Chapitre 28

Le soir de la rentrée du premier janvier, alors que les élèves terminaient de dîner après un long voyage en train à travers l'Angleterre et l'Ecosse, et comme ils se levaient pour partir, Dumbledore se racla la gorge. Aussitôt, tout le monde se figea.

— Bien ! dit Dumbledore en se levant, juste avant d'ouvrir le dîner. Une nouvelle année commence, littéralement, et je tenais à vous annoncer que Miss Granger ne fera plus partie des effectifs des professeurs jusqu'à nouvel ordre.

Il y eut des murmures étonnés et Dumbledore dit :

— Miss Granger a en effet décidé de prendre quelques congés pour se consacrer à sa vie de famille, mais il ne serait pas surprenant que vous la croisiez dans les couloirs de temps en temps.

Il y eut des murmures dans salle et Dumbledore esquissa un sourire.

— Je tenais également à vous présenter le nouvel assistant du professeur Rogue, Monsieur Drago Malefoy, qui pourra vous aider en cours de Potions.

Drago se leva et des applaudissements s'élevèrent de la table des Serpentards. Dumbledore les fit taire d'un geste de la main.

— Oui, oui, Serpentard, c'est bon, dit-il avec un sourire.

Drago se rassit près de Rogue puis Dumbledore ajouta :

— Je rappelle aux élèves que pas plus qu'avant les vacances de Noël, il est toujours formellement interdit de se rendre dans la Forêt Interdite sauf si vous tenez réellement à vous faire renvoyer, et qu'il est aussi strictement interdit de se promener la nuit hors de vos Maisons et de faire de la magie dans les couloirs. Les Préfets et les Préfets-en-Chef veilleront à maintenir l'ordre dans les couloirs.

Les murmures se turent puis Dumbledore laissa partir tout le monde dans le brouhaha habituel.

Plus tard dans la soirée, Malefoy et Harry se promenaient dans la roseraie avant d'aller effectuer la ronde habituelle.

— Ça fait bizarre de se promener ainsi tous les trois, dit Ron.

— Oui, dit Harry en regardant autour de lui. Croyez-vous que McGonagall va demander un nouvel assistant ?

— Je ne pense pas, dit Ron en secouant la tête. Hermione ne sera pas définitivement absente... Dès qu'elle aura son bébé, je suis sûr qu'elle va revenir, quitte à se trimballer le petit avec elle.

— Ça, dit Drago. Ce serait du Hermione tout craché...

Ron et Harry sourirent puis Harry avisa le professeur Vector qui venait vers eux.

— Ah, vous voilà, Messieurs, dit-il. On m'a demandé de vous dire que vous faites de nouveau les rondes avec nous autres professeurs. Venez, nous sommes attendus.

Les trois garçons hochèrent la tête sans protester puis rentrèrent dans le château, suivant le professeur Vector.

— Harry, dit Dumbledore alors qu'ils effectuaient le rond ensemble. Puis-je te poser une question, mon garçon ?

— Oui, qu'y a-t-il ? demanda Harry en éclairant un couloir de sa baguette.

— Harry... Je, j'ai l'impression que Drago a changé... Excuse-moi si je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais...

Harry fronça les sourcils puis les haussa.

— Je n'ai pas l'impression qu'il ait changé, dit-il. En quoi ?

Dumbledore pinça les lèvres.

— Eh bien, pour commencer, je trouve qu'il a minci. Je ne sais pas, c'est un sentiment que j'ai eu au dîner tout à l'heure, quand il s'est levé... J'ai eu l'impression que sa robe lui pendait sur les épaules, plus que d'habitude, je veux dire.

Harry se mordit la joue puis souffla.

— Vous avez raison, dit-il. Je l'ai remarqué depuis quelques temps... Quand je le vois torse-nu, avant je me souvenais d'une fine musculature, mais à présent, on peut voir ses côtes et c'est perturbant....

Dumbledore hocha gravement la tête.

