines de curieux.
— Oh là, la ! s'exclama Hermione en voyant le nombre impressionnant de hiboux posés sur la table des professeurs. Mais qu'est-ce que ça veut dire ?
Les garçons regardèrent la jeune fille avec incompréhension, une seconde plus tôt, elle savait ce que c'était et voilà que maintenant, elle voulait savoir. Hermione leur fit un clin d'œil puis soudain Dumbledore se racla la gorge derrière eux, les faisant sursauter.
En reconnaissant Dumbledore, ils s'écartèrent de chaque côté de la porte et laissèrent passer les professeurs Dumbledore, McGonagall, Flitwick, Lupin et Rogue, les trois derniers tout aussi surpris que les trois Gryffondors et le Serpentard.
— Venez, dit alors McGonagall quand elle passa près d'eux. Il n'y a pas de raisons que vous ne le sachiez pas. Cela vous concerne aussi après tout.
Elle avait un petit sourire donc cela voulait dire que ce n'était pas grave. Elle ferma les grandes portes juste après Ron et tout le monde remonta jusqu'au tas de hibou sagement posés sur la table.
— Bien, dit Dumbledore. Approchez... Aller, les hiboux, allez plus loin, ajouta-t-il en en chassant quelques-uns.
Des hululements de mécontentement résonnèrent et une dizaine de hiboux allèrent de percher sur les dossiers des chaises entourant la table des professeurs.
— Chers collègues, dit alors Dumbledore. Ces hiboux sont des réponses à des invitations que j'ai envoyé voilà plusieurs mois aux élèves des quatre maisons d'il y a exactement trois ans.
Harry, Ron, Hermione et Malefoy se regardèrent, incrédules puis se tournèrent vers les professeurs qui faisaient eux aussi une drôle de tête, sauf McGonagall et Dumbledore.
— En raison des mouvements inquiétants dans le monde magique ces derniers mois, je tenais à rassembler mes anciens élèves, ceux qui ont eu à affronter, plus ou moins, Voldemort au cours de leur scolarité. C'est la raison de la présence de ces centaines de hiboux. Je ne pensais pas qu'ils arriveraient tous en même temps mais puisque que nous sommes nombreux, nous allons nous en occuper.
— Professeur, dit alors Hermione. Quelle est la véritable raison de ce soudain rassemblement ?
— À vrai dire, dit McGonagall. Il n'y en pas une spéciale, Miss Granger.
— J'avais juste envie de retrouver le bon vieux temps en rassemblant ma promotion préférée durant les vacances de Noël, répondit Dumbledore avec un sourire en coin.
— Promotion préférée ? répéta Hermione en haussant les sourcils.
Dumbledore lui adressa un petit sourire et elle rougit en baissant les yeux.
— Aller, dit-il alors. Installons-nous et commençons à « récolter » ces réponses. Je vous préviens, nous risquons d'en avoir pour un bout de la nuit...
Harry regarda Ron et Malefoy puis haussa les épaules et se glissa derrière la table des professeurs.
À neuf, ils mirent plus de deux heures pour décharger tous les hiboux et quand enfin, Dumbledore relâcha le dernier hibou, un grand-duc gris, il y avait une telle quantité de rouleaux de parchemins devant eux que chacun poussa un soupir, plus ou moins discret.
— Au boulot, dit alors McGonagall en distribuant des listes inscrites sur des parchemins verts. Voici la liste des élèves, il y en a quarante par liste, si vous trouvez un parchemin dont le nom n'apparaît pas sur votre liste, vous le mettez de côté, je chercherais plus tard. Bon courage.
— Mouais, marmonna Ron en regardant sa liste, sa plume à la main. Je ne connais pas la moitié des élèves, ajouta-t-il en regardant la liste d'Harry.
— Moi non plus, soupira Hermione. Mais ce n'est pas grave, ajouta-t-elle en prenant le premier parchemin qui se trouvait devant elle.
Elle le déroula puis chercha le nom de l'élève sur sa liste.
— Bingo ! dit-elle en cochant un nom. Et d'un !
— Tu commences bien, dit Ron en déroulant son parchemin. Pas moi, visiblement...
Durant les deux heures qui suivirent, il était à présent plus d'une heure du matin, on n'entendait pas un bruit dans la grande salle, juste celui fait par le déroulement des parchemins puis par le grattage de la plume sur la liste.
Quand on commença à pouvoir dénombrer les parchemins restants sur les doigts de sa main, la tension fut moins haute et Flitwick, qui se trouvait en bout de table, décida de faire passer les parchemins si le nom ne figurait pas sur sa liste.
