Chapitre 25


— Vous avez raison Potter...

— Ravi de l'entendre... Et qu'avez-vous décidé de faire, alors ?

— Je vais aller voir Miss Granger et lui dire que j'accepte de m'occuper d'elle et de son enfant. Elle me connaît trop bien car elle savait ma réaction avant même de m'annoncer sa grossesse... Ensuite, je vais discuter avec Narcissa. Il faut que je lui fasse voir le bon côté de la chose. Un bâtard n'est pas forcément une mauvaise chose pour une famille comme la mienne, surtout si la mère de ce bâtard est une sorcière aussi puissante qu'Hermione Granger...

Harry se redressa et ramena ses mains devant lui.

— Quant à vous, Monsieur Potter, parlez à mon fils, reprit alors Lucius. Je sais qu'il vous écoute et je sais qu'il comprendra que la raison pour laquelle j'accepte de prendre en charge cet enfant, ce n'est pas parce je veux le remplacer.

Il sortit alors un parchemin vierge de sa cape et tira sa baguette magique de sa canne pour le tapoter. Des écritures se dessinèrent sur la feuille quelques secondes plus tard.

— Tenez, Potter, dit Lucius. Elle est écrite et signée de ma main donc Drago saura que vous ne tentez pas de le duper...

Harry prit le parchemin, le regarda un moment puis le plia et le glissa dans la poche de son pantalon. L'homme blonde tendit ensuite la main et Harry la serra avant que chacun ne parte de son côté.

Hermione regarda le hibou posé sur le dossier de son canapé et pinça la bouche. Il venait d'apporter une lettre de Lucius qui lui demandait de le rejoindre au Manoir, pour le thé, aujourd'hui-même.

La jeune femme était partagée, cependant. Juste après avoir discuté avec ses amis, elle avait envoyé un échantillon de son sang à St-Mangouste et, comme elle le craignait, il était revenu positif. Elle en avait aussitôt parlé à Harry et Ron, ainsi qu'à Rogue, mais ni à McGonagall ni à Dumbledore et encore moins à Malefoy. Elle avait ensuite envoyé une lettre à Lucius mais elle était restée sans réponse. Jusqu'à aujourd'hui, trois semaines plus tard, six octobre...

Fermant les yeux, la Gryffondor s'appuya contre le dossier du fauteuil. Elle soupira en serrant la lettre entre ses doigts et posa sa main sur son ventre. Enceinte de huit semaines, si Lucius ou Narcissa lui demandaient d'avorter, elle n'aurait aucune excuse pour refuser. Même en tant que sorcière, la limite était de douze semaines, et en-dessous, Lucius pouvait l'y obliger...

Ignorant tout cela, Harry, à l'autre bout du château, venait de reparaître dans son bureau, via sa cheminée. Il monta aussitôt dans la chambre de Malefoy et entra sans frapper.

— J'ai vu ton père, sur le Chemin de Traverse, dit-il en s'approchant du lit.

— Ha ? Et il a dit quoi, alors ?

Le Serpentard s'assit au bord du matelas et Harry tendit le bras.

— Tiens, c'est de sa part... dit-il.

Drago prit la lettre et Harry s'assit près de lui.

— Il y raconte comment les choses se sont exactement passées entre lui et Hermione avant qu'ils ne deviennent amants, et surtout, sa décision pour... ce qui se passe maintenant.

Malefoy grimaça et opina lentement. Son compagnon l'avait mis au courant pour la grossesse de leur amie, et si la pilule avait eu du mal à passer, le blond avait rapidement compris qu'il n'avait pas le choix...

— Tu crois qu'il va la confronter à ma mère ? demanda-t-il alors.

— Certainement. Narcissa est sa femme, Drago...

Malefoy secoua lentement la tête puis posa la lettre près de lui et se tourna vers Harry pour quémander un câlin. Le brun le prit dans ses bras et le serra très fort contre lui, comprenant la détresse psychologique dans laquelle il vivait depuis des mois, et qui s'était encore intensifiée depuis l'officialisation de la relation adultérine entre Hermione et son père.

Plus tard dans la journée, alors qu'elle avait finalement décidé de se rendre chez les Malefoy pour le thé, Hermione avait aussi décidé de prendre son courage à deux mains et de passer voir Malefoy et Harry dans leur tour. C'était dimanche aujourd'hui et techniquement, personne ne devait se trouver ailleurs que chez lui.

Quand Harry la fit entrer dans son bureau, la brunette avisa aussitôt Malefoy affalé dans le canapé, en train de lire le journal. Il lui jeta un regard à peine intéressé et Hermione se mordit la lèvre.

— Tu m'en veux encore ? demanda-t-elle.

Drago resta immobile, planqué derrière son journal, et Harry s'éclipsa en silence, remontant dans sa chambre pour leur laisser un peu d'espace.

— Drago, écoute-moi, dit Hermione. Pose ce journal, s'il te plaît, et écoute-moi. Ça fait trois semaines que... que j'ai envoyé cette lettre à ton père, et il vient de répondre, il veut me voir...

— Sans doute pour dire qu'il va tout prendre en charge ! siffla le blond.

— Drago, je t'en prie...

Le ton était suppliant et le Serpentard serra les mâchoires et regarda alors la jeune femme.

— Tu as trahi notre amitié, dit-il alors. Tu as trahi notre amitié en devenant la maîtresse de mon père, Hermione, comme je pourrais de nouveau te faire confiance après ça ?

— Notre amitié est toujours là, plus forte que jamais, dit Hermione en souriant tristement. Je... Écoute, rien de tout ça n'était prémédité, je ne suis pas amoureuse de ton père, je n'ai pas l'intention de lui soutirer de l'argent ou je ne sais quoi d'autre. Tout ce que je veux, c'est récupérer mon fiancé, l'épouser, et fonder une famille avec lui. Alors oui, il y aura ce bébé entre nous, désormais, mais j'y crois toujours, Drago...