— J'ai aussi remarqué que Monsieur Malefoy porte ses cheveux bien plus longs qu'avant... Miss Granger ne les lui avait-elle pas coupés avant les vacances de Noël ? Nous ne sommes qu'en janvier, cela et j'ai l'impression qu'ils sont bien plus longs que dans mon souvenir...

Un silence s'installa alors et leurs sorciers continuèrent leur ronde un moment. Au bout de plusieurs couloirs, cependant, Dumbledore n'y tint plus.

— Pense-tu qu'il attende un enfant ? demanda-t-il, rompant le silence.

Harry serra les mâchoires.

— Pour vous répondre, j'aimerais, oui, répondit-il. Mais en même temps, je ne l'espère pas.

Dumbledore haussa les sourcils, surpris.

— Ce qui veut dire ? J'ai peur de ne pas te suivre, mon garçon...

Harry s'arrêta de marcher et soupira profondément. Dumbledore pivota vers lui et l'observa.

— Je suis partagé, répondit Harry en haussant les épaules. J'ai vraiment envie fonder une famille avec lui, je l'aime plus que n'importe qui d'autre et je veux finir ma vie avec lui mais d'un autre côté, cela risque de nous poser des problèmes notamment avec les élèves du collège... ainsi qu'avec certains professeurs, les parents d'élèves...

— Hélas, dit Dumbledore. Certains professeurs ainsi que certains Préfets n'acceptent pas qu'un couple comme le tient vive au château... Ils m'ont clairement dit que cela pourrait influencer les jeunes élèves et...

Harry fronça les sourcils.

— Et quoi ? demanda-t-il, légèrement choqué. Que faisons-nous de mal ? Nous nous aimons, est-ce mal ?

Le vieux sorcier leva les mains et les agita.

— Non, non, je ne dis pas cela, dit-il. Au contraire, je suis ravi que tu aies réussi à mettre... ton passé de côté... Drago va mieux, lui aussi, et je sais que votre couple ne s'est pas fait en un jour, vous avez pris le temps de bien réfléchir...

— Professeur, vous n'allez quand même pas céder à ce chantage et nous mettre dehors, Drago et moi ? Si ? dit alors Harry, coupant quasiment la parole au Directeur.

Celui-ci eut un sursaut.

— Bien sûr que non ! s'exclama-t-il, choqué. C'est juste que j'aimerais que vous soyez plus discrets, que vous laissiez Harry et Drago chez vous et qu'en dehors, vous soyez Potter et Malefoy... Tu comprends ?

Harry baissa le nez, serrant les lèvres.

— Je crois... Pourtant, quand Stefan était là...

Dumbledore soupira en secouant lentement la tête.

— C'est vrai, dit-il en éclairant un couloir avec sa baguette. Mais Stefan n'avait pas fait ses études ici... Drago est connu comme le loup blanc dans ce collège, fiston, et je ne veux aucun problème avec les parents d'élèves. Te souviens-tu du tapage qu'a provoqué Remus en venant enseigner ici ?

Harry grimaça.

— Il a préféré démissionner... souffla-t-il.

— Alors comme ça, juste parce que Malefoy a fait ses études à Poudlard, les autres nous jettent la pierre ? C'est vraiment de la mauvaise foi !

— Je comprends ta colère Harry, mais...

— Mais quoi ? Il n'y a pas de mais, professeur ! répliqua Harry. C'est injuste que nous soyons confinés dans nos appartements, c'est tout !

— Harry, Harry... Calme-toi... Je ne voulais pas te froisser...

Harry soupira profondément, ouvrit une porte puis la referma.

— Ce n'est pas ça, Monsieur, dit-il. C'est juste que je trouve inadmissible que de telles mentalités existent encore de nos jours et surtout dans notre pays où les couples homosexuels sont presque aussi nombreux que les couples hétéros !

— J'ai encore mis le doigt sur un sujet épineux, dit alors Dumbledore. Enfin... passons.

— Je crois qu'il vaut mieux, dit Harry.

Un moment de silence passa alors, épais, et les deux hommes reprirent leur chemin. Arrivés en haut d'un escalier, Dumbledore se tourna vers Harry.