— Ouf ! s'exclama Hermione en s'adossant à sa chaise. Une heure et demie du matin, ajouta-t-elle en regardant sa montre.
— Comme vous dite, Miss, dit le petit professeur Flitwick en poussant un soupir. Dumbledore, plus jamais, ajouta-t-il.
Dumbledore sourit puis McGonagall rassembla les listes et les parcourut rapidement.
— Bien, bien, dit-elle avec un sourire. Ils sont tous répondu présent.
— Tous ? s'étonna Dumbledore.
— Tous, répondit McGonagall. Potter, Weasley, rassemblez les parchemins et suivez-moi, dit-elle alors en contournant la table. Les autres, nous vous libérons, ajouta-t-elle en regardant Dumbledore.
— Allez donc faire votre ronde, dit-il en se levant.
Des regards courroucés accueillirent cette nouvelle mais les professeurs se levèrent quand même et se dispersèrent rapidement dans le château. Hermione se retrouva avec Malefoy et, bien qu'un peu mal à l'aise, ils firent leur ronde en silence... durant la première minute.
— Hermione... dit soudain Malefoy en tournant au coin d'un couloir.
— Mhm ? fit Hermione en le regardant.
« Merlin qu'il est beau... » pensa-t-elle. « Non mais ça ne va pas ? Tu as un copain ma petite ! »
— Oui, Malefoy ?
— Malefoy ? s'étonna le Serpentard. Tu ne m'as pas appelé ainsi depuis longtemps...
— Nous ne sommes plus ensemble, si c'est ce dont tu veux parler, rappela Hermione.
— Je le sais bien, répondit Malefoy. Mais... Bref. Je ne sais pas si Potter t'en à parler mais en ce moment je suis plutôt... perturbé... Merlin que je n'aime pas ce mot...
— Harry m'a bien dit qu'il te trouvait bizarre, confia Hermione. Mais sans plus... Et puis, ça ne me regarde pas ce qu'il se passe entre vous... Le plus important pour moi c'est que tu ailles de nouveau bien.
Malefoy la regarda, étonné puis il sourit en comprenant.
— Ne t'inquiète pas, je ne pensais pas à la même chose que toi... J'ai bien trop de soucis et de chagrin pour penser à refaire ma vie avec qui que ce soit.
— Refaire ? s'étonna Hermione en s'arrêtant soudain de marcher.
Malefoy serra les lèvres et compris qu'il ne pouvait plus reculer. La pente était glissante mais il s'étonna en découvrant qu'il voulait qu'Hermione sache pourquoi il avait changé de cette façon.
— Je suis veuf, Hermione, dit-il alors.
Hermione fronça les sourcils.
— Veuf ? Mais...
— Oui, j'ai été marié, il y a trois ans. Je le suis toujours en fait, à la différence que maintenant c'est qu'elle est morte...
— Oh Drago... Je suis désolée... dit Hermione en posant sa main sur le bras du Serpentard. Et... de quoi ?
— Elle a été assassinée, dit Malefoy.
Hermione eut un hoquet de surprise.
— Voldemort ? demanda doucement la jeune femme.
— En personne, dit Malefoy. C'était il y a trois mois, nous étions tous les trois dans notre manoir quand il a débarqué avec ses Mangemorts...
Tous les trois ? pensa Hermione. Il a dû fourcher...
Elle regarda Malefoy et celui-ci lu la question dans ses yeux. Il plongea alors la main dans sa robe de sorcier et en retira le pendentif qu'il lui déposa dans la main.
— Ouvre-le, dit-il.
Hermione s'exécuta et tomba en admiration devant la photo de Norya.
— Qu'elle est belle... souffla-t-elle en touchant la photo du doigt. C'est ta femme ?
— C'est Norya, oui, dit Malefoy. Elle avait déjà quitté Poudlard quand nous avons quitté le collège. Mon oncle l'avait remarquée à la remise de mes ASPIC, grande sœur d'un autre élève. Aussitôt dit, aussitôt fait, elle me fut promise et à peine deux mois plus tard, nous nous unissions... pour le meilleur et pour le pire. Mais j'ignorais que le pire allait arriver après seulement trois ans de mariage.
— Drago... dit Hermione. Si ça t'est trop douloureux d'en parler, laisse tomber...
— Non, non, dit Malefoy. J'en ai déjà parlé avec Potter, c'est fou ce que ça peut faire du bien de parler à quelqu'un qui nous écoute... Maintenant, je vois les choses légèrement différemment mais son absence m'est toujours difficile. Je suis tombé amoureux d'elle, Hermione, très vite.
— Drago...
Mais le Serpentard secoua la tête et continua de parler.