Malefoy resta silencieux. Hermione comprit alors que la discussion n'irait pas plus loin. Elle se redressa et son regard croisa celui de Harry, dans l'escalier menant au premier étage. La jeune femme secoua la tête, puis s'en alla en fermant la porte en silence.

Hermione marchait au hasard des couloirs de Poudlard depuis près d'une heure, perturbée par le refus de Malefoy, et par sa visite prochaine au Manoir, quand soudain, elle heurta quelqu'un de très grand. Vacillant sous l'impact, elle recula d'un pas puis leva les yeux sur ce qu'elle avait heurté et elle dit :

— Pardonnez-moi, professeur Rogue...

— Miss Granger, dit Rogue. Je vous saurai gré de regarder où vous allez... Vous n'êtes pas seule dans ce château.

Hermione baissa le nez.

— Excusez-moi...

— Je vous trouve bien tête en l'air ces derniers jours, Miss, dit Rogue. Est-ce que tout va bien ?

Hermione hocha la tête et Rogue haussa les épaules puis il regarda la jeune femme s'éloigner, les mains dans les poches de son gilet de laine gris.

— Elle va finir à St-Mangouste si elle continue à se torturer ainsi, dit-il à mi-voix.

— Ne parle pas de malheur, Severus, dit soudain Lupin en sortant de derrière un tableau.

Rogue frissonna et il fusilla Lupin du regard.

— La prochaine fois, Remus, prévient avant de causer... Je ne t'ai pas entendu arriver...

Lupin sourit.

— Hermione est soucieuse depuis que sa grossesse n'est plus un secret... Personnellement, je ne m'en fais pas pour elle, mais il est vrai qu'elle m'inquiète un peu quand même. Elle doit attendre beaucoup de Lucius, et non pas financièrement, mais moralement, je pense. Mais s'il refuse de s'occuper d'elle et de cet enfant, je ne donne pas cher de cette grossesse...

— Moi aussi, répondit Rogue. Je pense qu'elle va finir par abandonner...

— Ce n'est pas son genre, dit Lupin, surpris. Elle continuera à s'accrocher jusqu'à ce qu'elle n'en puisse effectivement plus, mais cela pourrait prendre de nombreuses années...

— Il faut un début à tout... lâcha Rogue, pragmatique.

Lupin secoua la tête puis, prenant Rogue par le bras, il l'entraîna avec lui en disant :

— Viens avec moi, Dumbledore veut nous voir...

— Pour quelle raison ? Je n'ai pas reçu de mémo...

— Sûrement pour le programme de la rentrée de janvier, dit Lupin en tirant un tableau qui dévoila une volée de marches. Tu sais tout comme moi qu'il s'y prend toujours des semaines à l'avance...

Rogue grogna et les deux hommes s'engouffrèrent dans le passage secret et le tableau représentant un éléphant faisant de l'équilibre sur un ballon se referma silencieusement.

L'après-midi touchait à son but et le soleil descendait lentement mais sûrement sur l'horizon. Remonté dans sa chambre après la visite d'Hermione, Malefoy n'avait pas remis le nez en dehors depuis, sans que cela n'inquiète pour autant son compagnon.

— Potter ?

— Je suis là, dit Harry. Dans le placard...

Drago se dirigea vers le placard d'où provenait la voix d'Harry. C'était plus une réserve qu'un placard et le Gryffondor y entreposait tous les livres nécessaires à son emploi d'assistant professoral, puisqu'il était chargé, entre autres choses, de préparer tous les devoirs et examens de Défense Contre les Forces du Mal à la place Lupin.

Malefoy esquissa un sourire. Du placard dépassait la partie inférieure du Gryffondor à savoir son postérieur moulé dans un jean bleu tout à fait Moldu. Drago sourit puis il prit le Gryffondor par la taille et celui-ci se redressa en se retournant.

— Ce n'est pas le moment, dit Harry en repoussant le visage du blond quand il voulut l'embrasser. J'ai des tonnes de trucs à faire pour Lupin pour demain...

— C'est dimanche... se plaignit le Serpentard.

— Je sais, dit Harry en se libérant de l'entrave des bras de Drago. Je sais mais j'ai un travail et des choses à faire qui s'y rapportent, même le dimanche. On...

Harry sembla réfléchir puis hocha la tête.

— On verra ce soir, d'accord ?

Drago soupira puis il alla s'asseoir dans le fauteuil de son compagnon et, les mains derrière la tête, il regarda le plafond un moment.

Un silence s'installa alors, seulement perturbé par les farfouillements de Harry dans le placard. Malefoy se redressa alors et observa son compagnon. Les souvenirs du mois passé au Japon lui revinrent en mémoire et il sourit un peu bêtement.

Ils avaient passé un mois de rêve, seuls tous les deux dans une auberge de jeunesse, ce qu'il y a de plus japonais comme hôtel. Tout avait été un dépaysement total, à la fois les Moldus, et les sorciers qui vivaient là-bas ! Car ils n'étaient pas des sorciers comme eux, avec robe et chapeau pointu, mais des sorciers en kimonos colorés, des prêtres puissants, des samouraïs aguerris... En Angleterre, les sorciers sont des personnes normales, qui vivent, habitent et travaillent dans le monde Moldu, pour la grande majorité, parce qu'il faut se fondre dans la masse, ne pas éveiller les soupçons pour ne pas provoquer une nouvelle chasse aux sorcières... Mais au Japon, les prêtres, les Bôzu comme ils étaient appelés là-bas, faisaient parfois de la magie en présence de Moldus, et personne ne trouvait rien à y redire...

