Chapitre 29
— Installez-vous sur un lit, Monsieur Malefoy, je reviens dans une seconde.
Drago obtempéra et s'assit sur le premier lit et attendit. Près de lui, McGonagall essayait d'être rassurante et lui souriait doucement.
— Tout ira bien, dit-elle. Vous allez rapidement être fixé.
Malefoy n'eut pas le temps de répondre. Pomfresh revenait déjà avec sa baguette magique à la main. Et une seringue.
— Pouvez-vous remonter votre manche, s'il vous plait ?
— Qu'allez-vous faire ? Je veux juste savoir si oui ou non j'attends un enfant...
— Je sais, mais je vais d'abord vous faire une prise de sang afin de savoir à quoi m'en tenir. Si je ne vois rien d'anormal, j'utiliserai les rayons X pour voir à travers votre abdomen. C'est parfaitement indolore et ça ne risque rien pour personne. Aller, relevez cette manche, la nuit est déjà bien entamée.
Drago s'exécuta et Pomfresh lui enfonça alors la longue aiguille dans le creux du bras droit. Le Serpentard tourna la tête et grimaçant puis l'Infirmière retira la seringue et la leva à la lumière d'une des lampes suspendues au plafond.
— Bon, voyons voir, dit-elle ensuite en levant sa baguette.
Elle la pointa sur la seringue et murmura un sort. Rien ne se passa.
— Hm, je m'en doutais, dit Pomfresh en posant la seringue sur un plateau près d'elle.
— De quoi ? demanda McGonagall.
— Le sortilège que nous utilisons d'ordinaire sur les prises de sang des femmes qui se pensent enceinte, est censé rendre le sang scintillant, doré, pour indiquer la présence d'une molécule que les femmes enceintes fabriques, la bêta-HCG. Suivant son taux, elle nous indique à quel stade en est la grossesse. Mais dans votre sang, il n'y a rien... comme c'est normal dans le sang d'un homme.
McGonagall opina. Malefoy resta silencieux. Pomfresh le regarda alors et pencha la tête sur le côté.
— Vous voulez vraiment savoir ? demanda-t-elle.
— Oui. Maintenant que je suis là, je veux être rassuré. Ou pas. J'ai fait deux malaises depuis Halloween, Harry trouve que j'ai maigri, mes cheveux poussent plus rapidement... Je me pose des questions et j'ai une trouille de tous les diables.
— C'est normal, répondit Pomfresh en posant sa main sur son bras. Allongez-vous, maintenant...
Malefoy s'exécuta et McGonagall posa sa main sur son épaule.
— Tout va bien se passer, dit-elle avec un mince sourire.
Le blond opina rapidement puis regarda Pomfresh qui avait dégainé sa baguette.
— Je vais poser la pointe de ma baguette contre votre ventre, dit-elle. Le sort que je vais jeter est parfaitement inoffensif. Il nous montra l'intérieur de votre abdomen et nous saurons immédiatement s'il y a un occupant ou pas. Prêt ?
Malefoy inspira profondément puis hocha la tête. Pomfresh jeta un regard à McGonagall puis le blond déboutonna sa chemise et s'installa plus confortablement contre les oreillers.
— Allons-y alors.
Le blond ferma les yeux. Il sentit la pointe froide de la baguette magique se poser au-dessus de son nombril et soudain, un frémissement parcourut les deux femmes de part et d'autre de lui.
— Doux Jésus ! souffla McGonagall.
Drago fronça les sourcils puis se força à ouvrir les yeux. McGonagall lui enfonça ses ongles dans l'épaule et le blond découvrit alors, devant lui, comme flottant au-dessus du lit, une image en noire et blanc mais en trois dimensions d'un fœtus, encore à peine formé, de la taille d'un gros haricot, mais chez qui on devinait déjà pieds, mains et tête. Même les petits yeux noirs...
— Merlin tout puissant...
Malefoy reposa sa tête sur l'oreiller, ferma les yeux, puis fondit en larmes. Il roula sur le flanc et Pomfresh regarda McGonagall. Celle-ci hocha la tête et Pomfresh s'éloigna de quelques pas, vers une armoire en verre. Elle en revint avec une petite seringue et la planta dans le bras du blond.
— Reposez-vous, dit-elle en lui caressant les cheveux. Allez vous coucher, Minerva, je vais rester avec lui.
— C'est vrai ? dit Rogue en fronçant les sourcils.
— Oui, Poppy est formelle et je l'ai vu de mes yeux comme je vous vois, Severus.
McGonagall soupira et se frotta les yeux sous ses lunettes. Il était six heures du matin, elle n'avait dormi qu'une poignée d'heures et son sommeil avait été peuplé de visions étranges et pour le moins perturbantes.
— Merlin... Qu'allons-nous faire ? soupira la vieille sorcière.
Dumbledore haussa un sourcil.
— Comment cela ? demanda-t-il. Nous ne pouvons pas le mettre dehors, Minerva, j'ai promis à Harry de les garder à condition qu'ils se fassent discrets.
— Et vous pensez sérieusement qu'avec sa grossesse, Monsieur Malefoy va savoir rester discret ? grinça Rogue.
— Eh bien, il existe des sortilèges pour masquer le volume du corps et... hasarda Dumbledore. Bon, j'avoue, je n'ai aucune idée de comment il va faire ! lâcha-t-il ensuite, agacé. Mais Poudlard est sa maison maintenant, il n'a nulle part où aller à part chez ses parents, et je doute qu'il veuille y retourner...
— Il pourrait aller chez moi, dans ma maison à Londres ou mon Manoir, le temps de mettre cet enfant au monde, dit Rogue. Mais je devrais me passer de mon Assistant, dans ce cas...
McGonagall grimaça.