— Au début, nous ne nous voyions que pendant les vacances scolaires et les week-ends puisqu'elle était à l'Université mais ça me suffisait. Et puis elle a eu son diplôme et nous nous sommes installés ensemble dans une maison de la famille, à Londres. Après un an à se voir de temps, vivre enfin ensemble était magnifique. À peine quelques semaines après avoir emménagé, elle m'annonçait qu'elle était enceinte. J'étais alors le plus heureux des maris ! Même mon père, à Azkaban, avait retrouvé un peu de lucidité pour m'écrire et me féliciter. Un peu moins de huit mois plus tard, Erwan naissait... Un vrai Malefoy aux yeux gris et au caractère bien trempé !
Hermione sourit puis elle incita Malefoy à reprendre leur ronde.
— Nous avons vécu des jours heureux, tous les trois, jusqu'au jour où cet abominable serpent a débarqué à la maison avec ses chiens, dit alors Malefoy en fronçant les sourcils.
La comparaison entre les chiens et les Mangemorts fit sourire Hermione mais elle rangea rapidement son sourire en voyant le blond se renfermer brusquement.
— Il a jeté l'Avada Kedavra sur Norya sans crier gare, dit alors Malefoy. Elle portait notre fils dans ses bras et quand le sort l'a touché, elle l'a lâché et il s'est tué en heurtant le sol. J'étais effaré, la surprise n'ayant pas encore laissé place à la douleur de la mort. Puis un Mangemort avec une main d'argent m'a bloqué avec un quelconque sortilège et Voldemort a activé de force la Marque des Ténèbres. Je n'avais alors plus le choix. J'ai enterré ma femme et mon fils et je suis allé à Little Hangleton. J'y suis resté quelques semaines avant de fuir. Depuis, ma tête est mise à prix et je n'ai trouvé que Potter pour... m'éviter la mort.
— Et tu t'es alors enfui, c'est ça ? demanda Hermione en braquant sa baguette magique derrière une statue. Je suis vraiment désolée pour ta femme et votre fils, Drago, si tu savais... Je l'ignorais, je ne savais même pas que tu t'étais marié...
Malefoy balaya la phrase de la main.
— Je me suis enfui du manoir de Voldemort, oui, dit Malefoy en hochant la tête. J'ai erré pendant deux mois, allant droit devant moi. Je me cachais de tous, habillé en mendiant la plupart du temps, sortant la nuit... J'avais la hantise de tomber sur un Mangemort... Et puis un jour, j'ai eu un mauvais pressentiment et j'ai ressenti le besoin de trouver une cachette plus sûre et mes pas m'ont mené à Poudlard. Je ne pense pas qu'il y ait un autre endroit plus sécurisé dans ce monde.
— C'est bien d'y avoir pensé, dit Hermione en fermant une porte de classe. Donc, tu t'es dit que tu pourrais te cacher ici, c'est ça ? Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi avoir demandé de l'aide à Harry ? Vous êtes les plus grands ennemis que Poudlard ait connus après James Potter et Rogue...
— Je t'avoue que je ne sais pas pourquoi je suis allé voir Potter avant même d'aller voir Dumbledore, ou même Rogue, qui est mon parrain, dit Malefoy en fermant une porte de son côté. Mes pas m'on guidés jusqu'à lui, enfin jusqu'au cachot de Rogue et je lui ai demandé d'aller chercher Potter après lui avoir expliqué la situation.
— Je reconnais bien notre Harry, dit alors Hermione en souriant. Crois-moi, même s'il t'avait détesté à mort, il ne t'aurait jamais laissé dehors en sachant ce que tu y risquais. Harry n'est pas comme ça. Il a un cœur gros comme ça. La preuve, il n'en veut pas à ses Moldus pour le mauvais traitement dont il a été victime quand il était petit. Il n'en veut pas à Rogue non plus, bien qu'ils soient toujours en froid tous les deux. Il n'en veut pas à Cho de l'avoir plaqué juste parce qu'il lui rappelait trop Diggory. Tu vois, les animaux qui sont chez lui ?
— Les deux hiboux et le Phénix ?
— Oui, ce sont des animaux malades, dit Hermione. Du moins le hibou noir.
— Ah bon ?
— Harry l'a trouvé dans une boutique à Paris quand nous y sommes allés pour les vacances, il y a deux ans. Il était en si piteux état qu'il n'a pas eu le cœur à le laisser. De toute façon, s'il l'avait fait, je l'aurais pris, moi.
Malefoy sourit et Hermione rougit légèrement.
— Harry a passé des heures et des heures à le soigner, avec l'aide de Hagrid et de beaucoup de magie... dit-elle en se remémorant ces longues heures de soins.