Repensant à tout ça, Malefoy se redressa alors et posa ses coudes sur ses cuisses. Il joua un moment avec le bracelet en argent qu'il avait au poignet, puis soupira. Depuis la mort de Norya, il n'avait pas eu le courage de le retirer, pourtant, cela allait bientôt faire un an qu'elle avait été tuée, et aussi un an qu'il avait échoué ici en demandant asile auprès de Harry Potter...

— Harry ?

— Qu'y a-t-il ?

— Est-ce que tu voudrais qu'on se marrie ?

Dans son placard, Harry bondit de surprise et se cogna la tête contre un étagère.

— Pardon ? dit-il en pivotant.

Il regarda le Serpentard et referma la bouche, sous le choc.

— Tu... tu... tu es sérieux ? Je veux dire...

Le blond se leva alors et vint lui prendre les mains.

— Je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie, dit-il. Je suis un ancien Mangemort veuf, ajouta-t-il. Et je suis tombé amoureux de Harry Potter... Ça va bientôt fait un an que je vis à Poudlard, et que notre relation a commencé. Je veux qu'elle continue, et je veux que ce soit officiel. Marrions-nous.

— Maintenant ?

— Pourquoi pas ?

Harry déglutit et serra les mains sur celles de son compagnon.

— Je... Je peux y réfléchir un peu ? demanda-t-il. Ce n'est pas un non, d'accord, c'est juste que ce n'est pas quelque chose qui se décide comme sur un coup de tête, je...

— Pas de problème, tu as tout le temps que tu veux pour y penser, moi de mon côté, je suis décidé. Et tu as la promesse que je ne te ferais jamais de mal, Harry...

Harry opina lentement puis, sentant qu'il était de trop, Malefoy remonta dans sa chambre et, sans qu'il ne sache pourquoi, Hermione se faufila dans ses pensées. Il se demanda alors comment se passait l'entrevue entre ses parents et la jeune femme, comme Narcissa allait réagir en apprenant la grossesse de la maîtresse de son propre mari...

Avec un soupir, le Serpentard s'allongea sur son lit et attrapa un livre.

Au dîner, ce soir-là tout le monde était de bonne humeur, sauf Hermione qui boudait un peu son plat, jouant dedans avec sa fourchette.

— Miss Granger, dit McGonagall en se penchant vers elle. Il faut manger. Même si vous avez des soucis...

Hermione soupira, tenta un sourire, puis soudain elle se leva en posant sa serviette sur la table et elle quitta la Grande Salle par une porte dérobée sans que personne ne tente de la retenir.

— Que lui avez-vous dit, Minerva ? demanda Dumbledore, étonné.

— Mais rien... Juste qu'il fallait qu'elle mange...

Pomfresh eut alors un petit rire et elle dit :

— Miss Granger ressent simplement les effets de sa nouvelle condition... il ne faut pas s'en faire... Dans quelques semaines, il n'y paraîtra plus, ne vous en faites pas.

McGonagall hocha lentement la tête puis le repas se poursuivit dans le brouhaha des élèves inaudible.

Hermione regagna son appartement, le ventre serré. Elle était rentrée de chez les Malefoy depuis environ une heure et même si la confrontation s'était bien passée, la jeune femme avait fait profil bas pendant tout le temps. Narcissa était la patronne, elle avait autorisé son mari à avoir une maîtresse, certes, mais elle restait la décisionnaire finale de l'histoire. Alors oui, Hermione avait eu peur que la femme ne lui demande d'avorter, et elle ne s'attendait pas non plus à ce qu'elle saute de joie à l'idée d'avoir un bâtard pour beau-fils, mais la discussion était restée cordiale, quoiqu'un peu tendu quand même. Ils avaient partagé plusieurs tasses de thé, pour finalement en arriver, une heure et demie plus tard, à un contrat dans lequel Lucius s'engageait à entretenir financièrement l'enfant qu'il avait engendré avec sa maîtresse, celle-ci renonçant à réclamer quoi que ce soit de l'héritage familial, héritage qui irait en partie à son enfant bâtard. Une fois en âge de comprendre, l'enfant serait ensuite informé de son état et, s'il le désire, confié à son père pour son éducation.

Hermione avait signé le contrat. Elle n'avait pas d'autre choix. Si elle voulait retrouver Alexandre un jour, elle devait le faire, elle devait accepter que Lucius et Narcissa Malefoy aient un droit de regard sur sa grossesse et sur la vie de son enfant jusqu'à ce qu'il en âge de comprendre les choses. Sinon, elle pouvait aussi avorter mais ça, ce n'était pas une option.

Éprouvant soudain un sentiment d'oppression, Hermione quitta son appartement pour aller se promener dans le parc et, alors qu'elle marchait tranquillement autour du lac, elle tomba sur Rogue qui venait vers elle sans vraiment le faire, semblant lui aussi perdu dans de quelconques pensées, les mains dans le dos, regardant le sol devant lui. Il s'arrêta à quelques pas du bord de l'eau et passa ses mains dans les manches de sa cape.

— Bonsoir, professeur, dit alors Hermione en s'approchant de lui. Vous prenez l'air ?

— Bonsoir, Miss, répondit Rogue. Oui, de temps en temps, il m'arrive de sortir de mon cachot...

Le ton étai ironique et Hermione esquissa un sourire qu'elle rangea cependant rapidement.

— Je voulais vous dire, dit-elle alors en regardant le lac. Ça s'est bien passé avec les Malefoy, cet après-midi...

— Content de l'entendre, que vous ont-ils demandé ?

— Rien de bien compliqué, mais j'ai dû signer une sorte de contrat qui stipule que Lucius prendra à sa charge tous les frais liés à ma grossesse ou à la vie de mon enfant, mais que je n'aurai aucun droit à prétendre à un quelconque héritage. Ce dont je me fiche, entre nous soit dit.

Rogue hocha la tête.

— Donc, tout le monde s'y retrouve, finalement ? demanda-t-il.