— Une dernière chose, Harry...

— Oui ?

— Harry, j'aimerai savoir, maintenant que tu vis avec Drago, si... Eh bien, si vous...

— Si vous voulez savoir si nous allons quitter le château, pour l'instant, je vous réponds que non, lâcha Harry en s'engageant dans l'escalier. D'une parce que je suis très bien dans ma petite tour, et de deux parce que je travaille ici. Je n'ai pas envie de m'encombrer d'un appartement ou d'une maison alors que je passerais les trois quarts de l'année ici.

— Je vois. Etsi vous avez un bébé ? Comptez-vous rester ici quand même ? demanda alors Dumbledore.

— Hé bien... dit Harry. Je dois vous dire que je ne suis pas encore allé plus loin dans mes réflexions sur le sujet, que de pousser Malefoy à aller voir Pompom régulièrement...

— Et il y va ?

Harry haussa les épaules.

— Quoi qu'il en soit, si Drago attend un enfant, et si cela ne vous dérange pas, bien sûr, je pense qu'il serait plus en sécurité ici, à Poudlard...

— Pourquoi cela me dérangerait-il ? demanda Dumbledore, étonné. Je suis conscient que la nature de Drago est pour le moins atypique et je peux parfaitement comprendre que tu veuilles le protéger, le temps d'en apprendre plus sur ce qu'il est comment le gérer. Ne t'en fais donc pas, vous pouvez rester ici aussi longtemps que vous le voudrez, à condition, comme je te l'ai dit tout à l'heure, de garder vos tendresses pour l'intimité de votre tour.

Harry hocha la tête puis tous deux se remirent en marche en silence jusque dans le hall d'entrée. Ils n'y trouvèrent personne et s'assirent dans un coin pour partager un peu de vin en attendant les autres.

Cependant, non loin du hall d'entrée, Drago, qui avait volontairement choisi le professeur McGonagall pour effectuer la ronde, brisa le silence qui les avait accompagnés depuis le début du couloir.

— Professeur... ?

— Oui, Monsieur Malefoy ?

— Puis-je vous poser une question ?

— Hé bien... Vous venez de le faire...

Malefoy leva les yeux au ciel.

— En fait, c'est plus sur moi que sur les Vélanes... reprit Drago.

— Sur vous ? Est-ce personnel ?

— Assez oui...

— D'accord, dit McGonagall en s'arrêtant. Allez-y, je vous écoute.

Malefoy lui fit face et se passa une main sur le visage.

— Vous savez que j'héberge en moi, du moins que je partage de mon ADN avec une créature magique capable de tomber enceinte d'elle-même, n'est-ce pas ?

— Oui, bien sûr... Où voulez-vous en venir ? Attendez-vous un enfant ?

Malefoy serra les mâchoires.

— Harry a des craintes, et moi, je suis un peu perdu, répondit-il. Je veux dire, je le saurais, non ? Il veut à tous prix de j'aille voir Pompom mais, eh bien, je suis un peu effrayé par tout ça et...

— Je comprends, répondit McGonagall. Vous savez quoi, Monsieur Malefoy ? dit-elle ensuite. Allons-y maintenant.

— Aller... Mais où ?

— Voir Pompom. Je vous accompagne, à titre, non pas de professeur, mais d'amie. Vous ne savez pas vous décider, vous avez peur, et c'est parfaitement normal. Tout comme une jeune femme qui se découvre enceinte, c'est une porte qui s'ouvre sur l'inconnu le plus total... Comment ça va se passer, qu'est-ce qui va m'arriver ?

Malefoy déglutit.

— Mais Pompom...

— N'est sûrement pas encore couchée, acheva McGonagall. Aller, venez.

— Et la ronde ?

McGonagall regarda autour d'elle.

— Eh bien, j'imagine que quelques petits chanceux n'auront pas de punition ce soir... dit-elle. Aller, venez.

Malefoy hésita et l'observa s'éloigner. Il se mordit la lèvre puis finalement, lui emboîta le pas.

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