— Il est doué, dit alors Malefoy. Il est en très bonne santé.
— Et pourtant, il reste toujours quelque chose à faire, dit Hermione. Le hibou noir, il est borgne du côté droit. Il s'était battu avec un autre hibou avec qui il cohabitait et celui-ci lui a percé l'œil avec une de ses serres. La plaie n'a jamais été soignée et c'est Harry qui a tout fait. L'année dernière, son Phénix s'est brisé une aile en entrant en collision avec un hibou et depuis, il ne peut plus voler. Il reste sur son perchoir à longueur de journée ou bien saute de meuble en meuble.
Malefoy opina avec un sourire en coin.
— Je le reconnais, c'est un grand magicien...
— Merci, dit alors une voix en face d'eux.
Hermione leva les yeux et vit Ron et Harry qui venaient dans l'autre sens.
— Je ne sais pas de quoi vous parlez, dit Harry. Mais merci pour le compliment Malefoy.
— Profite-en Potter, ils sont rares, railla le blond.
Hermione sourit puis soupira.
— Surtout, ne changez pas. Restez toujours tels qu'on vous a connu. Vos chamailleries finiraient par nous manquer cruellement, dit-elle, amusée.
Sur ce, elle fit un clin d'œil à Ron qui sourit. Les quatre anciens élèves éclatèrent de rire puis ils se dirigèrent ensembles vers le hall où les professeurs de permanence les attendaient, visiblement impatients.
— Enfin, dit Rogue sur un ton sec. Vous vous étiez perdus ?
— Excusez-nous, professeur, dit Hermione en arrêtant de rire.
— Alors ? demanda McGonagall en regardant ses collègues.
— Trois Gryffondors dans les couloirs de Métamorphose, dit le professeur Sinistra.
— Deux Serdaigles près de leur Salle Commune mais dehors quand même, dit Rogue.
— Personne, dit Lupin.
— Pour moi non plus, dit Flitwick.
— Et vous, demanda McGonagall en regardant les trois Gryffondors et le Serpentard.
— Deux Serpentards sous la salle de Divination, dit Harry.
— Personne pour nous, dit Hermione.
— Bien, dit McGonagall.
Elle se tourna ensuite vers les sabliers géants et dit :
— Nous disons donc trois Gryffondors... Soixante points...
Elle leva la main et soixante rubis dégringolèrent dans la partie inférieure du sablier de Gryffondor.
— Deux Serpentards... Quarante points...
Quarante émeraudes tombèrent dans la partie inférieure du sablier de Serpentard.
— Et deux Serdaigles... Quarante points... acheva McGonagall.
Quarante diamants tombèrent à leur tour dans la partie inférieure du sablier de Serdaigle.
— Les Serdaigles vont devoir se rattraper, dit Lupin en remarquant que le niveau de diamants se trouvait bien en dessous de la ligne rouge qui marquait la moitié de la partie supérieure de chaque sablier. Mais je suis confiant...
Il se tourna vers Harry qui répondit :
— J'ai corrigé leurs devoirs, ils sont bons, nous verrons ensemble pour les points, demain.
Lupin hocha la tête puis tout le monde fut envoyé dans ses quartiers pour la nuit.
Hermione et Ron suivirent McGonagall, tous deux vivaient dans de petits appartements non loin de ceux du professeur de Métamorphose, tandis que Harry prenait le grand escalier, derrière Malefoy.
— Potter, dit Malefoy en haut des marches. Est-ce que tu ne fais que corriger les devoirs des élèves ? Depuis que je suis ici, tu n'as fait que ça.
Harry sourit.
— C'est ma principale fonction, oui, dit-il. Mais comme je suis l'assistant de Lupin, je lui sers aussi parfois de cobaye.
Harry plissa le nez en souriant et Malefoy pouffa.
— Je t'imagine bien entrain de tituber autour de la salle après que Lupin t'ai envoyé le maléfice de Jambencoton ! Ou te tordre de rire après un Rictusempra !
— T'a fini de te ficher de moi ? demanda Harry en le bourrant du coude.
Malefoy fit un pas de côté puis revint à la charge et Harry trébucha sur le tapis au même moment. Il s'écrasa contre le mur et Malefoy, emporté dans son élan, lui atterri dessus.
Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres et Harry, soudain gêné, se tortilla. Malefoy mit un petit moment à se décider à bouger puis il recula, mais Harry vit bien qu'aucune marque rose sur ses joues ne trahissait une quelconque gêne et il fut certain que Malefoy avait les yeux brillants. Ha, s'il savait pratiquer la Legilimancie ! Il donnerait cher pour savoir à quoi pensa Malefoy durant le trajet jusqu'à la tour Sud...
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