— Oui, dit Hermione. Et puis j'ai décidé d'avoir mon bébé ici et pas dans une clinique Moldue... Je ne vais donc pas quitter le château jusqu'à la naissance et continuer de travailler jusqu'au bout.

— Vous n'avez pas confiance en eux ? Les médecins Moldus ?

— Ce n'est pas cela, c'est juste que j'adore notre infirmière et je veux que ce soit elle qui ait le privilège de m'aider à enfanter. Pour cet enfant-là et ceux qui suivront si j'ai la chance de pouvoir récupérer Alexandre un jour malgré... tout cette histoire.

Rogue opina lentement, la bouche pincée. Il posa alors sa main sur l'épaule de la jeune femme qui leva le nez vers lui et lui adressa un mince sourire.

— Passez une bonne soirée, Hermione, dit-il doucement. Et prenez votre mal en patience, les choses finiront par s'arranger, ne vous en fait pas.

— Merci, Monsieur, dit Hermione avec un sourire.

Rogue hocha la tête puis il s'éloigna et s'engouffra sous un rideau de lierre qui devait sûrement conduire directement dans les cachots.

Hermione regarda le lierre retomber puis s'éloigna, les mains dans la poche ventrale de son petit pull d'été. Songeuse, elle effleura son ventre du bout des doigts et, bien que Lucius ait accepté de reconnaître son bébé comme étant le sien, et de prendre tout à sa charge, elle appréhendait la réaction d'Alexandre le jour où elle aurait à lui parler de cette année si mouvementée. Il allait très certainement lui reprocher de ne pas avoir été suffisamment méfiante avec son amant, de ne pas avoir fait ce qu'il fallait, médicalement parlant, pour ne pas tomber enceinte, puis d'avoir été trop sentimentale pour refuser de se débarrasser de cette grossesse non désirée, mais la jeune femme connaissait son fiancé, et même s'ils avaient officiellement rompu, après trois années de fiançailles, elle y croyait encore, elle l'aimait encore, il lui manquait terriblement, encore plus en ce moment, et quand tout ça sera terminé, elle irait le voir et ils parleraient sérieusement.

Soupirant, Hermione reprit sa marche et dû faire deux fois le tour du lac s'en même s'en rendre compte quand Ron vient la rejoindre, échappant ainsi au professeur Bibine qui le harcelait depuis une semaine pour qu'il remplisse les formulaires de commande pour les nouveaux balais destinés aux élèves pour l'année suivante.

— A quoi est-ce que tu peux bien penser... demanda le rouquin en s'asseyant contre le tronc d'un arbre et regardant Hermione debout au bord du lac.

— Je pense à Alexandre, dit la jeune femme en poussant un caillou du bout du pied.

La pierre plongea dans le lac en faisant quelques rides à sa surface puis Ron dit :

— Pourquoi est-ce que tu te tortures avec lui ? Il t'a jetée...

— Je sais, mais je l'aime toujours et je sais que ce n'était qu'un avertissement. Si je vais le voir demain, il n'aura personne d'autre dans sa vie et je suis presque sûre que mon alliance sera toujours là où je l'ai posée avant les vacances d'été.

— Tu es bien sûre que toi...

— Je connais Alexandre depuis des années...

Ron plissa le nez.

— Et pourtant, tu n'as pas été capable de voir qu'il avait besoin de toi...

Hermione fit la moue.

— Ce n'est pas gentil, ça, dit-elle. Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que c'est la vérité, et que je pense que tu t'accroches encore à lui alors qu'il a rompu vos fiançailles, pour donner le change.

— Donner le changer ? Non, Ron, je ne suis pas amoureuse de Monsieur Malefoy, je ne... Écoute, ce bébé, c'est une bêtise, je sais, mais s'il n'en avait pas voulu, il me l'aurait pas fait savoir. J'aurais accepté d'avorter, sans discuter, mais ce n'est pas le cas. Ils m'ont clairement fait comprendre que mon enfant sera un héritier Malefoy comme Drago...

— Un bâtard...

— Oui, mais un Malefoy quand même, surtout si c'est un garçon.

— Ça, tu ne le sauras qu'une fois que ce sera trop tard pour avorter, répondit Ron. Si tu as une fille, tu vas faire quoi, aller sonner chez Alexandre et lui montrer ce bébé sorti de nulle part ? Lui faire croire que c'est sa fille ?

Hermione grimaça puis secoua la tête.

— Non... Bien sûr que non...

Elle n'ajouta rien et Ron soupira alors. Il se leva et proposa à son amie de rentrer.

Allongée dans son lit, Hermione pensait à Alexandre. Elle et lui avaient rompu de façon amicale mais ça n'avait pas été une véritable séparation. Certes elle lui avait rendu sa bague, mais c'était pour rendre la chose plus crédible, plus vraie, afin qu'elle puisse comprendre par elle-même si c'était bien ça qu'elle voulait, un mari Moldu et une vie privée à cheval entre les deux mondes.

Mais est-ce que c'était vraiment ça qu'elle voulait ? Cela faisait trois ans qu'elle était avec Alexandre, cela avait fait trois ans quelques semaines en arrière, et pendant la dernière année écoulée, elle ne l'avait vu que deux fois... La première année, elle s'était efforcée de rentrer tous les week-ends et de le contacter tous les soirs, et puis les visites s'étaient espacées parce qu'elle avait de plus en plus de travail, parce qu'elle avait du mal à s'organiser pour corriger parfois cent ou deux cent copies du week-end... Elle aurait sans doute pu emmener ces copies chez elle, chez Alexandre, pour travailler dessus pendant le week-end et être tout de même là pour son fiancé, mais c'était facile d'y penser maintenant que c'était trop tard.

Non, ce n'est pas trop tard, songea Hermione en regardant le plafond. J'ai encore une chance de le récupérer mais ça va faire bientôt trois mois qu'on a rompu, je ne sais pas s'il a réfléchi, et puis de mon côté...