— Combien de semaines ? demanda alors Dumbledore.
— Poppy l'estime a dix semaines... Pour l'instant, il n'y a rien de visible, extérieurement, mais cela ne restera pas ainsi indéfiniment, Monsieur Malefoy va grossir, c'est obligatoire... Je pense que le sortilège d'amincissement est la seule option actuelle, mais il ne fait que masquer les « rondeurs » superflues, il ne les efface pas totalement...
— Heureusement, j'ai envie de dire, grommela Rogue. Il n'empêche qu'il va être obligé de faire quelque chose, d'autant plus que nous n'avons strictement aucune idée de comment les choses vont se dérouler par la suite.
— Nous allons devoir improviser, dit Dumbledore. Quand j'ai entendu dire que Drago était à moitié Vélane, je ne le croyais pas, et surtout, je ne pensais jamais en arriver à la situation actuelle, mais il semble que nous y soyons parvenus tout de même, donc nous allons devoir improviser, faire de notre mieux pour ni les élèves ni leurs parents ne découvrent la vérité.
Rogue et McGonagall opinèrent puis la porte de la salle des professeurs s'ouvrit pour laisser entrer leurs collègues.
Un peu plus tard dans la journée, assis dans le fauteuil de Harry, dans la Tour Sud, Malefoy attendait son compagnon. Il avait regagné son lit quelques heures avant qu'Harry ne se lève, et il s'était fait porter pâle pour ne pas avoir à affronter Rogue ou même Harry. Mais il était maintenant midi et le Gryffondor allait remonter dans sa tour déposer ses affaires de la matinée. Et Malefoy devait lui parler...
Malefoy tendit l'oreille en entendant des pas dans l'escalier qui menait à la porte d'entrée du bureau-appartement. Lorsque la poignée pivota, le blond se tendit. Harry apparut alors en sifflotant et referma la porte tranquillement.
— Hey, dit-il en remarquant son compagnon. Tu es levé, ça va mieux alors ?
— Un peu... La matinée à a été bonne ?
— Ça va, un peu mouvementée, les élèves n'ont pas cessé de discuter mais en général, ça a été. Et toi ? Tu viens de te lever ?
— Non, je...
Malefoy se tut, souffla par le nez, puis se leva et contourna le bureau en grimaçant.
— J'ai quelque chose à te dire, Harry, dit-il alors. Je n'ai aucune idée si ça va te plaire ou non, mais je dois t'en parler parce que nous sommes fiancés et que je t'aime.
Harry haussa les sourcils sans comprendre.
— C'est si grave que ça ? demanda-t-il en déposant sa sacoche sur un guéridon. Chéri...
— Je...
Malefoy s'appuya sur le bureau et porta une main à sa bouche. Harry s'approcha rapidement.
— Hey... Qu'est-ce que tu as ?
— Harry, je...
Le blond le regarda, les yeux pleins de larmes, et Harry pinça la bouche. Il recula d'un pas et prit la main du Serpentard dans la sienne.
— On va gérer, dit-il. D'accord ?
— Harry, je... Je suis désolé.
Harry eut un bref sursaut.
— Non ! dit-il vivement. Non, tu n'as pas à être désolé ! Ce n'est pas de ta faute, d'accord ?
Il prit le Serpentard dans ses bras et Malefoy pressa son front contre l'épaule de Harry en soupirant.
— On va faire quoi ? demanda-t-il. Des enfants, j'en aurais voulu avec toi, mais dans quelques années, pas... maintenant.
— Nous ne sommes pour rien dans l'histoire, ni l'un ni l'autre, c'est ta partie Vélane qui a décidé toute seule... dit Harry en reculant. Et on va faire comme font les futurs jeunes parents, on va l'attendre, on va prendre de lui, et on va l'élever. Même si tu vas avoir du mal à l'accepter, il est ton fils, Drago... Le tiens, et celui d'un Vélane.
Malefoy baissa le nez et soupira. Il renifla puis Harry regarda sa montre.
— Viens, dit-il. On va déjeuner.
— Non, je vais déjeuner ici, je ne veux pas affronter Rogue et son regard si froid... Et Dumbledore aussi... Nous devions être discrets, nous lui avions promis...
— On va gérer, assura Harry. Ne t'en fais pas, d'accord ? On a connu bien pire tous les deux, qu'un bébé surprise, tu ne crois pas ?
Malefoy eut un mince sourire puis il hocha la tête. Harry le reprit dans ses bras, l'étreignit une longue seconde puis l'embrassa sur la joue et quitta la Tour Sud.
Malefoy, lui, s'appuya contre le bureau puis se laissa glisser au sol et renversa la tête en arrière. Il avait pleuré une bonne partie de la matinée, déjà, et il n'avait plus de larmes. Il ne savait pas pourquoi il pleurait, cependant, car depuis que son père lui avait révélé son ascendance Vélane, il s'était fait à l'idée de pouvoir un jour avoir un enfant... comme les femmes.
Inspirant profondément, le blond regarda l'étagère devant lui, puis il tourna la tête vers la fenêtre.
— Je pense que j'ai pris les choses trop à la légère, dit-il. Je ne pensais pas en arriver là un jour... Je m'étais imaginé ça comme une possibilité, pas comme... un fait. Et pourtant...
Il soupira et entoura ses genoux de ses bras, posant sa tête contre. Il n'avait aucune idée de comment allait se goupiller les choses maintenant. Il allait devoir annoncer la chose à ses parents, et il ignorait s'il en était capable, et pis encore, s'ils allaient l'accepter... Déjà qu'ils n'acceptaient que difficilement sa relation avec Harry Potter...
Avec un profond soupir, Malefoy se déplia et se leva. Il remonta dans sa chambre et se roula en boule sur son lit, incapable de penser rationnellement.
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