Hermione posa ses mains sur son ventre. Enceinte de d'environ deux mois, il restait encore un peu de temps avant que son ventre ne commence à se voir, mais elle s'inquiétait de connaître la réaction d'Alexandre quand elle allait lui en parler.

Hermione soupira et soudain se leva. Il était cinq heures du matin, et elle n'avait absolument plus envie de dormir. Elle alla donc prendre une longue douche puis s'habilla confortablement et alla s'installer à son bureau pour continuer les corrections des examens qu'elle avait fait passer à ses élèves la semaine précédente.

À sept heures, Hermione posa sa plume et s'étira. Elle se leva ensuite, attrapa sa cape et se dirigea vers la Grande Salle pour prendre son petit-déjeuner.

Elle était la première à arriver, professeurs et élèves confondus, et quand elle s'attabla à sa place habituelle, un petit Elfe de Maison apparut sur la chaise adjacente.

— Hermione Granger voudrait un petit-déjeuner ? lui demanda-t-il.

— Oui, Dixie, s'il te plaît. Café au lait et...

— Et six tartines de pain grillé beurrées avec de la confiture d'orange dessus ! acheva l'Elfe avec un grand sourire.

Hermione rigola en hochant la tête. Arriver la première le matin était toujours gratifié d'un privilège que les autres n'avaient pas, à savoir être servit personnellement par l'un des Elfes du château. Et Hermione appréciait beaucoup le silence de la Grande Salle alors que le soleil se levait à peine.

Tournant la tête vers le grand vitrail, Hermione soupira. Le ciel était chargé ce matin, il allait pleuvoir, ou alors peut-être neiger, même si la météo Sorcière ne semblait pas l'annoncer même si elle avait annoncé des températures en chute libre.

Alors qu'elle grignotait ses tartines pensivement, Hermione entendit la lourde porte de la Grande Salle pivoter et se redressa. Son cœur loupa un battement quand elle vit entrer Drago Malefoy, et celui-ci marqua un temps d'arrêt en la découvrant seule. Il eut un mouvement de recul puis il sembla carrer les épaules et traversa la salle.

— Je peux te parler ? demanda-t-il en se plantant de l'autre côté de la table, la main sur le dossier d'une chaise.

Hermione avala sa bouchée de tartine et hocha la tête lentement.

— Je...

— Non, dit le blond. Je parle, tu écoutes.

— D'accord...

Hermione serra les lèvres et Malefoy grimaça puis sembla prendre son courage à deux mains.

— Je m'excuse, dit-il alors. Je n'avais absolument pas le droit de te menacer comme je l'ai fait l'autre soir. Ta relation avec mon père ne me plaît pas, mais je n'ai pas le choix. S'il avait eu une autre maîtresse que toi, ça n'aurait rien changé. Mais si je suis furieux contre toi c'est parce que tu n'as rien fait pour repousser mon père, tu t'es jetée dans ses bras la tête la première alors que tu aurais épargné bien des soucis à tout le monde en lui disant non.

Hermione se mordit la lèvre et sentit ses yeux la picoter. Malefoy se tut un instant puis reprit :

— Mais les faits sont là et tu es enceinte maintenant. Je te souhaite bien du courage pour faire comprendre à Alexandre que tu as réfléchi sur votre couple tout en lui expliquant que tu as eu un moment d'égarement avec un homme marié dont tu es à présent enceinte. En tant que Moldu, je ne suis pas certain qu'il soit en mesure de saisir la liberté dont jouissent certains couples de sorciers de rang élevé.

Hermione ferma les paupières et une larme glissa sur sa joue. Elle passa sa langue sur ses lèvres et regarda le blond.

— Je te demande pardon, dit-elle alors. Je te demande pardon, Malefoy, j'ai fait une bêtise, je... je vais en payer le prix fort tout le reste de ma vie, et je risque de perdre Alexandre pour de bon, mais je crois qu'il y a une chose que tu dois savoir, aussi...

Malefoy plissa les yeux.

— Laquelle ? demanda-t-il.

— Assied-toi, ça risque d'être rude à entendre, alors je t'en prie, assied-toi.

Le Serpentard fronça les sourcils puis prit place sur la chaise la plus proche et son bol de café et une panière de toasts apparurent devant lui. Il observa le petit-déjeuner puis regarda Hermione qui se redressa et entreprit de raconter la rencontre qu'elle avait eue avec Lucius et Narcissa Malefoy, la veille...

Hermione soupira profondément et se regarda dans le miroir. Elle attrapa ensuite une serviette et la pressa contre sa bouche.

— Aller, allons-y... dit-elle en s'essuyant le visage.

Elle venait de s'asperger d'eau froide pour se remettre les idées en place et elle allait quitter son appartement quand soudain, la voix de Dumbledore se fit entendre dans sa tête.

Hermione, avant que vous ne partiez, j'aimerai vous voir dans mon bureau...

Tout de suite, Monsieur... répondit la jeune femme.

— Manquait plus que ça, dit-elle ensuite à voix haute. Qu'est-ce qu'il me veut ?

Fermant la porte de son appartement, la jeune femme fila aussi vite qu'elle le pouvait jusqu'au bureau du Directeur, empruntant une bonne dizaine de passages secrets et, quand elle arriva au pied du Phénix d'or, elle entendit des bruits de voix au-dessus d'elle. Elle monta les marches de l'escalier tournant quatre à quatre et s'arrêta sur le seuil du bureau dont la porte était entrouverte et tendit l'oreille.

Les voix étaient inaudibles mais elle en distingua deux. Trois quand Dumbledore parla à son tour. Soudain, un juron monta et Hermione eut un choc.

Alexandre ! s'exclama-t-elle. Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?!

Sans attendre, elle se jeta sr la porte et l'ouvrit en grand.

— Qu'est-ce qui se passe ici ?! s'exclama-t-elle

Lucius et Alexandre se retournèrent, surpris de voir débouler la jeune femme, puis Lucius se tourna vers Dumbledore qui paraissait nullement surpris de voir Hermione...

— Puis-je savoir comment vous avez su que nous étions ici ? demanda alors Lucius en reprenant son air suffisant.

— Peu importe, dit Hermione. Je suis là et j'aimerai bien savoir ce qui se passe ici ! Monsieur, qu'est-ce qu'ils font là, tous les deux ?

— Hermione, j'ai été invité par le professeur Dumbledore, dit alors Alexandre. Je...

Hermione regarda son pas-tout-à-fait ex-fiancé.

— Je suis contente de te revoir, dit-elle alors. J'allais passer te voir, j'ai à te parler...

— Je...

Alexandre tourna les yeux vers Lucius puis guetta un soutien de la part de Dumbledore.

— Il sait, dit alors celui-ci.

Hermione regarda le vieux sorcier et pâlit soudain.

— Co-comment ça... ?

Elle pivota brusquement vers Lucius, puis regarda Alexandre, et soudain, s'écroula sur le sol, victime d'un malaise.

— Hermione !

Alexandre s'agenouilla près d'elle et Lucius tira une chaise. Le jeune homme hissa ensuite sa compagne et l'assit sur la chaise avant de lui faire de l'air de sa main.

— Tenez, dit alors Lucius. Des Sels...

Alexandre prit le minuscule flacon et le promena sous le nez d'Hermione qui fronça aussitôt les sourcils et éternua ensuite violement en se redressant.

— Tout va bien, Hermione ? demanda alors le jeune homme.

— Oui, je...

Hermione regarda les trois hommes puis couvrit son visage de ses mains et inspira.

— Lucius... ? dit alors Dumbledore. Venez, sortons un moment...

Le sorcier blond jeta un regard à sa maîtresse puis tourna les talons et Dumbledore le rejoignit sur le palier.

Quand la porte se fut refermée, Hermione baissa ses mains et soupira profondément. Elle regarda alors Alexandre, lui sourit doucement, puis lui fit de s'asseoir. Le jeune homme obéit.

— Je n'ai jamais voulu que cela se passe ainsi... dit-elle à mi-voix. Je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça, je...

— Mione... soupira alors Alexandre.

La jeune femme leva la main et secoua la tête.

— Laisse-moi parler, s'il te plaît, je... Je te dois des explications, c'est... c'est la moindre des choses, et je...

Elle se tut, se mordit la lèvre et souffla brièvement.

— Je t'aime toujours, Alexandre, peut-être même encore plus qu'avant, dit-elle alors. J'ai fait une bêtise, je le sais parfaitement et je vais en payer le prix toute ma vie, mais par pitié, ne me tourne pas le dos... J'ai réfléchi, j'ai repensé à ce que tu m'as dit j'ai peur que si je mets en place maintenant de nouvelles règles dans ma vie, tu n'en pâtisses...

— Hermione, écoute-moi, dit alors Alexandre. Moi aussi j'ai réfléchi. Ça fait bientôt trois mois que je t'ai mise dehors, et même si je ne voulais absolument pas venir, aujourd'hui, je ne le regrette pas. Nous ne sommes plus ensemble, Mione, nous ne sommes plus fiancés, nous avons rompu, mais je t'aime toujours moi aussi et ces dernières semaines ont été terribles, encore pire que lorsque nous étions ensemble et que je savais que je ne te verrais que deux fois dans l'année.

— Alex...

Le jeune homme serra les mâchoires.

— Tu étais mal dans ta peau, dit-il. Nous avions rompu mais notre couple battait déjà de l'aile depuis un certain temps, par ta faute. Aujourd'hui, j'ai appris que non seulement tu avais un amant, que non seulement il était beaucoup plus âgé que toi, mais qu'en plus, tu étais enceinte de lui.

Hermione se mordit les lèvres et ferma les yeux.

— Alexandre, je... J'ai fait une erreur, je suis désolée, je n'allais pas bien, je... Tu m'avais quittée, j'étais fâchée avec mes amis, j'avais besoin de quelqu'un pour parler et de son côté, Lucius était attiré par moi et... Écoute, je ne sais pas ce qu'il t'a raconté avant que j'arrive, mais il est marié et sa femme l'avait autorisé à avoir une maîtresse...

— Il en a parlé, oui, répondit Alexandre. Cependant, contrairement à toi, il ne regrette pas ces trois semaines que vous avez passées ensemble.

Hermione haussa les sourcils.

— Je ne les regrette pas non plus, dit-elle. Ce que je regrette c'est d'être tombée enceinte et de t'imposer une telle trahison. Je suis suffisamment intelligente pour faire en sorte qu'une telle chose n'arrive pas, mais pourtant, je n'ai pensé à rien, je n'ai utilisé aucun médicament, aucune protection quelle qu'elle soit, j'ai été stupide... et je vais le payer toute ma vie.

Elle se tut alors et se mordilla l'ongle du pouce. Alexandre esquissa un sourire et lui prit la main. Elle lui jeta un regard en coin et se redressa.

— Je te demande pardon... dit-elle doucement en serrant sa main sur la sienne. Alexandre, mon amour, je te demande pardon...

Le jeune homme inclina la tête et une larme glissa sur la joue d'Hermione.

— Je vais tout arranger, dit-elle. Je vais organiser mon emploi du temps, je vais faire en sorte qu'on puisse tout reprendre de zéro et tu n'auras pas à t'inquiéter de rien...

Alexandre baissa le nez.

— Je ne demande pas mieux, Mione, de recommencer, mais... et lui ?

Il avait agité le menton vers le ventre de la jeune femme. Hermione lui sourit doucement et posa sa main sur sa joue.

— Tu ne le verra pas, dit-elle. Jamais. Et tu finiras par oublier...

— Comment je pourrais oublier une telle chose, hein ? Tu vas grossir, Mione, tu vas grossir et je te verrais encore plus grosse chaque fois que je te verrais...

Hermione secoua la tête.

— Il existe un sortilège, dit-elle doucement. Il supprime les volumes indésirables du corps, quand il est jeté sur les vêtements. Je... Quand je serai avec toi, je l'utiliserai, comme ça, tu n'auras pas à te préoccuper de tout ça...

Il y eut un silence et Hermione acheva :

— À moins que tu ne veuilles devenir son père officiel et l'élever avec moi jusqu'à ce qu'il soit en âge de comprendre toute l'histoire...

Alexandre resta silencieux. Hermione lui prit les mains.

— Il n'y a rien encore, dit-elle. Il n'y a que moi qui sait que je suis enceinte, d'accord ? Si... Si on se remet ensemble, tu me verras grossir, tu le sentiras bouger et tu seras là quand il naîtra, tu seras là quand il marchera, quand il parlera...

Elle marqua une pause et ajouta :

— Si c'est trop dur, je peux aussi... modifier tes souvenirs pour que tu y croies vraiment.

Le jeune homme eut un sursaut.

— Modifier mes souvenirs ? Mais...

— Ce n'est pas douloureux, et rien ne sera modifié, tu as ma parole, répondit Hermione. Tout ce que je changerai, c'est que ce bébé, c'est toi son père et non pas Monsieur Malefoy. Pour toi, il sera son parrain et son implication dans sa vie sera parfaitement normale...

— C'est... un mensonge.

— Non... pas vraiment. J'appelle ça plutôt, arranger la vérité... Tu croiras juste que ce bébé est ton fils et quand il aura l'âge d'apprendre qui est son vrai père, je ferai en sorte que tu le redécouvres toi aussi...

Alexandre soupira profondément puis déglutit et gonfla ses joues. Il se leva soudain de sa chaise et s'approcha d'une fenêtre. La porte du bureau se rouvrit au même moment et Lucius et Dumbledore entrèrent.

Au regard que lui jeta la jeune femme, le vieux Directeur comprit que les deux jeunes gens avaient terminé leur discussion mais qu'il restait encore des questions sans réponses.

— Je ne veux pas me battre avec l'un de vous deux... dit alors Hermione se levant. Cet enfant, c'est le mien. C'est moi qui vais le porter pendant encore de nombreux mois, c'est moi qui vais le mettre au monde et c'est encore moi qui vais m'en occuper pendant une grande partie de sa vie... Je n'ai aucune envie de perdre l'amitié d'aucun d'entre vous deux, vous faites partie intégrante de ma vie et... Alexandre, je sais que je t'en demande beaucoup, mais si tu m'aimes encore un peu, alors pense à ce que j'ai demandé...

Dumbledore, retourné s'asseoir à son bureau, releva soudain la tête. Il fronça les sourcils en regardant Hermione et la jeune femme lui ouvrit son esprit. Le vieux sorcier la regarda avec surprise puis se redressa.

— Oui, dit-il. Je pense que c'est la meilleure solution pour tout le monde...

— Je pense aussi, dit soudain Alexandre.

— De quoi parlez-vous ? demanda alors Lucius.

Hermione ouvrit la bouche mais Alexandre parla avant elle et expliqua ce que la jeune femme lui avait proposé comme arrangement.

— C'est... plutôt inhabituel, répondit l'homme blond, intrigué. Et vous seriez d'accord ?

Alexandre regarda Hermione.

— J'ai passé trois ans de ma vie avec elle, dit-il alors. Cette année écoulée, elle n'a pas été suffisamment là à mon goût alors j'ai décidé de faire une pause dans notre couple pour la faire réagir. Ça a fonctionné. Elle a malheureusement eu un gros passage à vide qui lui a fait faire une grosse erreur dont elle se mord désormais les doigts, mais je l'aime toujours et elle me manque terriblement... Son absence ces dernières semaines n'a rien à voir avec le fait qu'elle vive ici pendant la semaine. Autrefois, je savais qu'elle allait revenir, qu'elle allait débarquer dans la maison dans un grand craquement, le vendredi soir ou le samedi matin, mais là... Son placard vide, l'absence de sa brosse à dents, et ce silence...

Alexandre haussa les épaules. Hermione se leva alors de sa chaise et le jeune homme l'enlaça.

— Je veux que tu reviennes à la maison, dit-il doucement. Et je veux que tu reviennes tous les week-ends, sans exception, même si tu as du travail par-dessus la tête.

— Alex, je...

— C'est entendu, Monsieur Greenwald, dit alors Dumbledore.

— Monsieur, mais...

— Hermione, vous avez vingt-et-un an, et si vous n'êtes pas capable, à votre âge, d'organiser votre vie entre le privé et le professionnel, alors vous ne le serez jamais et je ne donne pas cher de votre emploi.

— Monsieur, mais...

Hermione avala sa salive et regarda Alexandre, puis Lucius. Elle se mordit la lèvre puis baissa le nez et se serra contre Alexandre quelques secondes avant de hocher la tête en le regardant.

— Tous les week-ends, dit-elle alors. Sans exception. Mais il se pourrait que je ramène du travail...

— C'est accessoire, ça, du moment que tu es là, à la maison, c'est l'essentiel, répondit Alexandre.

Hermione sourit doucement puis se tourna vers Lucius qui inclina le menton.

— Que comptez-vous faire, alors, pour régler cette histoire ? demanda-t-il.

— Severus va monter et modifier légèrement les souvenirs d'Alexandre, répondit Hermione. Dès que ce sera fait, tu croiras que ce bébé que je porte est le tient, et que Monsieur Malefoy a été désigné comme son parrain. Je vais tout écrire dans une lettre, toute la vérité, datée et signée par tout le monde dans cette pièce. Elle sera ensuite conservée bien à l'abri jusqu'au moment voulu. Là, j'imagine quand mon bébé sera devenu un jeune garçon d'une dizaine d'années, peut-être, je révélerai la vérité.

— Et je serai obligé d'y croire puisque j'aurai signé cette lettre, dit Alexandre. J'écrirai aussi quelque chose, afin d'être sûr que c'est bien mon écriture et que ma signature n'a pas été usurpée.

Hermione opina. Un silence s'abattit alors dans le bureau mais il fut troublé rapidement par l'arrivée de trois garçons : Harry, Drago et Ron.

— Je pensais que tu aurais choisi l'un de nous trois pour être son parrain mais tout compte fait, c'est aussi bien ainsi, dit Harry en s'approchant. Salut, Alex...

— Harry... Ron... Drago.

Le jeune Moldu serra les mains les unes après les autres et le silence revint.

— Miss Granger ? demanda alors Monsieur Malefoy.

— Oui ?

— Je serais enchanté d'être le parrain de mon... de votre fils et je pense que Narcissa n'y verra pas d'inconvénients non plus.

— Ne vous en faites pas, père, dit Drago. Mère sera au contraire, ravie, j'en suis sûre...

Il coula un regard vers Hermione et la jeune femme lui offrit un mince sourire. Elle se souvint alors de leur discussion, le matin-même, et elle baissa rapidement les yeux.

— Rentre bien... On se revoit bientôt.

— Samedi matin au plus tard, tu as promis.

Hermione sourit.

— Oui, dit-elle. Samedi matin. Jusqu'à lundi matin. Rentre bien.

Alexandre hocha la tête et embrassa la jeune femme sur la joue.

— On va arranger les choses, dit-il. Tu es enceinte et on va trouver un moyen d'arranger les choses.

Hermione sourit doucement et opina. Alexandre se détourna ensuite et Rogue posa sa main sur son épaule. D'un signe de tête pour Hermione, il transplana et la jeune femme croisa les bras. Le sombre professeur reparut une poignée de minutes plus tard et Hermione le regarda.

— C'est fait, dit-il. J'ai modifié ses souvenirs pour qu'il croit que votre bébé est de lui. Je lui ai posé quelques questions et il a répondu juste à chacune. D'ici la fin de la semaine, j'espère que vous aurez vous aussi fait le ménage dans vos pensées.

Hermione baissa le nez. Rogue posa sa main sur son épaule et elle releva la tête.

— Vous êtes un homme bon, Severus, dit-elle en posant sa main sur la sienne. Miss Herridge ne sait pas ce qu'elle perd...

Rogue grimaça et détourna la tête.

— Comment le savez-vous ?

— Lucius m'a mise au courant, il n'aurait pas dû mais vous êtes son ami et cette situation le préoccupe... Si vous voulez, je suis là, d'accord ?

— Merci, Hermione...

Rogue retira sa main puis s'en alla et Hermione se mordit la lèvre. Depuis Noël, l'ambiance dans le couple Rogue n'était pas au beau fixe. Miss Herridge était devenue de plus en plus jalouse et possessive au fil des années, et ça, Rogue ne le supportait plus. La séparation menaçait donc mais la compagne du sombre professeur ne savait pas ce qu'elle allait perdre...

En regardant Rogue retourner au château, Hermione avisa Lucius et le rejoignit. Ils s'éloignèrent vers le Lac Noir en silence et au bout d'un moment, Lucius s'arrêta et prit la parole.

— Est-ce que cent Gallions par mois vous convient-il ? demanda-t-il. C'est peu mais cela couvrira tous les frais liés aux médecins et aux examens divers...

Hermione esquissa un sourire et secoua la tête.

— C'est très gentil, dit Hermione. Mais je ne veux pas d'argent... Je ne vous ai rien demandé, je...

— C'est moi qui vous le propose, Hermione, répondit Monsieur Malefoy. Ce n'est pas une somme énorme, mais c'est la moindre des choses que je puisse faire. Ça de toute façon été convenu comme ça...

— Lucius, écoutez, dit alors la jeune femme en lui faisant face. Si vous voulez vraiment vous impliquer dans la vie de cet enfant, alors soyez-là quand il aura besoin de vous.

— Je serai là, mais je me permets d'insister quand même, dit l'homme blond. Narcissa et moi en avons longuement parlé et elle comme moi trouvons que c'est là un bon compromis entre nous... Et puis ainsi, votre enfant sera habitué à me voir chez vous puisque que je viendrai personnellement vous porter l'argent...

— Je ne peux pas accepter sans en parler à Alexandre, dit Hermione en regardant autour d'elle. Il faut que nous en discutions tous les deux. Pour lui, vous êtes son parrain désormais, et il pourrait trouver étrange qu'un sorcier de votre stature décide soudain de soutenir financièrement l'enfant d'une femme qu'il ne connaît pas plus que ça.

Lucius soupira profondément et hocha la tête, les mains dans le dos.

— Très bien, dit-il après quelques secondes de silence. Si vous changez d'avis, vous savez comment me contacter et où me trouver...

— Pas de soucis, dit Hermione avec un sourire.

L'homme sourit légèrement puis tous deux retournèrent vers le groupe de leurs amis qui attendait en bas des marches du perron du château. Hermione s'approcha de ses amis qui l'entourèrent, et Lucius s'excusa et demanda à utiliser une cheminée pour rentrer chez lui. McGonagall le conduisit dans la Grande Salle et Dumbledore resta seul avec les jeunes sorciers.

— J'espère de tout cœur que tout est bel et bien terminé, Miss Granger, dit-il en pivotant vers eux.

— Moi aussi, répondit Hermione en se serrant contre Harry qui l'avait entourée de son bras.

Le Gryffondor lui sourit et l'embrassa sur la tempe, puis tout le monde fut convié à boire le thé dans la salle des professeurs.

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